Le Directoire Civil de Primo de Rivera (1925-1930)

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I.3. Le Directoire Civil (3 décembre 1925 - 28 janvier 1930)

Afin de résoudre la guerre au Maroc et d'établir une politique publique axée sur la discipline militaire, Primo de Rivera a procédé au remplacement du Directoire militaire par un nouveau composé de civils. Pour certains, cette démarche représentait une tentative d'institutionnaliser la dictature.

Le Directoire Civil fut établi en novembre 1925. Il s'agissait d'un conseil dirigé par Primo de Rivera et composé majoritairement de civils issus de l'Union Patriotique (tels que José Calvo Sotelo, Eduardo Aunós ou le comte de Guadalhorce), ainsi que de militaires (comme Martínez Anido). L'objectif principal était de consolider politiquement le régime dictatorial. À cette fin, la dictature a axé sa propagande sur ses réalisations économiques et sur la résolution du problème du Maroc, considérés comme les aspects les plus positifs de sa gestion.

3.1. La politique économique : l'interventionnisme d'État

L'intervention de l'État fut au centre de la politique économique. L'objectif principal était de promouvoir la production industrielle et la modernisation des infrastructures, profitant d'une situation internationale d'essor économique, connue sous le nom des « Années folles ».

Grands travaux publics et modernisation

De grands travaux publics furent réalisés, notamment le Plan National Spécial des Chaussées, qui a permis de renouveler le réseau routier espagnol, la modernisation des chemins de fer, la généralisation des aqueducs et l'amélioration du secteur de l'irrigation (naissance des Confédérations Hydrographiques de Bassin).

Politique de monopole

Une politique de monopole fut mise en place avec la création de la société CAMPSA (Compagnie Arrendataria del Monopolio de Petróleos S.A.) en 1927, chargée du raffinage et de la distribution des importations de pétrole dans le pays. Le monopole téléphonique fut quant à lui accordé à une entreprise des États-Unis, l'ITT.

3.2. La politique sociale et du travail

Primo de Rivera, avec le ministre du Travail Eduardo Aunós, a mis en place une politique de l'emploi qui organisait les travailleurs dans un système de production contrôlé par l'État et clairement paternaliste. En 1924, il créa le Conseil National du Travail, du Commerce et de l'Industrie, et peu après, l'Institut des Réformes Sociales fut intégré au Ministère du Travail.

En 1926, la promulgation du Code du Travail apporta des améliorations sociales claires : assurance maternité, subventions aux familles nombreuses, augmentation des prestations de sécurité sociale, création d'écoles sociales, construction de logements publics, etc.

L'Organisation Nationale des Corporations (ONC)

La création de l'Organisation Nationale des Corporations (ONC), inspirée du modèle fasciste italien, intégrait les sociétés de travailleurs et d'employeurs dans des comités paritaires. Ces comités étaient regroupés par métiers et professions aux niveaux local, provincial et national. Leur but était de réglementer les conditions de travail, de contrôler le mouvement syndical et d'éviter les troubles sociaux.

Ce système fut largement critiqué, accusé d'être une obligation pour les syndicats et les employeurs qui souhaitaient rester autonomes, et il fut dominé par les socialistes.

3.3. La dictature et ses relations avec le mouvement syndical

Depuis 1923, le nombre de grèves a diminué pour atteindre des niveaux minimums. Primo de Rivera estimait que le PSOE était le seul parti honnête de l'étape précédente. Cependant, il faut distinguer entre les diverses tendances au sein du PSOE :

  • Anticolaborationnistes : En faveur d'un socialisme humaniste et libéral.
  • Collaborateurs : Ceux qui voyaient la dictature comme un système temporaire qui semblait offrir plus d'avantages pour le monde du travail.

Ni le PSOE ni l'UGT n'ont vu leurs membres augmenter significativement. Cependant, le syndicaliste Francisco Largo Caballero accepta d'entrer au Conseil d'État en tant que représentant des travailleurs, refusant de participer à d'autres organisations comme le Conseil Économique National. La situation changea après 1927, lorsque les socialistes refusèrent d'envoyer des représentants à l'Assemblée Consultative Nationale, la ligne collaborationniste n'ayant pas triomphé lors du Congrès du Parti en 1928.

Quant à la CNT, le régime dictatorial la réduisit à la semi-clandestinité, limitant sa capacité à mener des attaques isolées. Leurs locaux furent fermés et leur journal, Solidaridad Obrera, fut suspendu. Leur radicalisme fut renforcé par les poursuites sélectives, menant à la fondation de la FAI (Fédération Anarchiste Ibérique) en 1927, qui servit de stratège de l'insurrection dans le monde syndical.

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