Analyse : Le Dernier Jour d'un Condamné, au-delà du journal intime
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Le Dernier Jour d'un Condamné : Plus qu'un Journal Intime
Introduction : Une Question de Genre
Cette citation illustre l’intensité de la douleur du narrateur, qui cherche à transcrire chaque instant de sa souffrance. Cela peut évoquer un journal intime où il livre ses pensées les plus intimes. Cependant, dans Le Dernier Jour d’un Condamné, Victor Hugo va au-delà de la confession personnelle, en s’appuyant sur l’expérience du condamné pour dénoncer la pratique de la peine capitale. Cette œuvre s’éloigne ainsi des caractéristiques d’un journal intime.
Alors, il est légitime de se demander : en quoi ce récit se distingue-t-il du journal intime ?
Nous analyserons d’abord :
- Les similitudes avec un journal intime
- L’absence de repères temporels
- La dimension politique et militante de l'œuvre
- Son caractère public et son extension humaine
Similitudes avec le Journal Intime
Certes, il est indéniable que l’œuvre présente des caractéristiques d’un journal intime, notamment par le ton subjectif et introspectif du narrateur. Celui-ci partage avec sincérité ses pensées profondes, ses angoisses et ses réflexions. L’utilisation de la première personne accentue cette dimension intime. Par exemple, lorsqu’il écrit « Condamné à mort ! », il manifeste son désarroi comme dans un journal intime. Cette écriture brute et émotive, sans organisation stricte, prend la forme d’un flux de conscience, caractéristique d’un journal intime où l’auteur se livre entièrement, notamment sur ses craintes et sa vulnérabilité.
Différences Fondamentales
L'Absence de Repères Temporels
Toutefois, l’œuvre diffère d’un véritable journal intime en raison de l’absence de repères temporels précis. Contrairement à un journal traditionnel, où chaque entrée est datée, il ne mentionne jamais de date. Par exemple, dans le chapitre 11, le narrateur écrit : « Puisque le jour ne paraît pas encore, que faire de la nuit ? » Cette phrase souligne la confusion du narrateur face à la perception du temps, suspendu entre le jour et la nuit, renforçant ainsi l'angoisse et l’incertitude vécues par le condamné.
La Dimension Politique et Militante
De l'Intime à la Portée Publique
D’autre part, l’auteur utilise l’écriture non seulement pour une expression personnelle, mais aussi comme un moyen d’engagement pour dénoncer la peine de mort. Alors qu’un journal intime demeure un espace privé, réservé à l’auteur, son écriture va au-delà de la sphère personnelle. Il souhaite que ses mémoires aient une portée publique, dans le but de sensibiliser les lecteurs et de provoquer un changement social. Par exemple, dans le chapitre 6, il écrit : « Un jour viendra, et peut-être ces mémoires, derniers confidents d’un misérable, y auront-ils contribué… », soulignant ainsi l’espoir que ses écrits participeront à l’abolition de la peine capitale. Son texte, loin de rester intime, se transforme en un acte de résistance publique contre la peine de mort.
Dénonciation Sociale et Politique
De plus, l'œuvre dépasse l’expression personnelle pour devenir un outil de dénonciation sociale et politique. Le narrateur critique le système judiciaire et la peine de mort, adoptant une perspective philosophique. Il remet en question la légitimité des décisions judiciaires, soulignant l’absence d’empathie envers la vie humaine. Nourrie de valeurs morales et de critiques sociales, l’œuvre prend une dimension rhétorique et engagée.
Sensibilisation et Changement
À travers ses réflexions, le narrateur cherche à sensibiliser le lecteur à la nécessité d’un changement de perspective sur la justice et la dignité humaine.
Procédés Stylistiques et Impact
Finalement, l’écriture du narrateur se distingue également d’un journal intime par son recours à des procédés stylistiques raffinés, visant à susciter une réaction chez le lecteur. L’utilisation de métaphores et d’images fortes ne sert pas seulement à exprimer une souffrance personnelle, mais cherche à provoquer une réflexion sur des enjeux sociaux et politiques. Ce désir de susciter un impact émotionnel et intellectuel chez le lecteur témoigne d’une intention qui va au-delà de la simple confession intime.
Conclusion : Un Plaidoyer Engagé
En conclusion, l'œuvre présente certaines caractéristiques d’un journal intime, notamment par l’utilisation de la première personne, le ton personnel et la sincérité des émotions. Toutefois, il s’en écarte par l’absence de structure chronologique, l’intention politique de son auteur et son objectif de dénoncer publiquement les injustices de la société. L’œuvre ne se limite pas à une confession personnelle, mais prend une dimension militante et sociale. Il transforme l’intime en un outil de combat contre une injustice collective, ce qui en fait un plaidoyer.