L'Europe déchirée par la guerre : Causes et conséquences
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L’EUROPE DÉCHIRÉE PAR LA GUERRE. Quelles sont les origines de la guerre ? Les tensions nationalistes en Europe sont les causes profondes de la Première Guerre mondiale, qui oppose deux systèmes d’alliances datant : la Triple-Alliance et la Triple-Entente. Chaque nation s’est alliée à d’autres pour garantir sa sécurité. La cause immédiate de la guerre est l’assassinat de l’archiduc héritier d'Autriche, François-Ferdinand, et de son épouse par un étudiant nationaliste d’origine serbe. L’Autriche-Hongrie adresse à la Serbie un ultimatum inacceptable : il s’agit d’écraser militairement la Serbie pour en finir avec le nationalisme slave. La mécanique des alliances va étendre le champ de bataille à toute l’Europe, chaque système d’alliances garantissant à ses alliés une mobilisation en cas de menace. La Russie décrète la mobilisation générale et l’Allemagne déclare la guerre à la Russie le 1er août, puis à la France le 3 août. Comment les puissances européennes entrent-elles dans la guerre ? En 1914, la guerre est accueillie avec incrédulité, mais une fois la mobilisation décrétée, l’idée que la patrie est agressée entraîne des réactions de deux types : la résignation et la résolution. Dans les gares, on assiste même à quelques scènes d’enthousiasme au départ des régiments : l’opinion croit en effet en une guerre courte. Dans les pays belligérants, les différentes familles politiques font bloc pour défendre la nation : c’est l’Union sacrée. L’opinion britannique bascule en faveur de la guerre à cause de la violation par l’Allemagne de la neutralité belge. L’armée allemande a envahi la Belgique, qui reste occupée pendant tout le conflit. Comment l’Europe s’enlise-t-elle dans une guerre longue ? Les différentes armées agissent en fonction d’une stratégie élaborée par les états-majors. Le plan français prévoyait une attaque allemande à l’est. Les troupes françaises sont dans un premier temps débordées par le contournement allemand. Rapidement menacé, Paris est sauvé par une contre-offensive. Chaque armée essayant de contourner l’autre pour la prendre à revers, elles sont toutes deux entraînées dans une guerre de mouvement. La Belgique et le nord de la France sont alors occupés, et les deux armées ennemies s’immobilisent dans une guerre de position. La guerre de tranchées commence. Une autre stratégie, celle du contournement, consiste à ouvrir des fronts plus lointains. UNE GUERRE MONDIALE ET TOTALE. Pourquoi la guerre devient-elle mondiale ? Les empires coloniaux se trouvent entraînés dans le conflit, comme terrain d’affrontement et comme réserve de main-d’œuvre et de soldats par les puissances européennes : ainsi, la guerre européenne s’étend rapidement hors d’Europe. Elle s’ouvre également à des puissances non européennes. Certains pays d’abord neutres choisissent d'intervenir dans le conflit. L’Italie est partagée entre interventionnistes et neutralistes. L’Italie négocie son intervention aux côtés de la France et de l’Angleterre, et signe, le 26 avril 1915, le pacte de Londres. Cette décision est accueillie dans le pays avec résignation. Les États-Unis interviennent après l’attaque et le naufrage du paquebot Lusitania. Mais l’intervention ne suscite guère d’enthousiasme. Comment un nouveau seuil de violence a-t-il été franchi ? Au front, les armées tentent de percer les lignes adverses par des offensives massives, comme l’offensive allemande de Verdun (février 1916) ou l’offensive franco-anglaise de la Somme (juillet 1916). Ces longues batailles ne débouchent pas sur un résultat décisif, mais elles visent également à « saigner à blanc l’adversaire ». La vie au front est constamment menacée par les bombardements, les attaques, les maladies, les difficultés du ravitaillement. Les hommes creusent des tranchées, privilégiant une stratégie défensive et une guerre d’usure. L’artillerie prend le premier rôle, et de nouvelles armes sont employées. Les assauts sont généralement précédés d’un tir d’artillerie, puis les troupes occupant la première ligne s’élancent à travers le « no man’s land », jusqu’à la tranchée adverse. Les civils peuvent être aussi très durement touchés : la Turquie commet un génocide contre sa population arménienne, accusée de faire le jeu de l’ennemi. Comment les sociétés civiles ont-elles été mobilisées ? La guerre est devenue une guerre totale. Les civils reçoivent le renfort des soldats « affectés spéciaux », retirés du front et employés dans les usines ou durant les moissons. Les femmes et les travailleurs étrangers sont également mis à contribution. Par ailleurs, les civils se doivent d’entretenir le moral du front, notamment par la correspondance.
