La Fonction Politique de la Magistrature : Rôle et Légitimité
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Unité 5 - La Fonction Politique de la Magistrature
Notre objectif : définir le rôle politique de la magistrature, son institution, son organisation et son fonctionnement.
Concepts Clés et Contexte Historique
- La modernité et le libéralisme (XVIIIe siècle)
- État et société, la politique et l'économie, secteurs public et privé
- Ruptures ontologiques et dichotomies
- Idéologie et monopole d'État de la force
- Légitimité judiciaire
- Le pouvoir judiciaire : un corps d'experts
- Compétence : le droit de la législature, la "bouche de la loi"
- Double degré de juridiction : juridiction nationale (juges) et juge ad quem (les tribunaux)
- La bureaucratie
- Compétence d'origine et juridiction d'appel
- Interprétation et résolution des conflits sociaux (la logique et la structure sociale ont-elles changé ?)
- Justice de combat
- La magistrature en tant qu'organe de l'État, ayant pour fonction d'exercer sa juridiction
- Vision fonctionnaliste et langage biologisant*
- Soumission à la loi et légitimité du pouvoir judiciaire
- Res judicata et légitimation de l'État
* Tous les organes (par exemple, le pouvoir judiciaire) font partie d'un organisme vivant (par exemple, le gouvernement) et ont une fonction.
Le Pouvoir Judiciaire face à l'État et la Société
Il est essentiel d'examiner les questions judiciaires en relation avec l'État, la société et le droit du législateur. Le pouvoir judiciaire n'existe pas en soi, mais dans sa relation avec tout. Le droit reconnu par l'État est présent dans l'appareil judiciaire afin de résoudre les conflits (la valeur du droit - État - Société).
Un contexte historique et social est nécessaire. Dans la modernité occidentale, par exemple, dans la perspective du libéralisme, nous avons une dimension historique de la modernité qui implique des séparations, des ruptures, des dichotomies, et les dichotomies sociétales qui en découlent. Dans le cadre de l'État, pour organiser et fonctionner selon le point de vue libéral, il y a un souci de l'individu, de sorte que le pouvoir judiciaire est là pour le garantir.
Selon la conception libérale, le pouvoir moderne n'est pas omniprésent dans la société, mais centralisé par l'État (au Moyen Âge, cependant, le pouvoir était diffusé dans la société). La société est donc impuissante, car tout est considéré comme le monopole de l'usage de la force par l'État. Les relations au sein de la société ne pouvaient pas être fondées sur le pouvoir, car cela créerait un lien de subordination. Les individus dans la société sont égaux en ce qui concerne la non-détention du pouvoir. Les obligations ne résultent pas de la force, mais du désir d'être libre.
Du point de vue économique, la société est le résultat d'individus libres de tout pouvoir, bien adaptés. Ainsi, nous avons des relations qui ne sont pas fondées sur la force, mais qui résultent de la volonté d'être libre. Par conséquent, le pouvoir est attribué à l'État. La société peut-elle créer le droit ? Non. Peut-elle s'auto-réguler ? Non. La société n'a pas le pouvoir de le faire. Tout dépend de la puissance et de la force que seul l'État peut détenir, ce qui fait que la justice est administrée par l'État.
Le Concept de Pouvoir selon Luhmann
Le pouvoir (selon Luhmann) a pour fonction d'organiser la vie en société, une fonction positive (+). Le pouvoir est constitué comme un monopole d'État, mais celui-ci doit veiller à l'ordre social (la bourgeoisie) et au fonctionnement de la société (capitaliste). L'État met en place des organismes de réglementation afin que la fonction de la société soit remplie (par exemple, le pouvoir judiciaire). Il est à noter que le pouvoir est un concept socialement acceptable. La société vise une fin et, à son tour, est capable d'y renoncer. Le pouvoir ne doit pas être confondu avec la force brute !
Notes sur le Pouvoir Judiciaire
Note 1 : Le pouvoir judiciaire n'a pas le pouvoir politique constitué par l'élection, mais par la sélection. Il n'a pas le pouvoir, mais le pouvoir légitime de l'État. Le pouvoir est fonctionnel (il a une fonction : légitimer l'État, à partir du moment où il résout les conflits en disant le droit), plutôt qu'une fonction politique (représentative, et la représentation suppose des élections). Il n'est pas représentatif, mais pour légitimer l'État, il est un organe. Ainsi, le pouvoir judiciaire est considéré comme un don à la société (l'État étant vu comme l'agent capable de résoudre les conflits, et une garantie pour la société que le pouvoir judiciaire remplira sa fonction).
Note 2 : Le droit à l'existence dépend de la législation et de l'exécutif.
Note 3 : État : entité abstraite considérée comme une personne qui exerce le pouvoir pour permettre la vie en société.
La Magistrature comme Corps d'Experts
On peut affirmer que la magistrature est un organe de l'État, composé d'experts et de techniciens qui connaissent la loi établie par le législateur. Comme la magistrature est un corps d'experts, l'État essaie de prétendre que, bien qu'étant un corps, le pouvoir judiciaire est exempt de subjectivité et de valeurs. Il est donc un canal par lequel la loi se fait connaître : la "bouche de la Loi" **. Il est à noter que l'interprétation de la magistrature ne produit pas une nouvelle loi, étant une interprétation passive et mécanique, de l'exégèse.
Toutefois, les personnes qui composent cette équipe de spécialistes font partie d'une famille, ont des opinions et des valeurs subjectives qui, inévitablement, influencent leurs décisions. Le point de vue fonctionnaliste de la magistrature et le langage biologisant tentent de masquer leur parti pris politique.
Du point de vue des phénomènes (les faits), il y a des relations entre les sphères. Du point de vue idéologique, des sphères distinctes sont créées pour organiser la société selon la séparation. Le monde moderne est organisé à partir de séparations.
** Fonction de la magistrature : dire le droit dans les limites de la loi, c'est la "bouche de la loi". Il n'y a pas d'ingérence politique, culturelle, subjective. Le pouvoir judiciaire est comme une machine, un engrenage. Weber l'appelle la machine, mais c'est la bureaucratie.
La Res Judicata
La Res judicata est une décision contre laquelle aucun autre recours n'est possible. Elle légitime l'État à partir du moment où le système judiciaire est légitime. C'est une façon de protéger un individu en limitant le pouvoir de l'État. S'il n'y avait pas de res judicata, l'action pourrait se poursuivre jusqu'à ce que l'État gagne et que l'individu perde : le pouvoir se transformerait alors en force.
Note : Le point de vue fonctionnaliste de la magistrature doit être considéré comme historique ; sa fonction peut donc changer au fil du temps. La vision même de la magistrature est neutre du fait de l'opinion politique (visant, par exemple, à masquer le parti pris politique et subjectif).