Comparaison Platon et Aristote : Ontologie et Connaissance

Comparaison du Dualisme Ontologique

La Réalité selon Platon : Le Monde des Idées

Pour Platon, la vraie réalité réside dans le monde des Idées. Pour lui, le monde physique est tout simplement une imitation des Idées, le Bien réel. Le monde des Idées est constitué d'Idées qui sont :

• Immuables
• Éternelles
• Intelligibles
• Universelles (inspirées par les caractéristiques de l'être de Parménide).

Ce monde est connu par la raison, l'âme rationnelle ayant appris à connaître les valeurs.

Le Monde Physique (Platon)

Le monde physique est composé des choses sensibles que nous percevons à travers les sens. Ces choses sont :

• Mutables (changeantes)
• Inintelligibles
• Particulières (inspirées par les caractéristiques de l'être d'Héraclite).

Ce monde est connu à travers le corps, et ce qui est connu est le monde matériel.

La Réalité selon Aristote : Le Monde Sensible

Pour Aristote, le monde sensible est la réalité authentique. Ce monde est fait d'êtres concrets. Il affirme la multiplicité des êtres comme la seule réalité. Il établit une distinction entre :

• La substance première (le particulier)
• La substance seconde (l'universel), qui est l'essence illimitée et connaissable.

Cette distinction se fait entre la matière et la forme, la forme étant l'essence naturelle de l'être. Les formes sont intrinsèques à l'être. Aristote explique qu'il y a mouvement ou changement et fait appel à deux concepts : le pouvoir (ou puissance) et l'acte.

Puissance et Acte

L'être en puissance a la capacité de réaliser son propre être ; c'est l'être qui n'est pas encore, mais qui *peut* être. L'être en acte *doit* être ; il est déjà réalisé. Le mouvement est donc le passage de la puissance à l'acte. Ce mouvement implique deux types de changements :

1. La génération et la corruption (changement substantiel).
2. Le déplacement, la quantité ou la qualité (changement accidentel).

La Théorie des Quatre Causes

Pour expliquer le mouvement, Aristote se base sur la théorie des quatre causes. Selon cette théorie, il y a toujours une cause efficiente qui crée le mouvement et une cause finale (le but) qu'il dessert. (Cela mène au Premier Moteur Immobile et à la perfection de l'acte).

Comparaison des Théories de la Connaissance

La Connaissance selon Aristote (Induction)

Aristote soutient que la compréhension du monde sensible doit provenir de la perception des données sensibles, mais celles-ci ne sont pas comprises comme des Idées à la manière de Platon. Le processus passe par l'intellect et ses phases (méthode d'induction), allant du particulier à l'universel, afin de saisir la forme et la substance seconde par un concept. Ces phases sont :

1. Le Sens : Recevoir les données sensibles des êtres particuliers (le sens commun forme l'impression de l'être).
2. L'Imagination : Imaginer l'être concret absent (former l'image de cet être absent).
3. La Mémoire : Comparer les images produites dans l'imagination et les images similaires (formation des images fantômes).
4. La Compréhension : L'intellect abstrait l'image du particulier et capture l'essence ou la forme (formation des concepts) et établit des liens pour porter des jugements.

La Connaissance selon Platon (Dialectique)

Pour Platon, la connaissance doit être la connaissance de la réalité. La vraie connaissance (celle du Monde des Idées) est atteinte par la contemplation des Idées par l'âme rationnelle, à travers les phases dialectiques :

• Eikasía : L'imagination confond l'image avec l'objet sensible.
• Pistis : La croyance, qui porte sur les choses sensibles elles-mêmes.
• Dianoia : La raison discursive (par exemple, l'étude des mathématiques), qui prépare l'âme rationnelle à la contemplation.
• Noèse : L'âme rationnelle atteint la connaissance des Idées (la *sagesse*).

Puisque le monde sensible n'est pas la vraie réalité, la connaissance du monde sensible par les sens n'est pas réelle ; elle n'est que doxa (opinion).

Divergence sur la Réminiscence et l'Épistémè

Aristote n'accepte pas la théorie de la réminiscence de Platon. Le processus de la connaissance aristotélicien est un processus inductif d'abstraction, où une étape est franchie à l'autre. Contrairement à Platon, Aristote rejette l'idée qu'il y ait un saut qualitatif entre la doxa et l'épistémè. Il soutient que l'on peut passer de la doxa à l'épistémè sans accepter les Idées comme la seule réalité authentique.