Droit Romain et Institutions Politiques de la République

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Le Droit Romain

1. Concept et importance

L'étude du droit public concerne l'organisation de la communauté et de l'État de Rome, et envisage également les organes constitutionnels et les sources du droit.

Le droit privé, cependant, traite des institutions qui régissent les relations entre les individus.

2. Étapes historiques du Droit Romain

Le droit romain, tout comme Rome, a subi une évolution au cours de son histoire. Les spécialistes s'accordent à diviser l'étude du droit romain en cinq étapes :

  1. Étape 1 : Primitive ou Archaïque (753 av. J.-C. à 450 av. J.-C.). Elle coïncide politiquement avec la Monarchie. Cette étape est appelée ius quiritium (droit quiritaire). Les Romains sont considérés comme les premiers fondateurs de Rome. Le Ius Quiritium est principalement basé sur les mores maiorum (les coutumes des ancêtres) et avait un caractère religieux formulé.
  2. Étape 2 : Période Préclassique ou Républicaine (450 av. J.-C. à 27 av. J.-C.). Elle coïncide politiquement avec la République. À ce stade commence la distinction entre ius civile et ius gentium. Le Ius Civile concerne les droits des citoyens, et le ius gentium régit les relations entre les citoyens romains et les étrangers. C'est à ce stade qu'apparaît la Loi des Douze Tables, première compilation légale importante des règles de Rome.
  3. Étape 3 : Classique (27 av. J.-C. à 250 apr. J.-C.). Cette période coïncide politiquement avec la Principauté, marquée par l'expansion de l'Empire romain. C'est l'apogée de la jurisprudence et de l'activité du préteur. Le préteur était un magistrat chargé de l'application du Ius Civile, jouant un rôle de premier plan, rendant le droit plus dynamique. Début de la systématisation du droit, qui acquiert la catégorie de science émergente, et apparition des facultés de droit.
  4. Étape 4 : Post-classique (250 à 476). Elle correspond au Dominat (règle absolue). Du point de vue du droit, cette étape est caractérisée par la désintégration du droit, car les juristes deviennent de simples copistes des juristes de l'époque classique. La principale source du droit est alors l'Empereur.
  5. Étape 5 : Byzantin ou Justinien (476 à 564). À ce stade, l'Empereur Justinien réalise la compilation de toute la jurisprudence classique et de toutes les constitutions impériales. Cette compilation est appelée le Corpus Iuris Civilis (Corpus de Droit Civil). Il se compose de quatre parties : le Code, le Digeste, les Institutions et les Novelles (romans). La partie la plus importante est le Digeste, qui permet de connaître les règles de l'époque classique.

3. Sources de connaissance du Droit Romain

Le mot « sources » désigne l'endroit d'où quelque chose émane. D'un point de vue juridique, il est utilisé pour désigner les formes de production du droit. Le juriste de l'époque classique, Gaius, dans son œuvre Institutions, énumère les sources du droit romain :

  1. Les lois ;
  2. Les plébiscites (ils étaient donnés par les empereurs) ;
  3. Les sénatus-consultes (qui étaient donnés par le Sénat) ;
  4. Les constitutions impériales (de l'Empereur) ;
  5. Les édits (qui étaient donnés par les magistrats) ;
  6. La jurisprudence (qui étaient les réponses des juristes).

Ces sources du droit ont une importance différente selon l'époque. À l'époque archaïque, la plus importante est la Loi des Douze Tables. Dans l'Antiquité, la principale source de droit est la loi, et à l'ère post-classique, ce sont les constitutions impériales.

Concepts Généraux de Droit

1. Concepts généraux : l'Ius

Le premier concept est l'ius. Dans le Digeste, un juriste nommé Celse définit l'Ius comme ars boni et aequi (le droit est l'art du bien et du juste). Notre mot « droit » n'est pas dérivé de Ius, mais de directum, qui est lui-même une dérivation de de rectum et vient de la déesse de la justice qui tenait une balance. Le moment où la balance était en équilibre était utilisé pour se référer à ce qui était juste.

2. Fas et Ius

Dans la première période, le religieux et le profane sont inextricablement liés. Le mot Ius servait à désigner ce qui était légitime pour tout type d'action communautaire, tandis que le mot Fas désignait ce qui est licite pour les dieux. Ainsi, l'Ius était le droit de l'homme, tandis que le Fas était le droit divin.

Au premier siècle après J.-C., se produit la sécularisation de l'Ius, il y a une séparation entre l'Ius et le Fas. D'un côté, on trouve l'ius humanum et de l'autre l'ius divinum ; il n'y a pas d'enchevêtrement entre l'humain et le divin.

À son tour, le mot Ius peut avoir plusieurs significations :

  • Il peut avoir un sens objectif (ensemble de règles), appelé ius gentium, ius cogens et ius civile honorarium.
  • Il peut avoir une signification subjective (pouvoir ou position d'une personne ou entité de faire certaines choses), par exemple, le ius distrahendi (droit de vendre quelque chose qui n'est pas mis en gage) ou le ius utendi (droit d'usage).
  • Un troisième sens de l'Ius est la position correcte, ce qui signifie qu'il en est ainsi.
  • Un quatrième sens de l'Ius se réfère à l'endroit où le juge rend la justice.

Iustitia et Aequitas

La Iustitia (Justice) est définie par un autre juriste nommé Ulpien comme « la volonté constante et perpétuelle de donner à chacun le sien ». L'Aequitas (Équité) est le juste ou l'adéquation du droit positif aux besoins et aux coutumes de la communauté à laquelle il s'applique.

3. Les Iuris Praecepta (les trois préceptes du droit)

Ils sont également définis par Ulpien :

  1. Honeste vivere : vivre honnêtement.
  2. Alterum non laedere : ne pas nuire à autrui (ou Neminem laedere : ne faire de mal à personne).
  3. Suum cuique tribuere : attribuer à chacun le sien.

