L'Espagne Libérale et Révolutionnaire (1833-1875)

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La Crise de Succession et la Première Guerre Carliste (1833-1840)

Après la mort de Fernando VII, surgirent des problèmes majeurs concernant la succession au trône. L'héritage devait revenir à sa fille, Isabelle, mais les conservateurs souhaitaient que le nouveau monarque fût Carlos María Isidro. Les absolutistes soutenaient les Carlistes.

Isabelle n'étant âgée que de trois ans, débuta une période de régence, assurée d'abord par sa mère, Marie-Christine, puis par Espartero. La reine Marie-Christine fut contrainte de s'allier aux libéraux et signa une Charte royale. C'est à ce moment que débuta la Première Guerre Carliste, opposant les Carlistes aux Isabellins (libéraux).

Idéologie et Forces en Présence

La revendication dynastique carliste impliquait une question idéologique profonde. Les Carlistes défendaient le catholicisme et attaquaient la monarchie constitutionnelle et les modifications issues de la Révolution libérale. Ils étaient soutenus par les régions du nord de la péninsule.

  • Chefs militaires carlistes : Zumalacárregui, Cabrera, Maroto.
  • Soutien libéral : Toutes les villes, car elles étaient peuplées par la bourgeoisie. Le militaire le plus important fut Espartero.

Le conflit fut caractérisé par la violence et la cruauté. L'armée libérale était la plus importante, bien que les forces carlistes fussent considérables. La guerre se termina par l'Étreinte de Vergara entre Maroto et Espartero, où les Carlistes livrèrent leurs armes. Deux autres guerres carlistes eurent lieu par la suite, mais elles furent moins importantes.

Le Règne d'Isabelle II : L'Organisation du Régime Libéral

Le régime isabellin fut une période de grands changements. Le régime libéral était fondé sur trois institutions principales : l'administration publique, les partis politiques et les militaires. Ces trois institutions s'affrontaient parfois, mais s'unissaient face aux dangers extérieurs.

Le Rôle de la Couronne et des Partis

La Couronne était limitée dans ses fonctions par la Constitution. Son rôle était de facilitateur entre les pouvoirs législatif et exécutif. Elle avait la capacité de dissoudre les Cortes en accord avec le gouvernement en place. Elle détenait le droit de veto sur le choix des ministres et, par conséquent, sur les partis politiques au pouvoir. Isabelle II s'appuya sur de nombreuses cliques, et le pouvoir fut presque toujours détenu par les Modérés.

La monarchie n'étant plus absolue, naquirent des partis politiques libéraux, divisés en :

  • Modérés : (Ex. : Narváez)
  • Progressistes : (Ex. : Espartero et Prim)

À la gauche se trouvaient les Démocrates, qui évoluèrent vers les Républicains (avec Pi y Margall et Castelar). À la droite se trouvaient les Carlistes.

Le Régime des Généraux et le Constitutionnalisme

L'armée avait pris une importance considérable depuis la Guerre d'Indépendance et les guerres carlistes. Les gouvernements changeaient par des coups d'État militaires (pronunciamientos), et les généraux étaient souvent les dirigeants des partis. Ceci établit le « régime des généraux » : Narváez, Espartero, O'Donnell, Prim, etc.

Les Constitutions changeaient à chaque alternance politique :

  • Modérées : La Charte royale de 1834 et la Constitution de 1845.
  • Progressistes : Les Constitutions de 1837 et celle de 1856 (qui ne fut jamais promulguée).

Le constitutionnalisme espagnol avait un poids idéologique fort, se référant aux constitutions précédentes. Les facteurs qui entravaient le fonctionnement efficace étaient le corps électoral restreint, la manipulation des élections et l'État du parti modéré, favorisé par le soutien de la Reine et les pronunciamientos.

Centralisation et Économie

L'État était contrôlé depuis Madrid, avec un délégué dans chaque province. Le régime libéral permit d'abolir les privilèges, de diviser le pays en provinces, de créer des fonctionnaires et des ministères, d'améliorer les communications (routes et voies ferrées) et d'unifier le droit. Cela présentait des avantages (égalité territoriale, gestion centralisée) mais aussi des inconvénients (éloignement du centre de décision par rapport aux lieux d'application).

