Analyse Comparée d'Extraits Littéraires : Du Moyen Âge au Siècle des Lumières
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Extrait de Les liaisons dangereuses (1782)
Pierre Choderlos de Laclos
LETTRE PREMIÈRE : Cécile de Volanges à Sophie Carnay, aux Ursulines de...
Contexte de l’œuvre
Cette œuvre fut écrite sept ans avant la Révolution française. À cette époque, la société française n'en avait plus pour très longtemps avant d'exploser en révolution : d'un côté la bourgeoisie déconnectée de la réalité, d'un autre le peuple qui avait bien du mal à survivre sous la pression fiscale et abandonnés de leur monarque, et le tout influencé par le courant de
La nature et la structure du texte
Ce texte est une lettre et appartient donc au genre épistolaire. Il s'agit d'une carte entre deux amies du couvent des Ursulines, l'une, Cécile de Volanges qui écrit depuis sa maison et l'autre, Sophie Carnay qui va recevoir cette lettre au couvent où elle demeure. Les deux amies se connaissent depuis « quatre ans » (ligne 3) et sont probablement très jeunes car Cécile de Volanges vient juste de sortir du couvent pour être mariée : « jusqu'à ce qu'elle se mariât que puisqu'elle m'en fait sortir » (ligne 18).
Le jeune âge et l'inexpérience de la jeune Cécile se ressentent jusque dans la forme et dans la structure de sa lettre : en effet, elle n'est pas organisée selon un développement d'idées ou d’événement, mais elle correspond plutôt à une façon d'écrire tout ce qui vient à l'esprit de façon linéaire plutôt que thématique et qui ressemble plus à une conversation qu'à une rédaction soignée. On peut tout de même remarquer deux parties dans cette lettre, séparées par un temps d'une durée inconnue entre la rédaction de la première (lignes 1 à 23) et de la deuxième (lignes 23 à 36). Cécile ferme la première partie avec « Adieu, jusqu'à un petit moment » (ligne 23) et termine la deuxième partie avec « Adieu, ma chère Sophie » (ligne 35).
Enfin, la première partie raconte plutôt la nouvelle vie de Cécile hors du couvent, chez sa mère alors que la deuxième partie est la narration d'une anecdote qui vient de se produire.
La thématique du texte
Ce texte a plusieurs thématiques importantes : la première est celle de la transition entre la vie passée au couvent de Cécile et sa vie future comme femme mariée. On assiste donc à une trêve entre les deux, pleine de loisirs et sans obligations : « J'ai ma harpe, mon dessin et mes livres » (ligne 11). C'est aussi le début d'une certaine autonomie puisque Cécile, chez sa mère, profite de nouveaux privilèges : « une femme de chambre » (ligne 6), « une chambre et un cabinet » (ligne 6-7) et « un secrétaire très joli » (ligne 7) qui ferme à clé. Cette « clé » (qui sera d'ailleurs un élément important dans le reste de l’œuvre) est ici un symbole de la maîtrise de son intimité.
La deuxième grande thématique est celle de la peur, de l'anxiété pour Cécile d'être bientôt mariée à un parfait inconnu. On peut supposer que Cécile, qui vient de sortir du couvent, n'a connu aucun homme jusqu'à ce moment, et son expérience relationnelle entre homme et femme est nulle. De plus, son futur mari aura probablement beaucoup d'années de plus qu'elle et des responsabilités dans la société où il évolue. Tout cela ne peuvent que créer de l'anxiété à Cécile et cela va favoriser des anecdotes et des malentendus comme celui raconté dans la deuxième partie de la lettre. Le « cœur » lui bat (ligne 20), elle a des « tremblements » (ligne 28), elle est « effarouchée » (ligne 29) puis elle jette « un cri perçant » (ligne 30).
La structure du texte
La première partie du texte nous donne des informations sur l'identité de la destinatrice, sur sa relation avec Cécile et sur le passé récent qui les unit. Ensuite vient une énumération de la part de Cécile sur tous les aspects de sa nouvelle vie.
La deuxième partie raconte l'anecdote de la visite du Cordonnier chez la mère de Cécile : celle-ci, ne sachant pas à qui elle avait à faire, s'imagina qu'il s'agissait de son futur mari quand l'homme se mit à genoux pour lui mesurer les pieds.
Des notions d'heures sont annoncées dans le corps de la lettre : en principe, Cécile ne devait pas retrouver sa mère avant sept heures du soir, probablement pour dîner ; mais un carrosse arrive devant chez elle un peu avant cinq heures de l'après-midi : la rédaction est alors paralysée avant de reprendre une heure plus tard vers six heures de l'après-midi.
Enfin, cette carte n'est pas signée sur le document de notre extrait, mais nous renseigne sur la date et le lieu de réaction de celle-ci : le 3 août à Paris.
Du point de vue linguistique
Nous venons de commenter des éléments du présent de la vie de Cécile, le présent où elle écrit cette lettre ; en revanche il est bon de noter qu'il y a suffisamment de futurs pour comprendre que d'une manière inconsciente peut être, la rédaction de Cécile est marqué par un clair intérêt pour ce qui va lui arriver bientôt : « il m'en restera » (ligne 2), « aura » (ligne 3), « je serai mariée » (ligne 33), « je ne me servirai plus » (ligne 33) et « j'attendrai » (ligne 36).
Nous constatons également des marques d'affection particulières et réitérées de Cécile envers son amie « ma bonne amie » (ligne 1) et « ma chère amie » (ligne 31)
Conclusion
En tant que lectrice cette carte m'a émue car c'est une douce trêve dans la vie de Cécile entre le couvent d'où elle sort et le futur mariage. Elle passe tour à tour sous l'autorité d'une mère supérieure du couvent « la mère Perpétue », puis sous celle de sa propre mère plutôt permissive.
Extrait de Les liaisons dangereuses (1782)
Pierre Choderlos de Laclos
LETTRE II; La Marquise de Merteuil au Vicomte de Valmont, au château de...
