L'Évolution du Roman Hispano-Américain : Boom et Réalisme Magique

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Les étapes du roman hispano-américain

Malgré un développement tardif, on distingue plusieurs étapes dans le roman latino-américain :

  1. Jusqu'en 1945 : La survie du réalisme du XIXe siècle, avec diverses manifestations.
  2. De 1945 à 1960 : Début du renouvellement narratif. Émergence du « réalisme magique ».
  3. De 1960 à 1980 : Apogée ou « Boom » des romans d'Amérique latine.
  4. Depuis 1980 : Le récit post-Boom et les nouvelles tendances.

La littérature latino-américaine émerge, à l'arrivée du modernisme (José Martí, Rubén Darío, José Asunción Silva), à l'abri du canon européen. L'heure de pointe de la littérature latino-américaine passe par le « Boom » des années 1960, qui correspond à la littérature dite du réel merveilleux.

Le « Boom » latino-américain

Le « Boom » latino-américain désigne la promotion du réalisme magique par un certain nombre d'écrivains de la seconde moitié du XXe siècle. Au milieu des années 1960, suite à la publication d'une série de romans cruciaux qui ont marqué les pays de langue espagnole, un phénomène étrange, appelé plus tard « Boom latino-américain », a vu le jour. Ce mouvement a placé la littérature latino-américaine sous les projecteurs de l'attention mondiale, car, durant son développement, il a créé un nouveau style de narration.

Ce style vise à montrer un lien direct et concis, a présenté l'expansion des questions rurales et urbaines, l'intégration du réel et du fantastique, la rénovation des techniques narratives communes et l'expérimentation de la langue. Ses thèmes constants sont :

  • La fusion de la réalité, de l'idéal et du fantastique.
  • L'urgence de créer une littérature propre.
  • La résolution de problèmes moraux, psychologiques et sociaux.

Le Boom latino-américain s'est développé en différentes phases. La structure de l'histoire est l'objet d'une expérimentation approfondie. Quant au renouvellement de la narration, il n'y a pas de nouvelle qui ne possède pas un spectacle magnifique dans le roman latino-américain :

  • La rupture de l'histoire.
  • Les changements de perspective.
  • Le « puzzle temporel », le « contrepoint », le « kaléidoscope ».
  • La combinaison de ces récits, le style indirect libre, le monologue intérieur, le roman expérimental, etc.

Le roman expérimental affecte, d'une manière spéciale, la langue. Tout cela mène, comme en Espagne dans les mêmes années, à la déclaration de culpabilité de l'échec pratique et esthétique du réalisme. Mais cela n'empêche évidemment pas les préoccupations esthétiques de l'écrivain proclamé révolutionnaire et les idées politiques sociales.

Le Post-Boom : un retour au réalisme

Puis vint le Post-Boom, un mouvement littéraire latino-américain qui a eu lieu, comme son nom l'indique, après l'apogée du Boom. Il se caractérise par des différences notables avec l'époque du Boom :

  • Abandon de la préoccupation pour la création de nouveaux types de littérature.
  • Utilisation d'une approche plus directe, plus facile à lire.
  • Retour au réalisme et aux préoccupations existentielles (contrairement aux œuvres de Cortázar, par exemple).
  • Préférence pour la fiction historique basée sur des faits.

Définition et origines du réalisme magique

Le terme « réalisme magique » a été créé par Franz Roh, critique d'art allemand, en 1925 pour définir un courant post-expressionniste de la peinture allemande. Ce groupe de peintres visait à capturer l'essence permanente de la réalité, fondée sur la coexistence entre le réalisme et l'exploration de la dimension magique de l'expressionnisme.

L'écrivain qui a commencé ce nouveau mouvement fut Demetrio Aguilera Malte. Bien qu'il fût le pionnier du réalisme magique, il n'était pas conscient de l'importance qu'aurait cette innovation stylistique.

Le terme « réalisme magique » est utilisé par l'écrivain vénézuélien Arturo Uslar Pietri pour se référer à un courant narratif qui s'oppose au Venezuela aux formules strictes du réalisme et crée un nouveau réalisme, dans lequel l'homme et son environnement sont immergés dans un monde de fantaisie et de mystère.

On pense qu'il est possible de parvenir à une autre sorte de réalité (le fantastique et le merveilleux) par le biais de l'inconscient, des rêves, de l'imagination, etc. Il existe donc des réalités parallèles qui peuvent être perçues que par l'observation et la logique. L'accès à ces autres réalités est influencé par les cultures précolombiennes présentes dans la transmission orale des histoires fantastiques, des contes et des légendes.

Ce courant expérimente de nouvelles formes narratives, recueillant des aspects du régionalisme, du néo-réalisme et du roman social. Il utilise les ressources du rêve pour lui donner un aspect plus éthéré et tente d'adapter les procédés stylistiques de la poésie à la prose. Surtout, c'est une littérature de contrastes, où le fait magique sert de contrepoint à la vie quotidienne comme un moyen de souligner la pureté d'un idéal ou simplement comme un véhicule pour remettre en question la réalité.

Le réalisme magique dans La Maison des Esprits

Il est remarquable que le mélange continu et magique entre des éléments réels se retrouve dans la vie quotidienne de la famille. Par exemple :

  • Les pouvoirs télékinésiques de Clara l'aident à prédire les tremblements de terre et à déplacer les plats, et même une tête coupée trouvée par hasard par son beau-père à la campagne. Ces prémonitions pourraient aussi être présentées comme une façon de voir la réalité en ce sens que les explications deviennent très importantes.
  • L'usage de multiples narrateurs : lorsque vous lisez un chapitre, la même scène peut être racontée par le grand-père, Esteban Trueba, par sa petite-fille, ou même par d'autres personnes. En fait, dans un chapitre, le narrateur peut changer plus de quatre fois.
  • Certains noms des personnages ont des significations qui reflètent des aspects de leur personnalité. Par exemple, le cas de Clara qui signifie « clairvoyante ». La signification des noms de femmes est destinée à indiquer quelque chose sur le personnage, mais dans le cas des hommes, elle ne sert qu'à lister l'ordre de la lignée.

Caractéristiques étranges et symboliques :

  • La résurrection de l'oncle Marcos.
  • Barrabas, le chien avec lequel Blanca joue comme un cheval.
  • Le temps cyclique : le roman commence et se termine de la même manière : « Barrabas est venu à la famille par la mer. »

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