Économie Publique : Concepts, Défaillances et Choix Politiques

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Distinction des formes d'économie

On va commencer avec la définition d'E. Malinvaud de l'économie : « L'économie est la science qui étudie comment des ressources rares sont employées pour la satisfaction des besoins des Hommes vivant en société ; elle s'intéresse d'une part aux opérations essentielles que sont la production, la distribution et la consommation des biens, d'autre part aux institutions et aux activités ayant pour objet de faciliter ces opérations. » Donc l'économie comprend beaucoup de champs, et elle se divise en différentes branches. Le mot « économie » trouve ses origines dans le latin oeconomus, lui-même issu du grec oikonomos, signifiant « administration de la maison ». L'économe était alors la personne responsable de la distribution opportune des ressources.

En lien avec ses origines, nous trouvons l'économie domestique qui est centralisée autour de l'économie, en ce cas, le père. Le paternalisme lui donne trois attributs :

  1. Il est bon parce qu'il est guidé par l'amour et l'affection qu'il porte aux membres de sa famille.
  2. Il est savant. Il sait ce que veut dire utiliser de la meilleure des manières les ressources rares.
  3. Il possède une autorité sur les membres de sa famille. L'autorité est le pouvoir de faire quelque chose à quelqu'un sans avoir recours à la violence.

Au début, elle adopte une économie autarcique, mais ils l'abandonnent pour l'économie d'échange parce que sa productivité augmente. Une mauvaise décision dans le cadre de l'économie familiale impacte l'ensemble des membres de la famille.

Aussi, il existe l'économie sociale et solidaire (ESS), longtemps appelée économie des organisations à but non lucratif. Elle désigne un ensemble d'entreprises organisées sous forme de coopératives, mutuelles, associations ou fondations. Une entreprise peut faire partie de l'ESS si :

  1. Son but n'est pas uniquement le partage des bénéfices.
  2. Elle possède une gouvernance démocratique.
  3. Les bénéfices sont prioritairement réinvestis dans l'activité de la société.

À l'image de ce qui définit l'identité du mouvement coopératif, l'ESS développe une vision particulière de l'autorité. Dans une coopérative, il n'y a pas de chef mais une communauté de décideurs qui gèrent en commun une organisation à laquelle chacun a apporté sa pierre. L'autorité n'est pas de nature purement verticale. Une mauvaise décision impacte tous les membres de la coopérative, qui sont coresponsables de leurs choix.

Concernant l'économie de marché, son but est de dégager le maximum de bénéfices ; ses décisions sont prises par les propriétaires de l'entreprise. C'est le consommateur qui est souverain. Ses choix sont contraints par les choix du consommateur. L'économie de marché est une forme essentiellement entrepreneuriale. Dans les multinationales et les grandes firmes en général, l'autorité est partagée entre le directeur salarié et les actionnaires ; il est probable qu'il existe une tension entre leurs intérêts. Une mauvaise décision de l'entrepreneur ou du directeur salarié impacte tous les membres de l'entreprise et a également un impact social (d'autant plus élevé que le nombre de salariés est grand).

L'économie publique traite de l'activité économique de l'État et des personnes morales de droit public.

L'État peut être défini selon Max Weber (1906) comme : « une communauté humaine qui, dans les limites d'un territoire déterminé, revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence physique légitime. »

L'extension de l'activité économique de l'État et des personnes morales de droit public détermine le champ de l'économie publique et le degré de mixité d'une économie. On peut distinguer entre :

  • L'économie publique de l'État régalien qui est l'économie de la production de sécurité intérieure et extérieure et de justice.
  • L'économie publique de l'État social qui est l'économie de la production des services.

L'économie publique regroupe :

  • Les administrations publiques, qui sont principalement non marchandes. Les biens et services publics sont en effet financés par l'impôt et mis à disposition des citoyens gratuitement. Leur activité principale consiste à redistribuer ou à produire des services non marchands.
  • Les entreprises publiques qui sont sur le marché. Elles relèvent aussi de l'économie publique marchande.

L'économie publique a une branche positive qui décrit ce qui est et pourquoi, et aussi une branche normative et prescriptive qui dit ce qui devrait être et ce qu'il faut faire pour réaliser un monde meilleur.

En résumé, dans sa forme pure :

  • Économie familiale : 100% de la production y est d'origine domestique. Repose sur la gestion des ressources au sein du foyer, sans objectif de profit, et est centralisée autour d'une figure d'autorité comme le père ou la mère.
  • L'économie sociale et solidaire (ESS) comprend des coopératives, mutuelles, associations et fondations, fonctionnant sur des principes de non-lucrativité, gouvernance démocratique, et réinvestissement des bénéfices dans l'activité.
  • Économie de marché : elle est principalement lucrative, les entreprises cherchant à maximiser les bénéfices, et où le consommateur a une influence majeure sur la production par ses choix de consommation. Dans cette économie, les décisions sont souvent prises par les propriétaires ou les actionnaires des entreprises.
  • Économie publique : l'État est l'instance de décision. L'affectation des ressources se fait souvent sans prix pour les services non marchands, financés par l'impôt. Elle inclut aussi des entreprises publiques marchandes. Elle se distingue par son objectif non lucratif et sa gestion centrée sur le bien public, offrant ses services gratuitement ou à un coût réduit.

