L'Espagne au début du XXe siècle et la philosophie d'Ortega y Gasset
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Contexte historique de l'Espagne au début du XXe siècle
Au début du XXe siècle, l'Espagne comptait une grande majorité de population rurale. Entre 1882 et 1914, un million de personnes ont quitté la péninsule en partance pour les Amériques. Cela a produit une vague de migration des zones rurales vers les zones urbaines. Le domaine était soumis à une distribution inégale des terres et les techniques appropriées pour améliorer la production n'étaient pas utilisées.
Les trois préoccupations fondamentales
Trois préoccupations fondamentales ont marqué le pays au début du XXe siècle :
- La question du nationalisme, héritée du XIXe siècle.
- La guerre du Maroc, qui traduisait une volonté de lutter contre les pertes coloniales.
- Le problème social, qui touchait principalement les paysans et le prolétariat des grandes villes.
Réformes et radicalisation sociale
Après la chute de la dictature du général Primo de Rivera et la proclamation de la République, la nouvelle Constitution a initié des réformes touchant la campagne, l'éducation, la politique régionale, la législation du travail, etc. La nature progressive de certaines réformes a provoqué la réaction de la droite conservatrice, d'autant plus que les réformes visaient à maîtriser et réprimer les aspirations de la langue basque et du nationalisme catalan. Le résultat fut une radicalisation sociale en deux pôles opposés, dont l'issue finale fut la Guerre civile.
L'intention philosophique d'Ortega y Gasset
Dans ce contexte, l'œuvre d'Ortega vise à illustrer les problèmes collectifs, la réalité sociale et historique espagnole, en partant de l'hypothèse que face à la vérité affirmée contre l'autre, nous devons reconnaître la valeur du point de vue individuel : « Au lieu de discuter, intégrons la généreuse collaboration de nos vies spirituelles. »
Le Perspectivisme : Soi et Circonstance
Pour Ortega, si les fondamentaux sont le soi et la circonstance, le point de vue individuel apparaît comme le seul point de vue à partir duquel on peut regarder le monde dans sa vérité.
L'être humain n'a accès qu'à la vérité compatible avec sa propre opinion et ne peut connaître que la partie de la réalité accessible depuis sa situation : la perspective individuelle est la seule façon d'appréhender la réalité. La doctrine du perspectivisme d'Ortega cherche à vaincre le scepticisme et le rationalisme. Tout en acceptant, comme le sceptique, que le concret est modifiable et soumis à différents points de vue, et tout en revendiquant, comme le rationalisme, l'établissement d'une relation avec la réalité au-delà de sa mutabilité, il rejette l'ensemble universel comme seul mode d'accès, privilégiant le point de vue personnel.
Le Ratiovitalisme : L'union de la vie et de la raison
Ortega propose un Ratiovitalisme, une tentative d'examiner les deux perspectives les plus importantes pour l'homme : la vie et la raison. Pour Ortega, la raison essentielle est d'éviter le discrédit que les philosophes vitalistes (l'irrationalisme) ont fait subir à la raison, en proposant un nouveau concept de la raison pour remplacer la raison pure, qui dégénère dans le rationalisme. La raison ne peut être séparée de la vie ; par conséquent, la raison est indispensable à l'homme. Appliquer la raison à la vie signifie que l'homme cherche à comprendre les éléments de la réalité, y compris la raison elle-même, étant donné le rôle vital qu'elle joue. Dans ce processus d'analyse, les êtres humains découvrent que leur manière d'être, de savoir, de penser et d'agir dépend du patrimoine d'idées et de croyances que l'humanité a développé tout au long de son histoire et que chaque homme rencontre dans son moment historique.
Synthèse : Critique de la philosophie utopique
La thèse centrale du chapitre dans lequel ce texte est inséré est la théorie de la perspective ou « Perspectivisme ». Cette théorie joue un rôle clé dans une certaine compréhension de la vie et de la raison, et elle établit que le sujet qui appréhende la vérité n'est pas un « ego pur et transparent », mais exerce une fonction « sélective ». Ce caractère perspectiviste de la réalité et la dimension essentielle, vitale et historique de la raison sont la base de la critique de toute pensée et philosophie « utopique ».