Faust de Gounod : Intrigue, Sources et Réception de l'Opéra

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Synopsis de l'Opéra

Dans une ouverture sans intérêt particulier, la première image est celle du Dr Faust, qui a passé la nuit avec les livres, comme beaucoup d'autres dans sa longue vie. Mais plus il étudie, plus il reconnaît désespérément qu'il n'y a eu aucun progrès sur les grandes questions de l'existence. Dans un accès de mélancolie, tel un poison, le chant joyeux des paysans, qui louent Dieu et la nature, est contenu. Faust décide de faire une dernière tentative. Que Satan l'aide ! Et Satan est présent dans l'acte, se penche et dit que son nom est Méphisto (Méphistophélès). Faust refuse, mais il hésite en voyant les manières élégantes du visiteur. Méphisto interroge le sage : « Que voulez-vous ? La richesse ? Non. La gloire ? Non. Le pouvoir ? Non. Vous voulez quelque chose qui couvre toutes les autres : la jeunesse. » Méphistophélès fait la promesse, mais en échange du paiement d'un prix : l'âme de Faust lui appartiendra après la mort. Le sage continue de douter, mais il savoure alors la figure angélique d'une jeune femme que Méphistophélès, pour l'attirer et lui faire accepter l'accord, lui montre comme une image lointaine. En hâte, Faust rajeunit par des formules magiques. Et maintenant, à voir le monde !

Acte II : La Fête Villageoise et la Rencontre

Dans le second acte, c'est une célébration joyeuse de la ville, où la foule chante et danse. Valentin est tout à son sérieux ; il part à la guerre et doit laisser seule sa jeune sœur Marguerite. Siebel, qui l'aime secrètement, promet de veiller sur elle. Valentin chante un air d'adieu gai qui est devenu célèbre.

Un mystérieux visiteur qui apparaît soudainement oppose sa propre chanson à celle de Valentin. Tous tremblent à l'étrange mélodie, la « chanson du Veau d'Or », chantée par Méphistophélès. Quand il a terminé, il prédit la mort prématurée de Brander et de Valentin, et prédit que toutes les fleurs que Siebel touchera se faneront. Il rejette le vin qu'on lui offre et fait jaillir d'un tonneau vide un vin de qualité supérieure. Il boit à la santé de Marguerite. Valentin, irrité par les récents propos sur sa sœur, défie l'étranger. Moqueur, Méphistophélès se moque et son épée se brise. Avec la magie, il entrave les progrès des jeunes qui le menacent. « Le diable ! » Un cri d'horreur parcourt la foule. Devant lui, il n'y a qu'un seul moyen de défense : la croix. Méphistophélès doit reculer devant l'épée, qu'ils brandissent en forme de croix, mais il promet vengeance. Faust apparaît et exige que Méphistophélès le conduise au plus vite à Marguerite. Il ne sera pas facile d'obtenir son amour, s'oppose le diable. Les gens reviennent à la danse. Gounod a écrit pour cette scène une valse vertigineuse qui est devenue très populaire. Faust aborde la jeune fille en lui offrant de l'accompagner. Marguerite, confuse, refuse, ne veut pas être appelée « demoiselle », comme vient de le faire Faust. Intimement flattée, mais se montrant extérieurement inaccessible, Marguerite poursuit son chemin. Faust ne la quitte pas des yeux un instant. Marguerite est saisie d'un tendre sentiment de bonheur qu'elle n'avait pas connu auparavant.

Acte III : Le Jardin de Marguerite et le Pacte d'Amour

Le troisième acte se déroule dans le jardin de la maison de Marguerite. Siebel a un bouquet de fleurs, mais les mots de Méphistophélès sont devenus réalité : les fleurs se fanent rapidement. Faust et Méphistophélès apparaissent. Là où se trouvaient les fleurs de Siebel, Méphistophélès dépose un cadeau éclatant. Pendant ce temps, Faust chante un air magnifique qui décrit l'impression de chasteté et de pureté qu'il a ressentie devant la porte de la maison de Marguerite.

Méphistophélès revient avec une boîte qui contient un joyau qu'il dépose devant la porte de Marguerite. Ils s'en vont tous les deux. Marguerite retourne à la maison. Elle est assise à son rouet et chante l'ancienne ballade du Roi de Thulé, mais elle s'arrête à plusieurs reprises, le souvenir du jeune homme dont elle a parlé interrompt sans cesse ses pensées. Elle découvre alors l'écrin. Certainement un bon moment, mais la curiosité l'emporte. Elle essaie les bijoux en chantant l'« air des bijoux ». La célèbre Marthe, la voisine, arrive vite et admire le joyau. Faust et Méphistophélès reviennent alors. Ce dernier aborde Marthe sous le prétexte de lui transmettre les salutations de son défunt mari, mort au champ de bataille. Pendant qu'il multiplie les anecdotes et fait la cour, le jeune couple s'échappe, dont les sentiments amoureux deviennent de plus en plus forts. Après un long duo d'amour et mélodieux, Faust et Marguerite sont attirés l'un par l'autre. Marguerite entre dans sa chambre, dont la fenêtre s'ouvre complètement. Elle contemple avec joie les étoiles et chante son bonheur. Faust l'observe depuis les buissons. Il court vers elle et se jette dans ses bras ouverts. Dans le jardin, la nuit résonnent horriblement les rires moqueurs de Méphistophélès.