Contexte de l’œuvre
Cette œuvre fut écrite sept ans avant la Révolution française. À cette époque, la société française n'en avait plus pour très longtemps avant d'exploser en révolution : d'un côté la bourgeoisie déconnectée de la réalité, d'un autre le peuple qui avait bien du mal à survivre sous la pression fiscale et abandonnés de leur monarque, et le tout influencé par le courant de l'illustration, des nouvelles idées philosophiques.
La nature et la structure du texte
Ce texte est une lettre et appartient donc au genre épistolaire. Pourtant elle ne correspond pas à un modèle classique avec des formules de politesses, car elle commence directement avec le corps de la lettre. Elle n'est pas non plus signée, mais en revanche elle est bien datée et le lieu de rédaction figure également à la fin. Enfin, c'est une lettre relativement courte, de cinquante lignes.
Nous pouvons supposer que la femme qui écrit cette lettre, la Marquise de Merteuil, connaît très bien son destinataire et qu'elle lui écrit souvent, puisqu'elle n'utilise pas de formules de politesse et la lettre est courte et compacte. La première partie (lignes 1 à 15) sert d'introduction, la deuxième partie (lignes 15 à 41) sert de développement explicatif et descriptif tant des personnages que des actions à mener à bien, et la troisième partie, la plus courte (lignes 41 à 48) récapitule des informations précises de lieu et d'heure, c'est à dire donne un rendez-vous.
Enfin, ce style épistolaire et les caractéristiques de cet extrait mentionnées ci-dessus nous démontre que les deux protagonistes ne se voient que rarement puisqu'ils communiquent très régulièrement à distance par lettres.
La thématique du texte
Ce texte est dominé par deux grands thèmes : l'amour et la vengeance (ligne 12). L'amour est visiblement un sentiment que n'éprouvent pas les deux protagonistes mais avec lequel ils jouent et ils manipulent leurs proies. L'amour et la vengeance sont en principe deux notions qui ne peuvent se mêler. À ce mélange de grands concepts viennent s'ajouter d'autres symboles comme celui du « fidèle chevalier » (ligne 10) ou du « héros » (ligne 11) qui démontrent à quel point ces projets sont pris au sérieux par la Marquise et par le Vicomte et enfin l'idée de répétition de leurs actes « une rouerie de plus » (ligne 12). Remarquons enfin à quel point les deux protagonistes sont fiers de leurs actes puisqu'ils espèrent pouvoir un jour les publier dans leurs « mémoires » (ligne 13).
Une autre thématique qui dérive des projets de la Marquise est celle de la société de l'époque représentée d'un côté par le personnage de Gercourt, probablement un honnête homme qui aimerait se marier avec une femme très jeune, de bonne famille et de bonne éducation et d'un autre par Mme de Volanges qui cherche à marier sa fille avec un bon parti.
Grâce à ces thématiques le texte résulte haletant et passionnant pour le lecteur. Cette exaltation du mal et de la vengeance envers des gens honnêtes rend l'histoire machiavélique.
Enfin, c'est un hymne aux comportements libertins puisque les bonnes coutumes honnêtes des bonnes familles sont mises à mal par le projet libertin de la Marquise.
La structure du texte
Le texte annonce un projet machiavélique en trois actes : dans un premier paragraphe très dominateur avec bon nombre d'impératifs et d'ordres au Vicomte de Valmont, et très flatteur puisqu'il s'agit de comparer Valmont à un fidèle chevalier, à un héro dont on publiera les mémoires, la Marquise de Merteuil prépare le terrain en posant clairement ses conditions : c'est elle qui décide, et demande à Valmont une entier dévouement à son projet.
La deuxième partie, la plus longue, présente les personnages et les faits, puis dévoile le projet de la Marquise. Celle-ci se donne le soin de dévaloriser la fille de Mme de Volanges et Gercourt comme pour légitimer la cruauté avec laquelle elle souhaite porter préjudice à leur honneur et à leur réputation.
La troisième partie, a plus courte, donne un rendez-vous à Valmont sans plus attendre, devant le caractère urgent de l'affaire. Il n'est pas attendu de réponse de Valmont, sinon directement sa présence à ce rendez-vous, quoi qu'il arrive.
Du point de vue linguistique
Ce texte est écrit par une seule personne qui vouvoie son destinataire. Le corps de la lettre est riche d'ordres, de descriptions, et aussi de questions-réponses qui démontre que la Marquise fait les questions et les réponses à la fois, comme si elle anticipait les doutes de Valmont ou comme si elle se parlait toute seule à elle-même ; il y a même des onomatopées comme « eh » ou « oh ». Le français utilisé est très similaire au français contemporain.
Il y a beaucoup d'ironie également de la part de la Marquise, d'abord en mêlant des concepts de courage, d'amour et de vengeance, mais aussi en considérant sa victime la fille de Mme de Volanges comme l' « héroïne de ce nouveau roman ».
Conclusion
En tant que lectrice cette carte m'a semblé être agressive, aussi bien de la part de la Marquise envers son destinataire le Vicomte de Valmont, et bien sûr envers ses futures victimes la fille de Mme de Volanges et Gercourt. Le rythme intense et le style d'écriture de la Marquise fait oublier qu'elle est elle-même un personnage de fiction sous la plume de l'auteur réel de ces phrases Pierre Choderlos de Laclos. Cet extrait m'a donné envie de connaître la suite des événements, car si j'étais à la place de Valmont je me méfierais de cette Marquises.
Extrait de La Princesse de Clèves (1678)
Contexte de l’œuvre
À l'époque de la publication de La Princesse de Clèves, le monarque qui règne sur la France est Louis XIV. Tout le contexte historique, politique, social ou économique tourne autour de ce Roi de France connu également sous le nom du Roi Soleil. Entre les nombreux faits marquants de ce roi dans l'histoire de France, nous pouvons commenter sa volonté d'organiser la cour autour de sa personne et de la concentrer dans son Palais en pleine transformation dans le sud-ouest de la capitale : Versailles. Dans cet immense palais royal, la vie de la cour composé essentiellement de la bourgeoisie s'organise d'une part autour de la personne du Roi et d'autre part autour de plaisirs artistiques tels que la musique de Lully, le théâtre de Molière, l'architecture de Mansart ou les jardins de Le Nôtre. C'est l'apogée du classicisme français.
