Développement Économique et Social au Moyen Âge : Agriculture et Villes

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Développement des cultures intensives

La pression des communautés rurales sur leurs terres ne se limite pas aux cultures céréalières. Autour des châteaux de la Lazio, la périphérie s'organise en *trois ceintures concentriques* : d'abord, à proximité du village, les *jardins* ; ensuite, une *terrasse* dédiée aux cultures spécialisées et intensives ; et enfin, une vaste *terrasse céréalière* pour les cultures pluviales. L'*horticulture* génère d'importants échanges locaux. Il en va de même pour les *cultures industrielles* comme le chanvre, le lin et surtout le pastel. La culture du *pastel* nécessite des sols riches et une main-d'œuvre abondante, mais fournit des rendements élevés.

L'expansion de la viticulture

L'expansion de la viticulture, qui avait débuté au Xe siècle dans la région méditerranéenne, s'intensifie au XIIIe siècle.

L'expansion de la viticulture témoigne de *deux développements majeurs* dans l'économie agricole :

  1. Les terres agricoles sortent de leur isolement et s'intègrent dans une économie de marché.
  2. L'intensification agricole engendre de nouvelles relations sociales et économiques.

Le cas de la viticulture est particulièrement illustratif. L'enrichissement lié au vin a permis d'acquérir une forme de liberté. Le contrat de *« complantatio »* associait un homme recevant la terre et un agriculteur qui plantait et travaillait la vigne. Après un certain temps, le vignoble était divisé en deux parts égales : l'une pour le seigneur, l'autre pour le producteur. Le vin devient ainsi une *culture de la liberté*. Cette culture contribue à absorber la croissance démographique et à favoriser la propagation du travail salarié.

Le développement urbain

La maîtrise progressive de l'expansion économique *rurale et agricole* est un élément essentiel du développement des villes. Dans la plupart des villes occidentales, on observe une continuité topographique et la permanence des fonctions artisanales et commerciales. Leur renouvellement est alimenté par la production agricole, notamment via la fiscalité. Ceux qui ont donné vie au commerce (marchands) et à l'artisanat étaient des notables locaux et leurs descendants, des responsables de l'entourage de l'évêque, de l'abbé ou du seigneur du château, ou encore des fermiers. La croissance topographique de la ville présente une *structure polynucléaire* : les noyaux primitifs, à mesure que la population et les activités augmentent, sont entourés de nouveaux quartiers *hors les murs* (les *faubourgs*). Aux XIIe et XIIIe siècles, le nouvel espace urbain est unifié par des murs d'enceinte. En Occident, le réseau urbain se développe avec une densité inégale. L'expansion fut plus précoce et plus dense en Italie et en Flandre. À l'exception de Paris, les plus grandes villes d'Occident se situaient dans ces deux zones. Les régions dépourvues de villes antiques ont connu une expansion plus tardive, basée sur d'anciens noyaux militaires ou commerciaux. Dans les régions plus ou moins romanisées, le développement fut inégal :

  • Au sud de la France, il existait de nombreux centres urbains, bien que peu peuplés.
  • Au nord de la Loire, le réseau était moins dense, mais comptait de grandes villes. Grâce à la richesse de la région, la présence de la cour royale et le prestige de l'université, un grand centre urbain s'y est développé.

La ville dans le régime seigneurial

L'essor urbain est étroitement lié à l'essor rural, car il est essentiel que les campagnes produisent des excédents commercialisables pour permettre le développement de villes, qui sont des centres de consommation. Le système féodal, lui aussi, favorise ce développement, car la ville est un centre de commerce et de production, et constitue à ce titre un pôle d'exploitation des droits féodaux. La ville médiévale est souvent issue du marché. Ces nouvelles agglomérations se développent parallèlement à la croissance économique. La ville peut se développer à proximité d'un *château* ou d'un *monastère*. Souvent, cette prolifération de villages a entraîné le déclin des villes antiques. On observe de nombreux cas de bipolarité. La seigneurie est la ville polynucléaire. Non seulement le tissu urbain ancien est revitalisé, mais le Moyen Âge fut aussi la grande époque de la *création de villes*. À partir du XIe siècle, des villes sont fondées par les seigneurs, soucieux de promouvoir un peuplement et de capitaliser sur le territoire de leur *domination*. Le phénomène est très répandu au XIIe siècle. Même lorsque des fondations *ex nihilo* existent, les villes portent la marque du système féodal. Les alleux (terres libres de droits seigneuriaux) y sont rares, et les terrains urbains sont grevés de droits et de justices seigneuriales. Dans les villes, il y a un mélange de juridictions.

Mouvement citoyen d'émancipation

Les années 1070-1120 correspondent à l'apogée de la seigneurie castrale, tant en zones rurales qu'urbaines. C'est aussi une période où apparaissent les premiers frémissements de protestation contre le pouvoir des seigneurs urbains. Les intérêts de la classe marchande sont affectés par la hausse des péages et l'augmentation du fardeau fiscal. Dans les zones urbaines, le mouvement de libération de la ville correspond à une « normalisation » des relations entre la ville et ses maîtres. Il s'est exprimé par l'obtention d'une *charte de franchise*, qui confère aux habitants un statut spécial et un certain nombre de libertés. Ce processus est similaire à celui développé dans les zones rurales. Les « libertés urbaines » n'excluent pas le système féodal dans les villes ; au contraire, elles sont un moyen de le maintenir. Les villes du nord de la France, de la Flandre et du nord de l'Italie sont les régions où l'essor urbain fut le plus précoce et le plus florissant. L'autonomie en milieu urbain est parfois obtenue au détriment d'une insurrection contre les seigneurs concernés. Plus fréquemment, un compromis est trouvé. Tout dépend de l'équilibre des pouvoirs : certains privilèges sont achetés aux seigneurs, d'autres sont arrachés.

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