Chine : Défis Énergétiques et Transition Écologique

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Le Défi Énergétique Chinois : Croissance et Durabilité

Depuis les années 1980, la Chine connaît une croissance économique fulgurante, accompagnée d’une urbanisation rapide et d’un développement industriel massif. Cette dynamique a entraîné une explosion de la demande énergétique, créant une pression croissante sur les ressources naturelles et générant de lourds impacts environnementaux. Dans ce contexte, il est essentiel de comprendre comment la Chine tente de répondre durablement à ses besoins énergétiques.

Par besoins énergétiques, on entend l’ensemble des ressources en électricité, carburants ou chaleur nécessaires au bon fonctionnement de l’économie, des infrastructures et de la population. Répondre durablement signifie quant à lui mettre en place une stratégie permettant de satisfaire ces besoins tout en préservant l’environnement et les ressources pour les générations futures.

Dès lors, une question centrale se pose : comment la Chine peut-elle concilier sa forte croissance économique, sa consommation énergétique massive et la nécessité d’une transition écologique ? Pour y répondre, nous étudierons d’abord l’importance de la consommation énergétique chinoise et ses effets environnementaux, puis les efforts entrepris par le pays pour engager une transition énergétique, avant de montrer les limites et les contradictions de cette démarche.

Présentation des Documents d'Étude

  • Document 1 : Il s'agit d'une carte thématique extraite du manuel Histoire-Géographie EMC — Cinquième (Nathan, 2024, dir. Nicolas Rocher et Patrick Marques). Elle montre la répartition des ressources énergétiques en Chine (charbon, hydrocarbures, énergies renouvelables), les zones de forte consommation situées sur le littoral, ainsi que les effets environnementaux comme la pollution de l’air. La carte permet ainsi de comprendre le lien entre concentration des activités, besoins énergétiques et dégradation écologique.
  • Document 2 : C'est un texte informatif publié par Aude Marville dans un article intitulé « Les paradoxes de la révolution verte chinoise », diffusé par l’Institut Montaigne le 15 février 2018. Il met en lumière le paradoxe énergétique chinois : bien que la Chine soit le premier pollueur mondial, elle est aussi le principal investisseur dans les énergies vertes (solaire, hydroélectricité, bioénergie, véhicules électriques). Toutefois, elle reste fortement dépendante du charbon, y compris pour alimenter ses innovations dites écologiques.
  • Document 3 : C'est un graphique extrait du même manuel Histoire-Géographie EMC — Cinquième (Nathan, 2024). Il illustre la répartition des sources d’énergie utilisées pour produire de l’électricité en Chine à deux dates différentes. On y observe une évolution du mix énergétique, avec une diversification progressive des sources et une montée en puissance des énergies renouvelables. Les données proviennent de Connaissance des Énergies et du Statistical Review of World Energy publié par British Petroleum.

Consommation Énergétique et Impacts Environnementaux

Répartition et Concentration des Ressources

La carte (*doc 1*) montre que la Chine dispose de ressources énergétiques importantes, notamment :

  • Des gisements de charbon et d’hydrocarbures
  • De nombreux barrages hydroélectriques
  • Des centrales nucléaires
  • Des installations solaires ou éoliennes

Ces ressources sont très inégalement réparties, avec une forte concentration des zones de production et de consommation sur le littoral, où se trouvent les grandes métropoles et les principales zones industrielles du pays. Cette concentration est directement liée à l’histoire du développement chinois : dès les années 1970, la Chine s’est ouverte à la mondialisation par sa façade maritime, ce qui a favorisé la croissance économique rapide de cette région, au détriment de l’intérieur et de l’ouest du pays.

Conséquences Écologiques et Dépendance

Mais cette dynamique entraîne des conséquences écologiques majeures. Le même document (*doc 1*) montre que les villes chinoises souffrent d’une pollution atmosphérique intense, alimentée par la combustion massive du charbon, toujours dominante dans le mix énergétique. Cela explique pourquoi la Chine représente à elle seule près d’un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Cette dépendance au charbon est confirmée par le document 3, qui montre qu’en 2021, les énergies fossiles restaient largement majoritaires dans la production d’électricité.

