Droit Pénal et Droit Administratif : Relations et Sanctions

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Droit Pénal et Droit Administratif : Un Lien Fonctionnel

Le Code pénal utilise des concepts issus du droit administratif, soulignant un lien fonctionnel clair entre ces deux secteurs du droit public. Ces concepts sont d'intérêt pour l'Administration publique et l'exercice des fonctions publiques. Le droit administratif, tout comme le droit pénal, vise à protéger des intérêts. En fait, la raison d'être de ces règles est de maintenir la paix sociale et le statu quo. Il convient d'examiner s'il existe ou non un pouvoir de sanction partagé entre le droit administratif et le droit pénal.

1. Différences Qualitatives entre Sanction et Droit Pénal

De nombreux auteurs considèrent que les différences entre le pouvoir de sanction administrative et le droit pénal sont de nature qualitative, notamment en ce qui concerne l'objet protégé. Certains évoquent le règlement de police administrative pour protéger l'ordre social. En revanche, le droit pénal protège principalement les droits et intérêts légaux des individus, bien qu'il existe des exceptions pour la protection des biens publics (ex. : le trafic). Le type de sanction vise également des objectifs totalement différents : un but punitif et de prévention (générale et spéciale).

2. Différences Quantitatives et Principes Communs

D'autres auteurs estiment que la seule différence entre le droit pénal et le droit administratif est de nature quantitative. Les deux sont régis par les mêmes principes, tels que la légalité et la culpabilité. De plus, l'élément matériel de l'acte illégal (la description typique du comportement) est souvent le même. De nombreuses infractions ne diffèrent que par la sévérité de la sanction. C'est le cas, par exemple, de la législation fiscale, où l'acte devient criminel lorsque le montant fraudé dépasse un certain seuil légal. Selon le Code pénal espagnol, la seule différence entre l'infraction pénale et l'infraction administrative est quantitative, une simple question de chiffres. Par conséquent, les distinctions principales entre le droit pénal et le droit administratif sont souvent des différences de forme.

Différences de Forme

  • 1. Le point de départ : En droit pénal, nous parlons de crime (ou délit/contravention), tandis qu'en droit administratif, nous nous référons à l'infraction administrative ou à l'administration illégale de punition.
  • 2. La nature des sanctions : Le droit pénal considère les sanctions et les mesures de sûreté, tandis que le droit administratif parle de sanction administrative. Une référence essentielle concernant les sanctions est que la peine privative de liberté ne s'applique qu'en droit pénal. En droit administratif, la peine ne peut jamais être privative de liberté (sauf exceptions dans le domaine militaire). L'administration peut limiter les droits, mais jamais la liberté. Il est à noter que la sanction administrative pécuniaire (amende) est souvent beaucoup plus élevée que l'amende infligée par les sanctions pénales.
  • 3. L'organisme responsable de l'imposition : Dans le domaine pénal, seul le système de justice pénale (tribunaux de juridiction criminelle) peut imposer des sanctions, après un processus régi par la loi de procédure pénale. Dans le cas de l'administration, la sanction administrative peut être imposée par l'organe d'administration (le maire d'une ville, une autorité régionale, etc.).
  • 4. Les lois régissant la matière : Le droit pénal est régi par le Code pénal et le droit pénal spécial. Les lois pénales spéciales sont des lois distinctes du Code criminel, mais qui possèdent les mêmes caractéristiques et sont régies par les mêmes principes (ex. : droit de la contrebande). Dans le domaine administratif, les lois sont très différentes selon le sujet. Elles sont dispersées dans le système juridique et ne sont pas unifiées dans un seul texte.

Exécution des Sanctions et Principe Non Bis In Idem

5. L'exécution des peines

En matière pénale, une loi générale établit le système pénitentiaire (par exemple, les degrés d'application de la peine de prison) :

  1. Application du premier degré : pour les crimes les plus graves (prisons de haute sécurité), avec des heures limitées et sans autorisations de sortie le week-end.
  2. Application du deuxième degré : pour la majorité des prisonniers, avec une discipline moins sévère (plus grand nombre de prisons), permettant l'accès aux services et aux sorties le week-end.
  3. Application du troisième degré : permet la possibilité de sorties le week-end.

En matière administrative, l'application des sanctions est dispersée et non unifiée dans un seul texte, comme indiqué dans les lois régissant le droit administratif.

Le principe Non Bis In Idem et ses exceptions

Dérivé du principe de légalité, nous trouvons le principe non bis in idem. Un même fait ne peut pas faire l'objet de deux sanctions différentes. Si une sanction pénale est imposée, elle crée un casier judiciaire ; si une sanction administrative est imposée, elle est enregistrée dans le contexte administratif. S'il y a deux procédures ouvertes, l'instance administrative est suspendue et la préférence est accordée à la procédure pénale. Pour que le non bis in idem s'applique, il doit y avoir identité des faits et des sujets.

Cependant, la double peine est permise dans deux cas :

  1. Lorsque la personne commet les actes dans l'exercice de sa fonction en tant que fonctionnaire public.
  2. Lorsque le régime de détention impose une sanction administrative interne (par les autorités de la prison) à l'individu qui purge sa peine pour les mêmes faits.

Dans les deux cas, la raison de la sanction est que l'Administration dispose d'un pouvoir disciplinaire sur le sujet. Dans le premier cas, l'agent doit garantir le bon fonctionnement de l'organisme public. Dans le second cas, le détenu est soumis à l'Administration pénitentiaire pendant l'exécution de sa peine.

Le droit administratif est considéré comme inférieur en termes de sévérité, soit parce que le bien juridique lésé n'est pas aussi important qu'en droit pénal, soit parce que l'infraction est imposée à des personnes travaillant pour le gouvernement ou en dépendant. À titre d'exemple, un délinquant qui a un permis de sortie le week-end et ne revient pas subit une double peine : pénale et administrative. Dans le cas d'un agent public, il pourrait subir une sanction pénale et une autre sanction administrative, car l'Administration vise le bon fonctionnement du service public. Une double peine (pénale et administrative) n'est appliquée que lorsqu'une seule sanction ne peut pas couvrir légalement l'ensemble du dommage causé.

Conclusion et Classification du Droit Pénal

En conclusion, le droit pénal et le droit administratif entretiennent une relation très étroite, qualifiée de fonctionnelle. Le droit pénal emprunte des termes au droit administratif. Par exemple, le concept d'« agent public » ou toute référence gouvernementale qui apparaît dans le Code pénal rappelle les règles administratives.

Nous pouvons établir une classification préliminaire du droit pénal :

  • Droit pénal substantiel (ou de fond) : Il s'agit du Code criminel ou du droit pénal de fond, qui regroupe les règles promulguées par l'État instituant les crimes et les peines.
  • Droit pénal adjectif (ou de procédure pénale) : Il s'agit de l'ensemble des règles qui définissent la manière d'appliquer ces peines et mesures de sûreté.

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