Espagne : Al-Andalus, Crises et Réformes (VIIIe-XVIIIe s.)

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Le monde rural et urbain d'Al-Andalus

Dans le monde rural, le pouvoir musulman introduisit des améliorations techniques, promut la pratique de l'irrigation, contrôlant l'usage de l'eau et propageant des cultures comme le riz, le coton et les agrumes. Il développa également l'élevage ovin et les récoltes. De vastes domaines terriens étaient aux mains des Arabes, dont la forme d'exploitation la plus courante était le partenariat (partage des bénéfices), impliquant l'attachement à la terre des personnes qui y naissaient.

Dans le monde urbain et artisanal, le plan des villes était irrégulier. La médina constituait la partie centrale où se trouvaient le souk et la mosquée. Elle était généralement fortifiée, située sur un terrain élevé et d'aspect mixte. Les ateliers étaient organisés par rue et en corporations (associations d'artisans de différents secteurs) pour éviter la concurrence, la corruption et assurer un approvisionnement suffisant à la demande. Le commerce jouait un rôle très important et son développement nécessitait des routes et des ports. Il s'effectuait avec l'extérieur (Afrique du Nord) et avec les royaumes chrétiens dans les souks (zabazoques). Les esclaves étaient un produit commercial important.

La société d'Al-Andalus

La société était divisée entre :

  • L'aristocratie (Jassa)
  • Les riches marchands
  • Le peuple (Amma)

Ce dernier groupe comprenait les artisans et les ouvriers (attachés ou libres). Les chrétiens et les juifs payaient plus d'impôts car ils n'étaient pas musulmans.

La crise de la monarchie hispanique au XVIIe siècle

En 1640, la faillite de la monarchie hispanique devint évidente avec les révoltes de la Catalogne et du Portugal. Les causes en étaient le fardeau fiscal et le mécontentement des groupes sociaux (l'aristocratie ayant quitté la Cour) face à l'autoritarisme du comte-duc d'Olivares.

La révolte catalane (1640-1652)

En Catalogne, le favori (Olivares) avait échoué en 1636 dans sa tentative de mettre en œuvre l'Union des Armes (qui visait à exiger de tous les royaumes une contribution à la défense de la monarchie). Après l'entrée en guerre contre la France, les troupes castillanes durent défendre les frontières en Catalogne, ce qui conduisit en 1640 paysans et soldats à se révolter. Le 7 juin 1640 (jour du Corpus de Sang), les moissonneurs (segadors) entrèrent dans Barcelone et tuèrent le vice-roi, le comte de Santa Coloma. Une Junte remplaça la Généralité et accepta la souveraineté française face à l'avancée castillane. Les Français défirent les Castillans à Montjuïc en 1641 et prirent le Roussillon et Lérida en 1642.

Cependant, les humiliations subies sous l'administration française et la chute d'Olivares permirent à la Catalogne de réintégrer la couronne en 1652, Philippe IV confirmant ses fors (fueros).

L'indépendance du Portugal (1640)

En décembre 1640, le Portugal se souleva. L'Espagne n'avait rien fait pour libérer les colonies portugaises des Hollandais, les Castillans avaient pris part à son gouvernement, et les guerres affaiblissaient son commerce international. Le pays redevint donc indépendant sous l'égide du duc de Bragance (proclamé Jean IV).

L'avènement des Bourbons et les réformes

Après la mort de Charles II sans descendance directe et à l'issue de la Guerre de Succession d'Espagne, Philippe V fut reconnu comme nouveau roi d'Espagne par le traité d'Utrecht.

Le règne de Philippe V (1700-1746)

Philippe V s'entoura d'administrateurs français, italiens et espagnols, comme Alberoni et Patiño. La réforme, imitant le modèle centralisé français, comprit :

  • Les décrets de Nueva Planta (qui mirent fin aux fors et institutions propres des royaumes de la Couronne d'Aragon, le dernier étant Majorque en 1716).
  • L'imposition des lois et tribunaux de Castille.
  • L'abolition des frontières intérieures.
  • L'imposition du castillan comme langue administrative.
  • La mise en place d'un cadastre recensant les biens de la population.

L'ensemble du territoire fut aligné sur le modèle castillan, à l'exception des provinces basques et de la Navarre qui conservèrent leurs privilèges (fueros).

L'administration centrale fut organisée en cinq Secrétariats d'État et du Bureau (remplaçant les anciens Conseils, sauf celui de Castille) et le territoire fut divisé en provinces (intendances). L'armée fut restructurée, et l'autorité royale s'affirma face à l'Église (régalisme).

Une politique industrielle et commerciale fut développée, caractérisée par des mesures mercantilistes, l'élimination des douanes intérieures, la promotion des manufactures royales et des compagnies commerciales.

Le court règne de Louis Ier (1724)

Louis Ier était le fils de Philippe V et de Marie-Louise Gabrielle de Savoie. Il monta sur le trône en 1724, mais son règne ne dura que 229 jours. Sa belle-mère (Élisabeth Farnèse) l'écarta des affaires importantes, et il n'eut guère le temps d'agir.

Le règne de Ferdinand VI (1746-1759)

Sous Ferdinand VI, le marquis de la Ensenada tenta de renforcer le pouvoir absolu par la croissance économique et la modernisation. Il fallait sécuriser et améliorer le commerce colonial. Cela nécessitait d'améliorer la Marine et d'instaurer une période de paix.

Réformes fiscales et économiques

La réforme fiscale (Cadastre d'Ensenada) tenta d'inclure les classes privilégiées. Les revenus augmentèrent, les tarifs douaniers intérieurs sur les céréales furent éliminés, et le commerce colonial fut en partie libéralisé.

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