Ces choix énergétiques s’expliquent par les besoins gigantesques du pays : avec plus d’1,4 milliard d’habitants et une population urbaine croissante, la demande en électricité, transports et chauffage ne cesse d’augmenter. Or, le territoire chinois ne peut pas couvrir tous ses besoins : le pays est donc contraint d’importer, notamment des hydrocarbures, ce qui crée une dépendance énergétique et des tensions géopolitiques avec certains voisins.

Déséquilibres Sociaux et Territoriaux

Malgré une amélioration des conditions de vie pour une partie de la population, les déséquilibres territoriaux et sociaux restent forts : les campagnes demeurent en retrait, poussant les populations à migrer vers les villes, ce qui alimente encore la pression sur les ressources et l’environnement.

La Transition Énergétique Chinoise : Efforts et Paradoxes

Le Paradoxe du Leader Pollueur et Investisseur Vert

Malgré son statut de premier émetteur mondial de CO₂, la Chine s’affiche aussi comme un acteur majeur de la transition énergétique. Le document 2 insiste sur ce paradoxe chinois : le pays est à la fois le plus grand pollueur de la planète et le premier investisseur dans les énergies vertes. Selon l’AIE (Agence Internationale de l'Énergie), la Chine est leader mondial dans :

  • Le solaire
  • L’hydroélectrique
  • La bioénergie
  • Les véhicules électriques

Le graphique (*doc 3*) confirme cette évolution : les énergies renouvelables progressent dans le mix énergétique, même si elles ne supplantent pas encore les énergies fossiles.

Investissements et Stratégie Industrielle

L’État chinois a engagé d’importants investissements publics et privés pour développer un modèle énergétique plus propre, notamment à travers :

  • La construction de barrages géants
  • L’installation de parcs solaires et éoliens dans les régions de l’ouest peu peuplées
  • Le développement de technologies bas-carbone (batteries, hydrogène, mobilité verte)

Ce virage s’inscrit aussi dans une stratégie industrielle : la Chine cherche à dominer les marchés de demain en devenant un champion des technologies vertes.

Limites et Contradictions de la Transition

Une Transition Partielle et Ambivalente

Cependant, cette transition reste partielle et ambivalente. Comme le souligne le document 2, les véhicules électriques chinois roulent souvent avec une électricité produite à base de charbon, ce qui limite les effets positifs sur le climat. De plus, les nouvelles industries dites « vertes » continuent de polluer, car leur fabrication exige beaucoup d’énergie et de matières premières.

Inégalités Persistantes

Enfin, le modèle énergétique reste profondément inégal : la région littorale est prioritaire dans les investissements, tandis que l’ouest et les campagnes restent souvent dépendants du charbon ou mal raccordés aux infrastructures nouvelles. Le poids de la croissance économique, les besoins d’un marché intérieur immense et la volonté de garantir l’indépendance énergétique rendent difficile une transition rapide et équitable.

Conclusion : Un Défi Colossal pour l'Avenir

En conclusion, la Chine fait face à un défi colossal : concilier une croissance économique soutenue, des besoins énergétiques immenses et la nécessité de préserver l’environnement. Si elle a su tirer profit de ses ressources nationales et investir massivement dans les énergies renouvelables, son modèle reste largement fondé sur l’exploitation du charbon, ce qui accentue les déséquilibres territoriaux et la dégradation écologique.

Malgré des avancées notables dans les technologies vertes, la transition énergétique chinoise reste incomplète et marquée par de profondes contradictions. L’avenir énergétique de la Chine dépendra de sa capacité à accélérer cette transformation tout en assurant une répartition plus équilibrée de ses efforts sur l’ensemble du territoire, et à rompre durablement avec un modèle de développement intensif et polluant.

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