4. Classifications Romaines du Droit Objectif

  • Ius publicum : la loi ou la politique émanant des organismes gouvernementaux.
  • Ius privatum : les règles régissant les relations entre les individus.
  • Ius civile : le droit propre aux citoyens romains.
  • Ius honorarium : la loi créée par le préteur pour corriger et compléter le Ius Civile.
  • Ius civile / Ius gentium : Le ius gentium régit les relations entre les citoyens romains et les étrangers.
  • Le ius naturale : défini comme la loi que la nature enseigne à tous les animaux (par exemple, le droit de procréer).
  • Ius commune : le droit commun, composé de règles générales (testament, formalités).
  • Ius singulare : la règle pour certaines circonstances, dérogeant aux règles générales (testament militaire, sans formalité).
  • Privilegium : une réglementation favorable ou défavorable émise contre une personne, non générale.

Les Origines de Rome

1. Les débuts de Rome (Sources)

Dans les premiers temps, la péninsule italienne était habitée par diverses ligues ou confédérations de villes. Ces villes se battaient entre elles pour la défense commune.

Il y avait une ligue étrusque, une ligue ombrienne, une Ligue hellénique et une ligue latine. La Ligue latine occupait la vallée située entre le fleuve Tibre, les collines d'Albe et la mer. C'est dans cette zone que Rome est née. Selon la tradition, la Ligue latine était formée de 30 villes, et parmi elles se trouvait la ville d'Alba Longa.

Les informations sur les origines de Rome se confondent avec la légende. La plus connue est celle de Romulus et Remus, frères jumeaux, fils d'une vestale (prêtresse) d'Alba Longa, abandonnés par leur mère et nourris par une louve. Romulus aurait tracé le périmètre de la ville de Rome avec une charrue. Rome est désignée comme Roma Quadrata. La date exacte de la fondation de la ville est un mythe, mais elle est fixée à l'année 753 av. J.-C., bien qu'un accord ait été trouvé parmi les historiens.

Selon la tradition, Rome elle-même est issue de l'union de trois tribus : les Ramnes (Latins), descendants de Romulus ; les Tities, descendants du roi sabin Titus Tatius ; et les Luceres, descendants du premier roi étrusque, Lucius Tarquinius.

Les institutions qui ont fait partie de Rome étaient la famille, la gens et la clientèle. Ce sont des institutions pré-civiques.

La Famille

La famille à Rome était très différente de ce que nous entendons aujourd'hui. Elle était composée d'un groupe de personnes descendant d'un pater familias (père de famille) qui était le chef. Elle comprenait également les esclaves, les biens fonciers (terres), les animaux de trait et les outils de travail du sol. Les res mancipi étaient les esclaves, les fonds, les animaux de trait et les outils. Sont également imputées à la famille les res nec mancipi, qui sont le petit bétail utilisé comme instrument d'échange. Une fois que le pater familias décédait, la famille se divisait en autant de filii familias qu'il y avait de fils. Le pater familias est celui qui commande, les filii familias sont ceux qui obéissent.

La Gens

Il existe différentes théories sur l'origine de la gens. On considère qu'il s'agissait d'une organisation politique de la famille. Une théorie dit que ce serait une création artificielle. Une autre théorie dit que la gens serait un groupe de familles ayant des ancêtres communs. Une troisième théorie est que ce serait une base pré-politique de Rome. Pour devenir membre de la gens, il y avait différentes manières : soit on y naissait, soit on pouvait y être rattaché directement ou indirectement par l'intermédiaire d'une famille. En général, les membres de la gens étaient considérés comme consanguins et avaient le droit de mariage (ius conubii) entre les membres de la gens.

La gens était d'ordre politique, ce qui se manifestait par la célébration d'assemblées, la promulgation de lois et d'ordonnances, et la compétence qu'elle exerçait sur ses membres. Il semble également que chaque gens possédait un territoire habité. Parmi les membres de la gens existait un esprit de solidarité et d'entraide qui a perduré dans l'histoire romaine. Ils avaient aussi un culte commun, une religion commune et une divinité protectrice (par exemple, le dieu Apollon était le dieu tutélaire de la famille Iulia).

La Clientèle

C'était une institution primitive d'origine pré-romaine. Dans les temps historiques, le client avait une relation étroite avec la Gens. La protection exercée par le pater gentis sur le client et leur relation était appelée patronat. Le pater gentis était le pater pour les membres de sa famille et le patron pour le client. Le client dépendait du pater gentis. La clientèle était une classe composée en partie d'esclaves affranchis et en partie d'étrangers soumis volontairement à la gens.

La clientèle était basée sur la fides (la foi), un lien de nature éthico-religieuse qui unissait le client et le patron. Cette relation impliquait une série de droits et d'obligations pour les deux parties.

  • Le Patron avait l'obligation de fournir soutien, protection et conseils, et devait aider le client devant les tribunaux. Il avait le droit de succession à la clientèle et la protection des enfants du client.
  • Le Client avait le droit d'utiliser le nom de la gens et de participer à son culte. Il travaillait généralement les terres que le patron lui cédait (bien que la cession fût révocable à tout moment). Parmi ses devoirs figurait l'obligation de fournir certains services militaires et patriciens, ainsi que le respect et la déférence.

2. La Monarchie et son organisation

La constitution de Rome, tant au début que tout au long de son histoire, était basée sur les trois pouvoirs : la magistrature, l'assemblée des anciens et l'assemblée populaire. À l'ère monarchique, ces mêmes pouvoirs, dans le même ordre, étaient composés du Roi, du Sénat et des Comices.

Le Rex (Roi)

Le roi ou rex était au sommet du pouvoir dans les temps primitifs de Rome. Il était le chef politique, militaire et religieux. Ce fait est confirmé non seulement par la tradition, mais aussi par certaines traces trouvées dans les périodes ultérieures. Parmi ces reliques figurent des inscriptions dans le Forum Romain qui se réfèrent au rex sacrorum et à l'existence de l'interrègne, qui est resté à l'ère républicaine.