En ce qui concerne la littérature, elle est dominée comme pour le reste des arts par des hommes et c'est dans ce contexte que va se faire une place Madame de La Fayette avec ses œuvres qui ont toutes un point commun : les personnages de ses romans évoluent dans un contexte historique réel. Dans La Princesse de Clèves, Madame de La Fayette dénonce une situation sociologique de l'époque qui pourrait être auto-biographique : à la cour, les mariages ne laissaient que peu de place aux sentiments et les femmes n'avaient aucune liberté pour donner leur avis, pour prendre des décisions ou même pour écrire. Remarquons enfin que cette œuvre fut publiée anonymement pour ne pas révéler aux lecteurs de l'époque qu'une femme avait écrit ce roman. C'est ce mélange de critique de la société et d'exploration des sentiments qui a valu à Madame de La Fayette d'être reconnue comme l'une des premières romancières psychologiques.
La nature et la structure du texte
Ce texte est une narration à la troisième personnes, il se divise en deux paragraphes et se termine par un dialogue au style direct à la première personne et par un dernier paragraphe narratif. Nous pouvons remarquer que les deux premiers paragraphes consistent en des longues descriptions. Cela explique pourquoi nous avons affaire à une œuvre longue en comparaison avec les productions littéraires beaucoup plus brèves des siècles précédents parce qu'elle consacre des pages entières à des descriptions très précises.
La thématique du texte
Ce texte comporte une thématique principale qui est celle de la rencontre entre la Princesse de Clèves et Monsieur de Nemours. Le début de notre extrait précède cette rencontre mais il avertit le lecteur que la princesse de Clèves a déjà beaucoup entendu parlé de cet homme, et en bien : le thème de l'apparence, de la beauté physique et de l'élégance sont primordiaux pour donner de l'importance aux courtisans qui se distinguent plus que les autres. Cette thématique de l'apparence physique est normale à la cour d'Henry II ou celle de ses successeurs : la cour est faite pour montrer du « beau » et de la « joie » alors que derrière les masques la réalité est bien différente : misères économiques de certains, misères sentimentales d'autres, corruption...
La structure du texte
Le premier paragraphe consiste en une description de la situation : qui sont les protagonistes (Mme de Clèves, M. de Nemours, Monsieur de Guise, le Roi lui-même et madame la dauphine), la réputation qui précède M. de Nemours à la cour, le lieu de l’événement (un bal au Louvre).
Le deuxième paragraphe décrit la danse des deux protagonistes qui n'échangent aucun mot et la réaction de la cour pour qui ce couple tout juste formé offrait un spectacle et une source infinie de rumeurs.
Le dialogue nous renseigne que les plus hautes autorités ( le roi et la reine dauphine ) voulurent parler avec ce beau couple avant tout le monde et avec quelle ironie la Princesse de Clèves, faisait semblant d'ignorer à qui elle avait à faire.
Le dernier paragraphe décrit une foi de plus l'apparence physique d'une personne présente à ce bal, la Dauphine, et sert de clôture à ce thème en affirmant que désormais M de Nemours serait amoureux de la Princesse de Clèves. Des sentiments de la Princesse de Clèves nous ne savons rien par cet extrait.
Du point de vue linguistique
Le français employé dans cet extrait est de l'époque du XVIIème siècle et donne beaucoup de splendeur à cette scène de bal à la cour du Roi de France. Le lexique est d'ailleurs très positifs en ce qui concerne la beauté et l'élégance.
Conclusion
En tant que lectrice, cet extrait est pour moi très représentatif du reste de l’œuvre que j'ai lue entièrement et que je connais bien : un contexte historique réel et des personnages superficiels d'un côté pour qui les apparences et les règles sociales font tout, et la Princesse de Clèves de l'autre qui refuse de se laisser impressionner par cette bourgeoisie de cour.
De mon point de vue, ce roman n'est pas seulement un des premiers psychologiques, sinon aussi un roman féministe.
Extrait de Pantagruel (1532)
Comment Pantagruel, étant à Paris, reçut lettres de son père Gargantua, et la copie d'icelles
La nature et la structure du texte
Ce texte est une lettre qu'un père dirige à son fils. Notre texte ne présente probablement pas l'intégralité de la lettre car il n'y a pas de formule de commencement, en revanche il y a bien les formules de fin avec le lieu, la date et la signature. Ce texte épistolaire commence par un long paragraphe puis par huit paragraphes plus courts, parfois ne contenant qu'une phrase.
Cette lettre consiste en une énumération de devoirs qu'un père, Gargantua, confie à son fils, Pantagruel. C'est la quantité inhumaine de matières et de savoirs à étudier qui rend comique cet extrait et l'oeuvre toute entière de Rabelais.
La thématique du texte
Dans ce texte, le thème principal est celui d'un père qui donne à son fils la mission de tout savoir. Ces savoirs sont organisé selon des grandes thématiques : d'abord les langues car Pantagruel va devoir apprendre le grec, l'hébreux, le latin et l'arabe. Ces langues ne sont pas choisies au hasard puisqu'elles véhiculent des savoirs et des idées classiques ( celles de Platon ou de Cicéron) ou des fondements religieux (l'ancien et le nouveau testament). La deuxième grande thématique est ce que Gargantua appelle les « Arts libéraux » : la géométrie, l'arithmétique, la musique ou l'astronomie. Viennent ensuite le droit et la géographie, la médecine et l'étude des textes religieux. Enfin, la troisième thématique est celle de la chevalerie et des armes.
Ces trois thématiques caractérisent bien les idées de Rabelais, héritier du moyen-âge brutal et inculte, et contemporain de la Renaissance qui voit se multiplier les courants de pensées.
Cependant, le thème de la religion ne s'arrête pas à la simple étude des textes sacrés, Pantagruel doit aussi aimer et craindre dieu et lui confier son destin.
La structure du texte
La première partie s'étend de la ligne 1 à la ligne 15. Le premier paragraphe est plus long que les autres parce que c'est une réflexion de Gargantua sur l'état des savoirs actuels : si au moyen-âge le savoir était détenu par très peu de personnes, il est à présent détenu par de plus en pus de monde et certains érudits savent moins que certains brigands. Cette réflexion a pour but de justifier et de motiver l'apprentissage de Pantagruel.
