Crises et Transitions Politiques en Espagne (1868-1923)

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La Restauration : Le Règne d'Alphonse XIII (1902-1923)

Avec la proclamation d’Alphonse XIII, on assiste à un retour à l’interventionnisme royal dans le jeu politique. Cette période, qui s'étend jusqu'à la Dictature de Primo de Rivera, peut être divisée en plusieurs étapes :

A. Tentatives de Renouveau du Régime (1903-1912) : Maura et Canalejas

1. Maura et la « Révolution d’en Haut »

Le programme de Maura (Parti conservateur) consiste à éliminer les vices du système par l’action du gouvernement, évitant ainsi une révolution ouvrière. Pour ce faire, Maura agit sur plusieurs domaines :

  • Démantèlement du caciquisme.
  • Élargissement des bases sociales du système.
  • Mise en place d'une politique répressive qui provoque la formation du Bloc des Gauches.

Cependant, le projet échoue à cause du problème du Maroc et de la Semaine Tragique (1909) à Barcelone. L’appel aux réservistes provoque des protestations et une grève générale, auxquelles le gouvernement répond par une répression sévère.

2. Le Renouveau Libéral : Canalejas

Les objectifs de Canalejas étaient la démocratisation du régime, l'incorporation des secteurs populaires et la neutralisation des institutions traditionnelles comme l’Église. Ses principales mesures furent :

  • Création des « Mancomunidades provinciales » pour la décentralisation.
  • Loi sur les associations religieuses pour garantir l’indépendance de l’État.
  • Conscription obligatoire.
  • Intervention étatique en matière sociale et économique.

La mort de Canalejas marque la fin de ces réformes.

B. La Stagnation du Système Politique (1912-1917) : Dato et Romanones

Depuis la mort de Canalejas jusqu’en 1917, toute tentative de renouveau est abandonnée. Pendant le gouvernement de Dato éclate la Première Guerre mondiale. L’Espagne reste neutre, mais la guerre a des conséquences économiques et sociales importantes :

  • Détérioration de la situation des travailleurs.
  • Enrichissement de secteurs spéculatifs.

C. La Crise Finale de la Restauration (1917-1923)

En 1917 éclatent trois rébellions simultanées, entraînant une décomposition du régime :

  • Militaire : Formation des « Juntas de défense ».
  • Parlementaire : Assemblée parlementaire.
  • Sociale : Grève générale.

Les principaux problèmes sont l’intégration de la bourgeoisie catalane, l’augmentation du conflit social et du terrorisme (anarchiste et patronal), et l’échec de la démocratisation menée par García Prieto. Cet échec est dû à l’opposition du roi, de l’Église, de l’Armée et des classes dominantes. Finalement, l’Armée, dirigée par le général Primo de Rivera, prend le pouvoir.

Le Sexennat Démocratique (1868-1874)

Le Sexennat Démocratique débute avec la Révolution de 1868, initiée par le pronunciamiento de Cadix et le manifeste « Vive l’Espagne avec honneur ». La rébellion, étendue à toute la péninsule, culmine avec la victoire des rebelles à Alcolea, forçant Isabelle II à l’exil.

Le Gouvernement Provisoire et la Constitution de 1869

Le gouvernement provisoire coexiste brièvement avec les Juntas, qu’il finit par dissoudre tout en adoptant certaines de leurs propositions :

  • Liberté de cultes.
  • Suppression de l’impôt sur la consommation.
  • Introduction de la peseta.
  • Ouverture économique grâce à la Loi des Mines.

En janvier 1869, des élections au suffrage universel masculin donnent une majorité gouvernementale, mais aussi une forte présence républicaine et carliste. La Constitution de 1869, seule véritablement démocratique du XIXe siècle, instaure :

  • La souveraineté nationale.
  • Le suffrage universel masculin.
  • Des droits inaliénables.
  • Des Cortes centrales avec deux chambres élues.

Le roi conserve officiellement l’exécutif, mais le gouvernement exerce réellement ce pouvoir.

La Régence et le Règne d'Amédée Ier (1869-1873)

Sous la Régence de Serrano (1869-1870), le général Prim dirige en réalité le pays. Cette période est marquée par des tensions sociales croissantes et des difficultés à trouver un roi. Finalement, Amédée de Savoie est choisi, mais son règne (1871-1873) débute dans la faiblesse en raison de l’assassinat de Prim. Il affronte la guerre carliste, les tensions politiques liées à la liberté de cultes et des divisions parmi ses soutiens (notamment entre constitutionnels et radicaux). Accablé par une rébellion militaire, il abdique en 1873.

La Première République (1873-1874)

La Première République est alors proclamée, sous une succession de présidents (Estanislao Figueras, Francisco Pi y Margall, Nicolás Salmerón, Emilio Castelar). La République doit gérer simultanément :

  • La guerre carliste.
  • Les conflits sociaux (grèves d’Alcoy et Barcelone).
  • L’insurrection cantonaliste.

Les divisions internes conduisent à un coup d’État militaire en janvier 1874. Sous la dictature de Serrano, le régime cherche à se consolider avec des mesures comme la dissolution de l’Internationale et la réforme de la Banque d’Espagne, mais échoue à vaincre les carlistes. Cela renforce le mouvement en faveur de la restauration bourbonienne, qui s’accomplit grâce au Manifeste de Sandhurst d’Alphonse XII et au pronunciamiento de Martínez Campos à Sagonte, ramenant la monarchie en décembre 1874.

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