Le Canada dans la Première Guerre mondiale : Causes et Batailles
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L'Attentat de Sarajevo : L'Étincelle du Conflit
Le 28 juin 1914, l'archiduc François-Ferdinand, héritier présomptif de l'Empire d'Autriche-Hongrie, et sa femme, Sophie, duchesse de Hohenberg, furent assassinés à Sarajevo par Gavrilo Princip. Princip était membre de l'organisation nationaliste serbe "La Main Noire", qui luttait contre la domination austro-hongroise en Bosnie. Cet événement provoqua des tensions extrêmes entre les deux pays.
L'Ultimatum Austro-Hongrois à la Serbie
L'Autriche-Hongrie présenta un ultimatum à la Serbie, exigeant l'acceptation de ses conditions sous peine de guerre :
- Abandonner toute forme de propagande nationaliste hostile à l'Autriche-Hongrie.
- Punir tous les responsables de l'assassinat.
- Permettre aux représentants de l'Autriche-Hongrie d'entrer en Serbie pour participer à l'enquête et démanteler "La Main Noire".
La Serbie accepta les deux premiers points de l'ultimatum mais refusa le troisième, le considérant comme une violation de sa souveraineté. En conséquence, l'Autriche-Hongrie déclara la guerre à la Serbie le 28 juillet 1914.
Le Déclenchement de la Guerre et l'Effet Domino
La guerre débuta officiellement avec la déclaration de guerre de l'Autriche-Hongrie à la Serbie. Elle s'étendit rapidement et se termina le 11 novembre 1918, avec la signature de l'armistice entre l'Allemagne et les Alliés.
L'Engrenage des Alliances
- L'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie.
- La Russie, alliée de la Serbie, mobilise ses troupes et déclare la guerre à l'Autriche-Hongrie.
- L'Allemagne, alliée de l'Autriche-Hongrie, déclare la guerre à la Russie.
- La France, alliée de la Russie, déclare la guerre à l'Allemagne.
- L'Allemagne envahit la Belgique neutre pour attaquer la France (selon le Plan Schlieffen).
- Le Royaume-Uni, garant de la neutralité belge, déclare la guerre à l'Allemagne.
- Le Canada, en tant que dominion britannique, entre automatiquement en guerre aux côtés du Royaume-Uni.
Les Alliances Militaires Européennes
Avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale, les pays d'Europe étaient divisés en deux alliances principales :
- La Triple-Entente (les Alliés) : Formée par la France, le Royaume-Uni et la Russie.
- La Triple-Alliance (les Puissances Centrales) : Formée par l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie et l'Italie. (Note : L'Italie ne rejoignit pas immédiatement les Puissances Centrales et entra en guerre aux côtés de la Triple-Entente en 1915).
Le Plan Schlieffen : Stratégie Allemande
Le Plan Schlieffen était une stratégie militaire conçue par l'Allemagne avant la Première Guerre mondiale, sous la direction du général Alfred von Schlieffen, et mise en œuvre au début du conflit en août 1914. Son objectif principal était de permettre à l'Allemagne d'éviter une guerre prolongée sur deux fronts (contre la France à l'ouest et la Russie à l'est).
Le plan prévoyait une attaque rapide et massive à travers la Belgique neutre pour contourner les défenses françaises, encercler Paris et obtenir une victoire rapide sur la France. Les dirigeants allemands estimaient que la Russie mettrait plus de temps à mobiliser ses forces, leur laissant le temps de se concentrer ensuite sur le front Est. Cependant, le plan échoua en raison de la résistance belge inattendue, de l'intervention rapide du Corps expéditionnaire britannique et de la contre-offensive française (Bataille de la Marne). Cet échec conduisit à une guerre de tranchées longue et statique sur le front Ouest.
La Crise de la Conscription au Canada (1917)
La crise de la conscription de 1917 fut une crise politique et militaire majeure au Canada pendant la Première Guerre mondiale. Elle résulta d'un profond désaccord sur l'obligation du service militaire (conscription) pour combattre en Europe. Cette crise mit également en lumière les tensions latentes entre les Canadiens français et les Canadiens anglais.