La deuxième partie est très courte, c'est le paragraphe 3, des lignes 16 à 20, qui énumère et justifie les apprentissages linguistiques auquels Pantagruel doit se soumettre.
La troisième partie, des lignes 21 à 32 fait l'énumération des matières considérées comme scientifiques.
La quatrième partie, des lines 33 à 38 insiste sur l'apprentissage pratique du maniement des armes, de la chevalerie, pour que personne ne puisse réduire par la force à Pantagruel ou à ses idées.
Enfin, la cinquième partie fait office de morale, de conseils basés sur la dévotion religieuse.
À la fin du texte, le père Gargantua signe la lettre depuis sa ville, Utopie.
Du point de vue linguistique
Le lexique employé est valorisant en ce qui concerne l'apprentissage et dévalorisant en ce qui concerne l'ignorance. C'est un registre plutôt soutenu qui utilise beaucoup de paraphrases car les énumérations sont très exhaustives : Gargantua parle du latin puis, pour ne pas se répéter, de la « langue de Cicéron ».
Il y a une touche d'ironie de Gargantua envers deux matières auquelles il retire de l'importance : l'astrologie et l'art de Lullius, comme « abus et vanités ».
Le vocabulaire transmet lui aussi un message : le nom des personnages, Gargantua comme une gorge qui peut tout avaler (allusion à la soif de savoir des penseurs de la Renaissance), la ville d'Utopie qui est un concept très nouveau pour l'époque car il prétend créer la perfection par opposition à ce qui existe déjà, la ville de Paris où selon Gargantua il y a beaucoup de savants et où Pantagruel va pouvoir apprendre toutes ses matières et pou anecdote il est bon de remarquer que le français actuel a gardé les adjectifs pantagruelique et gargantuesque pour faire référence à des quantités immenses et inhumaines.
Conclusion
En tant que lectrice, cet extrait est pour moi très drôle car le pauvre Gagantua doit assimiler une quantité impossible de savoirs, tellement que cette mission va lui prendre tout son temps libre. Je me demande si ce n'est pas si nécessaire de tant savoir si en parallèle l'étudiant ne peux pas jouer avec ses amis, se forger une personnalité en dehors des salles d'études.
De plus, je pense que le voyage est un aspect que Gargantua n'a pas pris en compte alors que dans nos sociétés modernes il est primordial pour la formation des étudiants de passer au moins une année à l'étranger pour l'ouverture d'esprit.
Extrait de Pantagruel (1532)
Comment Pantagruel, étant à Paris, reçut lettres de son père Gargantua, et la copie d'icelles
Contexte de l’œuvre
À la Renaissance, au XVIème siècle, les écrivains et penseurs de cette époque se caractérisent par une volonté de se démarquer du moyen-âge et de tous ses symboles : l'ignorance, le pouvoir éclésiastique, les despotismes. On assiste également à un retour aux cultures classiques avec comme référence l'antiquité Grecque et Romaine. De plus, les nouvelles pensées vont essayer d'illustrer par des essais et d'autres œuvres les nouveaux lecteurs pour diffuser de nouvelles philosophies. C'est à cette époque que règne en France François Premier, qui va encourager les créations artistiques et littéraires de la Renaissance.
L'auteur, François Rabelais, est un personnage à multiples visages : il a été moine bien qu'il critique l'Église, il a éte médecin, mais il est connu pour ses œuvres comme Pantagruel dont est extrait notre texte. Avec Pantagruel (1532) et Gargantua (1534) il mélange les genres et les styles en empruntant des élément de chevalerie, de parodie, d'épopée et est précurseur du roman moderne à contenu réaliste, satirique et philosophique.
La nature et la structure du texte
Ce texte est un lettre qu'un père dirige à son fils. Notre texte ne présente probablement pas l'intégralité de la lettre car il n'y a pas de formule de commencement, en revanche il y a bien les formules de fin avec le lieu, la date et la signature. Ce texte épistolaire commence par un long paragraphe puis par huit paragraphes plus courts, parfois ne contenant qu'une phrase.
Cette lettre consiste en une énumération de devoirs qu'un père, Gargantua, confie à son fils, Pantagruel. C'est la quantité inhumaine de matières et de savoirs à étudier qui rend comique cet extrait et l'oeuvre toute entière de Rabelais.
La thématique du texte
Dans ce texte, le thème principal est celui d'un père qui donne à son fils la mission de tout savoir. Ces savoirs sont organisé selon des grandes thématiques : d'abord les langues car Pantagruel va devoir apprendre le grec, l'hébreux, le latin et l'arabe. Ces langues ne sont pas choisies au hasard puisqu'elles véhiculent des savoirs et des idées classiques ( celles de Platon ou de Cicéron) ou des fondements religieux (l'ancien et le nouveau testament). La deuxième grande thématique est ce que Gargantua appelle les « Arts libéraux » : la géométrie, l'arithmétique, la musique ou l'astronomie. Viennent ensuite le droit et la géographie, la médecine et l'étude des textes religieux. Enfin, la troisième thématique est celle de la chevalerie et des armes.
Ces trois thématiques caractérisent bien les idées de Rabelais, héritier du moyen-âge brutal et inculte, et contemporain de la Renaissance qui voit se multiplier les courants de pensées.
Cependant, le thème de la religion ne s'arrête pas à la simple étude des textes sacrés, Pantagruel doit aussi aimer et craindre dieu et lui confier son destin.
La structure du texte
La première partie s'étend de la ligne 1 à la ligne 15. Le premier paragraphe est plus long que les autres parce que c'est une réflexion de Gargantua sur l'état des savoirs actuels : si au moyen-âge le savoir était détenu par très peu de personnes, il est à présent détenu par de plus en pus de monde et certains érudits savent moins que certains brigands. Cette réflexion a pour but de justifier et de motiver l'apprentissage de Pantagruel.
La deuxième partie est très courte, c'est le paragraphe 3, des lignes 16 à 20, qui énumère et justifie les apprentissages linguistiques auquels Pantagruel doit se soumettre.
La troisième partie, des lignes 21 à 32 fait l'énumération des matières considérées comme scientifiques.
