La Deuxième République Espagnole : De la Proclamation à la Crise (1931-1933)

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L'Avènement de la Deuxième République

I. Fin de la Monarchie et Gouvernement Provisoire

Les causes de la fin de la monarchie sont multiples : l'usure du régime dictatorial de Primo de Rivera, l'échec des tentatives de Berenguer et d'Aznar pour sauver le turnismo, les succès de la dictature, la crise de 1929 et les inégalités sociales persistantes malgré le développement industriel. Il faut ajouter l'action du Pacte de San Sebastián (août 1930), qui a réuni les forces républicaines, les régionalistes, les socialistes et certains monarchistes constitutionnels.

Les élections municipales du 12 avril 1931, dans un climat d'incertitude, se transforment en plébiscite contre la monarchie. Le 14 avril, la République est proclamée à Madrid, Barcelone et dans d'autres provinces. Le roi Alphonse XIII part en exil.

Un gouvernement provisoire, dirigé par le conservateur Niceto Alcalá-Zamora, est mis en place, avec des représentants des diverses tendances de la coalition républicaine-socialiste. Il doit faire face à une situation internationale défavorable (crise de 1929, montée des fascismes) et à une crise économique qui frappe durement l'Espagne.

Dès le début, le gouvernement se heurte à l'opposition de l'Église catholique, qui culmine avec l'expulsion du cardinal Segura et l'incendie de couvents et d'autres centres religieux par l'extrême gauche.

II. Le Biennal Réformateur (1931-1933)

a) La Constitution de 1931

Les élections aux Cortes constituantes du 28 juin 1931 donnent une large majorité à la coalition des républicains et des socialistes. Une commission dirigée par le socialiste Jiménez de Asúa rédige un projet de Constitution inspiré de la République de Weimar, mais plus avancé.

La Constitution définit l'Espagne comme « une République de travailleurs de toutes sortes ». Elle établit la séparation des pouvoirs (législatif monocaméral, exécutif et judiciaire), un large éventail de droits individuels, politiques, familiaux, économiques et culturels (suffrage universel incluant les femmes, droit à l'éducation, à la santé, au logement, etc.), et la possibilité de nationalisation et de socialisation des secteurs économiques.

Les articles les plus controversés sont ceux relatifs à l'Église (articles 26 et 27), qui entraînent la suppression des subventions de l'État et l'interdiction pour l'Église d'exercer l'industrie, le commerce et l'éducation.

La Constitution prévoit également une décentralisation, permettant la création de régions autonomes.

b) Les Réformes

1. L'Armée

La réforme de l'armée, menée par Manuel Azaña, vise à créer une armée plus moderne et efficace, à réduire les effectifs et à la soumettre au pouvoir civil. Elle suscite l'opposition d'une partie des militaires.

2. La Réforme Agraire

La réforme agraire vise à redistribuer les terres, à améliorer les conditions de vie des paysans et à réduire les tensions sociales dans les zones rurales. Elle se heurte à la résistance des grands propriétaires terriens et donne des résultats limités.

3. Les Statuts d'Autonomie

La Constitution permet la création de régions autonomes. La Catalogne est la première à obtenir son statut d'autonomie en 1932. Les projets de statuts d'autonomie du Pays basque et de la Galice sont interrompus par la victoire de la droite aux élections de 1933.

4. La Réforme Sociale

Sous la direction de Francisco Largo Caballero et de Marcelino Domingo, des mesures sont prises pour améliorer les conditions de travail (réduction du temps de travail, création de délégations à l'emploi, loi sur les jurys mixtes, plan de travaux publics, etc.).

5. La Réforme de l'Éducation

La réforme de l'éducation, menée par Marcelino Domingo et Fernando de los Ríos, vise à rendre l'enseignement primaire obligatoire, gratuit et laïque. Des milliers d'écoles sont créées et le budget de l'éducation est augmenté.

c) Autres Événements

Le gouvernement est dirigé par Manuel Azaña, un réformateur autoritaire qui s'aliène une partie de la droite et des intellectuels libéraux.

En 1932, le général Sanjurjo tente un coup d'État contre la République, qui échoue.

Les événements de Casas Viejas (janvier 1933), où des paysans anarchistes sont massacrés par la Garde civile, provoquent une crise politique et la chute du gouvernement Azaña.

La droite se réorganise et de nouveaux partis émergent, comme la CEDA (Confédération Espagnole des Droites Autonomes), le parti monarchiste Renovación Española et la Phalange Espagnole.

Les élections de novembre 1933 donnent la victoire à la droite, marquant la fin du Biennal Réformateur.

Pour en savoir plus sur les événements de Casas Viejas : http://www.iescasasviejas.net/histo2/hecho4.htm#CASAS%20VIEJAS.-

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