Droits Linguistiques et Bilinguisme Officiel en Espagne

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L'intégration implique également pour les pouvoirs publics le devoir d'offrir aux citoyens l'exercice de leurs droits. La primauté du droit, incarnée par les pouvoirs publics dont la mission civilisatrice est d'assurer la paix et la coexistence linguistique et culturelle, ne peut être une source de conflit, de discrimination ou de division. Ainsi, l'obligation est de mettre en œuvre tous les ressorts juridiques et politiques en leur pouvoir pour servir cet objectif, afin d'aider à « raviver un sentiment de fraternité linguistique » et à « effacer les incompatibilités imaginaires entre l'amour de sa propre langue et l'appréciation de celle du prochain... » (Manuel Seco).

Une autre manifestation importante de l'intégration serait la préférence, dans l'enseignement, pour des modèles linguistiques communs plutôt que pour ceux de la séparation.

Le libre choix de la langue

Dans un système de bilinguisme officiel, la liberté linguistique a pour contenu principal la liberté du citoyen de choisir entre les deux langues officielles dans ses relations avec l'administration. L'articulation des différents sujets dans le domaine complexe de la langue est extrêmement délicate. La solution, dans un modèle tel que celui de la Constitution espagnole, consiste à tracer une première limite entre le système d'utilisation des langues par l'administration et celui par les citoyens. Cette distinction est profondément éclairante car, en acceptant la logique naturelle de la liberté linguistique et une vision globale de tous les droits linguistiques, la primauté du droit individuel à la liberté linguistique devrait l'emporter sur le principe d'intervention gouvernementale. C'est-à-dire que le centre de gravité de cette liberté se situe du côté du citoyen, jamais du pouvoir public.

Dans notre système de bilinguisme officiel, la liberté linguistique se manifeste comme un droit d'option linguistique du citoyen, le droit de choisir d'utiliser l'une des deux langues co-officielles proposées, précisément parce qu'il existe un droit collectif à ces deux langues.

Cela signifie que l'autorité publique n'a pas le pouvoir de choisir ou de prédéterminer la langue officielle à utiliser dans ses relations avec les citoyens : sa position sur ce point est subordonnée à la liberté de choix de ces derniers. Le droit des citoyens de choisir ne peut être entravé ou conditionné par une éventuelle organisation monolingue de l'Administration en termes de langue de travail ou de langue de service. C'est-à-dire que l'administration doit articuler une prestation bilingue des services publics, permettant aux citoyens, sans obstacles ni pressions, de choisir la langue qu'ils préfèrent.

Le libre développement de la personnalité

La langue peut être considérée simplement comme un outil de communication entre les individus. C'est une fonction pour laquelle toutes les langues ont des aptitudes. Mais la langue, en tant que langage naturel d'inclusion de l'individu dans la communauté, est aussi une « peau » qui régule l'osmose de tout être humain avec le monde. Et cette réalité ne peut être ignorée. Le système doit créer les conditions propices au développement de la personnalité, des forces et des capacités qui façonnent l'être humain comme un individu unique et distinct. C'est pourquoi la distinction entre langue et personnalité, tout comme le lien entre culture et personnalité, devient d'une proximité unique, se manifestant de manière particulièrement claire dans le système éducatif. Ce principe de la personnalité est l'un des principaux facteurs qui rend les droits linguistiques très sensibles.

Le champ d'application de la coofficialité

L'imprécision de la Constitution sur la notion de langue officielle a été clarifiée par la Cour constitutionnelle en 1986 : « Est langue officielle, quelle que soit sa réalité et son poids comme phénomène social, celle qui est reconnue par l'État comme un moyen normal de communication entre les pouvoirs publics, et entre ceux-ci et les acteurs privés, avec pleine force et effet juridique. »

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