Analyse d'Œuvres Majeures de la Peinture Baroque Italienne

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Analyse de la Galerie Farnèse : Le Triomphe de Bacchus et Ariane

Couleur et Composition Dynamique

L'introduction de la couleur, bien que parfois perçue comme plate et sèche, s'éloigne de la fraîcheur de Raphaël. Le rouge et le bleu sont des éléments clés, très bien équilibrés. Nous observons un bleu très froid pour Ariane et un rouge pour Bacchus à ses côtés, soulignant la richesse des teintes. Le ton est équilibré. La Bacchante, au premier plan, est l'une des figures les plus dynamiques de la composition, non seulement par le mouvement de son corps, mais aussi par le mouvement subtil des tissus drapés qui épousent le corps, permettant de percevoir toute l'anatomie sous le drapé rouge. Ce dernier donne une touche baroque aux chérubins le long de la voûte céleste supérieure. Ces importants chérubins marquent des pauses glorieuses, dynamisant la composition.

Figures Mythologiques et Influences

Vénus, enveloppée d'une couleur jaune sur la toile, donne l'impression que la lumière entre en collision avec un objet plutôt que de fusionner avec la couleur, conférant à la figure un aspect sculptural. La figure de Bacchus, belle et jeune, contraste avec celle d'un satyre ou faune, plus âgé et ivre, devant la figure de Dionysos, qui reste calme, seul son cortège l'accompagne. La figure de Bacchus présente une musculature tout à fait remarquable, dont l'anatomie s'inspire d'autres figures de Michel-Ange (notamment les Ignudi de la Chapelle Sixtine). Les dessins préparatoires de ces voûtes sont conservés.

Les Scènes de Polyphème : Fureur et Naturalisme

Dynamisme et Références Classiques

Une autre des scènes que nous avons est celle des pendentifs et des lunettes. Il y a deux scènes liées à la figure de Polyphème : l'une le montre amoureux, l'autre furieux. Il est le Cyclope qu'Ulysse affronte en lui enfonçant un pieu dans l'œil. Nous voyons sa fureur grandissante ; il est vieux, ou semble sur le point de se lever des rochers. C'est une figure qui rappelle l'Hercule Farnèse, servant de précédent. Sa nudité est absolue et traitée avec un grand naturalisme. C'est une figure qui marque la torsion du corps sur ses pieds pour créer une dynamique et une énergie, non pas une figure statique, mais une figure en pleine action, exprimant la colère du personnage à cet instant. La lumière est claire et enveloppante. La figure est au premier plan, bien dessinée, avec tout son volume et sa masse.

Influences Majeures : Michel-Ange et la Chapelle Sixtine

L'Héritage du Jugement Dernier

Nous avons un autre modèle immédiat, également présent dans la Chapelle Sixtine de Michel-Ange : le Jugement Dernier. Nous constatons que Carracci n'a pas hésité à s'inspirer d'une référence aussi proche que la Chapelle Sixtine. D'autres figures notables incluent Polyphème amoureux, Mercure et Paris.

Caravage : La Vierge de Lorette (1603-1605)

Réalisme et Controverse à Sant'Agostino

La Vierge de Lorette (ou Vierge des Pèlerins), réalisée entre 1603 et 1605, se trouve dans l'église Sant'Agostino à Rome. Il s'agit d'un tableau d'autel. La Vierge de Lorette fait référence à une légende selon laquelle la Sainte Maison aurait été transportée dans les airs. Des pèlerins sont représentés, venant de rentrer chez eux. Caravage dépeint une Vierge de Lorette d'un naturel saisissant, avec l'un des pèlerins aux pieds boueux, créant une diagonale qui mène à la tête de la Vierge. La femme au chapeau est également présente. Nous observons une blancheur terreuse. Cette représentation de la saleté et de la réalité de la rue, avec des personnages roturiers, a provoqué un scandale, car le public, habitué à des représentations idéalisées, n'a pas apprécié ce réalisme.

Analyse des Figures et Influences Maniéristes

Réalisme Humain et Critique

Caravage utilisait souvent des modèles issus du peuple, comme la "fille de son voisin" ou des figures considérées comme des prostituées (telle Lena, souvent associée à ses œuvres). Il recherchait une grande beauté dans ses modèles. On y trouve un énorme contraste entre les deux vieillards, d'un naturel saisissant, mais la Vierge elle-même n'a pas l'impact divin attendu. La Vierge fait face à la porte et semble interagir avec ces personnes âgées.

Disproportions et Héritage Maniériste

Sa hauteur est inhabituelle, peut-être disproportionnée, avec un cou très mince (plus le cou d'une Vierge est long, plus elle est considérée comme sacrée). La hauteur de la figure fait référence à des images maniéristes, y compris sa propre posture. La manière dont une jambe est placée devant l'autre crée une instabilité qui nécessite une torsion du corps, caractéristique du maniérisme. La même chose se produit avec l'Enfant, qui est très long. C'est une manière d'interpréter le caractère sacré de ces deux figures. C'est une figure très humaine qui, pour certains, n'a pas réussi à transmettre une idée de sainteté. On note un manque de couleurs vives. L'Enfant, en tant que protagoniste, est complété par le faisceau lumineux. Cette approche rappelle des œuvres comme la Vierge au long cou de Parmigianino, ainsi que l'influence de la sculpture de Berruguete.

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