Durkheim : Solidarité Mécanique et Organique
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La Division du Travail Social
La division du travail social désigne la répartition des activités de production entre les différents groupes et individus qui composent la société. Elle s'appuie sur la *spécialisation des activités*.
D'une Solidarité Mécanique à une Solidarité Organique
Durkheim se penche notamment sur les règles (normes, valeurs, lois) en vigueur dans la société, et sur la façon dont elles sont énoncées et appliquées, afin de caractériser la nature des liens de solidarité qui unissent les individus. Il distingue alors la **solidarité mécanique** et la **solidarité organique**.
1. La Solidarité Mécanique
La solidarité mécanique désigne le type de relations sociales caractérisant les groupes sociaux traditionnels. Les relations entre les agents reposent sur leur *similitude*. Tous les membres du groupe ont des croyances et des comportements semblables, et la conscience collective est forte.
La solidarité mécanique caractérise les groupes sociaux que l'on appelle « primitifs » ou traditionnels, et que Durkheim désigne comme « communautés ». Il s'agit notamment des tribus de chasseurs-cueilleurs amérindiens. Dans ces groupes, la conscience individuelle des individus diffère très peu de la conscience collective.
- La **conscience collective**, pour Durkheim, est « un ensemble de croyances et de sentiments communs […] aux membres d'une société ». Elle assure une fonction de cohésion sociale.
- La **conscience individuelle** est davantage liée à l'histoire personnelle des individus. Pour Durkheim, elle représente l'autonomie relative dont disposent les individus dans leur adaptation à la conscience collective. C'est l'ensemble des croyances et sentiments qui peuvent différer d'un individu à l'autre au sein de la collectivité.
- Au sein de la nation française, le sentiment d'appartenance collective à la France est censé faire partie de la conscience collective, car tous les individus français sont censés se sentir appartenir à cette nation. En revanche, les croyances religieuses font partie de la conscience individuelle : chacun peut croire ou ne pas croire en ce qu'il veut.
- La solidarité mécanique est fondée sur des croyances et des traditions identiques pour tous les individus, et repose sur la **similitude** ou la ressemblance. Dans les sociétés où le lien social prend surtout la forme de la solidarité mécanique, la conscience collective impose à tous des pratiques uniformes, et ceux qui s'en écartent sont violemment sanctionnés. En effet, leurs actes sont considérés comme un crime à l'égard de la société tout entière. C'est le **droit répressif** (qui punit les individus) qui domine, et non le *droit restitutif* (qui vise à leur faire réparer leur faute).
2. La Solidarité Organique
La solidarité organique caractérise le type de relations qu'entretiennent entre eux les individus et les groupes dans les sociétés modernes, marquées par la division du travail. Celle-ci attribue à chacun une place spécifique : les individus se différencient et sont **interdépendants**. La conscience collective est plus faible.
La solidarité organique est caractéristique des sociétés modernes, fondées sur la primauté de la division du travail. Les individus ne sont plus liés par leurs ressemblances, mais par leurs **différences**. L'ordre social ne repose plus sur une uniformité mécanique, mais sur l'articulation organique des individus dont les rôles sont à la fois parcellisés et complémentaires.
L'hétérogénéité et l'individualisme remplacent alors l'homogénéité et l'organisation communautaire. La fonction de cohésion sociale dévolue à la conscience collective découle désormais de la **division du travail**.
La solidarité organique repose donc sur la différenciation des tâches et des individus. Les individus sont différents et le poids de la conscience collective est faible : chacun a une plus grande marge de liberté pour penser et agir à sa guise. Les individus sont liés les uns aux autres parce qu'ils exercent des rôles et fonctions **complémentaires** au sein du système social.