Socialement, la bourgeoisie triompha, défendant la liberté, l'égalité et la propriété (notamment via les confiscations ou désamortissements). En Espagne, il existait une économie duale, avec d'une part des facteurs de progrès (finance, transport ferroviaire, textile, désamortissement) et d'autre part des retards (secteurs agraire et pré-industriel).

Le Sexennat Démocratique (1868-1874)

La Révolution de 1868 conduisit à la rupture du cadre politique structuré, fondé sur la monarchie des Bourbons. Après sa chute, il fut nécessaire de rechercher une alternative politique qui fut trouvée dans une nouvelle dynastie, celle de Savoie, puis, faute de soutien, se termina par la République. Cette période fut marquée par une grande instabilité, avec de nombreux changements et différents gouvernements qui tentèrent d'appliquer des changements radicaux en peu de temps.

Le Gouvernement Provisoire et la Constitution de 1869

Après le coup d'État militaire, un gouvernement provisoire fut formé, dirigé par Serrano et Prim. Son objectif principal était l'élaboration d'une Constitution, pour laquelle des Cortes furent convoquées, élues au suffrage universel pour les hommes de plus de 25 ans. La Constitution de 1869 fut préparée, instituant une monarchie démocratique. Un roi devait être choisi pour remplacer les Bourbons. En attendant le choix, une période de régence fut assurée par Serrano. C'est durant cette période que commença l'insurrection à Cuba.

Le Règne d'Amédée Ier (1870-1873)

En 1870, Amédée Ier, candidat à la couronne soutenu par Prim, fut élu roi d'Espagne. L'année suivante, Amédée jura la Constitution. Il reçut peu de soutien des Espagnols. Son règne dura trois ans, très mouvementé :

  • En 1872, la Troisième Guerre Carliste éclata.
  • Il y eut une insurrection fédéraliste à Cuba.
  • La coalition au pouvoir s'effondra.

À tous ces problèmes s'ajoutèrent la perte de soutien d'Amédée suite à l'assassinat de Prim et l'absence d'accord entre les Unionistes et les Progressistes, forçant Amédée Ier à quitter le trône d'Espagne. Pendant son règne, le mouvement syndical commença à se développer et la Première Internationale fut créée. Ses chefs de gouvernement furent initialement Sagasta, qui tomba en 1872 et fut remplacé par Serrano. Le nouveau gouvernement avait l'intention de dissoudre les Cortes, mais Amédée s'y opposa. Ceci força Serrano à démissionner, laissant Ruiz Zorrilla au pouvoir.

La Première République (1873-1874)

La démission d'Amédée fut approuvée, et Pi y Margall défendit la solution républicaine. L'Assemblée nationale proclama une République fédérale, d'abord avec Figueras au pouvoir, soutenu par les Unitaires. Quelques mois plus tard, la Constituante élabora un projet de Constitution et porta Pi y Margall au pouvoir. Mais survint alors l'insurrection cantonale en Espagne, forçant le premier président républicain à démissionner de son poste.

Il fut remplacé par Salmerón, qui, incapable de signer la peine de mort, fut remplacé par Castelar. Ce gouvernement minoritaire, soutenu par les monarchistes, finit par affaiblir le gouvernement fédéral. Pour éviter cela, le général Pavía donna un coup d'État, pénétrant à cheval dans les Cortes. La République fut alors entre les mains du général Serrano, marquant le début d'une période de dictature.

Le gouvernement tenta de résoudre les deux problèmes les plus importants du moment : la question du cantonalisme et la question carliste. Tous ces troubles favorisèrent la croissance du parti alphonsin, habilement dirigé par Cánovas. Cánovas souhaitait qu'Alphonse XII arrive au pouvoir par des élections, mais le général Martínez Campos donna un coup d'État, permettant à Alphonse XII d'entrer en Espagne début 1875, marquant le début de la Restauration.

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