Certains territoires sont encore plus directement impliqués. Les réquisitions, les prises d’otages, le travail forcé touchent les populations civiles et marqueront durablement leur mémoire. Dans certains pays, il y a des difficultés graves de ravitaillement et donc des cas de malnutrition. LA REVOLUTION RUSSE (1917-1921) Comment le pouvoir tsariste a-t-il été renversé ? Si l’armée russe est toujours considérée comme un véritable « rouleau compresseur », il apparaît dans les faits que l’empire du tsar est assez fragilisé. Une partie de la population ouvrière et urbaine a déclenché une première tentative de révolution, en 1905, qui a avorté. La défaite des armées russes contre le Japon révèle le retard industriel et le sous-équipement militaire russe. C'est à Petrograd que le mouvement révolutionnaire naît autour de grèves des ouvriers et d’une mutinerie de soldats. En 1917, un premier soviet est constitué. Le tsar Nicolas II abdique et un gouvernement provisoire est instauré. Comment les bolcheviks ont-ils pris et conservé le pouvoir ? Le gouvernement provisoire se déclare encore solidaire des alliés et engagé dans la guerre, mais il est contesté par son aile gauche, les bolcheviks, qui s’appuient sur le mouvement des soviets pour exiger une paix immédiate. Ce parti, fort de 200 000 membres, dirigé par Lénine, revendique « tout le pouvoir aux soviets » et va bientôt passer à l’action, fomentant un coup d’État. En 1917, la milice bolchevique aidée de soldats chassent le gouvernement provisoire et s’emparent du pouvoir. Le 25 octobre, un nouveau gouvernement est formé, contrôlé par les bolcheviks. Ce gouvernement prend deux décisions importantes : l’abolition de toute propriété privée de la terre, et la paix immédiate avec l’Allemagne. Une guerre civile fait rage. Le gouvernement bolchevik doit également faire face aux tentatives séparatistes de l’Ukraine et du Caucase, ainsi qu’à une invasion polonaise. Vers une révolution mondiale ? Le parti bolchevik s’est mué en parti communiste et s’est doté d’une organisation, la IIIe Internationale, destinée à rassembler les partis communistes pour étendre la révolution. L’Europe semble prête à basculer dans le communisme. Mais les révolutionnaires ne parviennent pas à entraîner derrière eux l’ensemble des ouvriers, ni même l’ensemble des militants socialistes et syndicalistes. L’EUROPE A RECONSTRUIRE. Quel est l’état de l’Europe en 1919 ? Le bilan humain du conflit est très lourd. Il y a des conséquences démographiques funestes : effondrement du taux de natalité et apparition des « classes creuses ». Il y a aussi des victimes de malnutrition, de la grippe espagnole ou même de massacres, comme le génocide arménien. Le bilan matériel est plus contrasté selon les pays. La France est désireuse de « faire payer » l’Allemagne. Les économies européennes ayant dû financer la guerre, les monnaies s’effondrent, ce qui exacerbe dans certains pays les tensions sociales. Comment le traité de Versailles a-t-il organisé la paix ? Les vainqueurs se réunissent à Versailles afin de régler les nombreuses questions posées par ces quatre années de guerre. Vingt-sept États vainqueurs sont rassemblés. L’Allemagne doit se contenter de présenter quelques objections, avant d’être contrainte de signer. Le traité de Versailles, qui présente l’Allemagne comme responsable de la guerre et lui impose de lourdes réparations, sera considéré en Allemagne comme un diktat allié. L’application du principe des nationalités pour reconstruire la carte de l’Europe apparaît délicate au fil des grands traités. Le traité de Versailles met en place une Société des Nations (SDN), mais celle-ci ne disposera pas d’une force armée ; d’autre part, le Sénat américain refuse de ratifier le traité. Le nouvel ordre apparaît bien fragile. Le traité de Versailles ne satisfait donc ni les vainqueurs ni les vaincus. Il reste le souvenir d'un immense sacrifice, inutile. Qu’est-ce que la « brutalisation » des sociétés européennes ? Quatre années d’une guerre totale, largement observée et commentée par la presse, ont profondément marqué les Européens. Pour les soldats comme pour les civils, l’habitude de la violence, le poids des haines exacerbées par les propagandes ont rendu l’opinion plus réceptive aux discours extrémistes et prête à accepter la violence politique. On parle alors d’une « brutalisation » des sociétés qui contribue à l’apparition et au succès de mouvements politiques hostiles à la démocratie. Cette brutalisation a concouru à la montée du totalitarisme.