L'Espagne face à la Révolution française (1792-1808)

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Le Gouvernement de Floridablanca (1789-1792)

L'isolement semblait être la meilleure stratégie, et les relations avec la France ont été rompues. L'Inquisition fut accusée de menacer les suspects et de faire de la publicité politique dans le pays. La politique de Floridablanca se situait à mi-chemin entre les réformistes et le libéralisme.

Jovellanos eut l'occasion d'écrire son Rapport sur la loi agraire, qui consacra la valeur de la propriété privée et des intérêts individuels.

Sous l'accusation d'être « anti-chrétiennes », toutes les publications françaises furent persécutées, suscitant un intérêt accru du public et devenant un foyer de départ pour les librairies clandestines. L'Espagne interdit aux jeunes désireux d'étudier dans des universités étrangères et l'entrée des professeurs étrangers, une mesure aux conséquences graves à un moment où le pays avait besoin d'acquérir de l'expertise.

La peur révolutionnaire grandit tellement que le comte de Floridablanca alla jusqu'à interdire l'enseignement du français comme moyen d'éviter la lecture d'ouvrages contraires à la monarchie et à l'Église. D'autres activités furent bannies pour les entreprises royales dans le pays avec des amis.

Manuel Godoy et la Guerre de la Convention (1792-1808)

Godoy prit en 1792 le poste de Premier Secrétaire, en remplacement d'Aranda. Il dirigea le gouvernement de l'Espagne jusqu'en 1808. Son attitude était celle d'un dirigeant classique du despotisme éclairé, craignant, d'une part, la Révolution, et, d'autre part, encourageant des mesures de réforme de l'éducation et des réformes économiques.

La Guerre de la Convention

Après l'exécution de Louis XVI en 1793, les Pactes de Famille furent annulés. L'Espagne rompit tous les liens avec la France et déclara la guerre, ouvrant immédiatement les hostilités.

Cette guerre fut la réponse de l'Espagne de l'Ancien Régime face à ce qui avait brisé l'ordre traditionnel, principalement le droit des rois, les privilèges de la noblesse et de l'Église. Pour cette raison, la Guerre de la Convention trouva ses prédicateurs laïcs et ecclésiastiques.

Évolution du conflit et relations internationales

L'armée, sous le général Ricardos, s'avança en Catalogne française. Les succès initiaux ne furent pas optimisés, menant à la signature d'un traité de paix.

L'alliance temporaire contre la Convention n'atténua pas les réticences du gouvernement de Madrid envers la Grande-Bretagne. Celle-ci exigeait que la marine espagnole participe au blocus naval français et voulait forcer une compétition pour gagner le contrôle des mers et du commerce. La marine espagnole désavoua ces exigences et réussit à maintenir une communication claire avec l'Amérique.

Premières Confiscations (1798-1808)

En 1798 eut lieu la première vente des biens ecclésiastiques au profit de l'État. Le produit de la confiscation devait servir au paiement de la dette croissante, qui, en 1804, mena le pays à une situation de quasi-faillite.

L'Ancien Régime inaugura ainsi l'ère des confiscations, qui deviendra l'arme des libéraux du XIXe siècle dans leur lutte pour un nouvel ordre. Charles IV tenta de maintenir la société traditionnelle. La confiscation fut prolongée jusqu'en 1808, privant l'Église d'une partie de sa propriété. Cela bénéficia principalement aux commerçants et aux propriétaires terriens.

Les Abdications de Bayonne (1808)

Napoléon ne reconnaissait ni Charles IV ni Ferdinand VII. Alors que Charles IV se repentait de son abdication, les troupes françaises du général Murat entrèrent à Madrid. L'Empereur intervint dans le conflit dynastique pour résoudre leurs différends à Bayonne.

Napoléon força les deux monarques à céder le trône, qu'il remit ensuite à son frère, Joseph Bonaparte.

Les héritiers de la Révolution française se préparaient à enterrer l'Ancien Régime avec l'aide des afrancesados (les Espagnols éclairés). Le roi Joseph publia le Statut de Bayonne, une sorte de constitution qui, bien que maintenant la plupart des privilèges, apportait un air de renouvellement libéral remettant en question les fondements de l'Ancien Régime. En raison de la guerre, ce texte ne fut jamais mis en œuvre.

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