La majorité des Canadiens anglophones soutenait la conscription pour renforcer l'effort de guerre britannique. En revanche, la majorité des Canadiens français, particulièrement au Québec, s'y opposait fermement, ne se sentant pas directement concernés par un conflit européen et ressentant un manque de reconnaissance au sein de l'armée canadienne. Cette division créa de fortes tensions politiques et sociales au pays.
La Vie des Soldats Canadiens au Front
Pour passer le temps entre les combats, les soldats canadiens s'adonnaient à divers jeux de cartes comme le blackjack, le poker et le "sept-orteils" (crown and anchor). Des jeux comme celui-ci étaient pratiqués, par exemple, pendant les pauses lors des combats pour la crête de Vimy en 1917.
Conditions dans les Tranchées
Les conditions de vie dans les tranchées pendant la guerre étaient extrêmement difficiles :
- Boue et inondations : Les tranchées étaient souvent boueuses, remplies d'eau, surtout pendant les mois humides et froids.
- Maladies : Les soldats souffraient de diverses maladies liées aux conditions insalubres, comme la dysenterie et le "pied des tranchées" (une affection causée par l'exposition prolongée à l'humidité et au froid).
- Vermin : Les tranchées étaient infestées de rats, qui se nourrissaient des cadavres et des rations, et de poux, qui transmettaient des maladies comme la fièvre des tranchées.
- Tension constante : Les soldats vivaient sous la menace permanente des tirs d'artillerie ennemis, des tireurs d'élite, des attaques au gaz toxique et des assauts soudains.
Commandants et Stratégies : Haig vs. Byng
Le maréchal britannique Sir Douglas Haig, commandant en chef des forces britanniques sur le front occidental pendant une grande partie de la guerre, est connu pour son rôle dans des batailles comme celle de la Somme (1916). Ses tactiques, souvent basées sur des assauts frontaux massifs précédés de bombardements d'artillerie intenses, sont controversées car elles entraînèrent des pertes humaines considérables. Haig croyait en une stratégie d'usure, visant à épuiser l'ennemi par des attaques continues, même au prix de nombreuses vies.
En revanche, le général britannique Julian Byng (qui commanda le Corps canadien avant de prendre la tête d'une armée britannique) et son successeur canadien Arthur Currie, étaient reconnus pour utiliser des stratégies plus flexibles, innovantes et mieux préparées, comme lors de la bataille de la crête de Vimy. Ils mettaient l'accent sur une planification minutieuse, l'utilisation coordonnée de l'artillerie (comme le barrage roulant) et de nouvelles technologies (comme les chars lors de la bataille de Cambrai en 1917, commandée par Byng), visant à obtenir de meilleurs résultats avec moins de pertes.
Nouvelles Technologies de Guerre
La Première Guerre mondiale vit l'introduction ou l'utilisation à grande échelle de nouvelles technologies militaires dévastatrices :
- Mitrailleuses
- Chars d'assaut
- Avions (pour la reconnaissance puis le combat)
- Gaz toxiques (chlore, phosgène, gaz moutarde)
- Sous-marins (U-Boote allemands)
Le Rôle du Canada dans l'Effort de Guerre
Le Canada joua un rôle significatif dans l'effort de guerre allié :
- Participation militaire : Le Corps canadien participa à des batailles majeures, gagnant une réputation de troupes d'élite (notamment à Ypres, la Somme, Vimy et Passchendaele).
- Fourniture de ressources : Le pays fournit des ressources essentielles comme de la nourriture (blé), des munitions et d'autres matériaux.
- Soutien médical et logistique : Des milliers d'infirmières canadiennes servirent dans les hôpitaux militaires, et des travailleurs canadiens contribuèrent à l'effort de guerre en Europe.
Contributions sur le Front Intérieur
- Les femmes : Elles remplacèrent les hommes partis au front dans les usines (notamment de munitions), dans l'agriculture, et travaillèrent comme infirmières. Elles organisèrent également des collectes de fonds et des campagnes de soutien.