La quatrième partie, des lines 33 à 38 insiste sur l'apprentissage pratique du maniement des armes, de la chevalerie, pour que personne ne puisse réduire par la force à Pantagruel ou à ses idées.
Enfin, la cinquième partie fait office de morale, de conseils basés sur la dévotion religieuse.
À la fin du texte, le père Gargantua signe la lettre depuis sa ville, Utopie.
Du point de vue linguistique
Le lexique employé est valorisant en ce qui concerne l'apprentissage et dévalorisant en ce qui concerne l'ignorance. C'est un registre plutôt soutenu qui utilise beaucoup de paraphrases car les énumérations sont très exhaustives : Gargantua parle du latin puis, pour ne pas se répéter, de la « langue de Cicéron ».
Il y a une touche d'ironie de Gargantua envers deux matières auquelles il retire de l'importance : l'astrologie et l'art de Lullius, comme « abus et vanités ».
Le vocabulaire transmet lui aussi un message : le nom des personnages, Gargantua comme une gorge qui peut tout avaler (allusion à la soif de savoir des penseurs de la Renaissance), la ville d'Utopie qui est un concept très nouveau pour l'époque car il prétend créer la perfection par opposition à ce qui existe déjà, la ville de Paris où selon Gargantua il y a beaucoup de savants et où Pantagruel va pouvoir apprendre toutes ses matières et pou anecdote il est bon de remarquer que le français actuel a gardé les adjectifs pantagruelique et gargantuesque pour faire référence à des quantités immenses et inhumaines.
Conclusion
En tant que lectrice, cet extrait est pour moi très drôle car le pauvre Gagantua doit assimiler une quantité impossible de savoirs, tellement que cette mission va lui prendre tout son temps libre. Je me demande si ce n'est pas si nécessaire de tant savoir si en parallèle l'étudiant ne peux pas jouer avec ses amis, se forger une personnalité en dehors des salles d'études.
De plus, je pense que le voyage est un aspect que Gargantua n'a pas pris en compte alors que dans nos sociétés modernes il est primordial pour la formation des étudiants de passer au moins une année à l'étranger pour l'ouverture d'esprit. D'ailleurs, c'est un penseur contemporaine.
Les Regrets
Du Bellay
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage
Paratexte de l’œuvre :
Ce texte a été écrit par Joachim Du Bellay, un poète français de la Renaissance du XVIème siècle. Cet auteur est originaire de la noblesse, il a étudié des textes en latin qui lui ont donné le goût des œuvres classiques. Avec d'autres poètes tel que Ronsard, il crée la formation Pléiades et devient un poète engagé qui revendique l'utilisation du français plutôt que du latin. C'est lors d'un voyage à Rome qu'il écrit son œuvre la plus connue : Les Regrets dont est issu notre extrait.
L'énonciation
Dans ce sonnet, c'est clairement Du Bellay qui s'exprime. En effet, le texte est plein d'éléments en relation avec la première personne : le pronom personnel « je » et les adjectifs possessifs « mon » et « mes » ainsi que des références directes à la terre natale du poète : « mon petit village », « ma pauvre maison », « mes aïeux », « l'ardoise », la « Loire », le « Liré » et « la douceur Angevine ».
L'Auteur, à mon avis, se parle à lui même et se fait lui même des questions sur futur.
La forme et la structure du poème
Ce texte est composé de quatre strophes : deux quatrains et deux tercets. C'est donc un sonnet. C'est un style poétique très lyrique que l'auteur combine avec la litanie pour énumérer tout ce à quoi il a renoncé.
Dans la première strophe le poète se compare à Ulysse et à Jason qui sont deux grands voyageurs de la mythologie grecque. Dans la deuxième strophe, il commence à énumérer ce à quoi il a renoncé et dans les deux dernières strophes, il compare sa région natale avec Rome.
Les champs lexicaux
Dans ce sonnet, deux champs lexicaux dominent : dans la première strophe, c'est le champ lexical de la mythologie grecque et du voyage « Ulysse » vers 1, « voyage »vers 1, « la toison »vers 2 (=Jason et les Argonautes), « retourné »vers 3. En utilisant ce champs lexical, l'auteur fait référence à la culture classique qu'il a étudié, qu'il apprécie et qui est une source d'inspiration des artiste de la Renaissance. En plus, cela lui permet de se comparer avec deux navigateurs dont les voyages sont devenus mythiques.
Dans le reste du sonnet, c'est le champs lexical associé à sa terre natale et à sa terre d'adoption « mon petit village »vers 5, « ma pauvre maison »vers 7, « mes aïeux »vers 9, « l'ardoise »vers 11, la « Loire »vers 12, le « Liré »vers 13 et « la douceur Angevine »vers 14 ; « des plais Romains » vers 10, « le marbre dur » vers 11, « le Tibre Latin » vers 12, « le mont Palatin » vers 13, « l'air marin » vers 14. Avec ce champ lexical, l'auteur énumère tout ce qu'il a perdu en s'installant à Rome et compare des éléments de sa nouvelle ville avec leur équivalent dans la province natale.
La versification
Ce sonnet respecte la métrique typique de ce type de poème : il a les rimes embrassées disposées sur le schéma suivant : ABBA ABBA CCD EED. Les vers sont des Alexandrins sauf les vers 2, 6 et 10 qui sont des hendécasyllabes. Il y a un enjambement entre les vers 5 et 6 de la deuxième strophe, car le poète change le rythme de son sonnet pour l'adapter à la litanie : en effet il se demande à lui même quand reverra-t-il sa terre natale et pour cela il a besoin de ralentir le rythme, et pour ne pas rallonger ses vers, il a choisi l'enjambement pour faire continuer le vers 5 sur le vers 6.
Le registre de langue :
Le registre de langue est soutenu car ce sonnet, peut être interprété comme une réflexion personnelle du poète qui se demande à lui même quand reverra-t-il sa terre natale, mais aussi peut être interprété comme une prière liturgique de demande de réponse à un problème existentiel.
