La Constitution Espagnole de 1978 : Structure et Droits
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La Constitution Espagnole de 1978
La Constitution est la loi suprême d'un État. Elle établit les droits et devoirs des citoyens, détermine la répartition traditionnelle des trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) et organise les institutions qui les incarnent : les Cortes Generales (Parlement), le Gouvernement et les Tribunaux.
Histoire et Caractéristiques
L'histoire constitutionnelle de l'Espagne commence en 1810 avec la réunion des Cortes de Cadix et l'adoption de la Constitution de 1812. Six autres textes constitutionnels ont précédé la version actuelle. Le processus constituant de la Constitution de 1978 a débuté le 31 octobre 1978, date de son adoption par le Congrès et le Sénat. Le 6 décembre 1978, elle a été approuvée par référendum avec 87,87 % des voix. Le Roi l'a sanctionnée et promulguée le 27 décembre 1978, et elle a été publiée au Journal Officiel le 29 décembre 1978, date de son entrée en vigueur. Un premier amendement de l'article 13.2 a eu lieu en 1992.
Les caractéristiques de ce texte sont les suivantes :
- Elle n'est pas fondée sur la coutume, mais est écrite et codifiée.
- Elle est le fruit d'un consensus.
- Elle est vague et ambiguë sur certains aspects.
- Elle est longue, avec 169 articles.
- Elle est d'application directe.
- Elle a été approuvée par référendum.
- Elle est rigide, rendant sa réforme difficile.
Structure Formelle
La Constitution espagnole débute par un préambule qui expose les motifs et les objectifs du texte. Elle contient 169 articles, quatre dispositions additionnelles, neuf dispositions transitoires, une disposition dérogatoire et une disposition finale. Les articles sont regroupés en 10 titres (précédés d'un titre préliminaire), qui sont divisés en chapitres, et ces derniers parfois en sections.
- La partie dogmatique (Titre préliminaire et Titre I) comprend la définition des principes généraux de la structure politique et la déclaration des droits et libertés fondamentaux.
- La partie organique (Titres II à X) définit la composition et le fonctionnement des organes publics, ainsi que la répartition des compétences et les relations entre eux.
Principes Généraux (Titre Préliminaire)
- Art. 1 : L'Espagne est un État social et démocratique de droit. La souveraineté nationale appartient au peuple espagnol, dont émanent les pouvoirs de l'État. La forme politique de l'État espagnol est la monarchie parlementaire.
- Art. 2 : La Constitution est fondée sur l'unité indissoluble de la Nation espagnole et garantit le droit à l'autonomie des nationalités et des régions qui la composent.
- Art. 3 : Le castillan est la langue espagnole officielle de l'État. Les autres langues espagnoles sont également officielles dans les communautés autonomes respectives.
- Art. 4 : Le drapeau de l'Espagne est formé de trois bandes horizontales, rouge, jaune et rouge. Les communautés autonomes peuvent avoir leurs propres drapeaux.
- Art. 5 : La capitale de l'État est la ville de Madrid.
- Art. 6 : Les partis politiques expriment le pluralisme politique et concourent à la formation et à la manifestation de la volonté populaire.
- Art. 7 : Les syndicats de travailleurs et les associations d'employeurs contribuent à la défense et à la promotion de leurs intérêts économiques et sociaux.
- Art. 8 : Les Forces Armées ont pour mission de garantir la souveraineté et l'indépendance de l'Espagne et de défendre son intégrité territoriale et l'ordre constitutionnel.
- Art. 9 : Les citoyens et les pouvoirs publics sont soumis à la Constitution et au reste de l'ordre juridique. Les pouvoirs publics ont pour tâche de promouvoir les conditions de la liberté et de l'égalité.
Droits et Devoirs Fondamentaux (Articles 10 à 55)
Les droits et devoirs fondamentaux sont structurés des articles 10 à 55 et sont classés en trois catégories : droits civils, sociaux et politiques.
L'article 10 établit que la dignité de la personne, les droits inviolables qui lui sont inhérents, le libre développement de la personnalité, le respect de la loi et des droits d'autrui sont le fondement de l'ordre politique et de la paix sociale. Les normes relatives aux droits et libertés fondamentaux reconnus par la Constitution sont interprétées conformément à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et aux traités internationaux.
Chapitre 1 : Des Espagnols et des étrangers (Art. 11-13)
Ce chapitre stipule que la nationalité espagnole s'acquiert, se conserve et se perd conformément à la loi, et qu'aucun Espagnol d'origine ne peut en être privé. Il prévoit la possibilité pour l'État de conclure des traités de double nationalité. Il définit également les droits des étrangers en Espagne, le droit d'asile, l'extradition et le droit de vote aux élections municipales. L'âge de la majorité est fixé à 18 ans (art. 12).
Chapitre 2 : Droits et libertés (Art. 14-38)
L'article 14 proclame que tous les Espagnols sont égaux devant la loi, sans aucune discrimination fondée sur la naissance, la race, le sexe, la religion, l'opinion ou toute autre condition ou circonstance personnelle ou sociale.
Section 1 : Des droits fondamentaux et libertés publiques (Art. 15-29)
Cette section garantit les droits suivants :
- Droit à la vie
- Droit à la liberté de pensée, de religion et de culte
- Droit à la liberté et à la sécurité
- Droit à l'honneur, à l'intimité personnelle et familiale et à sa propre image
- Droit à la liberté de résidence et de circulation
- Droit à la liberté d'expression et de diffusion de la pensée
- Liberté de réunion et de manifestation
- Liberté d'association
- Droit de participer aux affaires publiques
- Droit d'accès effectif à la justice
- Principe de non-rétroactivité des dispositions relatives aux sanctions
- Interdiction des tribunaux d'honneur
- Droit à l'éducation et liberté académique
- Droit de se syndiquer librement
- Droit de pétition individuelle ou collective
Section 2 : Des droits et devoirs des citoyens (Art. 30-38)
- Le droit et le devoir de défendre l'Espagne.
- Le devoir de contribuer aux dépenses publiques.
- Le droit au mariage.
- Le droit à la propriété privée et à l'héritage.
- Le droit et le devoir de travailler.
- Le droit à la liberté d'entreprise.
Chapitre 3 : Des principes directeurs de la politique sociale et économique (Art. 39-52)
Ce chapitre énonce les principes de protection sociale, économique et juridique de la famille, la promotion du progrès social et économique, un système de Sécurité Sociale, la protection de la santé, l'accès à la culture, la protection de l'environnement, le droit à un logement décent, la participation de la jeunesse, la protection des personnes handicapées et la protection des consommateurs.
Chapitre 4 : Des garanties des libertés et droits fondamentaux (Art. 53-54)
Tous les droits énoncés au chapitre 2 sont protégés et peuvent être contrôlés par la Cour Constitutionnelle via le recours d'inconstitutionnalité. Les droits de l'article 14 et de la section 1 du chapitre 2 sont également protégés par le recours d'amparo. Le Défenseur du Peuple (Médiateur) est chargé de superviser l'activité de l'Administration.
Chapitre 5 : De la suspension des droits et libertés (Art. 55)
Certains droits et libertés peuvent être suspendus lorsque l'état d'exception ou l'état de siège est déclaré. L'état d'exception est déclaré par décret du Gouvernement en Conseil des ministres, et l'état de siège par la majorité absolue des membres du Congrès.