- Les enfants : Ils participèrent à l'effort de guerre en collectant des matériaux recyclables (métal, caoutchouc) et en aidant aux récoltes.
- Le gouvernement : Il finança l'effort de guerre en vendant des "Obligations de la Victoire" à la population.
- Les minorités : Des groupes comme les Canadiens noirs, les Canadiens d'origine japonaise et les Autochtones s'enrôlèrent, mais firent souvent face à la discrimination et luttèrent pour être acceptés dans les mêmes conditions que les soldats blancs. Des travailleurs chinois, organisés en bataillons de travail (Chinese Labour Corps), furent employés par les forces britanniques et canadiennes pour construire des routes, des voies ferrées, creuser des tranchées et manipuler des munitions, souvent dans des conditions difficiles.
Les Cent Jours du Canada et la Fin de la Guerre
La période connue sous le nom des "Cent Jours du Canada" s'étend d'août à novembre 1918. Durant cette offensive finale, les troupes canadiennes jouèrent un rôle crucial en perçant les lignes de défense allemandes (Ligne Hindenburg). Ces victoires contribuèrent de manière significative à la défaite de l'Allemagne.
La guerre prit fin avec la signature de l'Armistice entre l'Allemagne et les Alliés, le 11 novembre 1918.
La Propagande Pendant la Guerre
La propagande fut largement utilisée par tous les belligérants pour persuader les citoyens, façonner l'opinion publique, encourager l'enrôlement, maintenir le moral et diaboliser l'ennemi. Les affiches et les articles de journaux étaient des supports courants.
Techniques de Propagande Courantes
- Couleurs vives et slogans : Utilisation de visuels accrocheurs et de phrases courtes et mémorables pour attirer l'attention et simplifier le message.
- La peur : Présenter l'ennemi comme une menace directe et brutale pour encourager l'enrôlement et le soutien à la guerre.
- L'appel à l'autorité : Utiliser des figures respectées (rois, généraux, politiciens) pour valider le message.
- La culpabilité : Faire culpabiliser ceux qui n'aidaient pas à l'effort de guerre, les accusant de lâcheté ou d'égoïsme.
- Les symboles : Utiliser des symboles nationaux (drapeau, figures allégoriques comme John Bull ou Marianne) pour évoquer le patriotisme et l'unité.
- Le noir et blanc (Manichéisme) : Présenter le conflit comme une lutte simple entre le bien (son propre camp) et le mal (l'ennemi).
- L'audience ciblée : Adapter le message à des groupes spécifiques (hommes en âge de combattre, femmes, agriculteurs) en fonction de leurs préoccupations.
- La glorification : Présenter la guerre et le service militaire comme un acte noble, héroïque et aventureux.
Formes de Propagande
- La forme de propagande la plus visible durant la Première Guerre mondiale était l'affiche.
- Ces affiches étaient placardées partout dans les villes et villages.
- Le but principal de la plupart des affiches était d'encourager :
- Les hommes à s'enrôler dans l'armée.
- Les femmes à s'engager comme infirmières (par exemple, dans la Croix-Rouge) ou à travailler dans les usines.
- Les citoyens (adultes et enfants) à acheter des Obligations de la Victoire (War Bonds) et des Timbres d'Épargne de Guerre (War Savings Stamps) pour financer l'effort de guerre.
La Taxe d'Entrée pour les Chinois
La taxe d'entrée imposée aux immigrants chinois était une mesure discriminatoire mise en place par le gouvernement canadien bien avant la guerre (Loi de l'immigration chinoise, 1885, modifiée plusieurs fois pour augmenter le montant). Elle visait à limiter l'immigration chinoise au Canada. Cette taxe, ainsi que d'autres mesures restrictives, entraîna la marginalisation des immigrants chinois et créa d'importantes difficultés économiques et sociales pour cette communauté.
La Conférence de Paix de Paris (1919)
La Conférence de paix de Paris se tint en 1919 après la fin de la Première Guerre mondiale. Elle réunit les dirigeants des pays vainqueurs pour négocier les traités de paix, notamment le Traité de Versailles avec l'Allemagne. Les décisions principales furent prises par les "Quatre Grands" : les États-Unis (Woodrow Wilson), le Royaume-Uni (David Lloyd George), la France (Georges Clemenceau) et l'Italie (Vittorio Orlando).
