Chronologie et concepts clés de l'histoire espagnole (1873-1975)

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Chronologie des crises espagnoles (1873-1975)

De la Première République à la Restauration

  • 1873 : La Première République

    L'abdication d'Amadeo I, roi d'Espagne, a cédé la place à la Première République, pleine de graves tensions sociales et politiques. Malgré les tentatives de stabilisation, en janvier 1874, un coup d'État militaire a dissous le Parlement et a ouvert la voie à la restauration des Bourbons sur le trône d'Espagne.

  • 1898 : La perte des dernières colonies

    La guerre qui se déroulait dans les dernières colonies espagnoles en Amérique et en Asie, opposant l'armée espagnole aux mouvements indépendantistes, a conduit à l'intervention de l'armée américaine (USA). Les troupes américaines ont débarqué à Cuba et ont défait les troupes espagnoles. L'Espagne a reconnu l'indépendance de Cuba et des Philippines et a cédé l'île de Porto Rico aux États-Unis.

La crise de la Monarchie et la Dictature

  • 1923 : Le coup d'État de Primo de Rivera

    La monarchie d'Alphonse XIII était affaiblie. En septembre de cette année, le capitaine général de la Catalogne, Miguel Primo de Rivera (PDR), a mené un coup d'État, déclarant qu'il n'était pas dirigé contre le roi. Il a dissous le Parlement et mis fin à la Constitution, instaurant une dictature qui a duré plus de six ans.

  • 14 avril 1931 : Proclamation de la Deuxième République

    Ce jour-là fut proclamée en Espagne la Deuxième République, un triomphe des républicains-socialistes dans les villes. Bien que la monarchie ait globalement gagné dans les zones rurales, le roi Alphonse XIII a décidé d'abandonner le pouvoir et est parti pour l'Italie.

  • Octobre 1934 : Le soulèvement des Asturies et de la Catalogne

    Des forces de gauche et régionalistes se sont soulevées avec des objectifs différents, suite à l'entrée de ministres de la CEDA (Confédération Espagnole des Droites Autonomes) dans le gouvernement de la République. Le soulèvement avait deux foyers principaux : les Asturies et la Catalogne. En Catalogne, la rébellion fut facilement contrôlée par les militaires. Les événements les plus importants eurent lieu dans les Asturies, où les mineurs se sont emparés des villes. Le gouvernement de la République a envoyé l'armée, qui a contrôlé la situation, entraînant une forte répression contre les organisations du travail.

Guerre Civile et Dictature Franquiste

  • 18 juillet 1936 : Début du soulèvement militaire

    Les troupes stationnées à Melilla ont entamé un soulèvement contre le gouvernement de la République dans la soirée du 17 juillet. Le général Franco a publié une proclamation déclarant l'état de guerre au Maroc pour « sauver l'Espagne ». Cette journée est devenue le principal symbole du régime franquiste et marque la fin de la Deuxième République.

  • 1er avril 1939 : Fin de la Guerre Civile

    Le général Franco a donné le dernier bulletin de guerre. Madrid fut occupée à la fin de mars, et l'arrivée des troupes franquistes dans les ports du Levant a mis fin à la Guerre Civile, débutée en 1936. Pour les vaincus, une période de grandes difficultés a commencé.

  • 20 novembre 1975 : Mort de Franco

    Ce jour-là, le général Francisco Franco, chef de l'État et dictateur de l'Espagne, est décédé. Cela a mis fin à une période de près de 40 ans durant laquelle le pouvoir militaire de Franco fut absolu. Sa dictature fut l'une des plus longues en Europe.

Concepts et figures clés

Antonio Berdeguer Elvira

Né à Salorino (Cáceres). Il était médecin de campagne, mais est surtout connu pour ses activités politiques et sociales en Estrémadure durant le premier tiers du XXe siècle, axées sur les aspects sociaux et régionaux. Le centre de ses préoccupations était la paysannerie modeste. Il a publié un Manifeste pour l'opinion publique d'Estrémadure, qui défendait le slogan « Extremadura pour les extremeños », ainsi que diverses réformes économiques et sociales. Face à un succès limité, il s'est rapproché du PSOE (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol) et est devenu l'un de ses diffuseurs les plus importants durant la Deuxième République. Au début de la Guerre Civile, il fut fusillé à Cáceres en décembre 1936.

Pablo Iglesias Posse : Politique sociale

Issu d'une famille très humble, sa mère fut admise à l'hospice de Madrid après la mort de son père. Il était typographe et est entré en contact avec les milieux socialistes et républicains. En 1870, il a rejoint la Première Internationale du Travail et, lors de sa division, a soutenu les anarchistes anti-marxistes. En 1879, il fut l'un des fondateurs du PSOE. En 1910, il fut élu représentant aux Cortes et devint le leader socialiste espagnol, présidant le PSOE et l'UGT (Union Générale des Travailleurs).

Cacique

Ce terme qualifiait le système sociopolitique de la Restauration. Il impliquait que tout fonctionnait sur la base de faveurs accordées par les chefs locaux (les caciques) aux agriculteurs en échange de leur vote. Cette corruption politique faussait les élections et se manifestait par le contrôle des organes directeurs et la falsification des résultats.

Pucherazo

Un terme utilisé en Espagne durant la Restauration pour décrire le processus de manipulation et de fraude des résultats des élections. Il regroupait les différents types d'illégalités (achat de voix, falsification de documents, coercition, etc.) dont le résultat final était de contourner la volonté de l'électorat.