Selon la tradition, Rome aurait eu sept rois, quatre Latins et les trois derniers Étrusques :

  • Rois Latins : 1. Romulus (fondateur de Rome) ; 2. Numa Pompilius (roi législateur) ; 3. Tullus Hostilius (roi guerrier) ; 4. Ancus Marcius (parrain de nombreux travaux publics pour agrandir la ville).
  • Rois Étrusques : 5. Tarquin l'Ancien (travaux publics) ; 6. Servius Tullius (qui a rédigé la constitution servienne et réformé les comices par centuries) ; 7. Tarquin le Superbe (despote et orgueilleux), qui fut le dernier roi de Rome.

La Monarchie avait trois caractéristiques fondamentales : elle était sacrée (car le peuple vénérait le roi), elle était monocratique (un seul chef) et elle était à vie (la personne faite roi l'était jusqu'à sa mort).

Concernant la nature monocratique, elle ne semble pas avoir été donnée à Rome dans les premiers temps, car des écrits littéraires parlent d'une dyarchie (Romulus et Remus ou Romulus et Tatius), ce qui était normal dans l'Antiquité et reflétait l'union des peuples.

Sa nature à vie est confirmée par les développements ultérieurs dans la République, car le Rex Sacrorum était une nomination à vie. Il semble que le roi devait être nommé par son prédécesseur. Si cela n'arrivait pas et qu'il mourait, le pouvoir revenait au Sénat. Les sénateurs exerçaient alors le pouvoir à tour de rôle pendant cinq jours chacun, avec le titre d'interroi. Leur fonction principale était de créer le nouveau roi (creatio). Une fois la creatio désignant le roi effectuée, l'investiture était donnée par le peuple réuni en assemblée par curies (la lex curiata de imperio, l'assemblée populaire).

Une fois que le peuple avait créé le roi, celui-ci se voyait conférer les pouvoirs militaires. La célébration se faisait en prenant les auspices (en essayant de voir la volonté des dieux par le vol des oiseaux ou en consultant les entrailles des animaux). Cependant, ces pouvoirs n'étaient pas complets et nécessitaient l'exécution de l'inauguratio et d'autres décisions d'auspices, exécutées par les augures (les prêtres chargés de consulter les signes et la volonté des dieux). Ensuite, les pouvoirs sacerdotaux et politico-militaires du roi étaient confirmés.

Pendant de nombreuses années, on a considéré que l'autorité du monarque était liée au plan militaire. La doctrine se fonde sur la religion. Les pouvoirs que le roi détenait étaient ceux du grand prêtre ou d'une personne choisie par les dieux.

Le roi exerçait également la juridiction pénale et, dans ce cadre, le ius vitae necisque (le droit de vie et de mort) pour les infractions publiques. En matière civile, l'intervention du roi est douteuse.

Concernant l'Assemblée législative, le roi n'avait pas le pouvoir de légiférer, mais il avait son mot à dire dans l'élaboration des lois. Le roi disposait également des terres publiques et effectuait parfois des missions pour la plèbe. Dans le commandement militaire, le roi avait le commandement suprême et le ius pacis et belli (droit de faire la paix ou de déclarer la guerre).

Les insignes distinctifs du roi provenaient de l'époque étrusque : le roi était précédé de licteurs portant la pourpre, les faisceaux (bûches) et la hache. De plus, le roi était assis sur un siège plus élevé que la cour et utilisait la chaise curule (siège d'ivoire utilisé par les juges pour administrer la justice).

L'Assemblée des Sages (Sénat)

C'était l'Assemblée des Patres ou des personnes âgées (sénateurs). Selon la tradition, le Sénat fut créé par Romulus et était composé de 100 membres, apparemment les premiers pater familias des différentes Gens. À la fin de l'ère monarchique, ils étaient 300. Il semble que le Sénat réunissait une représentation de différents peuples. À mesure que le nombre de membres du Sénat augmentait par l'ajout de personnes distinguées, on distinguait deux types de sénateurs : les patres gentium maiorum et les patres gentium minorum (les chefs des Gens plus anciennes et les chefs des Gens plus jeunes).

Les pouvoirs du Sénat étaient : l'interrègne, l'auctoritas patrum et le consulte.

  • L'Interrègne était le droit exercé par le Sénat pendant cinq jours en cas de vacance du trône. Lorsque le roi n'avait plus de pouvoir, celui-ci revenait aux patres. Il semble que ce retour au pouvoir des patres obéissait au fait qu'avant la fondation de Rome, les patres protégeaient les intérêts du peuple, et qu'ils transmettaient ensuite cette autorité au roi.
  • L'Auctoritas Patrum (autorité des pères) était la faculté qu'avait le Sénat de ratifier ou de rejeter les décisions des comices. Sans cette approbation, le plan n'était pas valide.
  • Le Consulte : le Sénat conseillait le roi, mais le roi n'était pas obligé de suivre l'avis du Sénat. Le Sénat, dans les premiers temps, avait une fonction délibérative. Il semble que les rois étrusques aient tenté de diminuer le pouvoir du Sénat en augmentant le nombre de membres pour admettre les chefs de différentes Gens à l'original.

L'Assemblée du Peuple (Comices)

L'assemblée populaire (comices) était formée par les membres de la civitas. Au départ, la seule assemblée qui existait était les comices par curies. Lors de ces comices, le vote des citoyens se faisait par curie. Les comices avaient des fonctions politiques, administratives et cultuelles, et étaient présidés par un curion.

La première distribution fut faite sur la base des trois tribus : Ramnes, Tities et Luceres. Chaque tribu était divisée en 10 curies, soit un total de 30 curies. S'y réunissaient les patriciens et les garçons pubères, avec leurs clients, mais les roturiers n'étaient pas admis. Les personnes se réunissaient à l'appel du magistrat. Chaque curie avait une voix. L'ordre des comices était également militaire, et ils se réunissaient le plus souvent dans le Forum.

