Les Désamortisations en Espagne : Madoz et Mendizábal

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La Désamortisation de Madoz (1855)

La désamortisation de Madoz, promulguée en 1855, a mis en vente un grand nombre de propriétés appartenant à l'Église, ainsi que des biens communaux (ordres militaires et de l'État). Elle visait la vente de tous types de biens, mais a particulièrement affecté la propriété municipale.

Dans les Asturies, par exemple, existaient des foros, des terres louées à très long terme, parfois sur trois générations. Le propriétaire était généralement l'Église, et en échange d'un loyer, les locataires pouvaient modifier l'usage de ces terres. Des situations similaires existaient en Galice, documentées par les recensements.

La désamortisation de Madoz a entraîné la vente de biens du patrimoine et des biens communaux, notamment ceux des municipalités, dont les revenus locatifs finançaient les services municipaux. L'origine de ces biens communaux remonte aux terres octroyées par les rois aux municipalités durant la Reconquista, terres utilisées par les habitants des villages.

Les principaux ordres militaires possédaient des terres importantes en Andalousie, en Estrémadure, à Valence et en Murcie.

Modalités de paiement et conséquences

  • Le paiement s'effectuait avec un acompte de 10% à l'achat, le reste étant échelonné sur quatorze ans.
  • Le paiement devait toujours être effectué en espèces ; les titres de créance n'étaient pas acceptés.
  • Les agriculteurs n'ont pas pu acquérir ces terres désamorties, faute de moyens financiers suffisants.
  • Une grande partie des fonds générés par cette désamortisation a été utilisée par l'État pour financer la construction du chemin de fer.

La Désamortisation de Mendizábal (1836)

La désamortisation de Mendizábal a été mise en œuvre par décret de la régente Marie-Christine, au nom de sa fille Isabelle II, alors mineure et incapable de régner seule.

Cette désamortisation visait à réduire la dette accumulée lors des guerres carlistes, s'élevant à 400 millions de réaux. Mendizábal estimait que l'expropriation des biens de l'Église permettrait aux agriculteurs de cultiver ces terres et aux commerçants de vendre les produits agricoles. Les bâtiments confisqués pouvaient être utilisés comme services publics ou pour la préservation de monuments historiques, artistiques ou nationaux.

Bien que très proche de l'Église, la régente Marie-Christine a approuvé cette désamortisation. À cette époque, le clergé était son ennemi, car il soutenait les carlistes, c'est-à-dire la prétention de Carlos María Isidro (frère de Ferdinand VII) au trône, au détriment d'Isabelle II.

La vente consistait en la nationalisation et la mise en vente de biens appartenant à la nation, qu'ils soient publics ou urbains. Les couvents ont été fermés et les biens de l'Église confisqués, affectant d'abord le clergé régulier, puis le clergé séculier.

Impacts et particularités

  • Cette désamortisation a également entraîné un changement de propriétaires : la propriété privée capitaliste n'était plus soumise aux mêmes restrictions qu'auparavant, favorisant ainsi l'émergence du libéralisme économique.
  • Elle a aussi été effectuée en raison du fait que, sous le règne de Ferdinand VII, les propriétés acquises par la bourgeoisie après la désamortisation de Charles III s'étaient développées, et ces acheteurs ont servi à soutenir le libéralisme.
  • Et pendant une période de trois ans, les libéraux ont exercé une pression sur la reine Isabelle II pour qu'elle restitue les biens à leur disposition.
  • Contrairement à celle de Madoz, la désamortisation de Mendizábal acceptait les obligations d'État comme moyen de paiement pour les propriétés, avec seulement 20% à payer en espèces et le reste en versements.
  • Finalement, la dette n'a pas été entièrement résolue, mais sa situation s'est améliorée.
  • Il est à noter que la propriété privée servait à payer les impôts, et que de nouveaux propriétaires terriens n'ont pas été créés, ce qui n'a pas amélioré la productivité agricole.
  • La loi de désamortisation de Mendizábal a entraîné la confiscation des biens du culte et du clergé.

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