David Hume : Perception, Idées et Causalité

Classified in Philosophie et éthique

Written at on français with a size of 9,57 KB.

Les Perceptions de l'Esprit selon Hume

Distinction entre Impressions et Idées

D'après le recueil de textes, l'auteur du Traité de la nature humaine appelle perception mentale tous les contenus de l'esprit : images sensorielles, passions, ou tout autre produit de notre pensée et réflexion.

Il y a deux sortes de contenus mentaux :

  • Les impressions : ce sont les perceptions des passions, des émotions ressenties, ou des images des objets extérieurs. L'auteur donne un sens nouveau à ce mot.
  • Les idées : ce sont les perceptions provenant de la réflexion sur les impressions ou les images sensorielles.

Les impressions sont les perceptions les plus fortes. La différence entre les impressions et les idées est la même qu'entre le sentiment et la pensée.

La Critique de l'Innéisme de Locke

L'Origine des Idées selon Hume

L'auteur affirme que Locke avait raison de prétendre qu'il n'y a pas d'idées innées, parce que toutes nos idées sont tirées de nos impressions. Nous ne pouvons concevoir rien dont nous n'avons pas eu l'impression préalable.

Il soutient donc la thèse de Locke sur l'absence d'idées innées. Toutes les idées dérivent d'impressions. Hume précise dans la première partie, première section de son Traité, que toutes les perceptions peuvent être simples et complexes. Il y a une parfaite adéquation entre les impressions et les idées simples, les premières étant la cause des dernières, mais pas toujours entre les impressions et les idées complexes.

Critique de la Terminologie de Locke

Les critiques de Locke ont désigné tous les contenus mentaux par le terme "idée". Selon eux, il serait alors faux de dire qu'il n'y a pas d'idées innées, parce que les impressions elles-mêmes surgissent immédiatement de la nature de l'esprit.

La Position de Malebranche

Malebranche reconnaîtrait que, bien que l'imagination puisse combiner, mélanger, croître et décroître, elle dépend entièrement de nos idées. Ces idées dérivent nécessairement des impressions, de la sensation ou de la réflexion.

Les Passions comme Impressions Innées

Locke serait d'accord pour dire que nos passions, et non les impressions sensorielles, sont innées, ainsi que d'autres instincts naturels provenant de notre état d'esprit particulier.

La Primauté des Impressions sur les Idées

La Clarté des Impressions

Les impressions précèdent toujours les idées, et une idée de l'imagination a une impression préalable. Cette découverte met fin aux litiges sur les idées.

La Faiblesse des Idées Abstraites

Les idées sont toujours plus faibles et plus sombres que les impressions. Les impressions sont fortes et vives, ont des limites définies et ne se confondent pas, contrairement aux idées. Beaucoup de nos idées, surtout les idées abstraites et générales, sont si sombres que nous méconnaissons leur nature et leur composition.

La Méthode de Hume pour Clarifier les Idées

Chaque fois que nous avons des problèmes avec le sens abstrait d'un terme (ou d'une idée), nous devons nous demander de quelle impression il est dérivé. Si nous ne la trouvons pas, nous devons conclure que ce terme n'a pas de sens.

Analyser les idées en fonction des impressions dont elles sont dérivées permet d'éviter de nombreuses discussions inutiles sur leur nature et leur réalité. L'auteur procède ainsi dans son Traité avec l'idée de substance et d'essence, et suggère de procéder de la même manière dans tout débat philosophique.

Le Problème des Idées

Les idées de l'esprit, issues de la mémoire et de l'imagination, proviennent de leurs impressions correspondantes. Les impressions sont claires et évidentes, mais beaucoup d'idées sont confuses et ambiguës. Quand un terme renvoie à une idée qui ne provient pas d'une impression, ce qui est commun en philosophie, il est dépourvu de signification.

Deux Types de Connaissance

Relations d'Idées et Questions de Fait

Il existe deux types de connaissance :

  1. Relations d'idées : vérités logiques et mathématiques, nécessaires, analytiques, explicatives, a priori.
  2. Questions de fait : vérités physiques, contingentes, synthétiques, ampliatrices, a posteriori.

La Connaissance des Faits et l'Expérience

Notre connaissance des faits est basée sur l'expérience. Elle est limitée aux impressions et aux idées présentes à l'esprit. Tous nos raisonnements sur les faits, par lesquels nous inférons l'existence d'un objet à partir d'un autre, sont basés sur notre foi dans les relations de cause à effet.