Les pouvoirs ne sont pas clairs. Selon la tradition, ces comices étaient de deux types : les comices calates (de nature religieuse, avec une participation passive et un caractère délibératif) et les comices par curies.

Selon la tradition, cette assemblée aurait eu une fonction législative (voter les lois royales), une fonction électorale (élire le roi et les autres magistrats) et la provocatio ad populum (la faculté qu'avait l'assemblée de commuer la peine de mort d'un citoyen et de la remplacer par l'exil).

Cependant, la doctrine ne donne pas de crédibilité à ces fonctions. Concernant la fonction législative, les lois royales n'auraient même pas été votées dans les assemblées. Quant à la fonction électorale, le roi n'était pas choisi, mais nommé par son prédécesseur ou par l'interroi. Concernant le pouvoir judiciaire, il semble que la provocatio ad populum n'ait été reconnue qu'au IVe siècle av. J.-C.

Pour tenter d'établir ces compétences, il faut se référer à celles de l'époque historique. La première était la participation aux fonctions religieuses de la ville, comme les testaments, qui nécessitaient la convocation des comices. Une autre était l'investiture du roi (inauguratio), et une autre la lex curiata de imperio (l'investiture). Une autre compétence était d'assister aux discussions d'intérêt général, telles que la déclaration de guerre ou la signature de la paix, ou de statuer sur la peine capitale. Enfin, une autre compétence était d'assister à la detestatio sacrorum, qui était la démission faite pour deux raisons : la transitio ad plebem (passage d'un patricien à un roturier) ou l'adrogatio (acte par lequel un pater familias décidait de se soumettre à l'autorité d'un autre pater familias).

Comices Centuriates

Les comices centuriates sont traditionnellement attribués au roi Servius Tullius, qui divisa le peuple en centuries. Il semble que cette division était due à la nécessité d'une réforme de l'armée et qu'il était nécessaire de recruter plus d'hommes pour le service militaire. Le peuple, organisé militairement, se réunissait par centuries. Cependant, cette assemblée a connu son heure de gloire à l'ère républicaine.

3. Transition de la Monarchie à la République : les luttes patricio-plébéiennes

Selon la tradition romaine, en l'an 509 av. J.-C., un complot renversa le dernier roi étrusque, Tarquin le Superbe. À la place du roi, deux consuls furent nommés. La nomination des deux consuls marque la chute de la Monarchie et l'établissement de la République. Ces consuls furent d'abord appelés préteurs et étaient à la tête de l'armée, ayant un rôle plus militaire. Plus tard, leur nom fut changé en consul.

Toujours selon la tradition, les deux consuls restèrent en fonction à Rome jusqu'en 501 av. J.-C. En 451 av. J.-C., la nécessité d'une réforme législative conduisit à la Loi des Douze Tables, et un collège décemviral (dix hommes, decemviri) fut nommé, restant en poste à Rome pendant deux ans. Entre 408 av. J.-C. et 308 av. J.-C., suite aux luttes sociales entre patriciens et plébéiens, il fut impossible de choisir des consuls, et des tribuns militaires à pouvoir consulaire (tribuni militum consulari potestate) furent nommés à leur place. En 367 av. J.-C., les Leges Liciniae Sextiae furent adoptées, établissant le double consulat (un patricien et un plébéien) et nommant en même temps le préteur urbain (praetor urbanus).

Cette tradition a été discutée. Après des études, on peut accorder de la crédibilité à la date de la chute de la Monarchie. Concernant l'établissement de la République, il est probable qu'après la chute de Tarquin, de nouveaux magistrats détenant le pouvoir politique et militaire aient été créés, et que le roi ait été relégué aux fonctions sacerdotales.

Cette hypothèse est étayée par la survie du rex sacrorum, qui détenait le plus grand pouvoir parmi les prêtres, était nommé à vie et était inviolable. De plus, à Rome, il n'y a jamais eu de ruptures brusques ; les nouvelles magistratures se superposaient progressivement aux anciennes.

Luttes Patricio-Plébéiennes

C'est ce qui caractérise la République. Dans la société romaine, il y avait dès le début deux classes : les patriciens et les plébéiens. Les patriciens étaient à l'origine les chefs des Gens qui formaient la ville ou qui s'y joignirent par la suite. Plus tard, les patriciens furent les descendants de ces personnes.

Concernant les plébéiens, il existe différentes théories : pour certains auteurs, la plèbe était la population latine qui avait été dominée par les Étrusques. D'autres auteurs pensent qu'il s'agissait de petits agriculteurs installés sur le sol romain. Pour d'autres encore, c'étaient des clients séparés des Gens, des vaincus ou des étrangers émigrés. La situation de la plèbe était égale à celle des Latins, ils avaient le ius commercii (droit de commerce), mais n'avaient pas le ius conubii (droit d'avoir des relations matrimoniales avec les patriciens).

En l'an 445 av. J.-C., la Lex Canuleia fut adoptée, reconnaissant le mariage entre patriciens et plébéiens. Entre 444 et 367 av. J.-C., il y eut une période de transition constitutionnelle marquée par une lutte constante entre patriciens et plébéiens. Les plébéiens cherchaient d'une part la distribution de l'ager publicus (terres publiques de l'État) pour survivre et se développer, et d'autre part l'accès aux fonctions politiques les plus élevées.

À partir de 367 av. J.-C., les roturiers occupèrent progressivement toutes les magistratures : la dictature, la préture, la censure, etc.

La plèbe se réunissait lors d'assemblées appelées conciles de la plèbe. Dans ces assemblées, des dispositions étaient prises qui recevaient l'accord du plébiscite, mais celui-ci n'était obligatoire que pour la plèbe. Cependant, la Lex Hortensia (287-286 av. J.-C.) visait à rendre les plébiscites obligatoires tant pour les roturiers que pour les patriciens.

