L'amour et la préciosité littéraire au XVIIe siècle

Il faut considérer que la conquête amoureuse est une stratégie et même il y a toute une géographie de l’amour d’après la carte de Tendre, d’après le roman « Clélie ». C’est une carte symbolique de l’amour (par exemple, l’amant doit suivre un itinéraire symbolique, et pour arriver à l’amour de la dame il doit éviter le lac de L’Indifférence et la mer Dangereuse). Pour exprimer les sentiments, les précieux utilisent l’hyperbole. Donc, les précieux recherchent l’effet, créent la surprise, en se servant de « la pointe » qui achève le poème sur une notation brillante. Ils jouent aussi sur les oppositions, les antithèses, qui rapprochent les idées contraires. Ils utilisent à satiété la métaphore.

Dans le poème « Le promenoir des deux amants », de Tristan L’Hermite, pour désigner la poitrine de la femme aimée il parle de « ces deux monts d'albâtre ». Alors on voit qu’ils n’aiment pas les expressions simples : ils préfèrent la périphrase (c’est remplacer un mot par sa définition ou par une expression plus longue, mais équivalente). Ils utilisent volontairement la personnification, et surtout ils refusent d’aborder des sujets vulgaires de la même façon qu’ils refusent d’utiliser des mots vulgaires.

Ces poètes ont redonné vie à des genres poétiques légers, comme :

• le madrigal (petit poème qui exprime une pensée amoureuse, mais d’une façon très subtile),
• le blason et
• le rondeau, (terminé par le refrain).

Par exemple les sonnets galants de Voiture, comme « La métamorphose de Julie en diamants » pour exprimer l’inaccessibilité de la femme.

Saint-Amant et le Madrigal

Dans « Madrigal » (1643), de Saint-Amant : le poète (Saint-Amant) développe dans le madrigal tout l’esprit précieux. Dans ce madrigal, le poète élabore un blason et il joue sur le nom des roches, car la femme aimée s’appelle Roche et en même temps elle est dure comme une pierre. Aussi, les deux derniers vers forment « la pointe ».

Voiture, Maître de la préciosité

En ce qui concerne le poète Voiture, c’est le plus brillant des poètes des salons de cette littérature précieuse, puisqu’il fréquente les salons surtout l’hôtel de la marquise de Rambouillet, et c’est là où il montre son talent. C’est pour cela qu’on le considère le Maître de la préciosité. Voiture a mené une vie d’aventure et servait Gaston d’Orléans (frère du roi Louis XIII), mais comme celui-ci doit s’exiler de France, Voiture l’accompagne dans son exile, ce qui lui permet de voyager. Ses œuvres sont publiées après sa mort et se sont surtout des poèmes d’amour, puisque pour lui l’amour est un jeu de salon, un prétexte pour faire d’exercices de styles. Il veut surtout briller, surprendre, et il pousse l’exagération à son extrême. Il se caractérise par ses « pointes », célèbres par ses remarques inattendues, par les détails qui provoquent la surprise.

Dans le sonnet « La Belle Matineuse » (1649), de Voiture, il exalte la beauté de la femme aimée qui surpasse la lumière du soleil. Ce sonnet est construit sur l’hyperbole (= l’exagération).

Tristan L'Hermite, poète baroque

Tristan L’Hermite, c’est un poète baroque de la nature : il la décrit avec bonheur, avec lyrisme et il en sait saisir la richesse et la diversité. Il est aussi le poète de l’amour, d’un amour un peu artificiel, mais aussi il est un poète burlesque qui se sert de l’humour pour décrire la réalité de son époque. Aussi il est un poète de la spiritualité. Mais on peut résumer que son œuvre poétique c’est d’abord un poète de la nature, en évoquant les paysages qui sont comme un reflet de l’état d’esprit du poète. Il manifeste son désir de décrire les richesses et sensualité du monde mais de la même façon il manifeste l’angoisse existentielle, le malaise de vivre, le malaise devant la mort. Il manie avec habileté l’humour. L’Hermite décrit tous les états de la passion amoureuse : la jalousie, la souffrance, face à la séparation de la femme aimée, ou bien face à la séparation définitive de la femme aimée par la mort.