L'Espagne Libérale (1833-1868) : Réformes, Constitutions et Conflits Politiques

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La Décennie Modérée (1844-1854)

En 1844, les élections ont porté au pouvoir une majorité modérée. Un gouvernement dirigé par le général Narváez a été formé, promouvant une politique fondée sur les principes du libéralisme modéré. Le gouvernement entreprit de réformer la constitution progressiste de 1837 et approuva la nouvelle Constitution de 1845. Celle-ci intégrait les idées fondamentales du conservatisme, notamment la souveraineté conjointe entre le Roi et les Cortes. En outre, les modérés cherchèrent à améliorer les relations avec l'Église. En 1851, ils signèrent un Concordat avec le Saint-Siège, suspendant la vente des biens de l'Église et restituant les biens invendus. En contrepartie, le Saint-Siège reconnaissait Isabelle II, et l'État s'engageait à soutenir l'Église espagnole.

Le Biennat Progressiste (1854-1856)

L'autoritarisme du gouvernement modéré provoqua l'opposition et le soulèvement des progressistes et des démocrates. Cette union aboutit à la Vicalvarada en juin 1854, un pronunciamiento mené par le général O'Donnell, qui fonda un nouveau parti, l'Unión Liberal. Les rebelles rédigèrent le Manifeste de Manzanares, qui réclamait l'application de la Constitution de 1845 et la réforme de la loi électorale. Par la suite, Espartero fut de nouveau appelé à la présidence du gouvernement, et O'Donnell fut nommé ministre de la Guerre.

Concernant la législation économique, l'une des actions majeures du gouvernement libéral fut le désamortissement de Madoz. Cette loi, promue par le ministre Madoz, concernait les biens propres et communaux, et une grande partie des recettes fut investie dans le développement du réseau ferroviaire. Le gouvernement progressiste chercha à consolider la structure du nouvel État libéral, en s'appuyant sur les principes suivants :

  • La centralisation
  • L'uniformité
  • La hiérarchie

D'une part, le gouvernement entreprit une réforme fiscale nécessaire. D'autre part, il aborda la réforme de l'administration publique. En outre, la loi sur l'administration locale stipulait que les maires des villes de plus de 2 000 habitants seraient nommés par la Couronne. Les échecs des gouvernements modérés à assurer la stabilité politique, après plusieurs propositions infructueuses, conduisirent à une nouvelle révolution en 1854. Celle-ci permit aux progressistes de revenir au pouvoir, mettant ainsi fin à dix années de gouvernement modéré.

L'Établissement du Régime Libéral (1833-1868)

Le testament de Ferdinand VII prévoyait la création d'un Conseil de gouvernement pour conseiller la régente Marie-Christine. Ce conseil, présidé par Francisco Cea Bermúdez, était composé d'absolutistes. La seule réforme significative entreprise par ce gouvernement fut la nouvelle division provinciale de l'Espagne, qui, malgré un manque initial d'uniformité, tendait vers une unité administrative. L'Espagne fut ainsi divisée en 29 provinces. Cependant, face à l'insurrection carliste, le trône d'Isabelle II commença à vaciller par manque de soutien solide. Cela força la régente à nommer un nouveau gouvernement, capable d'obtenir l'appui des libéraux. Francisco Martínez de la Rosa, un libéral modéré, fut choisi.

Le Statut Royal de 1834

Sa proposition fut d'annoncer un Statut Royal, qui n'était ni une constitution, ni une charte octroyée, mais un ensemble de règles pour la convocation des Cortes. Il devint rapidement évident que ces réformes étaient insuffisantes. La gauche libérale se divisa alors en deux grandes tendances qui allaient dominer la vie politique espagnole : les modérés et les progressistes.

L'Ascension des Progressistes

Les progressistes dissidents tiraient leur force du mouvement populaire, de leur forte influence sur la milice nationale, et des comités révolutionnaires. Une vague d'émeutes progressistes éclata à travers le pays, et la plupart des juntes révolutionnaires revendiquèrent leurs principales exigences :

  • La réunion des Cortes
  • La réorganisation de la milice nationale
  • La liberté de la presse

Dans cette situation, Marie-Christine fit appel à un gouvernement libéral progressiste dirigé par Mendizábal, qui initia la réforme du Statut Royal. En bref, les progressistes entreprirent de démanteler l'Ancien Régime et d'établir un régime constitutionnel libéral de monarchie parlementaire.

La Réforme Agraire Libérale (1837)

La réforme agraire libérale fut menée en 1837 en trois étapes clés :

  • La dissolution du système féodal
  • Le désamortissement (découplage)
  • La confiscation des biens

Avec l'abolition du système féodal et la transformation de la propriété, ces diverses mesures achevèrent la libéralisation de l'économie de marché. Par la suite, le gouvernement progressiste convoqua des Cortes constituantes pour rédiger un nouveau texte constitutionnel, adapté à la nouvelle époque, et qui devait remplacer la Constitution de 1812.

La Constitution de 1837

Ce document fut approuvé et adopté en juin 1837. Il intégrait plusieurs principes fondamentaux du progressisme, tels que la souveraineté nationale, tout en reprenant des éléments plus modérés, comme la prévision de deux chambres (le Congrès et le Sénat) et l'octroi de pouvoirs accrus à la Couronne. D'autres lois importantes furent également adoptées, notamment la loi sur la presse et la loi électorale.

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