Dans le monde réel, l'économie établie dans un pays est une mixité de ces types d'économies.

Économie publique : du normatif au positif

Une première branche de l'économie publique est positive et répond à des questions du type « ce qui est ». Une bonne partie de l'économie publique traite des causes de la dynamique des dépenses publiques, de l'impôt, de la production des entreprises, des emplois publics, etc. Cette branche de l'économie publique relève de l'économie positive, décrivant ce qui est et pourquoi.

Une seconde branche de l'économie publique est normative. L'économie publique normative indique ce qui devrait être et ce qu'il faut faire pour réaliser un monde meilleur. Elle est, en ce sens, normative et prescriptive. Elle ne cherche pas à comprendre l'ordre social mais à le transformer. Elle définit une norme et juge de la réalité sur la base de cette norme.

Généralement, l'histoire de l'économie publique commence avec l'économie publique normative et ses prescriptions de politique publique et se termine avec l'économie publique positive de l'école des choix publics.

L'économie publique normative issue de l'économie du bien-être se construit en deux étapes.

Elle montre dans un premier temps pourquoi l'économie de marché est imparfaite : soit parce qu'elle n'est pas optimale au sens de Pareto, soit parce qu'elle n'est pas équitable.

Elle décrit dans un deuxième temps les mesures de politiques publiques que l'on peut mettre en œuvre pour améliorer la situation, autrement dit, atteindre l'idéal fixé : efficience, égalité, optimalité parétienne, égalité des chances, mobilité sociale, etc.

Cette économie publique normative développée par Pigou-Keynes-Samuelson-Mirless-Vickrey-Stiglitz-Akerlof-Sen-Harsayni repose finalement sur trois propositions.

  • L'économie de marché est inefficiente et inéquitable.
  • L'État et les décideurs publics, en particulier, ont le sens du devoir. Ils sont bienveillants (volonté).
  • L'État peut améliorer son fonctionnement par des politiques publiques adaptées (« méliorisme »). Il sait ce qu'il faut faire (savoir).

Ces trois propositions ont été critiquées. Ces critiques ont été à l'origine d'un profond renouvellement de l'économie publique.

L'économie de marché n'est ni inéquitable ni inefficiente

La doctrine selon laquelle l'économie de marché est inefficiente et inéquitable repose sur une représentation irréaliste de l'économie de marché. Cette représentation est irréaliste pour trois raisons principales.

  1. Elle adopte une approche de type Nirvana : l'économie publique normative apparaît comme un exercice formel construit sur des hypothèses irréalistes et une démarche qui détermine son résultat.

L'approche de type Nirvana décrit une situation idéale, une sorte de paradis perdu. Elle compare ensuite la réalité à cet idéal. Elle n'est pas propre à l'économie du bien-être.

  • L'idéal est la situation d'équilibre général de concurrence pure et parfaite. La réalité est la concurrence imparfaite.
  • L'idéal est un ordre égalitaire où chacun a une part égale des revenus et du patrimoine. La réalité est un monde où les inégalités sont endémiques.
  • Une économie de marché idéale est une économie où les marchés sont complets, autrement dit où les agents ont une information parfaite et sont des preneurs de prix afin d'éviter toute situation d'exploitation du surplus des consommateurs.

Ce n'est pas le monde réel, le marché réel, qui est défaillant, mais la représentation irréaliste qu'en ont faite les économistes mathématiciens dans le cadre de la théorie de l'équilibre général.

  1. Elle formalise l'économie de marché dans un modèle d'équilibre général qui déforme la réalité et est incapable de comprendre la dynamique de coordination à l'œuvre sur les marchés.

La théorie de l'équilibre général est inadaptée à la description du fonctionnement de l'ordre marchand car à l'équilibre il n'existe aucune situation d'échange volontaire mutuellement profitable (sans profit il n'est pas possible de comprendre et d'intégrer l'entrepreneur dans le modèle). Elle repose sur une forme très particulière de marché (figure de Commissaire-priseur) et sur une approche institutionnelle qui fonctionne sur la propriété privée, le contrat et la responsabilité des agents où il est impossible de traiter les biens collectifs et les externalités.

  1. Elle est de plus a-institutionnelle. Elle ne comprend pas, pour cette raison, le rôle central des droits de propriété dans la construction d'un ordre social prospère et juste.

Ni la théorie de l'équilibre général ni la macroéconomie keynésienne ne traitent des régimes de propriété dans leurs analyses de l'efficience et de l'efficacité productive.

Une société prospère peut être un objectif social souhaitable. Au niveau individuel, elle peut augmenter les opportunités, la poursuite des plaisirs matériels, mais aussi la défense des valeurs spirituelles. Le régime de propriété privée n'est pas sans imperfection, mais il est une condition favorable à la croissance de la production.

