Analyse de la tirade d'Hippolyte et Théramène dans Phèdre

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Introduction à la tirade

Dans cette tirade, nous apercevons des répliques entre Hippolyte et Théramène. Elle met en évidence certains aspects de l'amour.

Les thèmes principaux

On peut alors s'attacher, d'une part, à l'amour inconstant représenté par les aventures du père Thésée, et d'autre part, à l'amour interdit vécu par le fils Hippolyte.

L'inconstance de Thésée vue par Hippolyte

En effet, Hippolyte dresse un tableau peu élogieux de la vie amoureuse de son père.

Un catalogue de conquêtes

D'une part, la multiplicité des amours du père est présentée par le fils comme un catalogue de conquêtes. Nous voyons cela dans les vers 83 à 90 par le procédé de l'énumération, la redondance, le comparatif d'infériorité et l'hyperbole, qui mettent en évidence l'inconstance de Thésée, qui passe d'une femme à une autre. Ces procédés incluent :

  • L'énumération : « Hélène », « Salamine », « Ariane », « Phèdre »
  • La redondance : « offerte et reçue »
  • Le comparatif d'infériorité : « moins glorieux »
  • L'hyperbole : « cent lieux »

Un séducteur volage

D'autre part, Hippolyte décrit Thésée comme un séducteur volage qui vient et s'en va, passant rapidement de l'une à l'autre. On voit cela grâce au récit concis où un seul vers suffit à résumer chaque aventure amoureuse de Thésée (vers 85, 86, 87, 90) :

  • « Hélène à ses parents dans Sparte dérobée »
  • « Salamine témoin des pleurs de Péribée »
  • « Ariane aux rochers contant ses injustices »
  • « Phèdre... auspices »

Conséquences de la frivolité amoureuse

Cependant, cette frivolité amoureuse engendre la souffrance des victimes et la crainte d'un fils qui veut échapper à l'hérédité de l'infidélité.

La souffrance des amantes délaissées

D'une part, Hippolyte déplore le sort injuste et douloureux des amantes délaissées par Thésée. On voit cela à travers les termes dépréciatifs à la connotation plaintive (v. 86) :

  • « dérobée »
  • « pleurs »
  • « crédules esprits »
  • « trompées »
  • « injustices »
  • « élevées »

Le refus d'Hippolyte face à l'inconstance

D'autre part, Hippolyte refuse une pratique familiale d'inconstance imposée par les dieux, grâce à la tournure interrogative et la répétition de la première personne (« je », « moi », « mes »), ainsi que l'interposition « comme à regret écoutant », « par moi domptés », traduisant l'inquiétude d'Hippolyte (v. 91 à 99).

L'amour interdit d'Hippolyte pour Aricie

On peut alors noter la contradiction de la règle imposée au fils par le père de laisser l'ennemi politique Aricie sans aucune descendance.

Un amour condamnable

D'une part, l'amour qu'Hippolyte éprouve pour Aricie est condamnable. On aperçoit cela à travers le vocabulaire expressif traduisant les notions de faute et de dignité aux vers 97 à 100 :

  • « méprisable »
  • « faillir »

Une révolte contre l'interdit familial

D'autre part, l'amour d'Hippolyte constitue une révolte contre un interdit familial formulé par le père. On le voit grâce au champ lexical de l'interdit :

  • « l'obstacle éternel »
  • « réprouve »
  • « lois sévères »
  • « défend de donner »
  • « une tige coupable »
  • « ensevelir »
  • « contre »

La prise de conscience d'Hippolyte

Finalement, Hippolyte prend conscience de sa faute, il est en proie à un sentiment de culpabilité.

Tentative de réprouver ses sentiments

En effet, Hippolyte tente de réprouver les sentiments qu'il porte pour sa sœur. Nous le voyons aux nombreuses tournures interrogatives et au procédé de la métaphore dans les vers 102 à 113.

Mesure de l'erreur et déraison

Cependant, Hippolyte mesure l'erreur d'un engagement aventureux s'opposant à l'autorité légitime du père. On l'aperçoit à l'adjectif « fol » et « égarées » dans le vers 113, traduisant la déraison.

Conclusion

Dans cette scène d'aveu, on peut apprécier indirectement le rôle traditionnel du confident qui, comme dans toutes les tragédies classiques, permet l'expression des sentiments. De ce fait, Théramène devient l'interlocuteur privilégié d'Hippolyte, au même titre qu'Œnone pour Phèdre à la scène III de cet acte.

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