L'Ascension du SPD : Histoire et Divisions (1875-1914)

Classé dans Histoire

Écrit le en français avec une taille de 6,2 KB

La Naissance du Parti Social-Démocrate Allemand (1875)

C'est en 1875, au congrès de Gotha, en Thuringe, que naît le Parti Social-Démocrate Allemand (le SAP), rebaptisé SPD en 1890 lors du Congrès d'Erfurt. Le Programme de Gotha est né de la fusion de mouvements socialistes antérieurs. Il résulte d'un compromis entre deux tendances :

  • Celle de Ferdinand Lassalle, qui pense que l'existence d'un parti ouvrier est nécessaire afin d'obtenir des autorités politiques de l'époque le suffrage universel et plus de justice sociale.
  • Celle de Wilhelm Liebknecht et August Bebel, qui sont plus radicaux et proches du marxisme.

La Lutte contre Bismarck et le Programme d'Erfurt

L'organisation doit lutter contre le pouvoir de Bismarck, qui interdit le parti et fait voter des lois sociales (assurance accident, maladie, vieillesse...) pour éliminer son influence. En 1891, le parti est rétabli à travers le programme d'Erfurt. Les revendications de Gotha sont maintenues : travail de huit heures, semaine à l'anglaise, un jour de repos. De plus, le discours s'était radicalisé et ses options politiques ont donné lieu aux idées marxistes. Les socialistes se lancent alors dans la lutte électorale.

Les Courants Idéologiques et la Crise du Marxisme

Dès la fin du XIXe siècle, le parti est divisé en courants, fondés sur des interprétations différentes de Marx. Lors de la « Grande Dépression » économique de 1880, les socialistes espèrent voir l'effondrement du système capitaliste, mais à partir de 1895, la croissance revient.

Le Révisionnisme d'Eduard Bernstein

Ces « révisionnistes » s'expriment par la voix d'Eduard Bernstein. Puisque le capitalisme ne disparaît pas et qu'il y a une montée des petits actionnaires, il n'y a pas de concentration irréversible du capital. Bernstein propose alors une alliance avec la bourgeoisie progressiste car il veut réformer le capitalisme et non le renverser. Bernstein a été condamné par son parti mais il continue à influencer de nombreux militants.

La Gauche Révolutionnaire de Rosa Luxemburg

Quelque chose de plus radical, et également puissant, apparaît : la gauche révolutionnaire de Rosa Luxemburg. Selon celle-ci, les masses ouvrières sont spontanément révolutionnaires. Ainsi, à partir de 1905, les divisions du parti s'amplifient sur le double problème de la grève générale et de la question nationale.

Les Divisions sur la Grève Générale

August Bebel fait accepter le principe de la grève générale en cas d'atteinte au suffrage universel et au droit de coalition, mais son déclenchement doit venir d'un accord entre le parti et les syndicats. À la veille de la Première Guerre mondiale, le parti ne parvient pas à une entente durable. Par contre, il tient un discours pacifiste.

L'Émergence du Syndicalisme Allemand

Dès 1893, la Ligue des Syndicats Allemands, créée un an plus tôt, a signé un accord de conventions collectives avec le patronat. Il s'agit là de négocier et non de sanctionner, dans un texte commun, un certain nombre de dispositions concernant les salaires, les conditions de travail...

La Professionnalisation du Syndicaliste

Mais le profil type du syndicaliste change : pour discuter d'égal à égal avec les représentants de l'industrie, il doit avoir une bonne formation. Tout son temps est accaparé par la négociation, les syndicats prennent l'habitude de le rémunérer et son sort est soumis à réélection : il devient le permanent.

Le SPD, Première Force Politique Allemande (1912-1914)

Entre 1893 et 1912, le nombre de députés socialistes au Reichstag est passé de 40 à 110. Aux élections de 1912, le SPD obtient 35 % des suffrages : c'est le premier parti allemand. En 1914, c'est une organisation puissante avec 1,7 million d'adhérents, ouvriers aux deux tiers.

Succès Électoraux et Bases Sociales

Ses bastions électoraux se situent dans les grandes villes industrielles de l'Allemagne du Nord ; c'est là qu'il a obtenu un score de plus de 49,3 %, avec même 67 % des voix à Berlin et 59 % en Saxe. Dans la région de la Ruhr, il ne s'impose pas car il reste fortement concurrencé par le Centre catholique. Son influence est aussi faible dans les campagnes.

Le "Milieu de Vie" Social-Démocrate

C'est donc le premier parti allemand, bien qu'il ait été parfois à l'écart de la vie politique. En revanche, il constitue un véritable « milieu de vie » pour ses adhérents, qui peuvent trouver une place dans ses multiples organisations : quotidiens, écoles, bibliothèques, théâtres, diverses associations de gymnastique. Après la Première Guerre mondiale, on constate l'existence d'une sorte de « contre-société » protégée.

Entrées associées :