Droit Constitutionnel : Fondements et Pouvoir Constituant
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Introduction au Droit Constitutionnel
Définition du Droit Constitutionnel
Le droit constitutionnel est un ensemble systématique de règles coercitives qui structurent l'État, établit les droits et les garanties de sa population et limite les pouvoirs des dirigeants.
Le Constitutionnalisme
Le constitutionnalisme retrace la trajectoire des lois constitutionnelles de l'Antiquité à nos jours. C'est dans l'Antiquité que Platon et Aristote ont développé la théorie de la limitation des pouvoirs du gouvernement par une loi suprême.
À l'époque moderne, avec l'avènement des Lumières (XVIIe et XVIIIe siècles), le constitutionnalisme se fonde sur un mouvement idéologique et politique visant à détruire l'absolutisme monarchique et à établir des règles juridiques rationnelles, qui lient gouvernants et gouvernés.
C'est au XVIIIe siècle que Montesquieu a consacré la théorie de la division tripartite des pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire), ainsi que la théorie des freins et contrepoids (checks and balances).
Ces théories ont été incorporées dans des textes fondateurs comme la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen et la Constitution de Philadelphie, se diffusant ensuite dans le monde démocratique.
Théorie de la Suprématie de la Constitution
(Fondée sur le principe de l'unité de la Constitution).
Le droit constitutionnel est supérieur aux lois ordinaires. Celles-ci (qu'elles soient extraconstitutionnelles, infra-constitutionnelles ou para-constitutionnelles) tirent leur validité de la Constitution.
Hans Kelsen, dans sa Théorie pure du droit, a hiérarchisé les règles juridiques sous la forme d'une pyramide, plaçant la Constitution à son sommet, suivie des lois fondamentales, puis des autres normes de hiérarchie inférieure par rapport aux lois constitutionnelles.
Ainsi, la Constitution est la norme supérieure à toutes les autres normes, et par conséquent, les règles qui la contredisent doivent être jugées inconstitutionnelles.
La supériorité de la Constitution d'un pays provient du fait qu'elle est l'œuvre du pouvoir constituant originaire, tandis que les lois ordinaires sont l'œuvre d'un pouvoir constitué.
Le Pouvoir Constituant
Le pouvoir constituant est le pouvoir d'élaborer ou de réviser une Constitution. Il appartient au peuple. Il se distingue des pouvoirs constitués (ou établis), qui sont créés par la Constitution elle-même, tels que le pouvoir législatif (fédéral, étatique ou municipal), le pouvoir exécutif (fédéral, étatique ou municipal) et le pouvoir judiciaire.
Le pouvoir constituant se divise en :
- Pouvoir constituant originaire
- Pouvoir constituant dérivé (ou de révision, également appelé réformateur ou institué)
A. Pouvoir Constituant Originaire
Le pouvoir constituant originaire est celui qui crée l'État et définit sa forme d'État, sa forme de gouvernement et son système de gouvernement, en élaborant sa Constitution, rompant ainsi avec l'ordre juridique précédent et soumettant le nouvel ordre juridique à ses dispositions.
L'abbé Sieyès, figure du XVIIIe siècle français, a affirmé (notamment dans son œuvre Qu'est-ce que le Tiers État ?) que le pouvoir souverain de créer une Constitution appartient au peuple.
Depuis lors, le peuple est considéré comme le titulaire du pouvoir constituant originaire et, dans un État démocratique, il est également titulaire de son exercice. Cet exercice est un droit inaliénable et imprescriptible.
Lorsque la Constitution est rédigée par des représentants du peuple (appelés constituants), réunis à cet effet en une Assemblée nationale constituante, on dit que la Constitution est promulguée. Dans le cas contraire (par exemple, si elle est octroyée par un monarque sans participation populaire), elle est dite octroyée.
Selon la doctrine majoritaire et la jurisprudence (par exemple, celle du STF - Supremo Tribunal Federal brésilien, si applicable au contexte original du texte), les caractéristiques du pouvoir constituant originaire sont d'être :
- Initial
- Souverain (ou autonome)
- Inconditionné
- Illimité
Il existe cependant une doctrine minoritaire (parfois nationale, selon le contexte d'origine du texte), inspirée notamment par l'Allemand Otto Bachof, qui, se fondant sur le droit naturel et les droits de l'homme reconnus comme ayant une valeur supra-positive ou supranationale, soutient que ces principes s'imposent au droit national (la loi d'un pays donné), y compris à l'exercice du pouvoir constituant originaire, le limitant ainsi.
B. Pouvoir Constituant Dérivé Réformateur
Le pouvoir constituant dérivé réformateur est le mécanisme qui permet d'actualiser la Constitution, en la modifiant lorsque cela s'avère nécessaire et opportun.
Il s'agit d'un pouvoir établi par le pouvoir constituant originaire ; c'est pourquoi il est aussi qualifié de pouvoir institué, constitué ou de second degré.
Le titulaire du pouvoir constituant dérivé est également le peuple, qui l'exerce, dans un État démocratique, par l'intermédiaire de ses représentants (par exemple, députés et sénateurs réunis en Congrès ou Parlement).
Le pouvoir constituant dérivé réformateur a pour caractéristiques d'être :
- Conditionné
- Secondaire
- Limité. Ces limitations peuvent être (exemples tirés de la Constitution brésilienne de 1988) :
- Formelles ou procédurales (par exemple, Art. 60, I, II, III et § 2, 3 et 5 de la CF/88)
- Circonstancielles (par exemple, Art. 60, § 1 de la CF/88)
- Matérielles ou substantielles (appelées clauses d'intangibilité ou "clauses pétries", qui peuvent être explicites, comme l'Art. 60, § 4 de la CF/88, ou implicites, découlant par exemple des principes fondamentaux comme ceux des articles 1er, 3 et 4 de la CF/88).
Concernant les limitations temporelles, il existe un débat doctrinal quant à leur existence dans certaines constitutions (par exemple, la Constitution brésilienne actuelle), bien que la doctrine majoritaire dans ce contexte tende à ne pas les reconnaître.
Il convient de noter que de telles limitations temporelles ont existé explicitement dans l'histoire constitutionnelle de certains pays (par exemple, dans l'histoire du constitutionnalisme brésilien, la Constitution de 1824 interdisait toute réforme durant les quatre premières années suivant sa publication).
C. Pouvoir Constituant Dérivé des États
Le pouvoir constituant dérivé des États (parfois appelé pouvoir constituant décorrent dans certaines traditions juridiques, notamment brésilienne, en référence au pouvoir qui découle de la constitution fédérale pour les États fédérés) est le mécanisme qui permet l'élaboration des Constitutions des États fédérés, dans le cadre et les limites fixés par la Constitution fédérale.
Il s'agit également d'un pouvoir institué par le pouvoir constituant originaire, conformément (par exemple, dans le cas brésilien) à l'article 25, caput, de la Constitution Fédérale et à l'article 11 de l'ADCT (Acte des Dispositions Constitutionnelles Transitoires).
Le titulaire de ce pouvoir constituant dérivé est le peuple de l'État fédéré concerné, s'exprimant dans un cadre démocratique, par l'intermédiaire de ses représentants (les députés de l'État) réunis en Assemblée Législative de l'État (ou Assemblée Constituante de l'État).