L'Administration Publique : Concepts, Pouvoirs et Relations

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L'Administration Publique : Concepts et Cadre Juridique

5.1. Concept de l'Administration Publique

L'Administration publique est un groupe d'organisations ou de personnes morales chargées de la satisfaction de l'intérêt général.

Du point de vue des pouvoirs publics et du Titre IV de la Constitution espagnole (CE), l'Administration fait partie de la direction, avec le Gouvernement (articles 97 à 107 CE).

Il existe une pluralité d'administrations, comme le prévoit l'article 2 de la Loi 30/1992 sur le Régime Juridique des Administrations Publiques et du Procédé Administratif Commun (LRJAP-PAC) :

  • L'Administration générale.
  • Le Gouvernement de la Communauté Autonome (CCAA).
  • Les entités qui composent l'administration locale.
  • Les organismes publics dotés de leur propre personnalité juridique ou dépendants de toute administration.

L'Article 103 de la Constitution stipule que l'action publique vise l'intérêt général et les objectifs d'action, conformément aux principes d'efficacité, de hiérarchie, de décentralisation, de déconcentration et de coordination, avec une soumission complète à la loi et au droit. (Une administration ne peut agir sans loi).

5.4. Cadre Juridique de Base

Le cadre juridique fondamental de l'Administration publique est constitué par :

  • La Loi n° 30/1992 du 26 novembre, sur le Régime Juridique des Administrations Publiques et du Procédé Administratif Commun (LRJAP-PAC).
  • Pour l'Administration de l'État : la Loi 6/1997 du 14 avril, sur l'Organisation et le Fonctionnement de l'Administration Générale de l'État (LOFAGE).
  • Chaque région autonome a ses propres règles. Exemples :
    • Loi 2/1995 du 13 mai, sur l'Administration de la Principauté des Asturies.
    • Loi 5/1983 du 30 décembre, sur le Gouvernement de la Communauté Valencienne.
    • Loi 1/1983 du 13 décembre, sur le Gouvernement et l'Administration de la Communauté de Madrid.

5.2. Pouvoirs Administratifs

Qu'est-ce qu'un pouvoir administratif ?

C'est un pouvoir conféré par décret, de nature générique, impliquant un état de soumission d'autres sujets. Exemple : l'administration fiscale.

Spécificités des pouvoirs administratifs

  • Autorité-Fonction : Toujours exercé dans l'intérêt public ou l'intérêt général.
  • Non illimitée : L'État de droit indique que l'Administration est soumise au droit (principe de légalité de l'action administrative).
  • Soumise à révision judiciaire.

5.3. Relations avec l'Administration Publique

Les relations de l'Administration publique s'établissent principalement avec :

  • Le citoyen : Pouvoirs d'auto-gouvernance de l'Administration (déclarer et exécuter).
  • Le Gouvernement : Différences organiques et fonctionnelles.
  • Les tribunaux : Pleine soumission à la loi.
  • Le pouvoir judiciaire : Contrôle judiciaire des actes administratifs.

5.3.1. Relations avec l'Administration et les Tribunaux : Soumission à la loi

La soumission de l'Administration à la loi (article 103 CE) est connue comme le principe de légalité de l'action administrative.

C'est la mesure de son propre droit.

  • Art. 1 CE : L'Espagne est un État social et démocratique de droit.
  • Art. 9.1 CE : « Les citoyens et les pouvoirs publics sont soumis à la Constitution et au reste de l'ordre juridique. » C'est un principe de base de notre ordre juridique.
  • Art. 103 CE.

Cette soumission a une double signification :

  • L'Administration est soumise à la loi.
  • L'Administration, pour atteindre les objectifs qui lui sont assignés, ne dispose que des pouvoirs qui lui ont été conférés par la loi.

5.3.2 et 5.3.3. Relations avec les citoyens et la Justice

L'Administration est soumise à la loi par le principe de légalité.

Dans tous les cas, afin que le principe de légalité soit respecté, les juges et les tribunaux peuvent toujours vérifier les actions de l'Administration pour s'assurer qu'elles sont conformes à l'ordre juridique.

