Analyse du Conflit Iran-Irak et ses Conséquences

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Contexte de la Guerre Iran-Irak

À la fin de 1981, l’armée iranienne réussit sa première contre-offensive : la poche d’Abadan est évacuée (28 sept.), Bostan est libérée (8 déc.). Ce sursaut iranien annonce les grandes contre-offensives du printemps, à partir de la mi-mars 1982.

À partir de juillet 1982, c’est l’Iran, et non plus l’Irak, qui fait désormais figure d’agresseur.

En octobre 1982, le président Saddam Hussein dit renoncer, contre un cessez-le-feu, à ses revendications sur le Chatt al-Arab.

L’ayatollah Khomeyni réplique en posant comme condition préalable que l’agresseur (selon lui, l’Irak) soit désigné et condamné par la communauté internationale et verse des dommages de guerre.

L’année 1983 connaît une série d’offensives, lancées par les Iraniens. Leur bilan, très lourd au niveau des pertes humaines, est maigre pour les assaillants.

Bagdad est accusée d’avoir recours à l’arme chimique pour enrayer, dans le Sud, l’avance iranienne en direction de Bassora, menacée d’être isolée du reste du pays. Aucun répit n’intervient en 1985, année dominée par l’utilisation de l’arme aérienne. Le bombardement des villes iraniennes reprend, après une trêve de six mois, ce qui amène une réplique par des tirs de missiles sur Bagdad (mars à juillet). Une mission de conciliation, conduite par le secrétaire général des Nations unies, Javier Perez de Cuellar (avril), n’a pas plus de succès que les précédentes.

Deux nouvelles résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU : Résolution 582 et 598 (1987).

Internationalisation du Conflit

1987 : À ce moment-là, la guerre va prendre, encore, une autre dimension. Le Koweït, dont les pétroliers sont l’objet d’actions de représailles iraniennes, du fait de l’aide apportée par l’Émirat à l’Irak, envisage de demander une protection internationale pour sa flotte.

N.B : L’IRANGATE [nom donné, par assimilation au Watergate (qui coûta sa présidence à Richard Nixon), au scandale des ventes secrètes d’armes à l’Iran de 1985 à 1987. De nombreux dignitaires américains – jusqu’au président Ronald Reagan – furent compromis].

L’Iran est plus isolé que jamais : les relations diplomatiques avec la France sont rompues (juillet), celles avec l’Arabie Saoudite très gravement compromises (elles seront rompues plus tard, le 26 avril 1988).

La « guerre des villes » ou des « capitales » donne lieu à une utilisation massive de missiles sol-sol, faisant plusieurs milliers de victimes civiles. En quelques semaines, les Iraniens subissent, effectivement, une série de revers sur l’ensemble des théâtres d’opérations.

Point culminant de cette accélération des événements, le Vincennes, un bâtiment américain, abat par erreur un Airbus iranien, provoquant la mort de ses 290 occupants. À Bagdad, le président Saddam Hussein affirme (17 juillet) que l’Irak veut la paix et n’a pas de visées territoriales. À Téhéran, après un débat houleux au sein des instances dirigeantes, le président du Parlement, l’hodjatoleslam [titre donné à un théologien chiite] Hachemi Rafsandjani, auquel l’ayatollah Khomeyni a confié la responsabilité de la conduite de la guerre depuis le 2 juin 1988, annonce (18 juillet) que son pays accepte la résolution 598 (1987), c’est-à-dire un cessez-le-feu (instauré le 8 août).

Conclusion de la Guerre

En application de la résolution 598 (1987), les combats entre l’Irak et l’Iran prennent fin le 20 août 1988. L’heure est d’abord au bilan.

Quelque 1 200 000 morts [certains auteurs évoquent des chiffres de l’ordre de 800 000 victimes] jalonnent ces huit années de guerre, les pertes iraniennes ayant été trois fois supérieures à celles de l’Irak. Entre 50 et 70 milliards de dollars ont été dépensés en achats d’armes, peut-être dix fois plus ont été consommés par la guerre.

Depuis la révolution constitutionnelle de 1906, l’Iran a cherché sa voie vers la modernité politique. Les souverains Pahlavis (père et fils) ont fait le choix d’une modernisation autoritaire en grande partie inspirée par le modèle de la Turquie de Mustafa Kemal. Mais la violence avec laquelle ces réformes ont été conduites ainsi que la dépendance du pouvoir à l’égard des puissances étrangères ont profondément heurté la société. L’échec du nationalisme libéral dans les années 1950 a ouvert la voie à l’islam politique qui a triomphé en 1979. Près de trente ans après la révolution, en crise économique malgré la rente pétrolière, l’Iran semble paralysé par les luttes pour le pouvoir entre les héritiers de Khomeyni et menacé d’isolement sur la scène internationale.

Depuis l’élection [et sa réélection en 2009] de Mahmoud Ahmadinejad, l’Iran semble avoir renoué avec une diplomatie radicale et révolutionnaire. La stratégie de confrontation mise en œuvre sur le dossier nucléaire et les déclarations provocatrices à l’égard d’Israël ont à nouveau isolé l’Iran sur la scène internationale. Alors que la fin de la guerre froide et l’élimination par les États-Unis de deux de ses ennemis – les régimes de Saddam Hussein et des Talibans – auraient pu permettre à Téhéran de réaliser ses ambitions régionales, le refus de tout compromis sur la question nucléaire risque d’être lourd de conséquences.

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