Aristote : Concepts Clés (Métaphysique, Éthique, Politique)

Métaphysique d'Aristote : Être et Substance

Le Concept d'Être et la Substance

Le concept d'être a de nombreuses significations. Cependant, il y a une idée fondamentale : l'ensemble de ses significations se réfère à la notion de substance.

La substance existe par elle-même ; elle est l'objet qui sert de support aux accidents qu'elle prédique. Les catégories sont des façons de prédiquer la substance. Elles incluent différents types d'accidents et ce qu'Aristote appelait une seconde substance (les entités universelles, genres et espèces).

L'Hylémorphisme et les Êtres Naturels

Les êtres naturels sont composés selon l'hylémorphisme :

• La matière (hylé) : ce dont quelque chose est fait.
• La forme (morphè, eidos) : ce qui fait que quelque chose est ce qu'il est.

La matière et la forme ne peuvent exister séparément.

Niveaux de Matière

Il existe deux niveaux de matière :

1. La matière première : sans forme, composante ultime et importante de tout le cosmos. C'est la puissance pure.
2. La matière seconde : matière qui incorpore un certain degré de forme.

La forme est ontologiquement supérieure à la matière, car c'est elle qui fait qu'une chose est ce qu'elle est.

L'Acte et la Puissance

L'acte (ou l'actualité) d'une chose est ce qu'elle est maintenant, aujourd'hui. La puissance est ce qu'elle n'est pas encore, mais ce qu'elle peut devenir. La puissance est le non-être relatif.

L'acte prend le pas sur la puissance. L'être en puissance a besoin de l'être en acte pour se réaliser un jour.

Degrés de Réalité

Aristote distingue des degrés de réalité basés sur l'équilibre entre acte et puissance :

• Degré moindre : La matière première, qui peut être quelque chose ; c'est la puissance pure.
• Degré intermédiaire : Les êtres naturels, composés à divers degrés de puissance et d'acte.
• Niveau maximal : L'Acte Pur (ou Premier Moteur Immobile).

La Théorie de l'Âme : Fondements

L'âme est la forme substantielle de l'homme ; elle est l'acte qui donne la vie à la matière inanimée qu'est le corps.

L'âme est généralement mortelle (à l'exception de l'intellect). De plus, les êtres humains ne sont pas les seuls à posséder une âme.

Types d'Âmes

Aristote distingue trois types d'âmes, correspondant à différents niveaux d'êtres vivants :

1. Âme végétative : Caractéristique des plantes. Elle permet de se nourrir, de croître et de se reproduire.
2. Âme sensible : Caractéristique des animaux. Elle permet, en plus des fonctions végétatives, de se déplacer et de sentir.
3. Âme rationnelle : Caractéristique de l'humain. Elle permet, en plus des fonctions précédentes, de penser et de raisonner.

La Théorie de la Connaissance : Fondations

L'objet de la connaissance est constitué des choses sensibles. La connaissance est fondée sur :

• Le sentiment (ou sensation) : Obtention des données réelles.
• La mémoire : Garde l'empreinte de nos sentiments.
• L'imagination : Regroupe les sentiments en une seule image.

Degrés de Connaissance

1. L'Expérience (Empeiria) : Avoir l'expérience de quelque chose de concret.
2. L'Art (Technè) : Le savoir-faire ; la première étape dans la compréhension de l'universel.
3. La Sagesse (Sophia) : La connaissance des choses par les premiers principes et les causes premières.

Les Formes de l'Intellect (Compréhension)

Aristote distingue deux formes d'intellect nécessaires à la compréhension :

• L'Intellect Patient : Le pouvoir de comprendre. Il reçoit l'illumination de l'image une fois l'universel dématérialisé et abstrait par l'intellect agent.
• L'Intellect Agent : L'intellect en acte. Il fait l'abstraction des images sensibles pour en tirer les universaux intellectuels, qui seront compris par l'intellect patient.

Éthique et Politique Aristotéliciennes

L'Éthique : La Quête du Bonheur

L'éthique s'intéresse au bien de la personne. La fin ultime de l'action humaine est le bonheur (Eudaimonia).

Pour l'atteindre, il est nécessaire de mener des activités en accord avec la nature humaine. La faculté humaine principale étant la raison, on ne peut atteindre le bonheur sans exercer notre capacité à raisonner.

La Vertu

L'éthique de la vertu est une habitude cohérente de toujours choisir rationnellement un juste milieu établi entre deux extrêmes considérés comme vicieux. Cette volonté est soumise à la raison.

En plus des vertus éthiques, il faut posséder des vertus dianoétiques (atteintes grâce à la culture de la raison), qui sont la sagesse et la prudence.

La Politique : Gestion du Bien Commun

La politique gère le bien commun. L'homme est un animal social (Zoon Politikon) et doit faire partie d'une communauté. L'État veille au bien commun et est nécessaire pour que les individus puissent mener une vie véritablement humaine.

Classification des Types de Gouvernements

Aristote distingue les gouvernements selon qu'ils cherchent le bien commun ou l'intérêt individuel des dirigeants.

Gouvernements Justes (Recherche du Bien Commun)

Selon le nombre de dirigeants :

• La Monarchie (un seul dirigeant).
• L'Aristocratie (un petit nombre).
• La Démocratie (le peuple, souvent appelée Politeia par Aristote pour la forme juste).

Gouvernements Injustes (Recherche de l'Intérêt Individuel)

Ce sont les déviations des formes justes :

• La Tyrannie (déviation de la Monarchie).
• L'Oligarchie (déviation de l'Aristocratie).
• La Démagogie (déviation de la Démocratie/Politeia).

Philosophies Hellénistiques : Aperçu

L'Épicurisme : Fondamentaux

Le but ultime du comportement humain est un état de bonheur identifié à un plaisir sans trouble (l'ataraxie).

Types de Plaisir

Épicure distingue deux sortes de plaisir :

• Le plaisir en repos (ou stable) : C'est l'absence de douleur, ce qui reste une fois le besoin satisfait. Il est considéré comme supérieur.
• Le plaisir en mouvement : Celui qui, une fois atteint, disparaît et nécessite une nouvelle recherche.

L'épicurisme valorise les deux, mais le plaisir en repos est considéré comme supérieur.

Le Stoïcisme : Fondamentaux

Pour atteindre le bonheur, nous devons rompre avec les passions et accepter volontairement l'ordre naturel universel (le Destin).

Éléments de la Perfection Morale Stoïcienne

• L'Autosuffisance (Autarkeia) : L'indépendance vis-à-vis des facteurs extérieurs.
• L'Apatheia : L'absence de passion ; faire face au malheur de manière impassible.
• L'Ataraxie : L'humeur imperturbable (sérénité).