Analyse de la Structure Narrative du Roman Plenilunio

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Analyse de la Structure Narrative de Plenilunio

Le roman Plenilunio est divisé en 33 chapitres ou séquences numérotées. Dans ces chapitres, un narrateur à la troisième personne nous révèle, essentiellement, les pensées, les sentiments et les souvenirs des personnages à un moment donné, passant alternativement de l'un à l'autre. Par exemple :

  • L'inspecteur errant dans les rues de la ville à la recherche de l'assassin.
  • L'inspecteur interviewant les parents d'Orduña, tandis que Ferreras effectue une autopsie.
  • Susana Grey attendant l'inspecteur à l'hôtel où ils se sont donné rendez-vous.
  • Le meurtrier de la pleine lune...

Certaines séquences sont racontées du point de vue d'un seul personnage, tandis que dans d'autres, le narrateur passe d'un personnage à l'autre. Les séquences s'apparentent à la structure d'un monologue intérieur, car ce qui nous est révélé sont des pensées qui affluent dans la conscience des personnages. Par exemple, les pensées de l'inspecteur peuvent passer, par association d'idées, de la recherche de l'assassin à sa relation avec son père et son enfance ; celles d'Orduña, du pensionnat au Pays Basque et à sa relation avec sa femme.

La différence avec le monologue intérieur est que ce dernier nous montre le flux de la conscience à la première personne, alors que dans ce roman, ce flux (qui n'est pas trop désordonné) nous est raconté par une troisième personne. Chaque séquence est une unité indépendante et n'est pas directement liée à la suivante. Ainsi, l'intrigue n'est pas rapportée directement, mais le lecteur doit la reconstituer à partir des pensées des personnages. Elles ne sont pas entièrement chronologiques ; il y a des chevauchements entre elles et parfois un changement d'ordre. Les indices et les détails incitent le lecteur à faire l'effort de les situer dans le temps. Les relations entre les séquences affinent et clarifient leur signification, et constituent également des éléments subtils de cohésion entre elles. Ainsi :

  • L'histoire d'amour pleine de tendresse entre l'inspecteur et Susana Grey coïncide avec la tentative de viol brutal de Paula, montrant la dégradation de la volonté.
  • Les appels téléphoniques qui torturent les parents de Fatima, anéantis par l'assassinat de leur enfant, sont mis en relation avec les appels reçus par la femme de l'inspecteur au Pays Basque.
  • La manière dont le père de Fatima s'adapte au mal contraste avec celle de Paula.
  • Les réactions physiologiques que la peur provoque chez les victimes de l'assassin sont mises en parallèle avec celles du meurtrier lui-même lorsqu'il est capturé.

L'Espace dans Plenilunio

Le roman se déroule dans un village ou une petite ville située à quatre heures de route au sud de Madrid (Úbeda ?). C'est une vieille ville à l'architecture Renaissance, peut-être détériorée malgré sa beauté, et dotée d'extensions de bâtiments uniformes, laids et impersonnels. Dans la ville, un lieu important est le parc où se produisent les agressions. Ce parc est très dégradé, avec des lampadaires cassés à coups de pierres par des jeunes qui viennent y boire la nuit, et le sol jonché de débris.

Cet espace est perçu différemment par les personnages :

  • Pour l'assassin, incapable de voir la beauté, le vieux est synonyme de saleté qui doit être renversée.
  • Pour Susana, la vulgarité et l'uniformité des extensions sont le reflet de la grisaille et de la laideur de sa vie. Cependant, elle pense que pour les enfants nés dans ce quartier, ce sera très différent, car il sera rempli de leurs premières expériences.

Madrid et Bilbao sont des espaces importants, non pas par les faits qui s'y déroulent, mais par les souvenirs qu'ils évoquent :

  • Bilbao est le lieu où l'inspecteur a vécu, hébété et stupéfait par l'alcool, les femmes et le danger, et c'est aussi une terre inhospitalière pour sa femme.
  • Madrid est la ville de Susana, où elle a émigré à quatorze ans sans vraiment savoir pourquoi, et où elle souhaite retourner à la fin du roman pour commencer une nouvelle vie.

