L'Erreur et les Causes de Non-Imputabilité en Droit Pénal
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POINT 26 - L'Erreur : Classification et Solutions
Nous pouvons établir une classification et proposer des solutions différentes selon les hypothèses de l'erreur. L'erreur peut être définie comme une fausse représentation, par erreur ou par ignorance, d'un élément ou d'une circonstance de l'action typique, et qui n'est pas justifiée. Parmi les classifications possibles, nous allons examiner les plus pertinentes :
1. Erreur pertinente et non pertinente
Considérant que l'erreur peut ou non avoir une incidence sur l'existence de la responsabilité pénale, on peut distinguer entre ces deux classes :
a. Erreur pertinente
Par exemple, si j'ai pris le portefeuille de B en pensant qu'il était le mien, alors qu'il ne l'était pas.
b. Erreur non pertinente
Par exemple, si le portefeuille est identique au mien et que je pensais qu'il était défectueux, alors qu'en réalité, c'est celui de l'autre personne.
2. Erreur propre et erreur impropre
a. Erreur propre
Elle affecte la formation de la volonté personnelle du sujet. Par exemple, une erreur propre serait de prendre quelque chose en pensant que c'est à moi, alors que ce n'est pas le cas, car si j'avais su que ce n'était pas à moi, je ne l'aurais pas pris.
b. Erreur impropre
Elle réside dans l'exécution de l'acte. Par exemple, je tire sur A mais touche B. C'est une erreur de tir.
3. Erreur : Élément essentiel ou circonstance aggravante
a. Erreur sur un élément essentiel
Erreur portant sur un élément qui détermine l'existence d'un type d'infraction de base. Par exemple, l'erreur sur l'altérité de la chose (le fait qu'elle appartienne à autrui) dans le vol.
b. Erreur sur une circonstance aggravante ou atténuante
Erreur portant sur une circonstance ou un élément qui détermine une forme atténuée ou aggravée de l'infraction, ou sur des circonstances qui atténuent ou aggravent la responsabilité.
4. Erreur évitable et inévitable
a. Erreur évitable
Erreur que l'on peut éviter en faisant preuve de diligence raisonnable.
b. Erreur inévitable
Erreur qui ne peut être évitée, même en déployant la plus grande diligence.
5. Erreur de type et erreur de prohibition
a. Erreur de type
C'est une fausse connaissance, trompeuse ou erronée, ou l'ignorance d'un élément constitutif de l'infraction (descriptif, normatif ou évaluatif). Par exemple, l'âge d'une personne à laquelle on peut appliquer une sanction moindre ou plus grande, l'altérité de la chose, la durée de détention d'une personne...
b. Erreur de prohibition
Elle implique une méconnaissance du fait que la conduite est interdite par la loi. On distingue :
- Erreur directe : L'ignorance de l'existence de la règle.
- Erreur indirecte : Erreur portant sur la présence des faits de justification. Par exemple, une personne croit que ses actes sont couverts par une cause de justification, alors que ce n'est pas le cas.
Concernant la nature juridique de l'erreur, il existe une différence entre la théorie causale et la théorie finaliste.
Théorie causale
Selon la théorie causale (qui adopte la théorie du dol), l'erreur affecte la connaissance des éléments constitutifs de l'infraction (erreur de type) et la connaissance de l'illégalité du comportement (erreur de prohibition).
Théorie finaliste
Selon la théorie finaliste (qui adopte la théorie de la culpabilité), l'erreur affecte le type de comportement typique, c'est-à-dire l'action.
POINT 26 - Les Causes de Non-Imputabilité et d'Exculpation
L'exigibilité d'un comportement différent est la combinaison d'une série de conditions de fait normales qui permettent d'imposer au sujet l'obligation d'agir conformément à la norme. C'est un concept normatif d'importance politico-criminelle. L'exigibilité d'un comportement différent est associée au rôle du système judiciaire, et en particulier du droit pénal, dans une démocratie et aux hypothèses de non-imputabilité sociale. Dans ces cas, l'illégalité de l'action n'est pas niée, car le sujet choisit d'effectuer une action interdite. Ce qui est nié, c'est la culpabilité, car le système juridique ne peut exiger personnellement, dans ce cas particulier, un comportement différent de celui adopté, le sujet se trouvant dans une situation où sa capacité de décision est restreinte. Les causes de non-imputabilité traditionnellement admises sont la contrainte et l'état de nécessité exculpant. Pour qu'une personne soit déclarée coupable, il est nécessaire que le sujet se trouve dans une situation normale. Alors que les causes de folie révèlent une anomalie dans la capacité du sujet actif, les causes de non-imputabilité ou d'exonération sont liées à une situation anormale, et non au sujet lui-même. L'individu qui invoque un motif d'exculpation peut être parfaitement responsable, mais dans la situation particulière à laquelle il est confronté, il est incapable d'agir conformément à la norme (en raison de la situation anormale). Dans les deux situations (contrainte ou nécessité exculpante), le sujet est sous pression ou menacé par un mal, une situation anormale qui rend difficile pour lui d'agir légalement.
1. Peur insurmontable
L'article 20.6 du Code Pénal traite de la peur insurmontable. Celui qui agit sous la menace d'un mal connu et apprécié est confronté à la décision d'affronter le mal ou de commettre une action illégale pour se sauver d'une violation d'un droit juridique. Pour pouvoir parler de contrainte, une série d'exigences sont nécessaires :
a. Peur insurmontable
La menace du mal doit instiller une peur telle chez le sujet que le mal puisse effectivement se produire. Le sujet ne doit pas perdre sa clarté mentale, mais doit être conscient de la possibilité de la matérialisation d'un mal, et non d'une simple crainte.
b. Menace d'un mal réel
La peur doit être causée par la menace d'un mal grave, imminent et non justifié par la loi. Si le mal n'est pas réel, nous pourrions être en présence d'une erreur.
2. État de nécessité
Du point de vue théorique, une double classification doit être faite :
a. État de nécessité justificatif
Il correspond à l'article 20.5 du Code Pénal et requiert une situation de menace d'un mal (propre ou exotique) qui doit satisfaire aux exigences suivantes :
- Que le mal commis ne soit pas plus grave que celui que l'on cherche à éviter.
- Que la situation de nécessité n'ait pas été causée intentionnellement par le sujet.
- Que le sujet n'ait pas, de par sa fonction ou son devoir, l'obligation de se sacrifier.
b. État de nécessité exculpant
Il concerne uniquement l'équilibre entre le dommage causé et les droits légaux. Le préjudice causé est de même entité (bien juridique de valeur égale).