La Dictature de Primo de Rivera (1923-1930) en Espagne

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1. Introduction à la dictature de Primo de Rivera

La dictature de Primo de Rivera consomma la faillite de l'État libéral. Le régime imposé après le coup d'État de 1923 représenta la fin d'un processus de crise, qui avait exprimé ses premiers symptômes lors de la Semaine tragique, avant d'entrer dans une situation angoissante après la crise de 1917. Entre 1922 et 1923, la monarchie d'Alphonse XIII n'avait que deux options pour se maintenir : une démocratisation réelle du système ou l'établissement d'un régime autoritaire.

De plus, les dictatures furent une constante dans l'Europe des années 1920, en particulier dans les pays agricoles et les plus arriérés du continent. Le cas de l'Espagne ne fit pas exception. Le 13 septembre 1923, le général Primo de Rivera, capitaine général de Catalogne, mena un coup d'État. Le gouvernement, présidé par García Prieto, démissionna le lendemain. Le roi accepta de céder le pouvoir à Primo de Rivera. Ce qui se produisit durant la période de Primo, c'est que la résolution de certains problèmes entraîna l'apparition de nouveaux, et avec eux, la fin de la dictature. Avec elle, la monarchie chuta également, ouvrant la voie à l'avènement de la Seconde République.

Le général Primo de Rivera était strictement militaire, sans culture politique, mais doté d'une grande intuition et d'un instinct politique. Primo de Rivera était un homme spontané, dénué de cruauté, offrant un sentiment populiste, quoique modéré, et un patriotisme sincère. Il se considérait comme un régénérateur, à la fois pour la régénération et le développement matériel, et pour la purification de la corruption politique. Il concevait, en principe, la dictature comme une parenthèse chirurgicale et messianique, un régime temporaire qui mettrait en œuvre les projets de régénération de Costa, Mallada, Macías Picabea. Un raccourci final pour parvenir à une forme plus libérale après la correction de ses défauts ou déviations.

2. Les causes du coup d'État de 1923

Pour bien comprendre pourquoi le coup d'État militaire qui inaugura la première dictature du XXe siècle en Espagne, il doit être précisément replacé dans toutes les circonstances politiques qui l'ont rendu possible.

D'un point de vue international, il est nécessaire de souligner le triomphe de la révolution bolchevique en Russie, qui suscita une crainte justifiée parmi les classes moyennes que la contagion révolutionnaire ne se propage dans leur propre pays. En 1921, le Parti communiste d'Espagne fut fondé, issu d'une scission du PSOE. La crise de la démocratie et la montée immédiate du fascisme italien furent également des facteurs. En Europe centrale, au Japon et dans les Balkans, des régimes autoritaires s'étaient déjà mis en place, et l'Allemagne planifiait déjà l'ombre de Hitler, qui, en octobre de la même année, fut l'acteur du « putsch » ou tentative de coup d'État manquée à Munich contre la République de Weimar, le régime démocratique établi en Allemagne après sa défaite dans la Grande Guerre. Seules la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis, pour ne citer que les plus importants, pariaient sur le maintien de la démocratie.

En Espagne, il convient de noter, premièrement, l'épuisement du système de la Restauration et la crise de la monarchie parlementaire. Deuxièmement, les troubles sociaux. Troisièmement, le rôle croissant de l'armée dans la vie politique, qui s'était déjà manifesté lors de la crise de 1917. La catastrophe d'Anoual fut la dernière humiliation militaire subie par l'armée, la plus importante depuis la catastrophe de 1898. Les près de 13 000 blessés, résultant de l'opération et de la stratégie téméraire et sauvage du général Silvestre, pesèrent lourdement sur l'opinion publique espagnole et sur l'armée, qui accusa les autorités civiles de la catastrophe subie. La corruption politique, la hausse des prix et le drain permanent du Maroc furent revendiqués par certains comme une solution radicale au problème, une politique qui plongea le couteau dans la chirurgie des maux qui affligeaient la nation. L'idée régénératrice du « chirurgien de fer », inventée par Joaquín Costa, fut diffusée par la presse de gauche comme de droite, et commença à pénétrer l'esprit des Espagnols. Enfin, la montée des nationalismes périphériques alarma les forces les plus sensibles du pays. Le nationalisme catalan et basque fut considéré avec dégoût par l'armée et par les groupes d'idéologie de droite, même si le catalan était à ce moment très modéré.

