Droit de la Famille : Parenté, Aliments et Obligations

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Le Concept Juridique de la Famille

La famille est un concept juridique et social unique, comprise comme une entité collective composée de plusieurs membres unis par des liens naturels d'affection et de discipline, et intégrée sous l'unité d'un chef qui l'unifie et la représente. Le domicile familial en est le lieu physique.

Types de Familles

Selon les sociologues, il existe différents types de familles :

  • La famille nucléaire : composée des parents et des enfants.
  • La famille étendue : déterminée par des personnes issues d'une souche commune, plus ou moins étendue, et qui maintiennent des contacts fréquents.
  • La famille polynucléaire : formée par divers membres de familles nucléaires de différentes générations.
  • La famille élargie nucléaire : d'origine nucléaire, complétée par d'autres parents.
  • La famille incomplète (ou monoparentale) : composée d'un seul parent avec ses enfants.
  • La famille polygame : un mari avec plusieurs femmes et leurs enfants (type non reconnu en droit français et en Europe occidentale).

Le Droit de la Famille

Le groupe familial est une source de relations juridiques, regroupées de deux manières :

  • Ordre interne : ensemble de droits et fonctions relevant de l'affection mutuelle entre les membres du groupe familial.
  • Ordre extérieur : relations externes affectant le foyer (domicile librement choisi, voisinage, nationalité, nom, prénom...).

Le Droit de la famille est l'ensemble des règles qui organisent les rapports des membres de la famille entre eux, mais aussi leurs rapports avec les tiers. La loi n'interdit pas les liens affectifs, mais pour leur influence dans la société, le législateur les configure en structurant des règles et en donnant des lignes directrices régissant le comportement humain et social.

Dans le domaine du Droit de la famille, l'autonomie de la volonté est limitée par des règles impératives et non dérogeables, notamment celles concernant le statut des personnes et les relations familiales.

L'éthique transcende les règles de ce droit, ancrée dans les principes qui régissent la société. Ses règles ont une forte imprégnation morale ; le comportement social actuel s'adapte aux différents modèles législatifs.

Il revêt un caractère d'ordre public. Ses dispositions sont souvent impératives (« jus cogens »). Elles ne laissent pas la même place à la volonté individuelle que dans les relations de droit privé classique ; les particuliers ne peuvent y déroger ou imposer des conditions modifiant ces relations fondamentales.

La Parenté : Liens et Calcul

La parenté désigne le lien unissant plusieurs personnes issues d'une souche commune ou liées par alliance.

Types de Parenté

Parmi les types de parenté, on distingue :

  • La parenté naturelle ou par le sang (consanguinité) : lien entre personnes qui descendent les unes des autres ou d'un auteur commun.
  • La parenté civile ou adoptive : issue de l'adoption, créant des liens juridiques similaires à la parenté par le sang entre l'adoptant, l'adopté et leurs familles respectives.
  • La parenté par alliance (affinité) : fondée sur le mariage, elle existe entre un époux et les parents (consanguins) de l'autre époux.

Le lien de parenté par le sang peut être :

  • Double : par le père et la mère conjointement.
  • Simple : par un seul des deux parents.

Note : La parenté religieuse ou spirituelle (créée par les sacrements comme le baptême ou la confirmation) n'a pas d'effets juridiques en droit civil français.

Calcul de la Parenté : Lignes et Degrés

Le calcul de la parenté s'effectue par lignes et par degrés :

  • La ligne représente la suite des degrés qui séparent deux personnes issues d'un auteur commun. Elle peut être :
    • Directe : entre personnes qui descendent les unes des autres (ex: parent-enfant, grand-parent-petit-enfant). On compte autant de degrés qu'il y a de générations entre elles (ex: parent et enfant sont au 1er degré).
    • Collatérale : entre personnes qui, sans descendre les unes des autres, proviennent d'un auteur commun (ex: frères/sœurs, cousins). Pour calculer le degré, on remonte de l'une des personnes à l'auteur commun, puis on redescend jusqu'à l'autre personne (ex: deux frères sont parents au 2ème degré).
  • Le degré correspond à l'intervalle séparant deux générations.

L'Obligation Alimentaire en Droit Français

Définition et Contenu des Aliments

Selon le Code Civil (cf. art. 205 et suivants), les aliments comprennent tout ce qui est nécessaire à la vie : subsistance, logement, habillement et soins médicaux.

