La Dictature de Primo de Rivera en Espagne (1923-1930)

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Le Coup d'État de Primo de Rivera (1923)

Le 13 septembre 1923, le général Primo de Rivera a dirigé un coup d'État et pris le pouvoir, soutenu par l'armée, la bourgeoisie et le consentement d'Alphonse XIII. En fait, le système de la Restauration, en vertu de la Constitution de 1876, était entré, dès 1917, dans une crise dont il ne se remettrait pas :

Contexte: La Crise de la Restauration (1917-1923)

  • En 1917, une crise a fait coïncider trois mouvements : l'armée, avec la création de juntes de défense (associations que le gouvernement refusait de reconnaître) ; les politiques, avec la convocation d'une assemblée parlementaire à Barcelone, revendiquant une nouvelle constitution ; et les syndicats, déclenchant une grève générale. La reconnaissance des juntes militaires a finalement permis au gouvernement de contrôler la situation.

  • Entre 1919 et 1923, une éruption de violence sociale, exacerbée par la réduction du niveau de vie des travailleurs et la crise économique, a eu lieu. Les nombreuses grèves furent réprimées par le Syndicat Libre, une organisation patronale qui utilisait les armes contre les dirigeants syndicaux. Cela a conduit à une escalade de la violence.

  • En 1921, eut lieu la défaite d'Annual (Maroc), causant la mort d'environ 10 000 soldats. Cet événement choqua la nation et, face aux soupçons de corruption et d'incompétence du commandement militaire, un comité fut créé pour établir les responsabilités.

Dans cette atmosphère de crise sociale, les nationalismes périphériques, le républicanisme et le mouvement ouvrier grandirent parmi le public, ce qui explique pourquoi les pouvoirs en place commencèrent à envisager la dictature militaire comme une solution à la crise du pays. Miguel Primo de Rivera, capitaine général de Catalogne, mena un coup d'État le 13 septembre 1923. Il déclara l'état de guerre, suspendit la Constitution et dissout le Parlement, sans beaucoup de résistance.

La Dictature de Primo de Rivera (1923-1930)

Les Premières Mesures du Dictateur

Une fois au pouvoir, Primo de Rivera s'autoproclama ministre unique, s'appuyant sur un directoire militaire. Les premières actions du dictateur furent l'abrogation de la Constitution, l'interdiction des partis politiques et des syndicats, la destitution des élus et l'introduction de la censure de la presse. Les nationalismes périphériques furent également mis hors la loi, interdisant ainsi le drapeau et l'hymne catalans, dont l'usage fut réservé à la sphère privée.

Politique Répressive et Guerre du Maroc

La dictature mena une politique répressive pour rétablir l'ordre, ciblant notamment le syndicat anarchiste CNT, la presse et les intellectuels. Il s'attela également à résoudre le problème du Maroc, obtenant l'alliance de la France : en 1925, eut lieu le débarquement hispano-français à Al Hoceima, et en 1927, la guerre du Maroc prit fin, consolidant le contrôle espagnol sur le territoire attribué lors de la Conférence d'Algésiras (1906). Fort de sa popularité, Primo de Rivera lança une politique d'institutionnalisation de la dictature, dont la première étape fut la fondation de l'Union Patriotique, un parti dont l'unique but était de soutenir le dictateur.

L'Institutionnalisation de la Dictature

Fin 1925, Primo de Rivera nomma un nouveau directoire incluant des civils, marquant le début du Directoire Civil. Le nouveau gouvernement poursuivit la politique visant à doter la dictature d'institutions durables, s'inspirant du modèle fasciste italien. En 1927, une élection au suffrage restreint fut organisée pour élire une Assemblée Nationale Consultative chargée de rédiger une nouvelle constitution, mais elle échoua dans l'indifférence générale.

Politique Économique et Sociale

Une Période de Croissance Économique

Les années de la dictature furent, dans l'ensemble, marquées par la croissance économique, coïncidant avec la prospérité générale des années 1920. En général, la politique économique de la dictature fut nationaliste et axée sur le renforcement des travaux publics.

Le Nationalisme Économique

  • Le nationalisme se caractérisa par une politique protectionniste traditionnelle, avec des tarifs douaniers sur les importations. À cette pratique s'ajouta la création de monopoles d'État, tels que CAMPSA (qui détenait l'exclusivité de l'importation, du raffinage et de la distribution du pétrole), Telefónica et Tabacalera.

Les Grands Travaux Publics

  • La politique de travaux publics de la dictature se manifesta par la construction de routes, l'expansion du système ferroviaire et un plan hydraulique visant à accroître l'irrigation et l'électrification. Tous ces travaux visaient à améliorer l'infrastructure du pays, tout en créant de nombreux emplois. Cependant, ils furent aussi responsables de l'endettement du Trésor public.

La Politique Sociale

Sur le plan social, la dictature a créé des commissions mixtes, des groupes d'arbitrage composés d'entrepreneurs, de travailleurs et de représentants des ministères pour régler les différends du travail.

Pour faire fonctionner le système, le dictateur s'assura la participation de l'UGT et des syndicats libres (parrainés par la droite et l'Église), mais la CNT fut marginalisée et persécutée.

L'Opposition et la Chute de la Dictature

La dictature avait peu d'opposition dans un premier temps. Malgré cela, il censura la presse, interdit les partis politiques et les syndicats, et de nombreux politiciens et intellectuels furent l'objet de répressions, comme Miguel de Unamuno qui fut exilé. Cela finit par grossir les rangs de l'opposition, allant des universitaires à certains politiciens monarchistes. En 1928, le dictateur, gravement malade, vit se multiplier les complots, les manifestations républicaines et les troubles sociaux. En 1929, la crise économique et la fin de la prospérité aggravèrent la crise de la dictature. En janvier 1930, le dictateur démissionna et s'exila à Paris, où il mourut peu après.

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