La République Romaine

1. Consolidation des principes républicains

La structure de Rome au temps du dernier roi était celle d'un État fondé sur l'organisation gentilice, dominé par les patres familias primitifs, qui détenaient le pouvoir militaire, civil et religieux. Le passage de cette société à la République s'est fait en plusieurs étapes. Les moments les plus importants de ces étapes furent la création des centuries militaires et la création de la Loi des Douze Tables.

2. Organisation politique

La République fut fondée sur une nouvelle façon d'organiser le peuple. Dans cette transition, les personnes extérieures à la gens furent admises comme citoyens pour participer à l'armée et au vote. La réforme attribuée à Servius Tullius rompit définitivement avec la tradition antérieure.

L'Armée et le Cens

La nouvelle armée était un mode d'organisation fondé sur le cens, c'est-à-dire la liste des citoyens qui comprenait les biens que chacun possédait. Le cens était renouvelé tous les cinq ans. Les membres des tribus (patres familias et filii familias) étaient divisés en cinq classes selon les actifs qu'ils possédaient. Il y avait un total de 183 centuries. L'armée était composée de 18 centuries de cavalerie (dont les six premières gentilices avaient certains privilèges, ainsi que les patriciens). Il y avait une première classe composée de 80 centuries, les 2e, 3e et 4e classes avaient 20 centuries chacune, et la 5e classe avait 30 centuries. Il y avait également 5 centuries d'auxiliaires.

Tous les citoyens (pères de famille, fils de famille, riches, pauvres, patriciens, plébéiens), âgés de 17 à 60 ans, devaient être intégrés dans l'armée. Théoriquement, ils avaient le même droit de vote, mais le vote se faisait par centuries et commençait par les 18 centuries de cavalerie. Le vote s'arrêtait dès qu'une majorité était atteinte, ce qui se produisait le plus souvent en atteignant la 2e classe, et rarement et exceptionnellement la 3e.

La Magistrature

La magistrature est la troisième institution de la République, un organe de l'État. Il existe différents types de magistrats : avec et sans Imperium, magistrats ordinaires et extraordinaires, magistrats supérieurs et inférieurs, magistrats patriciens et plébéiens, et magistrats curules et non curules.

Les magistrats républicains avaient plusieurs caractéristiques :

  1. La Temporalité : Les magistrats républicains étaient temporaires, sauf les censeurs (nommés tous les cinq ans pour 18 mois) et le dictateur avec son assistant, le Maître de la Cavalerie (Magister Equitum), qui duraient six mois. Le reste des magistrats était en fonction pour une seule année.
  2. La Collégialité : Tous les magistrats étaient collégiaux, sauf la dictature. La collégialité signifie que plusieurs personnes étaient investies de la même fonction avec le même pouvoir. Tout magistrat pouvait s'opposer à l'action de son collègue (intercessio).
  3. L'Électivité : Les magistrats étaient élus par les assemblées populaires.
  4. L'Honorariat : C'étaient des postes d'honneur, parfois gratuits, mais qui causaient beaucoup de dépenses, entraînant l'apparition de nombreux abus dans les provinces.
  5. La Responsabilité : En théorie, les magistrats pouvaient être poursuivis civilement et pénalement par les juridictions ordinaires. Dans la pratique, cela n'arrivait pas souvent. La responsabilité n'entrait en vigueur qu'à la fin de leur mandat et devant une juridiction spéciale appelée quaestiones repetundarum.

3. L'importance des Magistrats

L'importance des magistrats romains réside dans le fait qu'ils détenaient l'Imperium et la Potestas. Tous les magistrats avaient la Potestas, mais pas l'Imperium. Dans le domaine du droit public, la Potestas est l'autorité de la juridiction que le magistrat a pour manifester sa volonté d'État, créant des droits et des obligations pour l'État. L'Imperium est la suprématie de l'État incarnée dans le magistrat et exige l'obéissance de tous. Le consul et le dictateur détenaient l'Imperium, ainsi que les magistrats supérieurs.

Il existe deux types d'Imperium : l'Imperium domi et l'Imperium militiae. L'Imperium militiae était le pouvoir hors de la ville, qui comprenait également les pouvoirs administratifs, judiciaires et militaires. L'Imperium domi était le pouvoir à l'intérieur de Rome.

L'Imperium comprenait diverses facultés :

  • L'ius auspiciorum : le droit de connaître par des signes la volonté des dieux.
  • L'ius edicendi : le droit de publier des ordonnances contenant des ordres ou des interdictions.
  • L'ius agendi cum patribus : le droit de convoquer le Sénat.
  • L'ius agendi cum populo : le droit de convoquer les assemblées.

Un autre pouvoir est la iurisdictio, qui est l'application du pouvoir du magistrat visant d'abord l'administration de la justice, puis la protection des intérêts privés. L'Imperium est le pouvoir le plus grand. Le pouvoir militaire était le commandement suprême dans ce domaine, incluant la conscription de l'armée, la direction de la guerre, l'attribution des prix et le partage du butin. L'Imperium incluait également le pouvoir de coercition, c'est-à-dire le pouvoir d'imposer des sanctions sans avoir recours à un procès (amendes ou autres sanctions).

Bien que les charges fussent honorifiques, les magistrats avaient droit à certains signes distinctifs : ils étaient précédés de licteurs, portaient la toge pourpre lors des triomphes et dans certaines circonstances particulières, et utilisaient généralement une toge avec une bande pourpre. Les magistrats plébéiens n'avaient pas les mêmes insignes. Chaque magistrat se voyait attribuer un certain nombre d'assistants, selon son rang. Le plus haut rang était le Consulat.

Le Consulat

Le consulat est une magistrature avec Imperium, patricienne, supérieure et curule, qui pouvait administrer la justice. Elle durait normalement un an et était détenue par deux personnes élues lors des comices par centuries. C'était la plus haute juridiction, détenant la potestas suprema et l'imperium maius (le pouvoir suprême et le plus grand Imperium). Elle est née sous le nom de préteur. C'est en 367 av. J.-C. qu'elle fut créée sous le nom de consul. L'importance de cette magistrature donna naissance à une nouvelle classe, la nobilitas, créée par les familles dont les membres avaient exercé le consulat. La nobilitas était composée en partie de patriciens et en partie de plébéiens fortifiés. C'était une magistrature annuelle qui pouvait être prolongée pour le commandement militaire, et était alors appelée proconsulat.