3. Le coup d'État du 13 septembre 1923

À partir du printemps 1923, l'idée d'un coup d'État militaire était palpable dans l'atmosphère des casernes, y compris parmi les milieux civils. C'est ainsi que, en principe avec l'accord du roi, le capitaine général de Catalogne, Miguel Primo de Rivera, passa à l'action. Il bénéficiait du soutien de la bourgeoisie catalane, victime du terrorisme anarchiste. La main lourde de Martínez Anido et de Primo de Rivera lui-même contre les anarchistes leur avait valu le soutien de ce secteur catalan. Le silence significatif du Roi donna au coup d'État le stimulus et le signal nécessaires à son déclenchement. Alphonse XIII, qui était en vacances à Saint-Sébastien, retourna immédiatement à Madrid et ordonna à Primo de Rivera de former un nouveau gouvernement.

3.1. Le Directoire militaire (septembre 1923 - décembre 1925)

Le Directoire militaire, comme on appelait le gouvernement formé par la commission royale immédiatement après le coup d'État du 13 septembre, fut créé exclusivement par des officiers supérieurs. Les mesures politiques furent prises immédiatement :

  • Publication d'un manifeste aux Espagnols, où, de manière non spécifique (il s'agissait d'une déclaration d'intention plutôt que d'un programme politique), étaient fixées les orientations politiques, dont les plus importantes étaient la lutte contre le caciquisme, le rétablissement de l'ordre public et la régénération.
  • Il commença à démanteler les institutions, à l'exception de la monarchie : le contrôle par l'armée de tous les rouages de la vie publique. Dès la prise de pouvoir, un état de guerre fut décrété sur tout le territoire national et les gouverneurs civils furent remplacés par des militaires.
  • Suspension de la Constitution : Dissolution du Congrès et du Sénat élus, et suspension des garanties constitutionnelles relatives à l'habeas corpus et à d'autres libertés et garanties, telles que le droit d'association et de réunion. Le droit à l'information fut également restreint par l'instauration d'une stricte censure de la presse, en vertu de laquelle toute critique de la dictature était interdite.
  • Interdiction des partis politiques. Début 1924, commença le processus d'institutionnalisation qui allait durer jusqu'à la fin de l'année suivante (décembre 1925), date à laquelle le Directoire militaire prit fin pour laisser place à la deuxième phase de la dictature : le Directoire civil.
  • La réforme de l'administration, avec la promulgation de lois concernant les municipalités en 1924, fut l'arme clé dans la lutte contre le caciquisme. La loi, qui visait à autonomiser les municipalités et, avec elle, la décentralisation de l'administration, fut inefficace car elle conférait trop de pouvoirs aux gouverneurs civils, qui étaient des militaires, sur les municipalités.
  • Lutte contre le désordre public. La lutte contre le désordre public prit effet immédiatement. L'interdiction des manifestations et la censure de la presse furent les deux instruments utilisés pour réprimer ce qui était considéré comme un crime. Après l'arrestation ou la détention de certains responsables syndicaux, les protestations disparurent. La répression s'exerça également sur le nationalisme, les intellectuels, la presse et la CNT. Afin d'aider les forces de l'ordre public, Primo de Rivera tenta d'étendre à toute l'Espagne l'institution catalane du Somatén. Cette formation, qui fut à peine opérationnelle, était en réalité un corps paramilitaire contre-révolutionnaire, dévoué au régime. Bien que ses origines remontent à plusieurs années, la nouvelle version présentait des similitudes avec les « chemises noires » italiennes, corps paramilitaire de soutien au fascisme de Mussolini.

