La Conscience et l'Inconscient : Perspectives Philosophiques et Psychanalytiques
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Conscience de soi et connaissance de soi
La conscience est un état et une activité de l’esprit qui signifie étymologiquement « avec savoir », ou « savoir avec ». Un être conscient, c’est un être qui se représente avec lucidité son propre état, mais aussi l’ensemble des objets qui l’entourent.
La conscience peut s’opposer :
- à l’inconscience, c'est-à-dire l'état dans lequel est une personne qui dort, par exemple, mais aussi un individu imprudent, qui néglige les conséquences de ses actes ;
- à la non-conscience, qui caractérise la plante ou n’importe quel objet inanimé ;
- à l'inconscient (terme psychanalytique).
- Avoir conscience, c’est connaître sa présence au monde et la présence du monde (conscience perceptive).
- Avoir conscience de soi, c’est sentir et savoir que nous sommes les sujets de nos actions comme de nos représentations. On peut alors parler de conscience au sens « cognitif », c’est-à-dire qui a rapport à nos connaissances ; il s'agit de la conscience réflexive.
- La conscience morale est un sentiment intime de ce qui est bien et de ce qui est mal, qui nous pousse à agir dans un sens moral ou à condamner les conduites qui s’y opposent. C’est le sens « pratique » de la conscience.
Le moi et sa connaissance : Descartes et Hume
Deux approches s'opposent quant à la connaissance du moi :
- Soutenir avec Descartes que notre âme est d’une nature entièrement distincte du corps, à laquelle nous pouvons accéder par un raisonnement méthodique. L’âme est pourtant susceptible de sentir, d’imaginer, d’être émue : elle n’est pas séparée du corps, elle en est distincte (différente), mais elle lui est unie.
- Affirmer avec Hume que le moi est inconnaissable, ou plus exactement inaccessible à la raison : la raison, en effet, doit toujours s’appuyer sur l’expérience, et cette expérience ne nous livre aucune réalité purement spirituelle, aucun « cogito » qui soit seulement « de la pensée » et pas une réalité que l’on peut sentir.
Conscience et action : la question morale
- La conscience est aussi ce par quoi nous nous reconnaissons comme des individus moraux aspirant au bien. Rousseau approfondit cette idée dans l’Émile : la raison nous permet seulement de connaître le bien et le mal, sans influencer nos choix à leur égard, tandis que la conscience est ce grâce à quoi nous pouvons aimer le bien, rejeter le mal, et agir en conséquence.
- La conscience est aussi ce par quoi nous nous reconnaissons comme des hommes. Kant indique que la conscience de soi, le « je », est le principe par lequel nous organisons toutes nos pensées. Ce pouvoir « élève infiniment l’homme au-dessus de toutes les autres créatures qui vivent sur terre ».
Naissance de l'inconscient freudien
- La toute-puissance de la conscience sur le psychisme est remise en cause par l’hypothèse d’une instance que le médecin Sigmund Freud nomme l’inconscient.
- Freud va montrer que de nombreuses pathologies mentales et autres troubles de la personnalité (névroses) découlent d’une tension non assumée entre le conscient et l’inconscient. Ces tensions trouvent une multitude de moyens de se manifester à la surface de l’activité mentale (lapsus, actes manqués, rêves), mais leur signification n’est jamais explicite.
Les topiques freudiennes
Freud fournira deux modèles successifs de l’appareil psychique :
La première topique
- L'inconscient regroupe les traumas, les désirs refoulés, et tout ce que la conscience ne peut plus convoquer sous la forme de souvenirs.
- Le préconscient est composé des souvenirs qui peuvent constamment revenir à la conscience.
- La conscience est une attention à la vie intérieure et extérieure du sujet.
La seconde topique
Deux instances sont en conflit, la troisième émerge de cet antagonisme :
- Le Ça (siège des pulsions de jouissance : Eros, et des pulsions de mort : Thanatos) est limité par le Surmoi (siège des tabous et des interdits moraux).
- Ces deux instances, en grande partie inconscientes et en conflit, doivent être conciliées, ce qui génère la troisième instance : le Moi.
- Le Moi est pris entre le conflit des deux autres instances psychiques et les exigences de la vie extérieure du sujet ; il doit donc servir trois maîtres.
Le complexe d'Œdipe
Le Ça est donc essentiellement à la recherche de sa satisfaction ; il est régi par le seul principe de plaisir. Dès la naissance, il existe donc une sexualité infantile.
L’enfant passe par différents stades dans la constitution de son appareil psychique, au sein de laquelle le complexe d’Œdipe est un moment essentiel. Il se déroule entre 3 et 5 ans. Le complexe se caractérise par une attirance pour le parent de sexe opposé et par une hostilité envers le parent de même sexe. Des sentiments complexes (amour, haine, culpabilité, désir) envers ses deux parents vont structurer progressivement le psychisme de l’enfant. Tout homme connaît ce complexe, mais « l’effroi » qu’il peut représenter serait la cause de certains troubles mentaux ultérieurs, dont l’hystérie.
La censure et la mauvaise foi selon Sartre
- Jean-Paul Sartre revendique une psychanalyse existentialiste, concurrente à celle de Freud, et sans inconscient. C’est donc l’existence de l’inconscient qui est la cible de Sartre, ce qui peut apparaître paradoxal dans le cadre d’une psychanalyse.
- Selon Sartre, l’hypothèse de l’inconscient maintient une contradiction. Au moment du refoulement, la censure fait preuve de mauvaise foi. En effet, pour rejeter dans un prétendu inconscient une pensée inacceptable, il faut la voir, la juger comme inacceptable, la rejeter et résister à son retour. Une pensée ne serait donc jamais « inconsciente » si la conscience ne refusait pas de voir qu’elle a opéré consciemment le rejet vers l’inconscient.
- La censure est donc de mauvaise foi, le refoulement étant conscient il est un « refusement », et l’inconscient n’est pas une instance psychique. Faire une psychanalyse existentialiste consiste donc à lever toute mauvaise foi, ce qui est possible si le sujet accepte de s’étudier comme s’il était un autre.