Les consuls se répartissaient les forces, y compris l'infanterie et la cavalerie, et les entreprises militaires. L'un était le consul maior et l'autre avait l'intercessio, mais ils agissaient à tour de rôle.

Les consuls étaient précédés de 12 licteurs et portaient la toge avec la bande pourpre. Les consuls étaient proposés par les magistrats précédents et votés lors des comices par centuries. Si l'un des consuls mourait pendant son mandat, un autre consul était nommé, appelé consul suffect. Si les deux consuls mouraient, la figure de l'interroi intervenait.

Parmi leurs compétences figurait l'Imperium, avec tous les pouvoirs qui n'avaient pas été attribués à d'autres magistrats. Quant à la iurisdictio, elle était normalement déléguée aux magistrats inférieurs, mais en cas de procédure extraordinaire, elle revenait aux consuls.

L'apogée du consulat coïncide avec la République. Sous la Principauté, il perdit la temporalité, la collégialité et la responsabilité, et devint finalement un poste honorifique, mais continua de donner son nom aux années.

Le Préteur

Le préteur est une magistrature avec Imperium, ordinaire, supérieure, patricienne et curule, également choisie lors des comices par centuries. Initialement, les magistrats au moment de la transition de la Monarchie à la République remplacèrent le roi, mais étaient des chefs militaires. En 367 av. J.-C., avec les Leges Liciniae Sextiae, le préteur urbain (praetor urbanus) fut créé à côté du consulat.

Il semble que la raison de la création de cette magistrature était que les consuls étaient souvent engagés dans des guerres aux frontières de Rome, et qu'il n'y avait pas de magistrat avec Imperium à Rome. Pour ne laisser aucun vide, ce magistrat fut créé. Il était considéré comme un collègue mineur des consuls, ayant les mêmes pouvoirs que les consuls, mais subordonnés à eux. Cette magistrature se stabilisa en 242 av. J.-C. lorsqu'un deuxième préteur fut créé, le préteur pérégrin (praetor peregrinus). Le nombre de magistrats augmenta progressivement de 2 à 4, 4 à 6, 6 à 8, 8 à 10, et ainsi de suite jusqu'à 16. C'était une magistrature annuelle et collégiale. Ils étaient précédés de 2 licteurs à Rome et de 6 hors de Rome, et étaient élus lors des comices par centuries.

Quant à ses compétences, il avait la iurisdictio (la capacité de gérer les procès). En l'absence des consuls, il pouvait convoquer le Sénat et les comices, et exercer d'autres fonctions qui correspondaient aux consuls. Le préteur urbain agissait à Rome et parmi les citoyens. Le préteur pérégrin fut créé lorsque le territoire romain s'agrandit, entraînant l'arrivée d'un grand nombre de non-citoyens. Le préteur pérégrin avait compétence pour connaître des affaires survenant entre citoyens et pérégrins, et entre pérégrins eux-mêmes.

Le préteur était l'organe de l'État qui intervenait dans le domaine privé et était responsable de la phase in iure (devant le magistrat).

Du point de vue du droit, le plus important de cette magistrature fut l'utilisation de l'ius edicendi. Au début de son mandat, le préteur promulguait un édit de procédure qui entrait en vigueur pendant la période (un an). Ces normes protégeaient et reconnaissaient de nouveaux intérêts et relations, ce qui contribua à l'expansion de Rome. Par l'édit, un nouveau droit apparut qui n'abolissait pas le Ius Civile, mais se développait parallèlement : le ius honorarium ou droit prétorien.

L'Édile

La magistrature d'édile est patricienne, inférieure, curule et sans Imperium. Ces édiles sont nés en 367 av. J.-C. comme magistrats patriciens, mais plus tard, ils furent choisis une année parmi les patriciens et l'autre parmi les roturiers. Ces édiles étaient élus par les comices par tribus et avaient les privilèges des magistrats curules. Les pouvoirs étaient égaux à ceux des édiles plébéiens, qui étaient élus par les conciles de la plèbe. Les compétences de base étaient au nombre de trois :

  1. Cura urbis : l'exercice du maintien de l'ordre public.
  2. Cura ludorum : l'organisation des jours fériés et des jeux.
  3. Cura annonae : relative à l'approvisionnement en céréales et à la réglementation des prix. Ils s'occupaient également de l'inspection des marchés aux esclaves et aux bestiaux.

Ces édiles curules avaient compétence pour imposer des sanctions civiles et pénales en vertu de la coercition, mais étaient soumis à la provocatio ad populum devant les comices par tribus. Les édiles curules connaissaient également des litiges qui pouvaient survenir dans les contrats de vente d'animaux et d'esclaves, et effectuaient une réglementation sur les vices cachés et l'éviction.

Le Questeur

Le dernier des magistrats ordinaires est le questeur. C'était un magistrat ordinaire, inférieur, non curule et sans Imperium. Il avait apparemment une origine très ancienne, attribuée à l'époque de la Monarchie, et devint donc moins important sous la République. Au départ, les questeurs étaient deux assistants des consuls, nommés par les consuls. Mais plus tard, ils furent nommés par les comices par tribus. Leur nombre augmenta progressivement, commençant à 2 et finissant à 40. Des questeurs furent créés pour des fonctions spéciales.

En dehors de ces pouvoirs, ils avaient d'autres activités : ils gardaient le Trésor (aerarium) et s'occupaient des insignes militaires et des aqueducs.

Les Magistrats Spéciaux : Dictateur et Censeur

Les magistrats spéciaux sont au nombre de deux : le dictateur et le censeur.