Acte IV : La Chute de Marguerite et la Vengeance

Faust a abandonné Marguerite, qui attend un enfant, et le désespoir la rend à la merci de la méchanceté de ceux qui l'entourent. Elle cherche du réconfort à l'église. Mais la voix de Méphistophélès se mêle aux chants sacrés du chœur, jusqu'à ce que Marguerite s'évanouisse.

Les soldats rentrent chez eux, parmi eux se trouve Valentin. Il a entendu parler de la honte de sa sœur et veut une explication. Faust et Méphistophélès rejoignent également la maison de Marguerite, où Méphistophélès chante une sérénade à la guitare. Valentin défie les deux hommes. Faust, couvert par Méphistophélès, poignarde le frère de sa bien-aimée. Les voisins s'approchent à grands pas et entendent la malédiction que Valentin lance à sa sœur mourante.

Acte V : La Nuit de Walpurgis et la Rédemption

Le premier tableau du cinquième acte décrit les orgies de sorcières qui se déroulent la nuit de Walpurgis, selon la croyance médiévale. Sur le sommet rocheux se trouve le royaume de Méphistophélès, avec des beautés démoniaques qui tentent de détourner Faust de ses souvenirs. C'est le moment d'un ballet brillant qui ne pouvait manquer dans tout opéra français de l'époque. Mais Faust ne peut oublier Marguerite.

Marguerite est en prison. Elle a tué son propre fils et s'enfonce toujours plus dans la folie. Faust la rejoint, guidé par Méphistophélès. Marguerite le reconnaît avec effort, et les mélodies de leur amour passé lui reviennent en mémoire. Mais quand Faust veut l'emmener, Marguerite retombe dans la folie. Méphistophélès est pressé, l'aube approche, il entend des voix. Faust tente de s'expliquer une dernière fois avant la mort de Marguerite, qui est alors libérée de ses souffrances. Méphistophélès, conscient de sa victoire, s'écrie : « Damnée ! » Mais les chœurs célestes éclipsent son cri par un doux « Sauvée ! ».

Sources d'Inspiration de l'Opéra

La légende médiévale du docteur Faust, un savant qui vend son âme au diable pour retrouver la jeunesse perdue et en profiter, mais aussi pour trouver la solution aux problèmes de l'existence, a inspiré de nombreux poètes et écrivains. La version de Goethe est l'un des grands chefs-d'œuvre de l'esprit occidental. Son argument, aussi profond que théâtral, a également attiré de nombreux compositeurs. On peut citer le Faust de Boito, Berlioz et Spohr, ainsi que les plus modernes Reutter et Busoni, mais aussi une série d'œuvres qui sont des variations sur le même sujet (par exemple The Rake's Progress de Stravinsky).

Le Livret : Adaptation et Caractéristiques

Si l'on compare le livret des auteurs avec l'œuvre de Goethe, on peut noter des aspects positifs : une adaptation scénique particulièrement habile, une sélection d'images variées et passionnantes, la mise en valeur des moments forts et des oasis lyriques. Le Faust de Goethe est un peu plus qu'un simple argument extérieur ; c'est le drame d'un jeune petit-bourgeois, ému et passionné. Le sens profond de l'élément « démoniaque » est complètement perdu (alors que dans le Mefistofele de Boito, il l'a un peu mieux conservé). Malgré cela (ou peut-être à cause de cela), c'est une œuvre qui donne d'excellents résultats et offre des rôles gratifiants.

La Musique de Gounod

Gounod s'est également éloigné du drame de Goethe, dont le satanisme est rarement exprimé dans la musique. Mais c'est une œuvre d'une grande richesse mélodique, avec une superbe ligne de chant et une technique orchestrale brillante. De nombreuses pièces de l'opéra sont devenues très populaires et sont encore aujourd'hui faciles à comprendre. La musique est adaptée à une vaste production, très efficace, avec des sonorités enivrantes.

Historique de la Création et Réception

La gestation de cet opéra fut difficile, car peu avant son achèvement, un mélodrame sur le même sujet fut créé à Paris, et Gounod fut contraint d'interrompre son travail. Le directeur du théâtre lui suggéra un autre livret. Gounod reprit Faust plus tard, l'opéra fut achevé et représenté au Théâtre-Lyrique à Paris le 19 mars 1859. Le public le reçut froidement, le jugeant « trop allemand ». En fait, le succès mondial de l'œuvre commença en Allemagne, où elle fut très tôt représentée sur toutes les scènes sous le titre de Margarethe. Dix ans plus tard, Gounod révisa l'œuvre afin d'en faire un grand opéra, avec les dialogues remplacés par des récitatifs chantés et l'introduction dans la partition d'un impressionnant chœur de soldats et de la « prière » de Valentin. L'œuvre devint un classique de l'opéra français à travers le monde : aux États-Unis dès 1863, en Espagne dès 1864 et en Argentine dès 1866.

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