Toutes les interventions publiques proposées par l'économie publique normative sont des atteintes à cet ordre de la propriété.

En opposition à cette approche, l'économie publique positive est une approche qui vise à étudier les politiques publiques en se basant sur des données empiriques et des méthodes scientifiques. Elle prend en compte les réactions des agents économiques et leur comportement pour évaluer l'impact des politiques publiques. L'économie publique positive est considérée comme une approche plus objective et plus adaptée pour évaluer l'efficacité des politiques publiques.

Ainsi, depuis les années 1970, l'économie publique positive a émergé en France et dans le monde. Cette approche se base sur l'idée que les dépenses publiques sont inévitables pour fournir les services publics nécessaires à la société. Elle met l'accent sur la recherche de l'efficacité, de la performance et de l'optimisation des ressources dans la gestion des dépenses publiques. L'économie publique positive s'intéresse également à l'impact des dépenses publiques sur l'économie et la société. Elle cherche ainsi à évaluer l'efficacité des politiques publiques en mesurant leur impact sur la croissance économique, l'emploi, l'environnement, la santé ou l'éducation. Les économistes s'appuient sur des données empiriques et des modèles économiques pour évaluer l'impact des politiques publiques sur l'économie et la société. Cette approche est considérée comme plus fiable et plus transparente que l'approche normative.

Cependant, l'approche positive de l'économie publique n'est pas sans limites. Les modèles économiques peuvent être simplistes et ne pas prendre en compte toutes les variables pertinentes. De plus, les résultats des études empiriques peuvent être influencés par les biais des données et les méthodes statistiques utilisées. Par conséquent, l'approche positive de l'économie publique doit être utilisée avec prudence et les résultats doivent être interprétés avec précaution. Il faut souligner l'importance de la transparence, de la responsabilité et de la participation citoyenne dans la gestion des dépenses publiques, ainsi que la nécessité de mesurer l'efficacité des politiques publiques pour améliorer leur impact sur la société. Pour assurer la stabilité économique et la confiance des citoyens, une gestion rigoureuse et responsable des finances publiques est nécessaire.

En conclusion, l'économie publique normative a été critiquée pour son manque d'objectivité et d'adaptabilité, tandis que l'approche positive de l'économie publique est de plus en plus utilisée en France pour évaluer l'impact des politiques publiques. Bien que cette approche soit considérée comme plus fiable et plus transparente, elle a également des limites et doit être utilisée avec prudence. L'importance de l'approche positive de l'économie publique en France est donc indéniable, mais elle doit être complétée par une réflexion éthique sur les objectifs et les valeurs des politiques publiques.

Défaillances du marché et de l'État

Dans le cadre de l'économie publique en France, il est souvent question de l'efficacité du marché face à l'intervention de l'État. D'un côté, les partisans du marché soutiennent que celui-ci est capable de réguler l'économie de manière optimale, en laissant les forces du marché agir librement, sans intervention de l'État. De l'autre côté, les partisans de l'intervention de l'État soulignent que le marché n'est pas parfait et qu'il peut y avoir des défaillances nécessitant l'intervention de l'État pour les corriger.

Les défaillances du marché se produisent lorsque le marché ne parvient pas à allouer efficacement les ressources en raison d'une asymétrie d'information, d'un manque de concurrence ou d'externalités négatives. Les défaillances de l'État, en revanche, se produisent lorsque le gouvernement ne parvient pas à fournir des biens publics de manière efficace en raison d'une mauvaise allocation des ressources ou de corruption.

L'une des principales défaillances du marché est la présence d'externalités négatives, qui se produisent lorsque les activités économiques d'une entreprise ont des effets négatifs sur les parties prenantes externes, comme les riverains, l'environnement ou la santé publique. Par exemple, les entreprises qui produisent de la pollution peuvent nuire à la qualité de l'air et de l'eau, sans en supporter les coûts. Dans de tels cas, le marché ne parvient pas à internaliser les coûts sociaux, qui sont laissés à la charge de la société en général. Cela peut conduire à des inefficacités économiques et des conséquences négatives pour la santé et l'environnement. L'État peut intervenir pour corriger cette défaillance du marché en imposant des réglementations environnementales, des taxes ou des redevances qui obligent les entreprises à internaliser les coûts sociaux de leur production.

Nous pouvons aussi citer, comme défaillances du marché, l'existence de biens collectifs, de situations de concurrence imparfaite, de monopoles et d'asymétries d'information. Le premier théorème de l'économie du bien-être suppose que tous les biens sont privés. Paul Samuelson (Prix Nobel) forge le concept de biens collectifs pour montrer qu'en présence de tels biens, l'économie de marché n'est plus Pareto optimale, autrement dit efficiente. Ce premier théorème néglige aussi l'existence d'externalités, comme expliqué précédemment. De plus, l'efficacité du marché suppose une information parfaite où les consommateurs connaissent tous les prix disponibles sans coût. Une telle hypothèse est irréaliste puisqu'il existe d'importantes asymétries d'information (anti-sélection et aléa moral) qui créent un problème d'agence et des coûts d'agence. Dans cette ligne, il a été jugé irréaliste de supposer que les agents sur les marchés et les entreprises en particulier étaient des preneurs de prix. Il est probable que de nombreuses entreprises possèdent un pouvoir de marché et qu'elles utilisent ce dernier pour exploiter le surplus des consommateurs (Chamberlain Robinson). Finalement, en situation de rendements croissants, il est probable aussi que des monopoles s'installent et que l'entreprise puisse fixer un prix supérieur à son coût marginal. Des rentes de monopole peuvent alors exister.

