Faux Amis et Polysémie: Analyse Linguistique Approfondie
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Définition des Faux Amis
Les faux amis sont définis comme « des termes de langues différentes, d’origine identique, de forme identique ou suffisamment proche […] mais avec des sens différents » (Maillot).
La Perspective de Cantera
Pour Cantera, la majorité des faux amis sont partiels, car ils proviennent de langues très éloignées. Selon lui, les faux amis partiels sont des mots polysémiques dont la signification ne coïncide que partiellement.
Paronymes et Polysémie
L'Approche de Michel Bréal
Les paronymes (mots qui sonnent de manière similaire mais ont des graphies différentes) sont des termes de forme proche mais avec un sens différent, à l’intérieur d’une langue donnée. Ce seraient des « faux amis internes » : des formes d’une même langue, avec la même racine et des formes suffisamment proches pour être considérées comme équivalentes, mais qui ont des sens différents. Ces mots se distinguent généralement par le suffixe, plus rarement par le préfixe.
Michel Bréal affirme qu'au-delà du sens établi, ce sont les locuteurs qui créent les faux amis (Coruño). Il soutient que le langage possède ses propres lois, mais qu’il reçoit en plus des influences extérieures qui échappent à toute classification et que le nouveau sens d’un terme ne déplace pas l’ancien, mais qu’ils existent simultanément. Nous appellerons ce phénomène de multiplication la polysémie. C’est le contexte qui en détermine la valeur et empêche l’ambiguïté. Dans le chapitre XV, il expose qu’une des causes possibles de la polysémie serait la réduction, c’est-à-dire que de deux termes primitivement associés, l’un peut être supprimé et celui qui reste peut changer de sens.
Les Sources de la Polysémie selon Ullmann
Pour Ullmann, les mots peuvent acquérir de nouvelles acceptions sans perdre pour autant leur sens primitif. Pour lui, indépendamment de la polysémie, ce qui influence le plus est la perte du sens original (par exemple, utiliser rare au lieu de bizarre en français). Ullmann fait référence à quatre sources principales de la polysémie : la déviation de sens, les expressions figurées, l’étymologie populaire et les influences étrangères. La polysémie implique que deux termes peuvent être des faux amis dans une acception et non pas dans une autre.
La Langue comme Activité: L'Héritage de Martinet
Martinet affirme que la langue n’est pas un produit fini mais une activité, un processus. Cette idée est héritée de Humboldt qui a dit que la langue n’est pas un ergon, c’est-à-dire un produit, mais une energeia, c’est-à-dire une énergie, quelque chose qu’il faut concevoir dans son déroulement. Selon lui, si la signification antérieure se perdait, que ferions-nous des textes plus anciens ? Martinet énonce le principe général : « Une langue change parce qu’elle fonctionne » (Martinet, 1989: 31). La polysémie serait une condition sine qua non de l’utilisation du langage humain : celui-ci doit permettre de communiquer une infinité d’expériences différentes au moyen d’un vocabulaire limité.
Classification des Faux Amis
Termes de même étymologie
Sens proches et paronymes
Certains termes présentent des sens proches. Le problème avec les paronymes est que nous assimilons ces mots mais les utilisons mal. Les langues proches ont des termes similaires parce qu'elles sont apparentées, mais elles ont évolué différemment étymologiquement.
Sens divergents
Certains termes ont des sens différents.
Termes d'étymologie différente
Homographes
Certains termes sont homographes.
Graphies différentes
Certains termes présentent des graphies différentes.
Termes polysémiques
Coïncidence de sens
Pour certains termes polysémiques en français, un sens au moins coïncide avec l’espagnol.
Cas inverse
Vice versa.
Cas particuliers
Exemple : affamé - faim - fama.
Conclusion: Dynamisme Linguistique et Faux Amis
La langue n’est pas un produit fini mais une activité, un processus. Une langue change constamment sans jamais cesser de fonctionner. Pourtant, un phénomène comme la polysémie pourrait compromettre la communication à l’intérieur d’une langue. Quand on compare deux langues, on constate l’existence de phénomènes comme celui des faux amis ; ce seraient des mots proches ou identiques formellement mais avec des sens différents. Cette dénomination fait référence fréquemment à des termes qui présentent une casuistique variée. Jean Maillot affirme que « c’est une erreur de considérer comme des faux amis les termes dont l’identité graphique est purement fortuite ».
Proposition de Classification des Faux Amis
Le Groupe des Hétéronymes
Un premier groupe serait formé de termes qui ont des origines différentes dans les deux langues et dont la ressemblance ou l’identité est purement fortuite. Je propose de les appeler hétéronymes, c’est-à-dire des homonymes qui appartiennent à deux langues différentes, qui seraient normalement des homographes, plus rarement des homophones. C’est le cas de dos ou sol, entre autres.
Le Groupe des Polysèmes Extralinguistiques
Un deuxième groupe serait formé de termes qui, ayant eu une origine commune, ont subi des divergences plus ou moins importantes, du point de vue du sens, dans l’une des deux langues comparées par rapport à l’autre. Je propose pour ces termes la dénomination polysèmes extralinguistiques parce que la multiplication polysémique se produit non pas à l’intérieur d’une seule langue mais dans un domaine linguistique extérieur à celle-ci où une deuxième langue est impliquée.