Le Dictateur

Le dictateur était un magistrat extraordinaire, curule, non collégial et non annuel. Il n'était pas facultatif, il était nommé par l'un des consuls avec l'approbation préalable du Sénat (sénateurs consulaires). Historiquement, le dictateur était nommé en période de grande menace militaire pour Rome, et ses activités étaient essentiellement militaires. Le dictateur nommait à son tour un adjoint qui était le Maître de la Cavalerie (Magister Equitum). Tous deux étaient investis de l'Imperium par la Lex Curiata.

La durée du mandat était de six mois. Pendant son mandat, il était soumis à tous les tribunaux, et devant lui, il n'y avait ni intercessio ni provocatio ad populum. Les différences entre l'Imperium domi et l'Imperium militiae étaient également supprimées.

Le Censeur

La censure ou censeur est une magistrature patricienne, extraordinaire, supérieure et sans Imperium. Elle était composée de deux membres. Il semble que cette magistrature soit postérieure aux Leges Liciniae Sextiae et fut d'abord réservée aux patriciens. Mais après la promulgation d'une autre loi, la Lex Publilia Philonis de censore plebeio (339 av. J.-C.), il fut établi que le second censeur devait être plébéien.

Cette magistrature n'avait pas de poursuite. Elle était élue lors des comices par centuries tous les cinq ans et recevait l'investiture par la lex centuriata de potestate censoria. Le mandat durait 18 mois ou jusqu'à la fin du cens (cela pouvait prendre un peu plus ou un peu moins).

Les pouvoirs du censeur étaient, premièrement, le cens (la liste des citoyens romains qui comprenait également leurs actifs). Une deuxième compétence était l'administration des terres de l'État et la location des impôts et des travaux publics. Un autre pouvoir était la surveillance de l'intégrité des citoyens, organisée par la note censoriale.

Un autre pouvoir était la nomination des sénateurs, conférée par la Lex Ovinia (milieu du IVe siècle av. J.-C.). Le censeur n'avait pas d'Imperium, mais certains privilèges : il utilisait la chaise curule, était le parrain des auspices, utilisait la toge pourpre et n'était pas soumis à l'intercessio des tribuns de la plèbe.

La fonction de censeur était considérée comme la plus haute dignité et n'était occupée que par des sénateurs consulaires. Elle était considérée comme l'apogée d'une carrière politique. Le cens était effectué en convoquant toutes les personnes à une réunion sur le Champ de Mars, où l'enregistrement des personnes et des biens était effectué. L'appel était obligatoire, et en cas de non-présentation, des peines sévères étaient imposées, pouvant aller jusqu'à la perte de la citoyenneté romaine.

Une fois le cens terminé, une cérémonie religieuse appelée lustratio était effectuée, marquant la fin du mandat de la censure.

Magistrats Plébéiens

Les magistrats roturiers étaient le tribun et l'édile. Le tribun de la plèbe était la magistrature plébéienne la plus caractéristique de la République. Il fut créé pour défendre la plèbe contre les abus des patriciens. C'était un défenseur de classe. Il n'avait pas l'Imperium, mais la Potestas lui était reconnue. Il n'avait pas de compétence de nature positive. Il agissait de jour comme de nuit et uniquement dans la ville de Rome. Au début, ils étaient 2, puis 5, et finalement 10.

Au début, ils étaient élus par le peuple, et plus tard par une assemblée qui était les comices tributes. Le pouvoir du tribun trouvait son origine dans la fonction d'aider la plèbe contre les patriciens. C'est précisément de cette fonction que découle sa caractéristique la plus importante : l'intercessio. Il pouvait s'opposer à l'action de tous les magistrats, à l'exception du censeur et du dictateur, et pouvait même s'opposer au Sénat.

Il avait une autre particularité : la sacrosainteté. Le tribun de la plèbe était une personne sacrée, couverte par des normes religieuses. L'inviolabilité et l'intercessio semblent être fondées sur un serment sacré que la plèbe prêtait pour l'obéissance et la protection. Ce serment fut reconnu par la Lex Valeria Horatia au milieu du Ve siècle av. J.-C.

Un autre pouvoir était la coercition. Le tribun pouvait emprisonner des personnes et infliger des amendes, même aux magistrats (généralement, les magistrats infligeaient des amendes pour leurs activités militaires).

Une fois que la lutte des classes s'est adoucie, le tribun est devenu un pouvoir politique qui empêchait les abus à Rome. Cependant, certains tribuns utilisaient leur charge à des fins démagogiques pour devenir plus populaires.

Le Sénat et la République

Le Sénat sous la République était composé de patriciens (appelés patres) et de roturiers (appelés conscripti, enrôlés). Le Sénat a toujours existé du début à la fin et est inhérent à la pensée romaine. Le trait le plus saillant du Sénat est sa continuité historique. C'était un organe collégial, consultatif et délibératif. Au cours des IIIe et IIe siècles av. J.-C., l'importance du Sénat augmenta principalement en raison de l'honorariat de la magistrature.

Le Cursus Honorum (Carrière des Honneurs)

Le Sénat était le facteur le plus stable de la vie constitutionnelle romaine. Le poste de sénateur était à vie. Il fallait d'abord être patricien, puis les roturiers furent admis. La Lex Ovinia donna au censeur le pouvoir de nommer les sénateurs, mais néanmoins, cette nomination suivait toujours l'ordre du cursus honorum, de sorte que le rôle du censeur devint mécanique.

Lors de l'examen du cens, le censeur donnait d'abord son avis après les ex-consuls, et ainsi de suite. Le cursus honorum tenait compte de la composition de la classe patricienne et des personnes âgées. Le Sénat était soumis à une simple division, distinguant les sénateurs de plein droit et ceux qui avaient accès au Sénat en exerçant une magistrature. Ces derniers avaient le droit d'assister aux réunions du Sénat, mais n'avaient pas le droit de vote. Les sénateurs jouissaient de grands privilèges dans la vie politique et sociale, mais aussi de certaines limites (par exemple, le mariage avec une personne de statut inférieur à leur classe, ou l'interdiction d'exercer certains métiers).