Cependant, l'intervention de l'État peut également présenter des défaillances. Les principaux risques sont les inefficacités bureaucratiques, la corruption, les politiques inefficaces ou coûteuses et les effets pervers. De plus, les politiques gouvernementales peuvent être influencées par des groupes d'intérêts spéciaux, ce qui peut entraîner une allocation inefficace des ressources. Les défaillances de l'État sont souvent liées à des politiques inefficaces ou mal conçues. Par exemple, les subventions gouvernementales peuvent avoir des effets indésirables tels que la création de distorsions de marché ou la dépendance des bénéficiaires à l'égard des subventions. De même, les politiques fiscales peuvent avoir des effets négatifs sur l'investissement et la croissance économique.

Dans l'économie publique en France, les défaillances du marché et les défaillances de l'État sont prises en compte pour orienter les politiques économiques et les interventions gouvernementales. Les économistes cherchent à identifier les causes sous-jacentes des défaillances du marché et les solutions potentielles, telles que les taxes sur les externalités négatives pour internaliser les coûts. De même, les politiques gouvernementales sont conçues pour minimiser les défaillances de l'État, telles que la mise en place de contrôles réglementaires pour éviter les abus. Cependant, il est important de noter que les défaillances du marché et les défaillances de l'État ne sont pas toujours faciles à identifier et à résoudre. Les décisions politiques peuvent être influencées par des intérêts particuliers ou des considérations politiques plutôt que par une analyse objective des données économiques. De même, les politiques gouvernementales peuvent être mal conçues ou mal appliquées, ce qui peut avoir des conséquences néfastes sur l'économie.

Il est donc important que le gouvernement soit vigilant quant à l'efficacité de ses politiques publiques. Le gouvernement doit adopter une approche fondée sur des preuves pour l'élaboration des politiques publiques. Cela implique la collecte de données précises et objectives sur les effets des politiques gouvernementales et l'évaluation de leur efficacité. De plus, il est important que les politiques publiques soient conçues de manière à encourager la concurrence, à réduire la corruption et à améliorer la transparence.

En conclusion, les dépenses publiques en France sont influencées par les défaillances du marché et les défaillances de l'État. L'intervention de l'État peut corriger les défaillances du marché, mais elle peut également entraîner des défaillances. Il est donc important que le gouvernement adopte une approche fondée sur des preuves pour l'élaboration des politiques publiques et veille à ce que les politiques soient conçues de manière à encourager l'efficacité et la transparence.

L'économie de marché est-elle inefficiente ?

L'économie de marché est un système économique reposant sur la libre concurrence, la propriété privée et la liberté d'entreprendre, où les prix sont déterminés par l'interaction de l'offre et de la demande. Les prix jouent un rôle crucial dans l'allocation des ressources, car ils reflètent l'offre et la demande pour un bien ou un service donné. Dans un marché libre, les entreprises cherchent à maximiser leurs profits en produisant les biens et services que les consommateurs demandent, tandis que les consommateurs cherchent à maximiser leur utilité en achetant les biens et services qu'ils estiment avoir une valeur supérieure au coût. Bien que ce système ait prouvé son efficacité pour stimuler la croissance économique, il est souvent critiqué pour son manque d'équité et sa tendance à concentrer la richesse entre les mains d'une minorité. De nombreux économistes affirment que l'économie de marché est inefficace, car elle ne permet pas d'optimiser l'allocation des ressources. Selon eux, le marché ne prend pas en compte les externalités, c'est-à-dire les coûts ou les bénéfices qui sont imposés à des tiers et qui ne sont pas pris en compte dans les transactions commerciales. Par exemple, la pollution de l'air et de l'eau causée par les entreprises est une externalité négative qui peut avoir des conséquences néfastes sur la santé et l'environnement. Les coûts environnementaux associés à la production et à la consommation de biens ne sont souvent pas pris en compte dans les prix de marché, ce qui conduit à une utilisation inefficace des ressources naturelles.

