L'Art Roman : Contexte, Architecture, Sculpture et Peinture
Classé dans Sciences humaines et sociales
Écrit le en français avec une taille de 9,63 KB
Introduction à l'art roman
Le roman est le premier style international européen, qui s'est développé aux XIe et XIIe siècles et s'est rapidement propagé dans toute l'Europe occidentale. Sa naissance est liée à la « terreur de l'an 1000 », qui, selon les croyances de l'époque, annonçait la fin du monde. Pour remercier Dieu qu'une telle catastrophe ne se soit pas produite, l'Europe s'est couverte d'églises et de monastères.
La féodalité s'est consolidée, divisant la société en trois ordres (noblesse, clergé et tiers état) selon qu'ils bénéficiaient ou non de privilèges. L'art roman est également lié à l'essor des monastères et des pèlerinages. Les moines bénédictins réformateurs de l'Ordre de Cluny (les « moines noirs ») furent les promoteurs des églises et monastères romans, soutenus par les rois et les nobles.
L'usage de vénérer les reliques des saints s'est également répandu, et les fidèles affluaient en pèlerinage vers les lieux où elles se trouvaient, car ils croyaient que les reliques avaient des propriétés magiques et produisaient des miracles au toucher. Les principales voies de pèlerinage étaient Jérusalem, Rome et Saint-Jacques-de-Compostelle.
Architecture romane
Caractéristiques générales
Le matériau de construction privilégié est la pierre de taille, utilisée pour bâtir des édifices solides et éviter les risques d'incendie. Les murs sont épais, souvent remplis de gravier, et renforcés par des contreforts. L'arc en plein cintre est la forme normale ou surélevée. Les couvertures utilisent la voûte en berceau, souvent renforcée par des arcs doubleaux pour les travées centrales, la voûte d'arêtes pour les bas-côtés, et la voûte d'une zone de chambre pour les absides, ou une coupole sur trompes ou pendentifs pour la croisée du transept.
Les chapiteaux présentent des proportions variées et non classiques. Les ouvertures sont rares et évasées, plus larges à l'extérieur qu'à l'intérieur. Le décor est souvent composé de motifs géométriques (damiers, dents de scie, boules, zigzags), d'arcs et de bandes lombardes. Il y a une nette prédominance de l'architecture religieuse.
Typologie des églises
Les églises romanes présentent une variété de plans. Les favoris étaient la basilique à trois nefs et la croix latine, en mémoire de la Passion du Christ, particulièrement dans les églises de pèlerinage. Ces dernières comportent une croisée du transept marquée et un déambulatoire (ou ambulatoire) après le chevet, permettant aux pèlerins de visiter les reliques.
Le chevet, orienté vers l'est, est formé d'absides semi-circulaires, avec de petites chapelles et absidioles. Les nefs peuvent avoir des tribunes au-dessus des bas-côtés ou un triforium ouvert sur la nef, destinés à accueillir les pèlerins. Une tour extérieure, appelée dôme, éclaire la croisée du transept, et il y a souvent deux tours au pied de la façade.
Le porche d'entrée, symbolisant la Jérusalem céleste, est évasé avec des archivoltes sculptées et un linteau sur lequel repose le tympan semi-circulaire, soutenu par le trumeau.
L'architecture romane en Péninsule Ibérique
L'architecture romane s'est répandue dans toute la péninsule Ibérique dès la fin du Xe siècle, rapidement, grâce à l'existence d'un art préroman (wisigothique, asturien, mozarabe). Au cours des XIe et XIIe siècles, elle s'est développée autour du Chemin de Saint-Jacques, route de pèlerinage idéale pour stimuler le commerce et la culture.
Le roman catalan
Le roman catalan, à partir de la fin du Xe et du XIe siècle, se caractérise par des églises de petite taille, de plan basilical, couvertes d'un toit en bois plat (sauf dans l'abside), avec des murs en pierre de taille de petites dimensions et des arcs décorés à l'extérieur de pilastres et de clochers distincts autour du temple. Les exemples les plus notables sont les églises de Sant Climent de Taüll (Lleida) et San Vicente de Cardona, ainsi que les monastères de San Pedro de Roda et de Ripoll, avec sept absides en chevet et une croisée.