Les aliments incluent également l'éducation et la formation du créancier d'aliments lorsqu'il est mineur, et même majeur si sa formation n'est pas achevée par une cause qui ne lui est pas imputable.

Le montant est proportionné aux ressources de celui qui les doit (le débiteur) et aux besoins de celui qui les reçoit (le créancier), en tenant compte de la situation respective des parties.

Classes d'Aliments

On distingue généralement :

  • Aliments au sens large (entre conjoints, ascendants et descendants) : couvrent l'ensemble des besoins vitaux et d'entretien du créancier, en fonction des ressources du débiteur.
  • Aliments restreints (entre frères et sœurs) : visent à couvrir les besoins essentiels (subsistance) et sont plus limités, tenant compte du degré de parenté plus éloigné et du fait qu'ils ne sont dus que dans l'état de besoin.

Personnes Tenues à l'Obligation Alimentaire

Le principe de réciprocité s'applique : les personnes qui peuvent réclamer des aliments peuvent aussi être tenues d'en fournir si la situation s'inverse.

Sont tenus mutuellement de fournir des aliments (selon les cas et l'ordre de priorité légal) :

  1. Les conjoints : au titre du devoir de secours et d'assistance mutuelle pendant le mariage (art. 212 CC) et éventuellement après (prestation compensatoire, devoir de secours pendant la procédure).
  2. Les ascendants et descendants : L'obligation pèse des parents envers leurs enfants (mineurs ou majeurs dans le besoin - art. 203 CC) et réciproquement des enfants envers leurs parents dans le besoin (art. 205 CC). Les gendres et belles-filles sont aussi tenus envers leurs beaux-parents, et réciproquement (art. 206 CC), sauf exceptions.
  3. Les frères et sœurs : Uniquement dans le besoin et pour les aliments restreints (art. 205 CC a contrario, jurisprudence).

L'ordre de priorité pour demander des aliments est défini par la loi (cf. art. 206-207 CC). Par exemple, on doit d'abord demander à son conjoint, puis à ses enfants, puis à ses parents.

Les frais funéraires, conformément aux usages, doivent être pris en charge par ceux qui étaient tenus d'une obligation alimentaire envers le défunt au jour du décès, proportionnellement à leurs ressources.

Exécution de l'Obligation Alimentaire

Le besoin du créancier est le fondement de l'obligation. La pension alimentaire peut être réduite ou augmentée par le juge en fonction de l'évolution des besoins du créancier et des ressources du débiteur.

Le débiteur a en principe le choix (sauf décision judiciaire contraire ou impossibilité pratique) :

  • Soit verser une pension alimentaire fixée périodiquement.
  • Soit recevoir et héberger chez lui le créancier d'aliments.

Cette option d'hébergement n'est généralement pas possible si elle est contraire à la situation de vie du créancier (ex: mésentente grave, séparation des époux) ou à une décision de justice.

En cas de pluralité de créanciers : Si le débiteur peut satisfaire toutes les demandes, il doit le faire. S'il n'a pas les ressources suffisantes, le juge répartit la charge en fonction de l'ordre de priorité légal et des situations respectives.

En cas de pluralité de débiteurs (ex: plusieurs enfants pour un parent dans le besoin), la dette se divise entre eux en proportion de leurs ressources respectives (art. 208 CC).

Extinction de l'Obligation Alimentaire

L'obligation alimentaire s'éteint principalement par :

  • Le décès du créancier ou du débiteur.
  • La disparition de l'état de besoin chez le créancier (retour à meilleure fortune, capacité à subvenir seul à ses besoins).
  • La diminution significative des ressources du débiteur le mettant dans l'impossibilité de payer (sauf s'il peut proposer l'hébergement).
  • Une faute grave du créancier envers le débiteur peut entraîner une décharge de l'obligation (art. 207 al. 2 CC).

Le Contrat d'Entretien Conventionnel

Il s'agit d'un contrat (souvent appelé contrat de rente viagère avec obligation d'entretien, ou contrat spécifique d'entretien) par lequel une partie (le cessionnaire ou débirentier) s'engage à fournir logement, entretien et assistance de toute sorte à une autre personne (le cédant ou crédirentier) durant toute sa vie, en échange du transfert d'un capital (biens mobiliers ou immobiliers).

Ce contrat aléatoire peut servir à la protection patrimoniale, notamment des personnes âgées ou vulnérables. Le bénéficiaire des prestations (crédirentier) est souvent le cédant lui-même.

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