L'économie de marché est inefficace et injuste, selon certains. Cependant, cette vision est basée sur une représentation erronée de l'économie de marché. Tout d'abord, elle adopte une approche de type Nirvana, qui compare la réalité à une situation idéale. Ensuite, elle formalise l'économie de marché dans un modèle d'équilibre général qui ne parvient pas à comprendre la dynamique de coordination sur les marchés. Enfin, elle est a-institutionnelle et ne tient pas compte du rôle central des droits de propriété dans la construction d'un ordre social prospère et juste. La théorie de l'équilibre général, qui fonde les prescriptions de l'économie publique normative, est également critiquée. Cette théorie est inadaptée pour décrire le fonctionnement de l'ordre marchand. Elle est incapable de comprendre la dynamique des marchés et ne représente qu'une forme très singulière de marché, l'enchère. De plus, elle propose une approche a-institutionnelle du marché, sans considérer le rôle central des droits de propriété. Cependant, la vision selon laquelle l'économie de marché est inefficace et injuste ne prend pas en compte le rôle économique central des droits de propriété. Les droits de propriété sont essentiels à la création d'un ordre social prospère et juste. Ils permettent de résoudre les problèmes de coordination et d'incitation, d'encourager l'innovation et l'investissement, et de favoriser la création de richesse. En outre, la vision selon laquelle l'économie de marché est inefficace et injuste ne reconnaît pas le rôle de l'entrepreneur. L'entrepreneur est crucial pour la coordination sur les marchés. Sans profit, il n'est pas possible de comprendre et d'intégrer l'entrepreneur dans le modèle. Ainsi, l'économie de marché, en offrant des opportunités d'entrepreneuriat, stimule la croissance économique et crée des emplois. En conclusion, la représentation selon laquelle l'économie de marché est inefficace et injuste est fondée sur une vision erronée de l'économie de marché. Elle ne prend pas en compte le rôle central des droits de propriété et de l'entrepreneur dans la création d'un ordre social prospère et juste. L'économie de marché est un régime institutionnel qui fonctionne sur la propriété privée, le contrat et la responsabilité des agents. Bien qu'elle ne soit pas parfaite, elle reste le meilleur système économique pour créer de la richesse et promouvoir le bien-être social.

En somme, l'économie de marché n'est pas nécessairement inefficiente, mais elle est loin d'être parfaite. Elle peut entraîner des externalités négatives, des inégalités économiques et des obstacles à l'accès aux opportunités économiques. Le gouvernement peut intervenir pour corriger ces problèmes, notamment les externalités, en imposant des taxes ou des réglementations qui obligent les entreprises à internaliser les coûts ou les bénéfices de leurs activités. Cependant, cela peut également entraîner des coûts supplémentaires pour les entreprises, ce qui peut affecter leur rentabilité et leur capacité à concurrencer sur le marché. Il faut souligner également l'importance de la responsabilité fiscale et budgétaire. Les dépenses publiques doivent être financées par des sources de revenus durables, telles que les impôts et les cotisations sociales, pour éviter l'accumulation excessive de dettes et les conséquences économiques négatives qui en découlent. Cependant, certains économistes soutiennent que l'économie de marché est efficace, car elle permet une allocation efficace des ressources. Selon eux, le marché fonctionne comme un système de signaux de prix qui indiquent aux producteurs et aux consommateurs ce qu'ils doivent faire. Les producteurs sont incités à produire les biens et les services les plus demandés, ce qui conduit à une utilisation efficace des ressources. De même, les consommateurs sont incités à acheter les produits les moins chers et les plus performants, ce qui incite les producteurs à améliorer leur efficacité.

En fin de compte, il est difficile de conclure définitivement si l'économie de marché est inefficiente ou non. Il existe des arguments solides des deux côtés, et cela dépendra en grande partie de la manière dont l'économie de marché est réglementée. En France, par exemple, l'État intervient régulièrement dans l'économie pour corriger les imperfections du marché. Il existe des lois pour protéger les consommateurs, les travailleurs et l'environnement, et les entreprises sont réglementées pour éviter les monopoles. L'économie de marché peut être efficace pour stimuler la croissance économique, mais elle peut également être inefficiente si elle ne prend pas en compte les externalités ou si elle conduit à une concentration excessive de pouvoir économique. Il est donc important que les gouvernements réglementent l'économie pour garantir une utilisation efficace des ressources et une répartition plus équitable des richesses.

L'économie de marché est-elle inéquitable ?

L'économie de marché est souvent accusée d'être inefficace et inéquitable. Cependant, cette représentation est souvent basée sur une vision irréaliste de l'économie de marché. Cette vision est critiquée pour trois raisons principales : une approche de type Nirvana, la formalisation de l'économie de marché dans un modèle d'équilibre général et une vision a-institutionnelle de l'économie de marché.

Tout d'abord, il convient de définir ce que l'on entend par « économie de marché ». Une économie de marché est un système économique dans lequel les prix et la production des biens et des services sont déterminés par l'interaction de l'offre et de la demande sur un marché libre et ouvert. Dans une économie de marché, les entreprises ont la liberté de produire et de vendre les biens et les services qu'elles jugent rentables, tandis que les consommateurs ont la liberté de choisir ce qu'ils veulent acheter.