Les adjectifs :
Dans ce texte, le poète utilise des énumérations et des comparaisons pour parler de sa terre natale et de sa terre d'adoption (Rome). Pour cela, il utilise toute une série d'adjectifs qui laissent penser à une certaine personnification de ces deux lieux : d'un côté, nous avons sa terre natale associée à des adjectifs diminutifs comme « petit » vers 5, « pauvre » vers 7, « fine » vers 11, « petit » vers 13 et « douceur » vers 14. D'un autre côté Rome est caractérisée par des adjectifs forts comme « audacieux » vers 10, « dur » vers 11, « Latin » vers 12, « marin » vers 14. Ces deux séries d'adjectifs si opposés révèlent une certaine personnification de chaque territoire : alors que la terre Angevine est plutôt une femme ou une mère, Rome est un guerrier ou un marin rude et fort.
Structures et rythme
Nous avons déjà commenté la structure plus haut, mais nous pouvons ajouter qu'il utilise une exclamation dans la première strophe dans laquelle il se compare aux héros de la mythologie, puis une interrogation dans la deuxième strophe presque liturgique.
Le rythme est clair et distinct entre chaque partie du sonnet. La première strophe a un rythme normal, mais le deuxième avec l'enjambement du vers 5 est plus lent pour mieux exprimer la dimension liturgique. Enfin, les deux dernières strophes ont un rythmes qui augmente car le poète compare d'abord des éléments d'un vers avec le suivant, puis des éléments dans le même vers. Cela crée une amplification de la comparaison et des différence totales entre sa terre natale et Rome.
Extrait de Le Roman de Renart
Texte intitulé Les jambons d'Ysengrin
1) Contexte de l’œuvre
Au Moyen âge, vers le XIIe siècle, la littérature française est caractérisée par la rédaction de courts récits narratifs, qui mélangent le comique et la satire, et qui connaît un grand succès dans la bourgeoisie de l'époque. On parle alors de « fables », ou de « branches », et notre texte est issu d'un recueil de « branches » qui raconte les aventures de Renart et qui a été rédigé par diverses auteurs. La majorité des vingt-sept textes qui composent cette œuvre sont anonymes. À cette époque, les protagonistes sont des animaux pour des raisons politiques : en effet, la censure de l'époque et les bonnes manières ne permettaient pas de nommer directement les principaux notables de la société. Le protagoniste est un renard (goupil en français ancien) et il représente la ruse et l'égoïsme. Comme tous les genres littéraires du Moyen-Âge, les « branches » sont des textes courts qui permettent d'être racontés par des jongleurs à la population majoritairement analphabète.
2) La nature et la structure du texte
Ce texte est une narration à la troisième personne par un narrateur omniscient ponctué de dialogues au style direct tel une pièce de théâtre. Des descriptions courtes permettent au lecteur ou à l'auditeur d'imaginer facilement la scène dans laquelle se passe l'action.
Le texte original est composé de vers, mais cet extrait est organisé en trois paragraphes et chacun représente un épisode clé de l'histoire : le premier est l'introduction, avec les trois personnages (Renart, Ysengrin et Hersent) et nous présente aussi bien l'histoire que son décors, le deuxième raconte le vol des jambons, le troisième est l'humiliation d'Ysengrin par Renart qui revient sur les lieux de son vol et se moque de lui.
3) La thématique du texte
Dans ce texte, nous pouvons constater deux caractères très distincts pour chaque
personnage : l’honnêteté et l'excès de confiance d'un côté et la ruse et la méchanceté de l'autre. Alors que le loup Ysengrin a confiance en Renart et en tous ses voisins, et laisse en évidence ses trois jambons, le goupil Renart au contraire va, par égoïsme et méchanceté, profiter de cet excès de confiance pour lui voler ses jambons. Cette situation est un parallélisme avec la société de l'époque où les plus rusés mais pas forcément les plus honnêtes gagnaient.
4) Du point de vue linguistique
Le lexique employé est valorisant en ce qui concerne le personnage de Renart et est dévalorisant en ce qui concerne le couple formé par le loup Ysengrin et la louve Hersent. Cette stratégie lexicale, contraire à la personnalité des protagonistes renforce la satire et l'effet comique de l'histoire en faisant passer le bon pour idiot et le méchant pour héro intelligent.
Le langage est très soutenu, et l'usage de « vous » est généralisé, même entre le loup et sa femme qui, bien qu'ils forment un couple, se vouvoient.
Le texte de cet extrait ne contient pas de figures de style, ce qui rend l'écriture très simple et facile à comprendre.
5) Conclusion
Cet extrait est amusant car il propose de façon implicite au lecteur une morale qui pourrait très bien s'appliquer à notre époque : le fait que Renart vole son Oncle et abuse de telle sorte de sa confiance nous permet d'affirmer que « Dans la vie, on est mieux protégé en doutant des autres et limitant notre générosité, même avec les membres de la famille.
Extrait de Le Rossignol
MARIE DE FRANCE
1) Contexte de l’œuvre
2) La nature et la structure du texte
Ce texte correspond à la traduction en français des cinq premiers paragraphes du Lai Le Rossignol, il manque la fin de l'histoire. L'original est écrit en vers et en anglo-normand. Il s'agit donc d'un genre poétique et narratif court.
Le narrateur est omniscient et raconte l'histoire de façon linéaire, c'est à dire dans l'ordre chronologique des événements. Le lecteur peut apprécier des descriptions très brèves de personnes et de lieux qui rendent très suggestive la lecture.
Le registre est lyrique, cette lyrique est rendue par la forme du texte, dont l'original est une succession de vers courts qui donnent un rythme et une beauté à la narration ; d'autre part, le genre est également tragique puisque le thème abordé est celui de l'amour impossible et de la mort du Rossignol aux mains de l'insensible mari.
3) La thématique du texte
Dans ce texte, nous pouvons constater trois thèmes principaux. Le premier et le plus important est le thème de l'amour courtois incarné par le jeune noble apprécié de tous dans sa ville de Saint-Malo : il est riche, généreux, sociable, il participe aux tournois en tant que chevalier et par une femme mal-mariée malheureuse dans sa vie de couple. Ce couple d'amants vit alors un amour secret et impossible.
