Camilo José Cela & Miguel Delibes : Maîtres Espagnols
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Camilo José Cela : Un Écrivain Prolifique et Novateur
Camilo José Cela : Il est difficile de classer les différents courants littéraires de cet auteur, entre le réalisme, l'objectivisme et le tremendisme. C'est l'un des écrivains espagnols les plus prolifiques et novateurs, chaque œuvre et technique narrative étant unique. Poète, dramaturge, essayiste, écrivain et conteur. Né à Cortines en 1916, il est décédé en 2002. Admirateur des écrivains de la Génération de 98 et grand fan de Pío Baroja, il a créé des personnages et des environnements très distinctifs dans ses romans.
Caractéristiques de l'Œuvre de Cela
- Richesse de la description et de la langue : Il offre une vue large de la réalité, notamment en abordant la marginalité (personnes atteintes de toux, muets, homosexuels, etc.).
- Critique sociale : Il s'est toujours intéressé à la critique des caractères sociaux complexes et de la marginalité ; ses personnages ont souvent des noms, prénoms et surnoms.
- Maîtrise linguistique : Il utilise un grand nombre de registres et adapte la langue à la portée géographique.
Œuvres Majeures de Camilo José Cela
Auteur de La Ruche (1951), œuvre qui a inauguré la période du réalisme social. Parmi ses autres œuvres notables :
- Nouvelles Aventures et Mésaventures de Lazarillo de Tormes (1944)
- Voyage au Pavillon de repos Alcarria, palpitante faim (1962)
- Comparativement à Christ Arizona (1988)
Analyse de La Famille de Pascual Duarte (1942)
La Famille de Pascual Duarte (1942) reflète les aspects négatifs de la vie : la cruauté, la souffrance, la mort, l'anxiété, la nausée. À la différence de l'existentialisme, qui s'efforce de trouver un sens à la vie humaine, ce roman reflète la misère crue de la vie sans chercher de remède.
Le roman commence par les souvenirs du protagoniste, Pascual, depuis sa prison, avant son exécution, expliquant ce qui l'a conduit à cet état. Pascual représente un personnage primitif d'un village d'Albacete (Almendralejo). Dans le roman, nous assistons à l'assassinat de cinq personnes :
- Il tue le cheval tombé au sol parce qu'il a fait avorter sa femme enceinte.
- Il tue son chien, l'Étincelle, parce qu'il sentait que ses yeux lui reprochaient la mort d'un deuxième enfant, décédé en bas âge.
- Il tue l'Étiré parce qu'il a séduit sa femme et exploité sa sœur, Rosario.
- Il tue sa mère à cause de ses critiques incessantes et parce qu'il la tient pour responsable de la misère de sa famille (son père, un alcoolique, battait les femmes et les enfants, et son frère, âgé d'environ 7 ans, est mort noyé dans une grande casserole d'huile).
- Il commet un crime social en tuant le chef du village, le comte de Torremejía, et est ainsi condamné à mort.
L'œuvre commence par la phrase : « Seigneur, je ne suis pas mauvais », créant un décalage avec la réalité et soulevant la question de savoir si Pascual est un meurtrier ou une victime de la société et de ses circonstances. Cela nous fait ressentir de la compassion pour le personnage ; à la fin, le lecteur ne voit pas seulement un meurtrier, mais aussi une victime de son environnement.
Miguel Delibes : Entre Journalisme et Littérature
Miguel Delibes, écrivain et journaliste espagnol, a étudié le droit et a débuté comme jeune journaliste. En 1947, il a remporté le Prix Nadal avec son premier roman, L'Ombre du cyprès est longue. Sa carrière littéraire fut couronnée de succès.
Œuvres Emblématiques de Miguel Delibes
- Cinq heures avec Mario (1966) : reflète les contradictions au sein de la classe moyenne sous Franco.
- Les Saints Innocents (1982) : ouvrage décrivant les zones rurales de Castille, qui a été adapté au cinéma.
Son dernier roman, L'Hérétique (1998), a reçu le Prix national du roman. Il est décédé en 2010, à l'âge de 90 ans.
Analyse de L'Ombre du cyprès est longue
L'Ombre du cyprès est longue est un roman écrit à la première personne, où l'on trouve des éléments autobiographiques de l'auteur. Il reflète une vision pessimiste et amère de la vie à travers le protagoniste, rempli d'amertume existentielle. Le roman est raconté au passé, du point de vue de quelqu'un qui se penche sur son passé et sur ce qui a motivé sa personnalité. Il utilise des flash-backs ; le thème central est la mort.
Le roman est divisé en deux parties distinctes : l'enfance et l'adolescence de Pedro, puis son âge adulte. L'atmosphère du roman est étouffante : de la maison à la ville où il se développe, Ávila, ville fortifiée. La description est très complète.
Pedro, orphelin depuis l'enfance, se rend à Ávila pour son éducation, dans la sombre maison de Don Mateo Lesmes, qui lui a transmis la conviction que pour être heureux, il faut éviter toute relation avec le monde, toute excitation ou affection. La vitalité de la jeunesse pourrait lui permettre de surmonter ce pessimisme profondément enraciné. Cependant, les événements l'obligent à se souvenir de ce qu'il a appris... Son ami de colocation, Alfredo, est décédé.
Ainsi, le protagoniste est emprisonné, même en lui-même, également influencé par Don Mateo, un homme pessimiste ayant peu de foi en l'humanité. Tout au long de ses études, et dans la marine, Pedro pourra contempler les horreurs de la guerre. Tout cela le conduit à l'isolement.
Mais lors de son voyage en mer, il rencontre Jane, une Américaine qu'il a sauvée lorsque leur bateau dérivait. Une jeune femme joyeuse dont le protagoniste tombe amoureux et qu'il épouse, mais elle est tuée par un char dans la tête. Pedro retourne à Ávila. Ce n'est pas un roman joyeux. On y trouve la présence anormale de la mort et l'idée que la mort d'un être cher nous vole notre propre identité.
Le Tremendisme : Un Courant Littéraire
La fiction sensationnaliste (tremendisme) a présenté la situation réelle des classes ouvrières et paysannes, ainsi que le manque de solidarité et la désorientation des nouveaux riches. Le tremendisme, considéré comme un mouvement littéraire des années 40 inspiré par le naturalisme du XIXe siècle, vise à présenter un monde souterrain où les passions, les instincts et les défauts physiques sont délibérément exagérés pour critiquer certains aspects de la réalité. Il sélectionne les aspects les plus sordides de la réalité, l'existentialisme dans le destin de l'homme et sa solitude. Les personnages ont en commun d'être des anti-héros, des créatures frustrées par la vie, et non condamnées à mort.