Fragmentation continentale et naissance des océans
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Introduction
La lithosphère continentale, solide et épaisse, peut être soumise à des forces tectoniques divergentes qui l’étirent progressivement. Cette extension peut provoquer son amincissement, sa fracturation, puis sa rupture. Ce processus conduit à la formation d’un rift continental qui peut, si l’extension se poursuit, évoluer vers un véritable océan naissant. Quels sont les indices géologiques permettant de retracer la formation d’un océan à partir de la fragmentation d’un continent ?
Les indices de la fragmentation d'un continent
Un contexte tectonique en extension
La fragmentation d’un continent débute dans un contexte de divergence, où des forces tectoniques exercent des contraintes d'extension horizontale sur la lithosphère continentale. Cette extension provoque :
- un étirement de la croûte continentale ;
- un amincissement de la lithosphère ;
- et la formation d’un fossé d’effondrement, aussi appelé rift continental.
Les structures tectoniques caractéristiques du rift
Dans un rift continental, on observe typiquement :
- des failles normales (à faible pendage) qui témoignent d’un régime extensif ;
- des blocs basculés séparés par ces failles ;
- un effondrement central (ou graben) par rapport aux bordures plus élevées (horsts).
Ces structures sont les marques visibles d’un amincissement de la croûte continentale. C’est le cas, par exemple, dans le rift est-africain, où la croûte continentale est fracturée sur plusieurs centaines de kilomètres.
Anomalies thermiques et magmatiques
L'extension de la lithosphère continentale est souvent accompagnée d’une remontée de l’asthénosphère chaude en profondeur. Cela provoque :
- un bombement thermique préalable à la fracturation ;
- une fusion partielle du manteau qui génère des roches magmatiques (basaltes, dolérites) ;
- et parfois des manifestations volcaniques en surface (volcanisme basaltique).
La présence de diapirs mantelliques ou de dikes (filons) de basalte témoigne de cette activité magmatique liée à l’extension.
Les indices géologiques d'un océan en formation
Si l’extension se poursuit, la croûte continentale finit par se rompre totalement. Le manteau asthénosphérique atteint alors la surface et une croûte océanique commence à se former par accrétion. Cela marque le passage d’un domaine continental étiré à un domaine océanique naissant.
La formation de la lithosphère océanique est marquée par :
- la mise en place de basaltes en coussins (pillow lavas) formés au contact de l’eau de mer ;
- la formation de gabbros plus en profondeur ;
- l’apparition de péridotites du manteau lithosphérique.
Ces roches, caractéristiques de la lithosphère océanique, sont comparables à celles retrouvées dans les ophiolites, mais ici elles sont actuellement en formation dans les dorsales océaniques.
Lorsque la divergence se stabilise, la zone devient une dorsale médio-océanique active et un océan s’ouvre entre les deux masses continentales séparées. Un exemple moderne est la mer Rouge, qui représente un stade intermédiaire entre un rift continental et un océan.
Les marges passives : mémoire de la fragmentation
Les marges passives sont les zones de transition entre la croûte continentale et la croûte océanique, formées après la rupture du continent. Elles ne sont plus tectoniquement actives mais conservent les traces de la fragmentation passée.
Marqueurs structuraux et sédimentaires
On peut y observer :
- les failles normales héritées du rifting ;
- un fort contraste d’épaisseur entre la croûte continentale amincie et la croûte océanique ;
- des séries sédimentaires épaisses, parfois inclinées ou basculées, témoins de l’histoire de la subsidence (enfoncement progressif de la croûte) ;
- des fossiles marins, montrant l’installation progressive d’un environnement océanique.
L’étude des marges passives permet donc de reconstituer les étapes de la formation d’un océan. Elles jouent le rôle de mémoire géologique de la divergence passée et sont essentielles pour comprendre la dynamique de la lithosphère terrestre.
Conclusion
La fragmentation d’un continent est le premier stade de la formation d’un océan. Elle débute par une extension de la lithosphère continentale, formant un rift qui peut évoluer en océan si l’extension se poursuit. Les structures tectoniques (failles normales, grabens), les marqueurs thermiques et magmatiques (volcanisme, basalte), ainsi que les marges passives fossiles, permettent de retracer le scénario de la naissance d’un océan à partir de la rupture d’un continent. Ces processus illustrent la dynamique permanente de la surface terrestre, où ouverture et fermeture des océans se succèdent au fil du temps géologique.