Le Canada y était représenté par son Premier ministre, Sir Robert Borden. La présence du Canada avec sa propre délégation, distincte de celle du Royaume-Uni, marqua une étape importante dans l'affirmation de son autonomie sur la scène internationale. La participation du Canada à la conférence et sa signature indépendante du Traité de Versailles renforcèrent son statut de nation et son rôle dans les affaires mondiales.
Lutte pour les Droits des Femmes : L'Affaire "Personne"
En 1928, un groupe de cinq militantes canadiennes connues sous le nom des "Cinq Célèbres" (Famous Five) – Emily Murphy, Nellie McClung, Louise McKinney, Irene Parlby et Henrietta Muir Edwards – lança une bataille juridique historique. Elles soumirent une pétition au gouvernement fédéral pour demander à la Cour suprême du Canada de déterminer si le terme "personnes" (persons) dans l'article 24 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique (la constitution canadienne de l'époque) incluait les femmes. Une décision affirmative était nécessaire pour que les femmes puissent être nommées au Sénat canadien. La Cour suprême statua que le terme "personnes" n'incluait pas les femmes dans ce contexte. Les Cinq Célèbres firent appel au Comité judiciaire du Conseil privé à Londres (la plus haute cour d'appel du Canada à l'époque), qui renversa la décision en 1929, déclarant que les femmes étaient bien des "personnes" et pouvaient donc être nommées au Sénat. (La mention de "réunions déguisées en goûters" fait référence aux stratégies utilisées par les militantes pour organiser leurs actions politiques à une époque où l'activisme féminin était moins accepté).
Récapitulatif des Alliances et Batailles Clés
Les Alliances
- Triple-Alliance (1882) : Allemagne, Autriche-Hongrie, Italie (initialement, dans le but d'isoler la France).
- Triple-Entente (formée progressivement, finalisée en 1907) : France, Royaume-Uni, Russie (formée en réponse à la Triple-Alliance).
Quatre Batailles Canadiennes Majeures (Ordre Chronologique)
- La Deuxième Bataille d'Ypres (1915)
- La Bataille de la Somme (1916)
- La Bataille de la Crête de Vimy (1917)
- La Bataille de Passchendaele (1917)
Détails des Batailles Majeures Impliquant le Canada
La Deuxième Bataille d'Ypres (Avril-Mai 1915)
- Commandants Alliés : Sir Horace Smith-Dorrien (Britannique, initialement), Ferdinand Foch (Français).
- Forces Impliquées : Troupes britanniques, françaises (incluant des troupes coloniales), canadiennes et belges contre l'armée allemande.
- Lieu : Saillant d'Ypres, Belgique.
- Objectifs : Pour les Allemands, percer les lignes alliées. Pour les Alliés, défendre le saillant et la ville stratégique d'Ypres.
- Stratégies Allemandes : Utilisation pour la première fois à grande échelle de gaz toxique (chlore) comme arme pour créer une brèche dans les lignes ennemies.
- Technologies : Introduction de la guerre chimique à grande échelle (gaz chloré).
- Conditions : Chaos et horreur indescriptibles suite à l'attaque au gaz, les soldats suffoquant, aveuglés et désorientés. Les troupes alliées manquaient de protection contre cette nouvelle arme.
- Première Attaque au Gaz (22 avril 1915) : Les Allemands lancèrent le gaz contre les troupes françaises (algériennes et territoriales) flanquant les Canadiens, créant une brèche de plusieurs kilomètres.
- Résistance Canadienne (24 avril 1915) : Les Canadiens subirent une attaque directe au gaz mais tinrent bon, improvisant des masques (trempant des mouchoirs dans l'eau ou l'urine) et contre-attaquant, ce qui fut crucial pour stabiliser la ligne et empêcher une déroute complète.