La première critique de la représentation de l'économie de marché est basée sur l'approche de type Nirvana. Dans le cas de l'économie de marché, cette approche suppose que la concurrence pure et parfaite est l'objectif ultime de l'économie de marché et que toute divergence par rapport à cet idéal est considérée comme une défaillance. Cependant, cette comparaison n'est pas réaliste car la concurrence imparfaite est courante dans le monde réel. La concurrence imparfaite se produit lorsque les marchés ne sont pas caractérisés par une concurrence parfaite. Par exemple, il peut y avoir un petit nombre de fournisseurs sur un marché ou un monopole de fait où une entreprise détient une position dominante sur le marché. Dans de tels cas, les entreprises peuvent utiliser leur pouvoir de marché pour influencer les prix ou les quantités produites, ce qui peut ne pas être bénéfique pour les consommateurs ou pour l'efficacité économique. Elle suppose donc une comparaison déraisonnable entre la situation idéale et la réalité. Cependant, cela ne signifie pas nécessairement que l'économie de marché est défaillante. Les économistes reconnaissent que la concurrence parfaite est rarement atteinte dans la réalité et que des formes d'imperfections du marché peuvent exister. L'économie de marché fonctionne toujours relativement bien même avec ces imperfections, et il est souvent préférable d'avoir un marché imparfait que pas de marché du tout.

La deuxième critique porte sur la théorie de l'équilibre général qui fonde les prescriptions de l'économie publique normative. Cette théorie suppose que l'État doit intervenir sur le marché en raison de ses défaillances telles que les externalités, les asymétries d'information ou les monopoles. Cependant, certains critiques de cette théorie affirment que cela ne suffit pas à comprendre le fonctionnement de l'ordre marchand. Cependant, cette théorie est souvent inadaptée pour comprendre le fonctionnement de l'ordre marchand. Elle ne peut pas expliquer la dynamique des marchés car elle ne considère pas la figure de l'entrepreneur. De plus, elle repose sur la figure du Commissaire-priseur qui ne modélise qu'une forme très particulière de marché. Ce modèle suppose qu'un commissaire-priseur fixe les prix pour chaque bien et service sur le marché en fonction de l'offre et de la demande. Cependant, ce modèle ne reflète pas toujours la réalité des marchés réels, où les prix sont souvent déterminés de manière décentralisée par les interactions entre les acheteurs et les vendeurs.

La troisième critique porte sur la vision a-institutionnelle de l'économie de marché. L'économie de marché est un régime institutionnel qui fonctionne sur la propriété privée, le contrat et la responsabilité des agents. Cette vision ignore le rôle central des droits de propriété dans la construction d'un ordre social prospère et juste. Il est impossible de traiter des biens collectifs et des externalités sans prendre en compte la définition et la mise en œuvre des droits de propriété. Les droits de propriété sont considérés comme la pierre angulaire d'un ordre social prospère et juste, car ils permettent aux individus de s'approprier les fruits de leur travail et de leurs investissements. Sans droits de propriété clairement définis et appliqués de manière cohérente, il est difficile pour les individus de prendre des décisions éclairées en matière d'investissement, de production et de consommation. Les biens collectifs et les externalités ne peuvent pas non plus être correctement pris en compte sans une définition et une mise en œuvre des droits de propriété appropriées.

Cependant, il convient également de noter que la vision institutionnelle de l'économie de marché est souvent critiquée pour son manque de prise en compte des aspects sociaux et environnementaux. Les critiques soulignent que les institutions du marché peuvent conduire à une concentration inégale de richesse et de pouvoir, ainsi qu'à des externalités négatives telles que la pollution et le changement climatique. Par conséquent, il est important de maintenir un équilibre entre les institutions économiques et les considérations sociales et environnementales.

En conclusion, la représentation de l'économie de marché comme inefficace et inéquitable repose souvent sur une vision irréaliste de l'économie de marché. Les critiques de cette représentation montrent que l'économie de marché peut être très efficace et juste si elle est correctement comprise et mise en œuvre. Il est important de considérer la réalité de l'économie de marché et de comprendre ses fonctionnements pour évaluer ses mérites et ses faiblesses. L'économie de marché est un sujet de débat important dans le domaine de l'économie publique normative et de la théorie de l'équilibre général. La question de savoir si l'économie de marché est juste ou injuste, efficace ou inefficace est au centre de ce débat.

Les libéraux soutiennent que l'économie de marché est juste et efficiente, car elle repose sur la propriété privée. Selon eux, ce régime de propriété a des vertus. Le social-libéralisme, quant à lui, défend une position légèrement différente en affirmant que la propriété privée est efficiente, mais conduit à une répartition inégalitaire des revenus et des richesses. Par conséquent, il faut libéraliser le marché du travail, privatiser les entreprises publiques et augmenter les impôts sur les riches pour financer des mesures de redistribution. Cela permettrait de réduire les inégalités via l'éducation et les transferts sociaux. Les ordolibéraux allemands sont contre le laissez-faire manchesterien et revalorisent l'intervention politique, les règles de droit et la législation. Ils pensent que la crise de 1929 ne permet plus de soutenir que le marché s'autorégule. Pour protéger la propriété, il faut réguler le marché et donner à l'État le pouvoir de lever l'impôt, de gérer les monopoles et de stabiliser le pouvoir d'achat de la monnaie. La propriété reste juste, mais elle n'est plus nécessairement efficiente, car la concurrence peut tuer la concurrence et placer le consommateur à la merci des producteurs. L'État doit donc réguler le capitalisme.

