Ahmed-Zahra : Identité et Patriarcat
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Ahmed Endosse son Rôle
Ahmed présente une conscience lucide de l’impact des forces sociales dans la fabrication du genre. Il décrit la force de la loi patriarcale qui pèse sur les êtres et instaure la subordination de la femme. C’est une façon de signifier les rapports de pouvoir.
« Père, tu m’as fait homme, je dois le rester. Et, comme dit notre Prophète bien-aimé, “un musulman complet est un homme marié.” » (p.45)
« L’ivresse de Mal » (p.46) (décision de se marier avec Fatima).
Le Patriarcat
« Dans cette famille, les femmes s’enroulent dans un linceul de silence… » (p.46)
« Vous me devez obéissance et respect. Enfin, inutile de vous rappeler que je suis un homme d’ordre et que, si la femme chez nous est inférieure à l’homme, ce n’est pas parce que Dieu l’a voulu ou que le Prophète l’a décidé, mais parce qu’elle accepte ce sort. Alors subissez et vivez dans le silence ! » (p.57)
« Avant l’Islam, les pères arabes jetaient une naissance femelle dans un trou et la recouvraient de terre jusqu’à la mort. Ils avaient raison. Ils se débarrassaient ainsi du malheur. » (p.111)
La Condition de la Femme
« Nous sommes femmes avant d’être infirmes ou peut-être nous sommes infirmes parce que femmes. » (p.68) Fatima, souffrant d’épilepsie, sa maladie incarne l’infirmité du genre féminin.
Parallèle avec Ahmed qui vit aussi une infirmité puisque la féminité est vécue comme un manque, en l’absence de l’organe sexuel masculin.
« Ahmed, mon fils, l’homme que j’ai formé est mort, et toi tu n’es qu’une usurpatrice. » (p.112) Émancipation vue comme trahison.
« Une femme seule, célibataire ou divorcée, une fille-mère, est un être exposé à tous les rejets. » (p.132)
« Je suis libre parce que je suis vieille et ridée. J’ai droit à la parole parce que ça n’a pas d’importance. » (p.138) (Fatouma)
La Correspondance avec l'Anonyme
Ahmed se livre sans contrainte, comme dans son journal, les lettres nous éclairent sur le psychisme et la personnalité du héros. Cette introspection dialoguée nous permet de pénétrer dans l’âme intime d’un personnage complexe.
« Sont-elles d’un correspondant ou d’une correspondante anonyme ? Ou sont-elles imaginaires ? Se serait-il écrit à lui-même dans son isolement ?... » (p.52) Il s’agit probablement de la correspondance entre la partie masculine et féminine d’Ahmed, cela permet de formuler les questions fondamentales.
« Qui suis-je ? Qui est l’autre ? » (p.55) C’est son correspondant (sa partie masculine) qui fait découvrir à Zahra son corps et ses sensations.
Découverte du Corps Féminin, du Plaisir Sexuel
Ahmed construit son identité masculine sur injonction paternelle mais devient aussi féminin par l’expérience passive de la menstruation.
« Sur mes cuisses un mince filet de sang, une ligne irrégulière d’un rouge pâle. (…) C’était un rappel, une grimace d’un souvenir enfoui, le souvenir d’une vie que je n’avais pas connue et qui aurait pu être la mienne. »
« J’eus une sensation tellement forte que je perdis connaissance. » (p.81)
« La découverte du corps devait passer par cette rencontre de mes mains et de mon bas-ventre. » C’est à partir de là que Ben Jelloun commence à utiliser l’accord féminin.
Métamorphose et Réclusion
« Je me suis exclu moi-même de la famille, de la société et de ce corps que j’ai longtemps habité. » (p.85)
Le Secret Révélé
« Qui es-tu ? » (p.97) question de la vieille femme.
« Alors, ce corps, puisque tu ne peux pas le nommer, montre-le. » (p.98) (la vieille femme se jette sur A-Z et lui déchire sa djellaba).
Scène Onirique
« Ma tête est lourde. Où la poser. La déposer. La consigner ; la mettre dans une boîte en carton ronde où on range les chapeaux. La placer sur le velours bleu-nuit. » (p.88)
La Société Marocaine
« Dans ce pays, tu réprimes ou tu es réprimé. » (p.103) (Abbas)
« J’aime bien le mot arabe qui désigne la corruption (…) Ça s’applique aux matières qui perdent leur substance et qui n’ont plus de consistance, comme le bois par exemple qui garde l’enveloppe extérieure, il garde l’apparence, mais il est creux, il n’y a plus rien dedans, il a été miné de l’intérieur ; des petites bêtes vraiment ont grignoté tout ce qu’il y avait sous l’écorce. » (p.125)
Intertextualité
Hommage à Borges que Tahar Ben Jelloun considère comme son père spirituel.
« Après tout, entre la mort et moi, il ne doit pas y avoir plus d’une saison. » (p.167) mort prochaine de Borges.
« Nous serons un peu plus pauvres quand cet homme sera mort. Une infinité de choses – des histoires, des rêves et des pays – mourront avec lui. » (p.173) hommage à Borges.
Titre de l'Oeuvre
- L'Enfant de sable : genre polymorphe à l’identité insaisissable.
- Déconstruction du genre et rapport critique aux formes traditionnelles de la société, le sable apparaît comme le moyen de dissoudre l’identité.
Ahmed – Zahra
NOMS : Première et dernière lettre de l’alphabet.
- Ahmed : l’un des noms du Prophète.
- Zahra : correspond à un verbe arabe (se manifester, se révéler).
- Être nommé, c’est recevoir une identité.