En ce qui concerne le problème du nationalisme, la bourgeoisie catalane, et même certains secteurs catalanistes, avaient soutenu le coup d'État militaire de septembre. Cependant, une fois installé au pouvoir, Primo de Rivera se montra aussi maladroit que peu disposé à reconnaître la spécificité catalane. Il supprima la Senyera (drapeau de la Catalogne), l'hymne national catalan, Els Segadors, et ordonna des mesures sur l'utilisation de la langue catalane, qu'il tenta de reléguer à la sphère domestique. Il suspendit l'enseignement du catalan et même la dénomination espagnole des rues. La prévention anti-catalane conduisit même à la fermeture du Football Club de Barcelone et de l'Orfeó Català. Avec ces attitudes, la Lliga, qui était un fervent soutien royaliste en Catalogne, déclina, tandis que des formes plus radicales se développaient : la rébellion d'Estat Català. Le Catalan Francesc Macià fut le leader d'Estat Català et incarna le mieux cette tendance. Ces attitudes poussèrent la bourgeoisie catalane à retirer son soutien à la dictature, radicalisant certains secteurs vers des positions plus ouvertement nationalistes et républicaines.

Dans le Pays Basque, l'attitude de la dictature fut très similaire, allant jusqu'à fermer Aberri, le journal du Parti nationaliste basque. Il s'ensuit que la politique de Primo de Rivera concernant le problème nationaliste fut très difficile, et loin d'éliminer le nationalisme, elle le confronta à la monarchie, ce qui contribua grandement à sa chute en 1931.

3.2. Le Directoire civil (décembre 1925 - janvier 1930)

L'une des réalisations les plus populaires de la dictature fut la résolution du problème marocain, grâce à l'offensive conjointe hispano-française. Le débarquement réussi dans la baie d'Alhucemas (1925) entraîna la reddition d'Abd-el-Krim et l'occupation du territoire du Rif (1927). En outre, ce succès renforça l'influence des « Africanistes » au sein de l'armée. Après ce succès militaire, Primo de Rivera créa le Directoire civil, qui remplacerait le Directoire militaire. Cette décision représenta un fait nouveau : la dictature, née avec un sentiment d'hésitation, semblait se stabiliser et devenir durable. Le succès d'Alhucemas et la résolution de la question marocaine, ainsi que les succès économiques réalisés, représentèrent le bilan positif des deux années du Directoire militaire. Les éléments clés pour la mise en œuvre de la politique de la dictature, en partie transformée en régime civil, furent l'Union Patriotique et une Assemblée Nationale Consultative.

  • L'Union Patriotique : C'était davantage un mouvement qu'un parti, s'efforçant de rapprocher les gens de bonne foi, selon les mots du dictateur, autour d'un idéal démocratique et monarchique. Son origine et la diversité des forces qui la composaient firent que les uns et les autres se sentirent négligés, la dictature ne répondant pas à leurs attentes, de sorte qu'à court terme, elle rompit également avec le régime. Cependant, les représentants de l'Union Patriotique devaient siéger à l'Assemblée Nationale chargée de rédiger une nouvelle constitution, ce qui brisait un pilier du système de la Restauration.
  • L'Assemblée Consultative Nationale : Le succès de la dictature sur le plan militaire et économique conduisit à institutionnaliser l'idée de créer un nouveau système pour remplacer la Restauration. Le plébiscite de 1926 ouvrit la voie à l'Assemblée Nationale Consultative, dont la tâche la plus importante devait être l'élaboration d'une nouvelle constitution pour la dictature. Le projet de constitution fut très laborieux, dura un an et demi difficile et rencontra de sérieuses difficultés, mais fut finalement infructueux.

4. Économie, société et culture sous la dictature

Le succès économique de la dictature doit être recherché dans le boom économique mondial des années vingt, une phase typique des cycles capitalistes, ainsi que dans la paix sociale que la dictature apporta et la politique économique menée pendant et après le Directoire militaire. Cette politique fut cependant conjoncturelle, c'est-à-dire à court terme, sans procéder à la réforme des structures ni résoudre le problème du féodalisme par une réforme agraire. La pratique économique de la dictature fut fortement protectionniste, avec la promotion des travaux publics et la tendance à créer des monopoles, parmi lesquels la Compagnie Nationale de Téléphone d'Espagne et CAMPSA. La création des Confédérations Hydrographiques fut l'une des réalisations les plus importantes de la dictature dans le domaine de l'eau. Ces confédérations visaient à utiliser pleinement toutes les ressources en eau (irrigation, hydroélectricité, etc.) et à réguler les fleuves.