Enfin, l'école radicale et l'économie du bien-être ont un diagnostic commun selon lequel l'économie de marché n'est ni efficiente ni juste. Cependant, ils ne tirent pas les mêmes conclusions. L'école radicale pense qu'il faut transiter vers le socialisme, c'est-à-dire vers la propriété collective des moyens de production. L'économie publique normative, quant à elle, estime qu'il faut simplement corriger les défauts de l'économie de marché et la manière dont elle distribue les richesses.

Cependant, cette synthèse ne traite que d'un aspect de la question. Il faut également se poser la question de savoir si les mesures de politique publique sont efficientes et justes. L'économie de marché peut être inefficace et inéquitable, mais cela ne signifie pas nécessairement que l'économie publique est efficiente et équitable. La théorie des choix publics montre que les carences du marché, les « maux privés », ne suffisent pas à justifier l'intervention publique. Il faut également s'assurer que les solutions publiques ne provoquent pas des « maux publics » encore plus importants.

Calcul politique et choix publics en démocratie

En démocratie, les acteurs politiques agissent en fonction de leurs intérêts personnels et ne sont pas nécessairement bienveillants. C'est ce que montre la nouvelle économie publique de l'école des choix publics, qui applique les hypothèses de la théorie économique néoclassique aux choix politiques. Les choix de politique publique ne sont pas optimisés par un planificateur bienveillant, mais sont le résultat de l'interaction d'une multitude de choix politiques rationnels, qui peuvent conduire à un ordre plus juste et plus efficient, mais dont les effets sont mal connus. Les élus, les électeurs, les groupes d'intérêts et les administrations publiques agissent dans la sphère politique comme ils agissent sur le marché ou dans l'économie domestique. Les décideurs politiques ne cherchent pas l'efficience des choix de politique publique, mais l'efficacité politique, c'est-à-dire la maximisation de leurs chances d'être réélus. Les électeurs, quant à eux, cherchent à maximiser leur utilité individuelle, sans se préoccuper du bien-être social. Les groupes d'intérêts agissent également dans leurs intérêts, en utilisant les lois et les règlements pour leur propre bénéfice. Cette réalité politique doit être prise en compte lors de la prise de décisions publiques.

L'école des choix publics (Public Choice) remet en cause l'hypothèse de bienveillance de l'État et des décideurs publics. Elle concentre son étude sur les déterminants des choix publics (les dépenses, les impôts, la dette, la réglementation, la taille des entreprises publiques, etc.).

L'école des choix publics participe à l'extension de la méthode et des hypothèses de la théorie économique néoclassique à l'explication des faits sociaux. Il s'agit d'étendre la méthode et les hypothèses de la théorie économique néoclassique à l'explication des choix politiques (Downs). Il s'agit de penser la politique en termes d'équilibre de l'offre et de la demande politique et d'appliquer à l'acteur politique l'hypothèse de rationalité parfaite de la microéconomie standard. L'économie politique moderne ou Political Economy naît de cet acte fondateur.

Mise en évidence d'un calcul politique

Les acteurs politiques en démocratie sont les électeurs, les élus et le gouvernement (exécutif), les agents publics et les groupes d'intérêt. Chaque acteur politique met en œuvre des moyens pour atteindre une fin politique. Les choix des décideurs publics sont concrets et contraints par des institutions politiques (démocratie, aristocratie, monarchie, etc.). Les électeurs, les lobbyistes, les agents publics et les élus agissent dans la sphère politique comme ils agissent sur le marché ou dans l'économie domestique. Ce qui change, c'est la structure incitative, les règles du jeu. Les acteurs publics sont rationnels et agissent selon leurs intérêts. Ils n'ont aucune raison d'être bienveillants. Chacun défend ses intérêts, mais personne ne sait si cette stratégie aura pour conséquence de créer un ordre plus juste et plus efficient.

Définition du périmètre d'intervention de l'État : le cœur reste l'économie publique et ses quatre acteurs (État central, collectivités locales, administrations de sécurité sociale et entreprises publiques). Il est déterminé par l'activité des élus, des électeurs, des groupes d'intérêts et des administrations elles-mêmes qui peuvent vouloir peser sur les choix du gouvernement et le contraindre à engager des dépenses ou à lever des impôts qui initialement n'étaient pas demandés par les électeurs ou les groupes d'intérêt.

Dans un tel modèle, l'efficience des choix de politique publique n'est plus nécessairement assurée. Les décideurs publics et politiques n'ont pas pour objectif l'efficience. Ils privilégient l'efficacité politique : ils veulent juste atteindre leurs objectifs.