  • Article 24 CE : Droit à un recours effectif.
  • Article 106.1 CE : « Les tribunaux contrôlent le pouvoir réglementaire et la légalité de l'action administrative, ainsi que la soumission de celle-ci aux fins qui la justifient. »

Le contrôle des actes de l'Administration par les tribunaux de justice présente quelques particularités par rapport au contrôle des actes des particuliers.

Position des citoyens devant les tribunaux

Les citoyens sont régis par le principe juridique de la paix (ou soumission au droit commun). Ils doivent toujours s'adresser aux tribunaux pour régler leurs différends.

Le droit fondamental à une protection juridictionnelle effective (article 24 CE) signifie la possibilité de saisir un tribunal pour la résolution de problèmes.

La protection peut être :

  • Protection déclarative : La Cour déclare quelle partie a raison.
  • Protection exécutoire : La Cour peut exiger, même par la force, l'exécution de sa décision.

Le juge et l'exécution : Art. 117.3 CE.

Relations de l'Administration avec la Magistrature

L'Administration, toutefois, a une position différente devant les tribunaux, découlant de son pouvoir d'auto-gouvernance déclarative et exécutoire.

Cette position d'auto-gouvernance implique un privilège que le législateur a accordé en faveur de l'Administration.

Justification : Pour que l'Administration puisse servir l'intérêt général.

Selon la STC 22/1984, la base de ce privilège réside dans le principe d'efficacité de l'Administration.

L'auto-assistance déclarative : Présomption de légalité des actes administratifs
  • Les actes de l'Administration sont présumés valides.
  • Que signifie « présumés valides » ? Cela signifie que les actes de l'Administration sont supposés avoir été faits conformément au droit.
  • Cette présomption est une présomption simple (iuris tantum), mais celui qui conteste l'acte doit agir et prouver que l'acte n'est pas conforme au droit.
L'auto-assistance exécutoire : Les actes de l'Administration
  • Les actes de l'Administration sont exécutés immédiatement.
  • Que signifie « exécutoire » ? Malgré un recours éventuel, l'acte continue de produire ses effets tant que le tribunal n'en dispose pas autrement. L'introduction d'un recours ne suspend pas l'efficacité de l'acte (exceptions : les sanctions, les amendes, etc.).
  • L'Administration peut décider de la suspension de l'exécution de l'acte.
  • L'Administration peut procéder à l'exécution forcée de ses actes sans avoir à passer par les tribunaux.

Autres privilèges ou prérogatives de l'Administration

  1. Dépôt obligatoire des recours administratifs préalables avant de saisir la justice (épuisement de la voie administrative préalable). Pour faire appel ou contester un acte administratif devant un tribunal, il faut d'abord épuiser les recours administratifs, donnant ainsi à l'Administration la possibilité de revoir ses propres actes.
  2. Pouvoir de sanctionner directement.
  3. Principe de la solvabilité préalable (si l'acte implique le paiement d'un montant). Dans ces cas, l'introduction d'un recours n'oblige pas à suspendre les paiements. Si vous souhaitez contester, il y a plusieurs possibilités :
    • Payer le montant, puis contester. Si le tribunal donne raison au citoyen, il a droit au remboursement du montant payé avec intérêts.
    • Demander la suspension et garantir le paiement (obligations, prêts hypothécaires...) pendant que le recours est en attente. Si vous gagnez, votre argent vous est restitué avec intérêts.

5.3.4. Relations avec l'Administration et le Gouvernement : Différences organiques et fonctionnelles

Le pouvoir exécutif est composé du Gouvernement et de l'Administration, en application du Titre IV de la Constitution.

Le Gouvernement est fondé sur la confiance du Parlement et connaît ses compétences.

L'Administration a un caractère instrumental et est subordonnée au Gouvernement, qui fixe les critères de gestion de la performance. Il ne faut pas oublier que l'intérêt public est une décision hautement politique, toujours dans la marge de la Constitution.

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