Le roman clunisien et le Chemin de Saint-Jacques
Le roman pur ou clunisien du Chemin de Saint-Jacques (XIe siècle) est lié à l'initiative des moines de Cluny de fonder des monastères le long du Chemin de Saint-Jacques. L'église de San Martín de Frómista à Palencia (vers 1066) est une basilique à trois nefs, trois absides, des colonnes cruciformes et une voûte en berceau, avec deux tours rondes sur la façade.
La Collégiale de San Isidoro de León, dont le Panthéon Royal a été construit en 1059 sur une ancienne église wisigothique, présente un espace carré divisé en neuf compartiments avec des dômes ornés de belles peintures.
La Cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle, la plus importante et le prototype de l'église de pèlerinage romane espagnole, a débuté en 10751. Des architectes tels que le vieux Bernardo, Roberto, Stephanie et le maître Matthieu y ont travaillé, à qui nous devons la réalisation du porche à la fin du XIIe siècle. Le plan est une croix latine, avec trois nefs longitudinales et trois dans le transept, un déambulatoire et une abside à cinq absidioles. La nef est couverte de voûtes en berceau sur piliers. Elle possède une coupole octogonale à la croisée du transept.
L'architecture romane en France
La France présente la plus grande variété et la plus riche expression des églises romanes. Les monastères, situés dans les zones rurales ou les banlieues des villes, sont devenus des centres économiques, d'apprentissage et de sauvegarde de la culture traditionnelle. Dès le Xe siècle, ils ont été construits suivant le modèle du monastère de Cluny.
Sculpture romane
Caractéristiques générales
La sculpture romane était subordonnée à l'architecture, conçue comme une partie intégrante du bâtiment. Le matériau préféré est la pierre, mais le bois (généralement peint ou en ivoire) et le métal sont également utilisés. La sculpture sur pierre est initialement plate ; la taille devient plus profonde à partir de la seconde moitié du XIIe siècle, avec des figures plus volumineuses, pliées, courbées et réalistes.
Le style n'est pas naturel et symbolique, avec une nette tendance à l'abstraction sous l'influence byzantine. Il n'y a pas de perspective ni de profondeur ; les œuvres sont régies par la loi de transposition du cadre, ce qui favorise la déformation. Le sculpteur ne cherche pas la beauté, mais l'expression, d'où des traits disproportionnés, exagérés ou déformés.
Fonction didactique
La sculpture a une fonction didactique, non ornementale. Son but était d'enseigner. Les images devaient éduquer et susciter la piété des fidèles, leur apprendre à « sauver leur âme » en imitant le Christ et les saints. C'était une véritable « Bible de pierre ».
Types de sculpture
Sculpture en relief
Elle se développe préférentiellement dans les portails, notamment sur le tympan (comme celui de l'abbaye de La Madeleine de Vézelay). Sur le tympan, le Christ Pantocrator apparaît en majesté, bénissant d'une main et portant de l'autre un livre saint ou le monde entier, inscrit dans une mandorle mystique et entouré du Tétramorphe (représentation des quatre évangélistes et de leurs symboles dans l'Apocalypse).
Sculpture en ronde-bosse
Le type le plus courant du Christ roman crucifié est représenté avec quatre clous, un corps rigide et des yeux exorbités, portant la couronne du roi (Majestas Domini) ou une jupe jusqu'aux genoux. La Vierge apparaît avec l'Enfant dans ses bras, comme une Vierge trône d'influence byzantine, représentée de face et rigide, assise avec l'Enfant sur ses genoux.
Peinture romane
Caractéristiques générales
Comme la sculpture, la peinture est subordonnée à l'architecture. L'abside est le lieu de prédilection pour cette décoration. Son but était didactique, tout autant que décoratif.
La technique de peinture murale utilisée est la fresque : sur une base de mortier de sable, de chaux et d'eau, les couleurs sont appliquées lorsque la surface est encore humide. La couleur est intense, mais plate, sans nuances ni ombres, et avec peu de variété (rouge, jaune, bleu, ocre, vert, blanc). Les fonds sont lisses.
Le dessin est très linéaire ; les figures sont délimitées par une ligne noire épaisse, ou des lignes délicates indiquent les traits intérieurs. Les sujets sont presque toujours les mêmes que dans la sculpture : des scènes de la vie des saints et des martyrs sont représentées.