La Constitution de 1812 : Analyse et Impact
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La Constitution de 1812
La Constitution de 1812, proclamée par les députés représentant la souveraineté nationale, a déclaré le caractère constitutionnel des tribunaux et a initié le développement d'une Constitution comme mission fondamentale. Après un an et demi de débat, le 19 mars 1812, fut approuvée la première constitution de l'histoire de l'Espagne.
La Constitution de 1812 est un texte très long, avec 31 articles, et en profondeur, car les députés de Cadix étaient conscients des changements importants qu'ils engageaient. Ils craignaient que des lois ultérieures n'annulent l'efficacité de ces changements. Un soin particulier a été apporté à la formulation des droits individuels, partie essentielle de l'idéologie libérale et de la rupture avec l'Ancien Régime.
Après avoir affirmé leur base dans la tradition espagnole médiévale, le préambule commence par affirmer que la souveraineté réside dans la nation et déclare l'État comme une «monarchie héréditaire moderne». Elle établit les principes suivants : la souveraineté nationale («réside essentiellement dans la nation, et appartient donc à ce droit exclusif d'établir ses lois fondamentales»), la division des pouvoirs, la limitation du pouvoir royal, une seule chambre, la proclamation des droits individuels, le suffrage universel indirect masculin, et la domination de la législature sur l'exécutif (ce qui peut être considéré comme l'État comme une monarchie parlementaire).
Organisation des Pouvoirs
Le pouvoir exécutif est exercé par le roi, qui nomme librement les secrétaires. Ils répondent en théorie devant les tribunaux, mais ne peuvent être révoqués par eux. Il n'y a donc pas de contrôle parlementaire du gouvernement. Toutefois, un long article a repris douze limites réelles à l'autorité royale : le roi ne pouvait pas suspendre ou dissoudre le Parlement, abandonner ou quitter le pays sans autorisation de leur part, mener une politique étrangère non surveillée par la chambre, se marier sans leur permission ou imposer des taxes.
Le pouvoir législatif est exercé par «les tribunaux avec le roi». Les lois sont faites par le Parlement, et promulguées et sanctionnées par le roi, qui a également un droit de veto : il peut suspendre les lois plus de deux fois dans une période de trois ans. Les tribunaux sont monocaméraux et élus au suffrage universel indirect pour les hommes de plus de 25 ans. Les membres doivent payer un certain montant d'impôts (basé sur le recensement d'éligibilité). Les tribunaux ont une durée de deux ans.
La Constitution reconnaît expressément l'État confessionnel et l'exclusivité de la religion catholique. Elle met également sur pied une armée permanente sous l'autorité des tribunaux, et une milice nationale, avec les objectifs de renforcement de l'armée en temps de guerre et de défense du corps pour servir l'État libéral. En ce qui concerne l'administration de l'État, le pays est divisé en provinces, et l'élection populaire des maires est établie.
Application et Législation
La Constitution est entrée en vigueur durant trois périodes : de 1812 à 1814, de 1820 à 1823 et de 1836 à 1837. Les Cortes de Cadix ont commencé à adopter des mesures pour mettre en œuvre les principes du libéralisme et abolir l'Ancien Régime. Elles ont décrété l'abolition du régime juridictionnel international. Toutefois, en n'indiquant pas clairement quels paiements étaient éliminés, les seigneurs ont continué à percevoir les loyers, et la terre est devenue, dans la pratique, la propriété privée de la noblesse. La Mesta a également été supprimée.
Réformes Économiques et Sociales
Il a également été décrété l'élimination du droit d'aînesse, liant la terre aux propriétaires, et le marché libre a été déclaré. Les corporations ont été supprimées, tout en établissant la liberté du travail, de production, d'approvisionnement et de commerce, conformément aux principes du libéralisme économique. En fait, cela a également éliminé les garanties que l'Ancien Régime avait pour les travailleurs urbains. La liberté de la presse a été établie, mais les questions religieuses ont été exclues, restant sous le contrôle de la censure ecclésiastique.
Réformes Religieuses
Le Parlement a approuvé une multitude de lois religieuses. Ainsi commença une longue histoire d'intervention de l'État. Des mesures ont été prises pour réformer l'Église afin de permettre un partage plus juste de ses revenus, d'améliorer l'enseignement du clergé et une administration plus efficace de l'Église. Entre autres mesures, la propriété du Waqf a été expropriée, les ordres militaires ont été supprimés, mais pas l'Inquisition. Il y a eu des conflits avec le clergé réactionnaire, qui ont conduit à l'annulation de certains sièges épiscopaux, et même à l'expulsion du Nonce apostolique, qui avait essayé de convoquer un synode des évêques pour faire face aux tribunaux. Enfin, la confiscation des biens appartenant ou vacants a été lancée, pour rembourser la dette et récompenser les militaires retraités. Mais la plupart de ces dispositions ont été abrogées en 1814, lors du retour à l'absolutisme.