L'évolution de la politique américaine en Indochine (1944-1954)
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L'ambiguïté américaine face à l'Indochine (1944)
Les États-Unis ont entretenu une forme d’ambiguïté concernant l'avenir de l'Indochine.
La position anti-coloniale de Roosevelt
En janvier 1944, le président américain Roosevelt a écrit à son Secrétaire d’État :
« L’Indochine ne devrait pas retomber sous la colonisation de la France, mais sous tutelle internationale. »
Roosevelt était partisan des droits des peuples à disposer d’eux-mêmes. Lorsqu’il rédige cette lettre, il est sincère. Néanmoins, la politique des bons sentiments ne résiste pas à la réalité du pragmatisme. Les États-Unis avaient l'envie de se positionner stratégiquement.
Le retour de la France et le revirement de Truman (1945)
Le 5 octobre 1945, la France et son gouvernement entendent reprendre pied sur le territoire. Un général prestigieux, le Général Philippe Leclerc, sera envoyé pour évaluer la situation.
Truman (successeur de Roosevelt en avril 1945) va déclarer que les États-Unis n’ont aucune intention de s’opposer au rétablissement de la France en Indochine.
La Guerre d'Indochine et l'engagement américain (1946-1954)
De 1946 à 1954, la France mène la Guerre d’Indochine.
Initialement, les Américains ne s’opposent pas à la réinstallation des Français en Indochine, mais n’apportent pas de soutien militaire direct.
Le tournant de la Guerre Froide
- 25 juin 1950 : Début de la Guerre de Corée.
Les Américains ne perçoivent plus le conflit indochinois comme une guerre coloniale, mais comme un front de la « Guerre Froide ».
- Septembre 1950 : Installation du MAAG (Military Assistance Advisory Group) par les Américains.
Ils vont dès lors apporter une aide militaire considérable à l’effort de guerre français.
La Bataille de Diēn-Biēn-Phu (1954)
En 1954, dernière année de la Guerre d'Indochine, l’État-Major français décide de concentrer l’essentiel de ses forces dans un point déterminé pour une bataille décisive contre le Viet Minh, qui devait permettre aux politiques de négocier en position de force. Cette bataille a lieu à Diēn-Biēn-Phu.
Les Français vont connaître une réelle désillusion. C’est au final un échec, malgré une détermination pleine d’espoir (bataille du 1 contre 3).
L'appel à l'aide et l'Opération Vautour
Le ministre des Affaires étrangères français, Georges Bidault, s'adresse à John Foster Dulles (Secrétaire d’État américain) :
« Nous sommes dans une situation désespérée à Diēn-Biēn-Phu, il faut venir nous aider. »
Le frère de J.F. Dulles, Allen Dulles, était directeur de la CIA. Bidault demande que les États-Unis acceptent de fournir une couverture aérienne et d’utiliser des bombes nucléaires tactiques. Une opération avait été envisagée : l’Opération Vautour.
Elle n’a pas eu lieu car 60 % des Américains étaient défavorables à une attaque en soutien aux Français.
Les Accords de Genève et la partition du Vietnam (1954)
- 7 mai 1954 : Les militaires français se rendent à Diēn-Biēn-Phu.
- 20 juillet 1954 : Aboutissement des négociations et signature des Accords de Genève par Pierre Mendès France.
Cet accord stipule la partition du Vietnam au niveau du 17e parallèle :
- Nord Vietnam : communiste, dirigé par Hô Chi Minh.
- Sud Vietnam : dirigé par Bao Dai et Diem.
La position américaine est claire :
« Les États-Unis n’ont pas pris part directement aux décisions adoptées à la conférence et ne sont pas liés par elles. »
L'engrenage américain au Sud-Vietnam
Il fallait renforcer le Sud, comparable à la situation que les Américains avaient appliquée en Corée du Sud. Pour préparer le Vietnam du Sud à se défendre, les Américains vont continuer dans la logique de l’engrenage. Ils envoient des conseillers et des militaires pour réorganiser l’administration, la police et la mise en place d’une politique plus performante.
L'arrivée d'Edward Lansdale
Dès juin 1954, le colonel Edward Lansdale, agent de la CIA (qui finira général), arrive à Saïgon (capitale du Sud). Le but est de renforcer le régime de Diem (bourgeoisie catholique).
Les Américains cherchent également à renforcer la région à travers la création de l’OTASE (Organisation du Traité de l’Asie du Sud-Est), créée en septembre 1954 à travers le Pacte de Manille.