Nous arrivons à la conclusion de l'existence de relations de cause à effet en observant la contiguïté spatio-temporelle (contact entre la cause et l'effet), la priorité temporelle de la cause, et la conjonction constante de deux faits. L'exemple des boules de billard illustre ce raisonnement.

Les raisonnements de la vie quotidienne et les raisonnements philosophiques se basent sur les relations causales.

La Causalité n'est pas une Connaissance Intuitive

L'Effet est Distinct de la Cause

La connaissance des relations de cause à effet n'est pas une connaissance intuitive. L'esprit ne peut jamais trouver l'effet dans la cause présumée, même après l'examen le plus rigoureux, puisque l'effet est totalement différent de la cause, et ne peut donc être découvert en elle (exemple : eau, billard, feu).

L'Exemple d'Adam

Adam n'aurait pas pu inférer, par un raisonnement démonstratif, le mouvement de la deuxième boule de billard à partir de la collision de la première. Autrement, cela signifierait que le contraire est une contradiction ou une absurdité logique.

La Croyance en la Causalité Découle de l'Expérience

L'Uniformité des Phénomènes Naturels

Toutes les discussions sur les relations causales sont basées sur l'expérience, et les raisonnements tirés de l'expérience, comme la certitude des relations de causalité, sont fondés sur une certaine uniformité des phénomènes naturels.

La certitude de l'uniformité des phénomènes naturels n'est pas connue a priori, parce que le contraire (que le futur ne tienne pas compte du passé) n'implique pas de contradiction pour l'esprit.

On ne peut pas non plus établir que l'uniformité des phénomènes naturels est probablement vraie, parce qu'il faudrait soit la considérer comme vraie a priori, soit s'appuyer sur les expériences passées. Or, les arguments tirés de l'expérience sont fondés sur la conviction de l'existence d'une telle régularité.

Adam ne pouvait pas, puisqu'il ne pouvait pas avoir d'expérience, s'imposer comme vérité absolue ou probable l'existence de l'uniformité des phénomènes naturels. On peut, après de nombreuses expériences, inférer des relations de cause à effet, mais on ne peut jamais être sûr que ces relations existent, parce que cela découle de l'assurance de l'uniformité des phénomènes naturels.

L'Idée de Connexion Nécessaire

Première Version de l'Idée de Connexion

Nous n'avons pas d'idée de connexion ou de puissance entre les faits. Les mots que nous utilisons pour exprimer cette idée n'ont pas de sens, que ce soit dans les raisonnements philosophiques ou dans la vie commune.

Notre certitude sur les faits se réduit aux impressions actuelles ou aux idées actuelles des impressions passées. Nous sommes tenus d'accepter que les faits sont "conjoints", mais nous ne percevons que la contiguïté spatiale entre eux. La conscience permanente de cette proximité peut nous conduire à soutenir que les faits semblent être conjoints, mais jamais connectés, car nous n'avons pas d'impression de ce lien.

Accepter l'existence d'une connexion nécessaire transcende l'expérience, qui est la limite de nos connaissances. L'idée de connexion entre les faits ne découle d'aucune impression, ni de sensation, ni de réflexion. C'est donc une idée de l'imagination, et non de la raison. Nous sommes conduits par l'habitude et la coutume à confondre la conjonction constante entre les événements et la connexion nécessaire.

Deuxième Version de l'Idée de Connexion

Ce texte est une critique radicale du principe de causalité, thème central de la philosophie de Hume et de sa critique de la métaphysique. Le principe de causalité stipule que tout ce qui arrive le fait selon une cause. Il n'y a donc pas d'effet sans cause.

Toute causalité exige la contiguïté spatiale de la cause et de l'effet, la priorité temporelle de la cause, et la conjonction constante de la contiguïté spatio-temporelle de la cause et de l'effet. Mais cela ne suffit pas : il doit y avoir entre la cause et l'effet un lien nécessaire.

Pour Hume, l'expérience est la source de toute connaissance, mais aussi sa limite. Nous avons l'expérience de la contiguïté spatio-temporelle de la cause et de l'effet, et même de la constance de cette proximité, mais nous n'avons aucune expérience du lien nécessaire entre eux.

Par conséquent, nous ne pouvons pas conclure que nous sommes conscients de l'existence d'un lien de causalité. Son application en philosophie ou dans notre quotidien n'est donc pas logiquement fondée. La certitude que nous avons des relations de cause à effet est une certitude psychologique qui repose sur l'habitude et la coutume.

Entradas relacionadas: