L'Extradition en Droit International et Espagnol : Guide Complet

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Définition de l'Extradition

L'extradition est un accord international par lequel un État (l'État requis) livre un individu à un autre État (l'État requérant) afin qu'il puisse être jugé ou qu'il subisse une peine pour laquelle il est recherché. C'est la différence fondamentale entre l'extradition et l'expulsion, cette dernière concernant le simple éloignement d'un individu d'un territoire donné. Lorsqu'une expulsion a lieu, l'État qui expulse ne cède pas ses droits de poursuite et l'individu n'est pas nécessairement remis à un autre État pour y être jugé.

Les Différents Types d'Extradition

  • Extradition active : Il s'agit de la demande faite par un État pour obtenir la livraison d'un délinquant qui se trouve dans un autre pays.
  • Extradition passive : C'est la remise d'un délinquant à l'État qui en fait la demande.
  • Extradition en transit : C'est l'autorisation accordée par un État pour qu'un individu extradé puisse être conduit à travers son territoire.
  • Réextradition : Il s'agit de la livraison d'un individu par l'État qui l'a obtenu par extradition à un autre État qui a également une demande de procès. Pour accorder une réextradition, l'autorisation de l'État qui a initialement accordé l'extradition est nécessaire.

Classification de l'Extradition

Selon les Sources Juridiques

  • Droit interne de l'extradition : Lorsque la loi est consacrée dans la législation nationale.
  • Convention d'extradition : Lorsque les règles sont énoncées dans des traités bilatéraux ou multilatéraux. En Espagne, la loi sur l'extradition régit l'extradition passive et interne, et le pays a signé des traités avec de nombreux États. En l'absence de traité international, la législation interne est appliquée.

Selon les Organes Impliqués en Espagne

  • Extradition gouvernementale : Implique uniquement le gouvernement dans sa mise en œuvre.
  • Extradition judiciaire : Implique uniquement les tribunaux dans sa mise en œuvre.
  • Extradition mixte : Implique à la fois le gouvernement et les tribunaux dans sa mise en œuvre.

L'Extradition en Espagne

L'Extradition Active en Espagne

L'extradition active est régie par les articles 824 et suivants de la Loi de procédure pénale. La procédure comporte deux phases :

  • Phase judiciaire : Le processus débute nécessairement par le juge ou le tribunal saisi des faits, soit d'office, soit sur proposition du ministère public. Le juge propose au gouvernement, par l'intermédiaire d'une demande adressée au ministère de la Justice, de solliciter l'extradition de l'individu auprès d'un gouvernement étranger.
  • Phase gouvernementale : Après avoir reçu la demande, le gouvernement, dans l'exercice de sa souveraineté et sans possibilité de recours contre sa décision, décide de demander l'extradition et transmet la demande au gouvernement concerné. À partir de ce moment, la demande d'extradition ne dépend plus du gouvernement espagnol, mais des accords internationaux et des lois nationales de l'autre pays. L'article 826 de la Loi de procédure pénale prévoit des hypothèses spécifiques.

L'Extradition Passive en Espagne

C'est l'Espagne qui reçoit la demande d'extradition et doit décider de l'accorder ou non. La procédure d'octroi de l'extradition est régie par la Loi sur l'extradition passive du 21 mars 1985 et, en Europe, par une législation spéciale en matière d'extradition. La Loi sur l'extradition passive du 21 mars 1985 s'applique à tous les pays hors de la zone Schengen. Il s'agit d'une procédure mixte, comme pour l'extradition active.

  • Phase judiciaire : Elle débute au moment où le gouvernement de la partie requérante transmet la demande d'extradition au gouvernement espagnol, qui doit la transférer à la Cour. La Haute Cour prépare un rapport technique pour déterminer s'il y a lieu de procéder conformément à la législation espagnole sur l'extradition. Lors de la préparation du rapport, elle doit examiner les traités internationaux et la Loi sur l'extradition passive. La Haute Cour se prononce par un arrêt (non susceptible d'appel) fondé sur des motifs juridiques, indiquant s'il y a lieu d'accorder l'extradition ou non. En cas de refus, le gouvernement ne peut pas accorder l'extradition, car cette décision lie le gouvernement. Cependant, l'inverse peut se produire, et la Cour peut se prononcer en faveur de l'extradition.
  • Phase gouvernementale : Après avoir reçu l'arrêt définitif de la Cour, même si celui-ci est positif, le gouvernement peut finalement décider de ne pas extrader s'il existe un obstacle technique ou s'il invoque un acte de souveraineté. Le gouvernement espagnol peut invoquer le principe de réciprocité, des raisons de sécurité interne, des raisons humanitaires, des raisons d'ordre public, etc., comme stipulé à l'article 6 de la Loi sur l'extradition passive. Cette décision du gouvernement n'est susceptible d'aucun recours.

Le Mandat d'Arrêt Européen (MAE)

En Europe, le mandat d'arrêt et de remise (MAE) régit désormais les procédures. Il a été ratifié en 2002 et est entré en vigueur pour presque tous les pays européens, avec des délais spécifiques pour son application. Ce système établit une procédure visant à lever les obstacles à l'assistance juridique. Il existe une volonté de tous les États d'unifier et d'accélérer le processus d'application de la loi pénale. Alors qu'une procédure d'extradition classique peut prendre jusqu'à 3 ans, le MAE vise à ce que l'individu soit remis dans un délai d'un mois pour être jugé.

Le MAE accélère considérablement le processus grâce à l'utilisation du fax, de la vidéoconférence et en réduisant les formalités. En règle générale, un mandat de perquisition et de saisie est émis, et lorsque l'individu est localisé, les autorités espagnoles sont informées pour demander sa remise. Le détenu est informé de la demande de remise par le pays requérant. L'individu peut accepter ou refuser la remise rapide et peut renoncer au principe de spécialité (par exemple, il peut choisir d'être remis rapidement dans les 15 jours). Le MAE n'est pas applicable aux crimes dont la peine est inférieure à un an ou quatre mois. Si l'individu refuse la remise rapide, la procédure normale d'extradition, qui est beaucoup plus longue, est appliquée.

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