Le nombre de sénateurs était à l'origine de 100, puis de 300. Au temps de César, il atteignit 900 membres, mais le nombre moyen normal est de 300. Il y avait différentes façons de devenir sénateur :

  1. Par choix du censeur.
  2. Par élection indirecte du peuple en exerçant une magistrature.
  3. Par élection du Sénat.

Les moyens de cesser d'être sénateur étaient :

  1. La démission.
  2. L'application de la note censoriale.
  3. La perte de la citoyenneté.

Fonctions et Pouvoirs du Sénat

Les fonctions étaient l'interrègne, l'auctoritas patrum et le consulte. Les pouvoirs concernaient : 1. la politique étrangère ; 2. le commandement militaire ; 3. la politique provinciale ; 4. l'administration de l'État (finances et culte) et les affaires extraordinaires.

  • L'Interrègne était la nomination d'un sénateur comme chef magistrat temporaire avec le titre d'interroi. Au début, cet interroi était choisi parmi les patriciens, puis parmi tous les membres du Sénat, et enfin parmi ceux qui avaient exercé une magistrature patricienne et curule.
  • L'Auctoritas Patrum était le pouvoir de ratifier ou de rejeter les décisions des assemblées. Au début, elle était donnée après un accord avec les patriciens. Plus tard, la Lex Publilia Philonis de auctoritate patrum (339 av. J.-C.) fut adoptée, établissant que l'auctoritas patrum devait être donnée avant le vote des comices, devenant ainsi une proposition de vote. À l'apogée de la République, l'auctoritas patrum devint une simple formalité traditionnelle.
  • Le Consulte était la demande d'avis du Sénat sur une question faite par un magistrat. Le consulte n'a jamais été considéré comme contraignant, mais il existait des moyens indirects de forcer le magistrat à suivre l'avis du Sénat (en refusant le financement nécessaire à ses projets ou en demandant à un tribun de la plèbe d'introduire l'intercessio pour juger de sa performance).
  • Politique Étrangère : Le Sénat recevait les ambassades étrangères, coupait les offres et envoyait des légats (représentants du Sénat). La déclaration de guerre ou la signature d'un traité de paix nécessitait l'avis du Sénat.
  • Affaires Militaires : Le Sénat distribuait l'Imperium et transmettait les legati militiae comme assistants généraux sur le terrain. Il coordonnait également les opérations militaires sur plusieurs fronts. Le Sénat recrutait les troupes et finançait les dépenses militaires.
  • Politique Provinciale : Le Sénat attribuait les provinces (d'une importance énorme) et contrôlait les gouverneurs des provinces.
  • Gestion de l'État : En matière financière, le Sénat contrôlait le Trésor (aerarium) et autorisait l'utilisation de la trésorerie. Il décidait de l'achat ou de la vente des actifs de l'État, fixait le montant des impôts et convenait de la monnaie légale à Rome.

Concernant le trafic commercial, le Sénat participait également au contrôle de certains produits, notamment les céréales. De plus, le Sénat décidait en matière religieuse (s'il admettait ou non un nouveau dieu dans le Panthéon de Rome) et exerçait un contrôle sur les associations. Dans des cas particuliers, le Sénat décidait de nommer le dictateur et adoptait des mesures exceptionnelles pour la santé publique, appelant tous les citoyens aux armes (appel désigné par le mot tumultum). En temps de crise grave, le Sénat autorisait les magistrats à prendre des mesures exceptionnelles pour rétablir l'ordre.

Les Comices (Assemblées Populaires)

Sous l'ère républicaine, il existait quatre types d'assemblées : les comices curiates, les comices centuriates, le concile de la plèbe et les comices par tribus.

Comices Curiates

Les comices curiates se tenaient à cette époque pour des raisons traditionnelles. Ils avaient des pouvoirs politiques et religieux.

Pour les pouvoirs politiques, ils étaient convoqués et se réunissaient avec 30 licteurs. Pour les pouvoirs religieux, ils se réunissaient par curie. Les fonctions politiques votaient la lex curiata de imperio, qui conférait l'Imperium aux magistrats. Dans ce cas, ils étaient appelés comices calates, et leurs fonctions étaient l'adrogatio et la detestatio sacrorum.

Comices Centuriates

Les comices centuriates devinrent les plus importants à cette époque. Ils conservaient leur origine militaire, mais cette organisation favorisait les classes les plus riches et les plus âgées. Pour éviter la domination des classes aisées, une réforme fut menée en 241 av. J.-C. Cette réforme consistait à localiser les personnes dans différentes classes en tenant compte non seulement du capital, mais aussi des biens meubles. En vertu de cette réforme, les 18 centuries de cavalerie et les 5 centuries auxiliaires furent maintenues, mais la première classe fut réduite à 70 centuries, et les quatre autres classes furent réparties en 25 centuries chacune. De plus, la première centurie (les 18) perdit le privilège de voter en premier. Ce privilège revint à une centurie de la première classe choisie par tirage au sort.

Les pouvoirs étaient :

  1. La création des magistrats ordinaires et extraordinaires supérieurs.
  2. Le vote de la Lex Centuriata de Potestate Censoria.
  3. Le vote des lois.
  4. Les procès en matière pénale avec condamnation à mort.
  5. Le vote sur la déclaration de guerre, la signature de la paix, etc.

Comices par Tribus

Les comices par tribus étaient les assemblées délibératives de tous les habitants de Rome, organisées par tribus. Ces comices étaient convoqués et présidés par les magistrats supérieurs patriciens. On ne sait pas quelle est l'origine de cette assemblée, mais il semble qu'elle soit apparue pour éviter les inconvénients des comices par centuries et qu'elle était plus facilement mobilisable par tribus. Les pouvoirs étaient, en premier lieu, la création des magistrats inférieurs ordinaires et extraordinaires, et en second lieu, la poursuite dans certains cas.

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