Le deuxième thème de cet extrait est la cruauté et l'insensibilité du mari : jaloux de voir sa femme se lever et veiller à sa fenêtre toutes les nuits, il lui demande la raison de ses insomnies et celle-ci lui répond qu'elle se lève pour écouter le rossignol, son chant, la musique de l'amour, toute la nuit. C'est alors que le troisième thème entre : celui de la mort, de la souffrance et de la douleur : le mari, plutôt que d'essayer de récupérer la joie et le bonheur de sa femme, fait capturer le rossignol pour le tuer sous les yeux de sa femme et le lui lancer pour la tacher de sang au niveau cœur.
4) La structure du texte
Cet extrait se compose d'une brève introduction dans laquelle l'auteur explique l'origine de l'histoire, puis de quatre paragraphes narratifs linéaires qui correspondent aux quatre strophes du texte original. Cette structure se caractérise para sa brièveté comme pour le reste des Lais écrits par Marie de France.
Dans l'extrait dont nous disposons, nous ne pouvons pas apprécier de rimes ni d'une métrique claire comme l'est le texte original écrit en vers.
5) Du point de vue linguistique
Le lexique employé est valorisant en ce qui concerne le thème de l'amour courtois et est dévalorisant en ce qui concerne le thème de la mort et de la douleur. C'est un registre plutôt soutenu, les champs lexicaux sont riches de termes illustrant chacun des trois grands thèmes expliqués ci-dessus dans notre troisième point.
Le titre de cet extrait est un symbole en lui-même : Le Rossignol et son chant ont de toute époque été un symbole et une métaphore de l'amour. Avec la mort du rossignol, avec la tache de sang sur la robe de la femme, c'est l'amour qui meurt. Nous remarquons que l'utilisation de symboles est caractéristique du folklore celte dont s'inspire Marie de France et de l'héritage de la tradition orale ainsi que des troubadours des siècles antérieurs.
6) Conclusion
En tant que lectrice, cet extrait est pour moi la tragédie d'un amour impossible, mais ce qui rend si particulière cette histoire, c'est la brièveté avec laquelle elle est racontée : en à peine quatre courts paragraphes, nous assistons à la naissance d'un amour puis subitement à sa fin violente. Cette violence est beaucoup mieux transmise par un texte court que par un long roman de cinq-cent pages. C'est ce que j'ai apprécié de ce Lai de Marie de France.
Perceval ou le Conte du graal,
extrait L'adoubement de Perceval
1) Contexte de l’œuvre
A. Contexte historique.
Vers 1180, l'auteur de Perceval ou le Conte du graal vit dans le royaume des francs sous le règne de Philippe II Auguste en plein moyen âge. Ce roi se distingue par un règne relativement long et par son idée de fonder ce qui sera la France. À cette époque, l'Europe est très chrétienne : le Saint Empire s'étend des frontières orientales de la France jusqu'aux frontières de la Hongrie à l'Est et jusqu'à Rome au sud1. Cette « Europe Sainte » est confrontée au problème de l'invasion musulmane de la Péninsule Ibérique et de la Terre Sainte. Cette situation influence les sociétés féodales européennes qui décident toutes de lutter aux côtés de l'Église pour la reconquête contre les musulmans. De nombreux hommes comme le personnage de Perceval deviennent chevaliers et partent à la recherche de l'honneur, de la richesse et de la reconnaissance divine lors de missions au service de leurs seigneurs et de l'Église.
2) La nature et la structure du texte
Ce texte est un extrait du roman d'aventure mystique Perceval ou le Conte du graal écrit en 1182 par Chrétien de Troyes. L'original de cette œuvre est en français ancien, mais notre extrait est en français contemporain. La scène décrite par cet extrait se passe probablement au début de l’œuvre car le protagoniste passe du rang de simple paysan au rang de chevalier pour ensuite vivre les aventures racontées dans le reste du roman.
Le genre de cet extrait est multiple : on y trouve des références au genre chevaleresque : l'adoubement qui est la cérémonie d'accès au rang de chevalier, la mission de combattre d'autres chevaliers et les détails de l’attirail : l'éperon et l'épée. Le genre de l'amour courtois car le nouveau chevalier reçoit ordre de son seigneur de secourir toute jeune fille ou femme sans défense. Enfin, le genre religieux car le jeune chevalier ne doit pas oublier de se rendre à l'église pour prier et pour que dieu ait pitié de son âme.
L'extrait est écrit en prose et consiste en une narration de la scène de l'adoubement de Perceval. Ce narrateur est peut-être une des personnes présentes lors de cette cérémonie. Le texte est divisé en deux paragraphe, le premier étant une description, une sorte d'introduction explicative de la cérémonie ; le deuxième étant une alternance de discours direct du Seigneur qui adoube Perceval et de narration.
Enfin, bien que le registre du texte ne soit pas bien défini, nous remarquons que le lexique est plutôt riche.
3) La thématique du texte
Les thématiques développées dans cet extrait rejoignent les genres que nous venons de décrire. Le thème principal est la cérémonie de l'adoubement. De la même façon que le baptême permet de devenir chrétien, cette cérémonie permet de devenir chevalier. Le grand maître de cérémonie et l'autorité est représentée par le seigneur3. Ce seigneur donne alors des instructions à son nouveau chevalier : la première est celle de combattre contre d'autres chevaliers. Les thèmes secondaires sont évoqués dans le reste des instructions : celui d'être discret, de secourir les femmes sans défense et celui de prier à l'église.
L'idée de cette cérémonie est le symbole du passage à la chevalerie d'un homme
quelconque qui va de cette manière pouvoir espérer recevoir honneur, richesse, reconnaissance, et, s'il perd la vie, il pourra aller au paradis grâce aux services rendus à son seigneur et à Dieu.
4) Du pont de vue linguistique
Le choix du lexique est valorisant et il donne toute l'importance à cette cérémonie grâce à un langage plutôt soutenu. Les différents champs lexicaux correspondent aux genres et aux thèmes que nous avons décrit plus haut : le champ lexical de la chevalerie (adoubement, éperon, épée, combattre), de la courtoisie et de la religion.
L'extrait est une narration à la troisième personne du singulier qui alterne avec du discours au style direct, mais il n'y a pas de figures de style à commenter.