Le succès de cette mesure témoigne de sa survie à travers différents programmes, et elle constitue aujourd'hui la pierre angulaire du Plan Hydrologique National, déjà envisagé par les techniciens de la dictature. Les difficultés des années trente et la guerre civile rendirent plus urgentes les réalisations hydrauliques, qui furent réservées à une autre dictature, celle du général Franco.

L'expansion et l'amélioration des communications furent une autre réalisation de la dictature.

Les autorités comprirent que l'un des obstacles les plus graves au déploiement de l'économie nationale était le manque de routes et d'infrastructures en général. Les communications ferroviaires firent l'objet d'une importante Loi Ferroviaire qui prévoyait l'amélioration et l'expansion des chemins de fer. Les résultats de la gestion économique furent très positifs, ce qui contribua à la paix sociale au début des années vingt. En fait, le prolétariat industriel fut assez calme jusqu'à la fin de la décennie, collaborant même avec le régime à certains moments. Les indicateurs économiques s'améliorèrent dans tous les aspects, notamment la réduction progressive du poids de l'agriculture dans l'économie globale. Ce boom économique fut mis en valeur par deux grands événements : l'Exposition Universelle de Barcelone et l'Exposition Ibéro-américaine de Séville (toutes deux en 1929).

Le monde du travail fut organisé par la dictature en s'inspirant de l'État corporatiste fasciste italien. Elle créa l'Organisation Corporative du Travail et mit en place des comités mixtes, composés d'employeurs et de travailleurs, pour le règlement des problèmes du travail. Ces comités étaient sous la tutelle de l'État. L'Organisation Corporative du Travail bénéficia du silence complice du PSOE (Caballero) et de la collaboration de l'Union Générale des Travailleurs (UGT). Toutefois, l'Organisation subit des critiques de la droite et du patronat, qui la considéraient comme un bastion du socialisme, ainsi que des partis de gauche, anarchistes ou marxistes, qui estimaient que la structure syndicale empêchait l'émergence d'un syndicalisme de classe. L'Organisation Corporative du Travail pourrait servir de modèle pour les syndicats verticaux de la période franquiste.

L'éducation et la culture reçurent également un coup de pouce, comme en témoigne l'augmentation du nombre d'écoles sur l'ensemble du territoire espagnol. De nombreuses écoles de formation des enseignants furent également construites. Cependant, la dictature entra rapidement en conflit avec les enseignants, les étudiants et les forces progressistes en général, en raison des restrictions à la liberté académique et aux activités universitaires. Certains intellectuels bien connus, tels que Miguel de Unamuno, payèrent leur attitude critique par l'exil, dans ce cas à Fuerteventura. En 1929, lorsque la dictature commença son déclin irréversible, il y eut des affrontements entre étudiants et forces de l'ordre, ce qui força la fermeture de l'université.

5. Éphémère retour à la monarchie parlementaire (1930-1931)

La crise de 1929, qui commença avec le « crack de Wall Street », atteignit également l'Espagne. La valeur de la peseta diminua de façon alarmante et l'inflation s'envola. Le « miracle économique » du régime s'effondra de manière spectaculaire. La plupart des réalisations économiques de la dictature reposaient sur des fondations fragiles, n'ayant pas attaqué les réformes structurelles réelles dont l'économie espagnole avait besoin, comme la structure de la propriété et le régime fiscal. Les forces politiques et sociales se mobilisèrent, accélérant la décomposition de la dictature.

En février 1929, il y eut également une révolte de l'armée (artillerie). Primo de Rivera dissolut l'artillerie, une attitude qui montra, au-delà de l'erreur, le mécontentement de l'armée, un pilier fondamental du soutien de la dictature.