- Résultat/Conséquences : Les Alliés réussirent à maintenir le saillant d'Ypres mais au prix de lourdes pertes (environ 69 000 Alliés, dont plus de 6 500 Canadiens tués, blessés ou capturés). La bataille marqua le début de la guerre chimique et la nécessité de développer des équipements de protection.
- Importance pour le Canada : La résistance héroïque des Canadiens lors de leur premier engagement majeur sur le front européen leur valut une réputation de troupes tenaces et fiables, mais à un coût humain terrible.
La Bataille de la Somme (Juillet-Novembre 1916)
- Commandants Alliés : Sir Douglas Haig (Britannique), Ferdinand Foch (Français). Le Corps canadien était initialement sous commandement britannique (Byng).
- Forces Impliquées : Armées britannique (incluant les forces de l'Empire comme les Canadiens, Australiens, Néo-Zélandais, Terre-Neuviens) et française contre l'armée allemande.
- Lieu : Près de la rivière Somme, nord de la France.
- Objectifs : Percer les lignes allemandes fortifiées, soulager la pression sur les Français à Verdun et user l'armée allemande.
- Stratégies Alliées : Une offensive massive précédée d'un bombardement d'artillerie d'une semaine censé détruire les barbelés et les défenses allemandes. Cependant, le bombardement fut largement inefficace contre les abris profonds allemands. Les assauts d'infanterie se heurtèrent à des défenses quasi intactes.
- Technologies : Première utilisation opérationnelle des chars d'assaut (par les Britanniques en septembre), mais leur impact fut limité en raison de problèmes mécaniques et d'une utilisation tactique inadéquate.
- Conditions : Terrain dévasté par les bombardements, tranchées boueuses, barbelés épais, tirs de mitrailleuses constants.
- Résultat/Conséquences : Une bataille extrêmement sanglante et largement infructueuse pour les Alliés en termes de gains territoriaux. Le premier jour (1er juillet 1916) fut le plus meurtrier de l'histoire de l'armée britannique (près de 58 000 pertes, dont plus de 19 000 morts). La bataille s'enlisa pendant des mois, causant plus de 1 million de victimes au total (Alliés et Allemands).
- Importance pour le Canada : Le Corps canadien rejoignit la bataille en septembre et subit de lourdes pertes (plus de 24 000 victimes). Le Régiment de Terre-Neuve (alors un dominion distinct) fut quasiment anéanti à Beaumont-Hamel le 1er juillet. La Somme devint synonyme de massacre et d'échec des stratégies d'attrition, mais permit aussi de tirer des leçons tactiques pour les batailles futures.
La Bataille de la Crête de Vimy (9-12 Avril 1917)
- Commandants : Lieutenant-général Julian Byng (Britannique, commandant le Corps canadien), Major-général Arthur Currie (Canadien, commandant la 1ère Division canadienne et principal planificateur tactique).
- Forces Impliquées : Le Corps canadien (les quatre divisions combattant ensemble pour la première fois) contre des divisions allemandes.
- Lieu : Crête de Vimy, nord de la France (près d'Arras).
- Objectifs : Capturer la crête de Vimy, une position allemande fortifiée et stratégiquement importante qui dominait la plaine environnante et que les Français et Britanniques avaient échoué à prendre précédemment.
- Stratégies Canadiennes : Préparation méticuleuse et innovation tactique. Cela incluait : des reconnaissances approfondies, des maquettes du terrain pour les briefings, l'entraînement intensif des troupes pour des rôles spécifiques, le perfectionnement du "barrage roulant" (un rideau d'artillerie mobile avançant juste devant l'infanterie), des tirs de contre-batterie pour neutraliser l'artillerie allemande, et le creusement de vastes réseaux de tunnels pour protéger les troupes et faciliter les communications et les déplacements vers la ligne de front.
- Technologies : Utilisation sophistiquée de l'artillerie (barrage roulant, contre-batterie), réseaux de tunnels souterrains.
- Conditions : Attaque menée sous la neige et le grésil, sur un terrain difficile et lourdement défendu par les Allemands (tranchées, bunkers, mitrailleuses).