5) Conclusion
Cet extrait m'a semblé être très didactique pour les lecteurs car il explique de façon simple mais détaillée le déroulement d'une cérémonie d'adoubement et des fondements de la chevalerie.
Aucassin et Nicolette
Un conflit oppose deux nobles : le Comte Bongars de Valence et le comte Garins de Beaucaire. Le premier est très cruel mais le second est âgé et faible. Le fils du comte Garins pourrait l'aider car il est jeune et fort, mais il ne pense qu'à sa bien aimée. Le comte Garins et sa femme essaie pourtant de convaincre leur fils Aucassin. Celui-ci accepte d'aider son père à une condition : qu'il le marie avec Nicolette. Pour le père, c'est impossible parce que Nicolette a un sang impur : elle a appartenu aux Sarrasins et elle n'est pas noble. Au bout d'un certain temps, le Comte Garins, désespéré, demande au propriétaire de Nicolette de l'exiler très loin. Cependant, le propriétaire de Nicolette va se contenter de la cacher dans une chambre isolée de son palais où elle ne manquera de rien et où elle vivra sous la surveillance d'une vieille.
La CHANSON DE ROLAND.
1. CONTEXTE DE L'ŒUVRE.
Cette œuvre du moyen âge est anonyme, bien que certains pensent que Turold aurait pu l'écrire. Elle date de 1070 et la narration se situe un siècle plus tôt dans l'époque de Charlemagne en racontant les exploits de son neveu Roland. À cette époque, l'Europe est divisée en des dizaines de territoires féodaux. Au sud, les Sarrasins envahissent l'Espagne et menacent la civilisation européenne chrétienne. Charlemagne va, pendant son règne, unir tous les territoires féodaux de la France, de l'ouest de l'Allemagne, du nord de l'Italie et du nord de l'Espagne1 sous son autorité et sous la religion chrétienne. C'est précisément à la frontière avec l'Espagne que se situe le récit des de cet extrait : près de Roncevaux, point de départ de l'actuel chemin à Saint-Jacques de Compostelle, Roland meurt blessé à mort par les Sarrasins pendant une tentative de reconquête. À la reconquête ont participé beaucoup d'européens pour des raisons économiques et sociale. En effet, les terres n'offraient que peu de richesses et il était difficile de devenir noble. C'est alors que l'Église a promis richesse et honneur à tous ceux qui gagneraient des batailles pendant la reconquête.
L'auteur n'est pas clairement identifié, mais le style oui : c'est une chanson de geste narrant une épopée chrétienne. À cette époque, le peuple était analphabète et les textes étaient récités ou chantés, ce qui explique leur forme en vers, leur métrique, leurs rimes. Ces récits n'étaient pas toujours fidèles à la réalité car ils avaient pour objectif de motiver le peuple avec des légendes de héros qui luttent contre les infidèles.
2. LA NATURE DU TEXTE
Cet extrait nous présente deux chansons ( la 174 et la 175) qui sont les deux avant-dernières de la deuxième partie de l’œuvre qui se déroule pendant la bataille de Roncevaux. Ces deux chansons sont d'une dimension comparables (onze vers pour l'une, neuf pour l'autre). Chaque vers est un décasyllabe, et les rimes sont assonantes. Le texte est narratif et le narrateur est omniscient (il connaît les pensées du personnage). Le registre est lyrique comme par exemple dans l'oration de Roland dans la chanson 175 par laquelle il implore de façon très solennelle la clémence divine. C'est aussi un registre tragique en ce qui concerne cet extrait qui illustre la mort, et de façon plus générale, c'est un registre épique avec le récit de la bataille.
3. LA THÉMATIQUE DU TEXTE
Le texte parle de la mort de Roland, neveu de Charlemagne, lors de la bataille de Roncevaux (point de départ de la reconquête vers l'Espagne). La chanson 174 nous informe de la mise en scène de
cette mort héroïque : Roland, gravement blessé, est encore assez lucide pour se placer sous un arbre et pour tourner la tête vers les territoires à conquérir. Son objectif est de laisser une emprunte dans la mémoire de son peuple pour qui il veut mourir en conquérant. Une fois cette mise en scène terminée, Roland s'adresse désormais à Dieu dans la chanson 175 et illustre toute la dévotion des conquérants : en perdant sa vie pour une bonne cause, il espère obtenir la clémence divine. Il y a une réponse divine dans le dernier vers, lorsque les anges descendent vers Roland pour l'emmener vers l'au delà.
Les deux idées développées dans ces deux chansons sont la mort héroïque du protagoniste et la religion chrétienne qui accompagne et récompense la reconquête.
4. STRUCTURE DU TEXTE
Nous avons déjà évoqué la structure du texte ci-dessus. Quant au schéma narratif, nous pouvons signaler qu'il est linéaire suivant un ordre chronologique. Il n'y a pas d'analepses par exemples événements sont racontés l'un après l'autre.
5. POINT DE VUE LINGUISTIQUE
Le registre du lexique est courant, sans mots compliqués ou vulgaires. Cela facilite la compréhension. Un des champs lexicaux dominants est celui de la guerre (épée, olifant, conquérant, gant, mort). Un autre champ lexical dominant est celui de la religion (mort, peuple païen, péchés, Dieu, anges). Le lexique est valorisant pour le protagoniste, Roland, et il est dévalorisant pour ses ennemis les Sarrasins car Roland va mourir en héro et parce qu'ils sont païens.
Il y a une personnification de la mort dans le premier vers de la chanson 174 (« la mort le prend tout entier » et « sa tête descend vers son cœur »). Cette personnification rend la mort plus humaine et donc moins effrayante pour les candidats à la reconquête.
6. CONCLUSION
Ces deux chansons m'ont parues émouvantes parce que Roland nous révèle son âme au moment de mourir : il ne veut pas laisser son épée aux païens car pour lui c'est son amie, son alliée de reconquête, l'instrument de la gloire ; il a tellement foi en dieu qu'il est convaincu que les anges vont venir le chercher ; enfin, il garde son calme et prépare son corps sous l'arbre et face aux païens pour entrer dans la légende.
Ce texte est bien écrit pour motiver les candidats à la reconquête en rendant plus humaine et plus divine la bataille juste.