Christine de Pizan : Pionnière des Lettres et du Féminisme

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Christine de Pizan : Vie et Héritage

Christine de Pizan, née à Venise en 1364 et morte au monastère de Poissy vers 1430, est considérée comme la première femme de lettres qui a pu vivre de sa plume. Sa grande érudition, transmise en grande partie par son père, un aristocrate, surpassait largement celle des écrivains de son époque, tant hommes que femmes.

Après la mort de son mari, elle se retrouva démunie, ce qui la décida à vivre de sa plume, car elle était très douée. Cette information nous est parvenue au travers de la correspondance qu'elle a entretenue avec certains intellectuels de l'époque. La Boétie est mentionnée comme une de ses grandes influences (Note : La Boétie vécut au XVIe siècle, bien après Christine de Pizan. Cette mention est une inexactitude historique du texte original.).

Une Œuvre Littéraire Vaste et Variée

Sa production littéraire est très vaste et très variée. En poésie, elle utilisa presque toutes les formes :

  • Les lais
  • Les ballades (dont Les Cent Ballades d'Amant et de Dame, 1402-1410, et Les Ballades d'Estranges Façons)
  • Les proverbes (dont Proverbes Moraux)
  • Les rondeaux
  • Les dits
  • Les virelais

Quelques-unes de ces compositions furent écrites entre 1399 et 1402.

Traités Politiques et Philosophiques

Elle composa aussi des traités politiques et philosophiques. Le Livre des Faits et Bonnes Mœurs du Sage Roi Charles V, écrit en 1404 sous commande, fit d'elle la première femme chroniqueuse. Elle y consigna des faits militaires et parla aussi du caractère du roi. Le seul fait que des princes et des rois aient accepté les œuvres de Christine, allant même jusqu'à lui en commander, atteste qu'elle avait su se faire un nom parmi les écrivains et les savants de son époque.

Œuvres Notables et Polémiques

  • Les Dittiés de la Pucelle (1429) : Écrit sous forme d'essai, c'est certainement l'un de ses derniers ouvrages.
  • Épître sur le Roman de la Rose (1401-1402) : Dans cette œuvre, elle s'oppose à Jean de Meung et à ses positions misogynes. Ces critiques firent naître une polémique intellectuelle nommée « La Querelle sur le Roman de la Rose ».

Elle utilisa aussi le « moi » et l'effacement des genres dans son écriture. Dans cette lignée, on peut citer :

  • Chemin de Longue Étude (1402-1403) : Traite du processus de connaissance, faisant appel à certaines femmes du passé comme les Sibylles.
  • L'Avision Christine (1405) : Une œuvre autobiographique.
  • Le Livre de Mutation de Fortune (1403) : Considéré comme une autobiographie symbolique. Elle s'adresse aux femmes en racontant les problèmes financiers qu'elle a dû affronter après la mort de son mari.

Christine de Pizan : Une Figure Féministe Avant l'Heure

Elle fit un travail didactique dans Le Livre des Trois Vertus ou même dans La Cité des Dames, en encourageant les femmes à se former et à acquérir des notions des « droits usuels » pour pouvoir se défendre face aux abus de l'époque. De plus, elle est considérée comme la première féministe, cela est très présent dans son Épître au Dieu d'Amours, composée en 1399.

Cependant, face à cette tradition misogyne, elle démontra être très consciente de sa valeur et de ses possibilités. Elle utilisa à bon escient l'ironie pour exprimer sa pensée. Elle est la première dame qui écrivit « Moi, Christine ». La plupart de ses œuvres ont été conservées sous une forme autobiographique, ce qui est très rare pour l'époque.

Elle est considérée comme l'une des premières « Bas Bleues » de la littérature française. Il faut dire qu'une des premières à mettre en valeur l'œuvre de Christine de Pizan fut Rose Rigaud avec son étude de la condition féminine dans Les Idées Féministes de Christine de Pizan en 1911.

La Cité des Dames : Son Chef-d'œuvre

La Cité des Dames, écrite en 1405, est considérée comme son chef-d'œuvre et elle y concrétise le mieux toute sa pensée, féministe avant l'heure. Toute cette œuvre est écrite sous forme d'allégorie. Il s'agit d'une longue œuvre composée de 136 chapitres et structurée en trois livres :

  1. La Femme Justifiée par la Raison
  2. La Femme Justifiée par la Droiture
  3. Défense de la Femme par la Justice

Au travers de ces trois parties, elle y développe une argumentation contre la misogynie de l'époque, en démontrant le savoir et la vertu des femmes, qui contredisent les préjugés sur leur prétendue méchanceté.

Son livre débute alors qu'elle se trouve dans sa bibliothèque, où, après avoir parcouru un livre, Les Lamentations de Mathéolus, et très attristée par le mépris affiché envers les femmes par les auteurs de l'époque, elle reçoit la visite de trois déesses qui sont Raison, Droiture et Justice. Raison la console, Droiture bâtit le mur et Justice gouverna la ville.

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