- Résultat/Conséquences : Victoire éclatante pour le Corps canadien, qui captura la majeure partie de la crête dès le premier jour et la totalité en quatre jours. Les pertes canadiennes furent lourdes (environ 10 600 tués et blessés), mais la victoire fut considérée comme un succès tactique majeur et un coup dur pour le moral allemand.
- Importance pour le Canada : La bataille de Vimy est souvent considérée comme un moment fondateur pour le Canada en tant que nation. Le succès, obtenu grâce à une planification et une exécution canadiennes (sous commandement britannique initial), renforça la fierté nationale et l'identité canadienne, et contribua à une plus grande reconnaissance du Canada sur la scène internationale. Le Mémorial national du Canada à Vimy commémore aujourd'hui cette bataille et les soldats canadiens morts pendant la guerre.
Stratégies Clés à Vimy
Le commandement du Corps canadien, sous Julian Byng avec la contribution essentielle d'Arthur Currie, développa et mit en œuvre plusieurs stratégies novatrices pour l'assaut de Vimy :
- La création de maquettes détaillées du champ de bataille pour que chaque soldat comprenne son objectif.
- Le perfectionnement et l'application à grande échelle du barrage d'artillerie roulant.
- Le creusement de tunnels secrets (subways) pour l'acheminement sécurisé des troupes et du matériel vers les lignes de départ.
- Des raids fréquents avant la bataille pour recueillir des renseignements et harceler l'ennemi.
- L'attribution d'objectifs précis et de cartes détaillées à toutes les unités, jusqu'au niveau de la section.
La Bataille de Passchendaele (Troisième Bataille d'Ypres) (Juillet-Novembre 1917)
- Commandants : Sir Douglas Haig (Britannique), Sir Arthur Currie (Canadien, commandant le Corps canadien à partir de juin 1917).
- Forces Impliquées : Forces de l'Empire britannique (incluant Britanniques, Canadiens, Australiens, Néo-Zélandais) et Français contre l'armée allemande.
- Lieu : Près du village de Passchendaele, dans le saillant d'Ypres en Belgique.
- Objectifs : Percer les lignes allemandes, capturer les crêtes dominant Ypres, et potentiellement atteindre les bases sous-marines allemandes sur la côte belge.
- Stratégies : Offensive alliée suivant le schéma habituel de bombardements massifs suivis d'assauts d'infanterie. Cependant, les bombardements préliminaires détruisirent les systèmes de drainage du terrain bas et argileux. Des pluies exceptionnellement fortes transformèrent le champ de bataille en un bourbier quasi infranchissable.
- Technologies : L'artillerie fut massivement utilisée, mais la boue rendit son déplacement et son efficacité très difficiles. Les chars s'enlisèrent et furent largement inutiles.
- Conditions : Conditions parmi les pires de toute la guerre. Un paysage lunaire de cratères d'obus remplis d'eau boueuse où les soldats et les animaux pouvaient se noyer. La boue entravait tout mouvement, rendait l'évacuation des blessés quasi impossible et augmentait l'épuisement des troupes.
- Rôle Canadien : Le Corps canadien fut appelé en octobre pour prendre l'objectif final : la crête et le village en ruines de Passchendaele. Currie protesta contre l'opération, prédisant de lourdes pertes, mais obéit aux ordres. Les Canadiens lancèrent une série d'attaques coûteuses et réussirent finalement à capturer Passchendaele début novembre.
- Résultat/Conséquences : Les Alliés capturèrent la crête de Passchendaele, mais à un coût humain effroyable (environ 275 000 pertes britanniques/Empire et 200 000+ pertes allemandes). Les gains territoriaux furent minimes et stratégiquement peu significatifs. Le Corps canadien subit près de 16 000 pertes pour la capture de Passchendaele.
- Importance pour le Canada : Passchendaele est devenue un symbole de l'horreur et de la futilité de la guerre des tranchées. Bien que les Canadiens aient atteint leur objectif, la bataille reste controversée en raison de son coût humain exorbitant. Neuf Croix de Victoria furent décernées à des Canadiens pour leur bravoure à Passchendaele, témoignant de l'intensité des combats.