  1. Les élus maximisent la probabilité d'être réélu. Si les politiques Pareto-améliorantes ne maximisent pas leurs chances de gagner les élections, ils ne les mettent pas en œuvre. Ils peuvent dans ce cas instrumentaliser la politique économique. Ils vont suivre le calendrier électoral plutôt que les cycles économiques et créer ainsi des cycles politiques (Nordhaus).
  2. Les électeurs, de leur côté, utilisent leur bulletin de vote pour maximiser leur utilité individuelle (Fiorina). Ils se moquent du bien-être social.
  3. Les groupes d'intérêts agissent aussi dans leurs intérêts. Stigler décrit dans sa théorie de la capture comment les groupes d'intérêts et les acteurs politiques utilisent les lois et les règlements pour maximiser leur utilité et leur gain. La réglementation n'est plus au service de l'intérêt général. Elle est détournée de sa fonction. Elle sert à se protéger de la concurrence des entreprises nationales ou à fermer un marché à la concurrence des entreprises étrangères. La conséquence de cette activité est une forme de sclérose institutionnelle qui peut expliquer le déclin de certaines nations (Olson).
  4. Les agents publics, enfin, utilisent leur position de monopole pour maximiser la taille de leur budget (Tullock, Niskanen). Ils ne cherchent aucunement à minimiser les coûts de production des biens publics. La conséquence est l'inefficience des politiques publiques. D'une part parce qu'il y a des coûts d'agence. D'autre part, parce qu'il y a des coûts de recherche de rente. Les coûts d'agence sont la conséquence de la procédure de délégation. Les électeurs délèguent la réalisation de leur préférence politique au gouvernement. Le gouvernement délègue l'exécution de ces préférences à l'administration publique.

L'efficience explique les choix de politique publique : ce qui est et ce qui devrait être correspondent. Mais si l'efficacité politique des politiques publiques prévaut, ce qui est et ce qui devrait être sont dissociés.

L'économie politique de l'École de Chicago défend que l'efficience explique les choix politiques et in fine les politiques publiques, alors que l'économie politique de l'École de Virginie estime que les choix politiques ne sont ni efficients ni justes, mais sont juste motivés par l'intérêt de ceux qui les inspirent.

L'École de Chicago et la main invisible de la démocratie

L'École de Chicago travaille sur la base d'une théorie de la rationalité parfaite (Friedman, Stigler, Becker, Coase).

Becker : le marché politique pourrait finalement être aussi efficient que le marché économique, car les vertus de la concurrence économique s'appliqueraient aussi en politique dans un régime démocratique (la concurrence politique en démocratie est bénéfique). Il prône finalement, sans le dire, l'existence d'une sorte de main invisible de la démocratie. Les choix publics sont bien la conséquence de l'activité des groupes d'intérêt, mais ces groupes sont en concurrence. La concurrence politique aurait alors les mêmes vertus que la concurrence sur les marchés. Elles permettraient d'établir un compromis institutionnel satisfaisant toutes les parties au contrat politique.

  • Wittman : la démocratie est efficiente. Si une situation inefficiente s'installait, elle créerait des opportunités de gain et imposerait un changement. On retrouve l'intuition de l'optimalité parétienne.

L'École de Virginie et les défaillances de la démocratie

Critique de la conception immanente de l'intérêt général

L'intérêt général immanent (l'intérêt général croît avec les intérêts individuels) suppose qu'il est possible d'avoir une décision collective rationnelle.

Théorème d'impossibilité d'Arrow (critique du principe de souveraineté populaire) : il est impossible de trouver un choix commun avec l'agrégation des préférences individuelles si la procédure des choix respecte ces 5 axiomes :

  • l'universalité du domaine des choix,
  • le fait que l'utilité sociale augmente avec les utilités individuelles,
  • l'indépendance des choix à l'égard des alternatives non concernées par le choix collectif,
  • la souveraineté des citoyens,
  • l'absence de choix dictatorial.

Il existe, sous ces conditions, une contradiction logique lors du processus d'agrégation des préférences individuelles. Il n'existe pas de possibilité de construire une volonté commune sur l'agrégation de préférences individuelles. Arrow soutient alors que la seule méthode rationnelle capable de passer des préférences individuelles aux préférences sociales serait la dictature. La théorie du choix social vise à sauver la rationalité des choix collectifs en abandonnant le principe d'universalité des choix et d'indépendance.

Efficience et rationalité sous la règle

L'économie politique de l'École de Virginie (James Buchanan comme figure représentative) partage, dès ses origines, l'idée qu'il faut développer une analyse positive des choix publics construite sur les bases de la théorie microéconomique et de son hypothèse de rationalité.

Économie publique constitutionnelle : c'est parce que les institutions qui gouvernent les choix sur le marché sont efficientes que les choix rationnels des individus créent un ordre économique efficient. Ce n'est pas la rationalité des individus en elle-même qui fait que l'ordre économique dans son ensemble est efficient (on peut alors avoir des individus rationnels mais des institutions qui ne permettent pas d'affirmer que ce qui est est rationnel et que ce qui est rationnel est efficient).

L'économie politique constitutionnelle propose, dans cette perspective, une théorie des défaillances de la démocratie (règles du jeu) et des solutions pour les corriger. La démocratie ne place pas les décideurs (électeurs, élus et agents publics) dans une structure incitative efficiente. Un changement des règles du jeu démocratique peut modifier cet état de fait et rendre la démocratie plus efficiente.

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