Les Petits Espaces

Tout aussi importants sont les petits espaces, comme les maisons de certains personnages (le père Orduña, Susana Grey, l'inspecteur), qui reflètent en quelque sorte leur personnalité et contribuent à les caractériser.

La Temporalité Externe

Le roman se déroule dans les années 90 et couvre la durée d'une année scolaire. Il commence en octobre avec l'assassinat de Fatima et se termine à la fin de l'année scolaire, lorsque l'enseignant se prépare à déménager. Mais les souvenirs des personnages couvrent l'ensemble de leur vie, allant de la guerre à cette décennie. À travers la vie des protagonistes, une image de toute cette période est dressée : l'ère franquiste et la Transition.

La Temporalité Interne

Comme nous l'avons vu, l'intrigue ne suit pas un ordre chronologique strict. Chacune des 33 séquences est une unité temporelle, et il y a des chevauchements et des parallèles entre elles :

  • La séquence racontant le viol et la tentative d'assassinat de Paula, par exemple, coïncide dans le temps avec l'histoire d'amour entre Susana et l'inspecteur.
  • La première séquence, où l'inspecteur cherche le regard errant du meurtrier, est suivie par le récit de son entretien avec le père d'Orduña.
  • Les annotations du terroriste qui a préparé l'assassinat de l'ancien inspecteur correspondent à d'autres séquences.

Pourtant, malgré ces chevauchements, l'ordre fondamental demeure : d'abord l'agression, puis la capture de l'assassin. Le désordre chronologique à l'intérieur de chaque séquence est plus important. D'une part, chaque séquence relate le flux de conscience des personnages, et leurs pensées voyagent d'une époque à l'autre, puisqu'il s'agit de souvenirs. D'autre part, outre le désordre chronologique de la pensée, les faits qui nous sont rapportés ne suivent souvent pas l'ordre chronologique. Souvent, par exemple, la séquence commence "in medias res", puis revient en arrière pour nous raconter ce qui s'est passé auparavant. Ainsi, Susana est décrite dans l'hôtel où elle a été convoquée par l'inspecteur, puis il nous est raconté comment elle est arrivée à ce rendez-vous.

Le Point de Vue Narratif

Comme nous l'avons vu concernant la structure, le roman utilise un narrateur à la troisième personne qui raconte l'histoire du point de vue de certains personnages. Il décrit leurs actions et les événements qu'ils vivent, mais surtout, il nous fait percevoir le flux de leur conscience pendant qu'ils vivent ces événements. Lorsque l'histoire est racontée du point de vue d'un personnage, le narrateur ne connaît (ou ne nous révèle) que ce que ce personnage pense et sait :

  • Lorsque le narrateur adopte le point de vue de l'inspecteur, par exemple, il ne sait pas qui est le meurtrier.
  • Si le narrateur adopte celui du meurtrier, l'inspecteur n'apparaît que brièvement à l'écran d'un téléviseur.

Le narrateur adopte même la langue et la manière de parler du personnage, bien que l'identification ne soit pas complète. Il se permet parfois un jugement ou une mise à distance qui montrent au lecteur que le narrateur n'est pas le personnage, même en adoptant son point de vue. Les points de vue adoptés par le narrateur sont essentiellement ceux des personnages principaux :

  • L'inspecteur, le meurtrier et Susana Grey (les protagonistes).
  • Le père Ferreras et Orduña (représentant la manière dont un chrétien et un gauchiste honnête et sincère gèrent les terribles événements du roman).
  • Les victimes : les parents de Fatima et Paula, ainsi que Paula elle-même.
  • Un personnage secondaire dont le point de vue éclaire l'un des personnages principaux : la prostituée liée à l'assassin.

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