Analyse du Manifeste de Primo de Rivera (1923)

Contexte et nature du texte

Le texte est un extrait du « Manifeste » par lequel Primo de Rivera a justifié son coup d'État en 1923. Le texte est une source historique primaire et narrative, empreinte d'une forte subjectivité. Son thème est essentiellement politique.

Auteur et destinataires

L'auteur est Miguel Primo de Rivera, capitaine général de la Catalogne, qui a mené le coup d'État en septembre 1923, approuvé par le roi Alphonse XIII. Il s'adresse à tous les citoyens espagnols, mécontents des politiciens de la Restauration, qu'il critique pour leur corruption et leur immoralité, ainsi que pour les problèmes existants. Il lance également une menace directe aux indécis.

Les idées principales du Manifeste

  1. Primo de Rivera se présente comme un porte-parole opposé à la politique espagnole de la Restauration, qu'il vise à éliminer.
  2. Il blâme les politiciens de la Restauration pour avoir manipulé la volonté du roi et pour la mauvaise image du monarque auprès du public.
  3. Il accuse les politiciens immoraux de la Restauration et le gouvernement de se partager le pouvoir et de faire tourner les postes entre libéraux et conservateurs, truquant les élections par le despotisme.
  4. Primo de Rivera justifie le coup d'État pour tenir les politiciens responsables de ce qu'il décrit comme une « performance désastreuse » et déclare vouloir une régénération morale et politique.
  5. Il appelle à renforcer la « dignité de l'Espagne » et la « dignité du roi », en se basant sur les valeurs militaires traditionnelles (loyauté, courage, honneur, virilité...).

La Dictature de Primo de Rivera (1923-1931)

Caractéristiques générales de la période

Cette période historique est marquée par la monarchie affaiblie d'Alphonse XIII, qui a soutenu la dictature de Primo de Rivera, puis les gouvernements de Berenguer et de l'amiral Aznar. C'est une période marquée par la crise de 1929, qui a frappé l'Espagne à la fin de cette période, mettant fin au boom économique qui s'était intensifié dans les années 1920.

Facteurs menant à l'établissement de la dictature

Le 13 septembre 1923, Primo de Rivera s'est révolté à Barcelone, rédigeant un « Manifeste » dans lequel il expliquait les causes de sa révolte, listait les problèmes à résoudre et proposait la formation d'un « Directoire Militaire ». Le roi Alphonse XIII l'a soutenu et PDR a organisé un régime militaire autoritaire.

Causes principales :

  • La désintégration du système de la Restauration et l'instabilité politique.
  • Les graves problèmes sociaux : grèves continues des travailleurs et des paysans, et violence terroriste.
  • La montée progressive du nationalisme catalan.
  • La crainte de la propagation de la « révolution prolétarienne ».

Causes immédiates :

  • Le mécontentement militaire après la « Catastrophe d'Annual » (1921).
  • La tentative de démocratisation du dernier gouvernement de la Restauration, qui cherchait à réformer la Constitution de 1876, introduisant la liberté de religion, la réforme électorale, des taxes spéciales sur les riches, un commerce plus libre, etc.

Soutiens et oppositions

Ceux qui ont soutenu la dictature :

  • La bourgeoisie catholique, commerciale, industrielle et les militaires « africanistes ».

Ceux qui étaient indifférents :

  • Les militaires des « Juntas », les politiciens de gauche à droite, le PSOE et l'UGT, et la grande majorité de la population.

Ceux qui étaient opposés :

  • Les anarchistes de la CNT, le PCE (Parti Communiste d'Espagne) et de nombreux intellectuels. Certaines de ces personnes ont été bannies ou exilées.

Les objectifs de la dictature furent initialement présentés comme une solution temporaire jusqu'en 1925, date à laquelle le régime de PDR s'est intensifié avec une structure basée sur des modèles autoritaires, comme le modèle italien.

Le Directoire Militaire (1923-1925)

Primo de Rivera, conseillé par des militaires, contrôlait tous les pouvoirs. Il gouvernait par décrets, s'est emparé des pouvoirs judiciaires et a placé des responsables militaires à la tête de l'administration publique. Il a tenté de résoudre les problèmes politiques et sociaux de la période précédente (caciquisme, nationalisme, ordre public, etc.). Il a également mené une campagne de répression contre le Parti Communiste et contre la CNT anarchiste. Il a interdit l'usage du catalan et de l'euskera et, pour assurer l'ordre public, a établi le « Somatén National ». Il a créé un parti unique, l'« Union Patriotique ». Pour mettre fin au caciquisme, il a développé des « lois concernant les municipalités » et une « loi provinciale ». La faible efficacité et la préparation insuffisante des officiers supérieurs aux tâches administratives ont entraîné le remplacement du Directoire Militaire par un Directoire Civil.

Le Directoire Civil (1925-1931)

Primo de Rivera a tenté de stabiliser et de pérenniser la dictature, exploitant la situation économique d'expansion mondiale pour relancer l'économie espagnole et entreprenant plusieurs actions pour la motiver. Début 1931, l'amiral Aznar a formé un nouveau gouvernement pour préparer les futures élections. Celles-ci ont eu lieu le 12 avril, et les républicains et les socialistes ont remporté la majorité. Le 14 avril de cette année, la Deuxième République espagnole fut proclamée et Alphonse XIII partit en exil.

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