L'« erreur douce » de Berenguer

Le roi ne tarda pas à réaliser que la dictature était épuisée. Il ordonna la formation du gouvernement au général Dámaso Berenguer, afin de tourner la page du système et de revenir à la situation antérieure à 1923. Ce fut l'« erreur douce » ou peut-être « bourbonienne » de Berenguer : la volonté d'agir « comme si rien ne s'était passé » depuis le coup d'État de Primo de Rivera. La gestion de la « dictature molle », surnom ironique donné par la presse à cette période, fut hésitante et contradictoire dans la restauration des droits et libertés, ce qui accrut le mécontentement de tous les groupes sociaux. L'opposition s'exprima alors ouvertement et républicainement. La montée du mouvement républicain fut évidente au cours de cette année, rejoignant des personnalités politiques de droite comme Alcalá Zamora et Miguel Maura, ainsi que des groupes libéraux et nationalistes. Tous les groupes du mouvement ouvrier (PSOE, UGT, CNT) rejoignirent le mouvement républicain. Même l'armée, divisée par la question de l'artillerie, commença à se ranger du côté d'une Espagne républicaine, ce qui fut scellé par le Pacte de San Sebastián (août 1930). Suite à cet accord, un comité révolutionnaire fut établi, qui constituerait le Gouvernement Provisoire de la République après la chute de la monarchie.

En décembre, il y eut une déclaration des capitaines Jaca Hernández García et Fermín Galán, précipitant les événements. Cette tentative en faveur de la République échoua. García Galán et Hernández furent fusillés, et la plupart des membres du comité révolutionnaire furent immédiatement arrêtés et détenus, les autres se cachant. Le 15 décembre, il y eut un autre coup d'État militaire à Cuatro Vientos, qui échoua également, mais servit à faire basculer massivement l'opinion publique et les intellectuels (Ortega y Gasset, Marañón, Pérez de Ayala) en faveur de la cause républicaine. Ces derniers publièrent un manifeste de soutien à la République. Berenguer, réalisant l'ampleur du phénomène, démissionna le 14 février 1931.

L'épilogue de la monarchie : le gouvernement Aznar

Le roi commanda la formation du gouvernement à l'amiral Aznar, dont la tâche fut compliquée, peu de personnalités étant prêtes à faire partie de quelque chose qui était en liquidation. L'erreur de M. Aznar fut de convoquer des élections municipales le 12 avril 1931. Aznar voulut utiliser ces élections pour sonder l'opinion du pays et trouver une issue plus commode. Même le Roi partageait cette opinion. Les élections se déroulèrent comme d'habitude, mais le résultat donna lieu à diverses interprétations. Lors des élections municipales, le nombre de conseillers monarchistes élus fut plus élevé, mais cela s'était produit dans les zones rurales où le caciquisme avait même forcé les résultats. Dans les villes et les centres importants, la victoire républicaine semblait indiscutable. Immédiatement, le drapeau républicain flotta dans certaines villes, et la dictature et la monarchie prirent fin.

Conclusion

La dictature de Primo de Rivera ne fut pas un régime conforme à ses propres objectifs initiaux. Parmi les trois objectifs de départ du général, un seul – la solution au problème marocain – avait été atteint, même si ce fut de manière diamétralement opposée à ses intentions. Quant aux deux autres, il est possible que l'ordre fut rétabli temporairement, mais les tensions de fond qui avaient conduit aux tempêtes de 1918-1923 ne furent pas du tout diminuées. Pour sa part, le caciquisme, plutôt qu'éradiqué, fut intégré dans la structure de la dictature. Si, de plus, le général Primo de Rivera avait proposé d'entraver le mouvement appelant à la démocratie, la dictature n'a fait qu'aggraver les choses, car l'accélération du taux d'urbanisation, le plus haut degré de mobilisation politique et l'amélioration des communications et de l'éducation réduisirent la marge de manœuvre et de manipulation de l'oligarchie. En bref, l'amélioration remarquable des infrastructures espagnoles, qui fut l'évolution la plus positive, se révéla donc une arme à double tranchant. Cette dictature servira de précédent au régime de Franco à bien des égards : la tentative d'introduire dans la société les valeurs de l'armée, la formation d'un mouvement national patriotique, l'utilisation du langage de la croisade ou la diabolisation du libéralisme, de l'anarchisme, du socialisme, du communisme et du séparatisme. Dans tous ces domaines, la dictature de Primo de Rivera fut un prélude à celle de Francisco Franco. Et si elle ouvrit la voie à l'avènement de la Seconde République, elle portait aussi en elle les germes de sa destruction.

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